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Loïc Casimir, 16 ans, mortellement poignardé par son beau-frère - Sa soeur Anouchka : «Gabriel finn tir enn vanzans lor li»

Pierrot Casimir est bouleversé d'avoir perdu son bras droit dans des circonstances aussi tragiques.

Il n’avait que 16 ans et encore toute la vie devant lui. Mais celle-ci lui a été injustement arrachée par Gabriel Polimon, le compagnon de sa soeur, le dimanche 21 juin. Bouleversé par sa disparition aussi subite que tragique, son entourage se confie...

L’adolescence : l’âge de toutes les possibilités. Comme tous ceux de son âge, Loïc Casimir avait des projets et des rêves plein la tête. Âgé de 16 ans, il aurait eu tout le temps de les concrétiser s’il n’avait pas connu une fin aussi pénible qu’atroce le dimanche 21 juin. Ce jour-là, une petite fête familiale organisée chez l’une de ses sœurs à Montagne Cimetière, Le Chou, à Rodrigues, a pris une tournure tragique. Une violente altercation entre Gabriel Polimon, son beau-frère de 31 ans, et lui s’est terminée dans une mare de sang. Le jeune homme a reçu trois coups de couteau au dos et a rendu l’âme alors qu’il était en route pour l’hôpital de Mont-Lubin. Quant au trentenaire, il a été arrêté le même jour et est passé aux aveux pour son crime. Il a participé à une reconstitution des faits le vendredi 26 juin (voir hors-texte). 

 

Depuis le jour fatidique, Marie Anouchka Casimir est écrasée par le choc, la tristesse et l’incompréhension. Sœur aînée de la victime et compagne du meurtrier présumé, elle s’interroge toujours sur les circonstances qui ont pu pousser Gabriel Polimon, avec qui elle vit depuis plusieurs années, à commettre un acte aussi abominable. D’autant que, selon elle, les deux se sont toujours bien entendus. «Gabriel est habituellement quelqu’un de sympathique et de calme. Ce n’est que lorsqu’il consomme de l’alcool qu’il devient violent et a des prises de bec avec les gens du voisinage. Mais il ne s’en est jamais pris à mon frère auparavant. Loïc passait beaucoup de temps chez moi et ils ne s’étaient jamais disputés», lâche la jeune femme de 21 ans, perplexe. À son immense chagrin suivant le décès tragique de son unique frère s’ajoute un sentiment d’incertitude pour l’avenir. La jeune maman devra désormais élever seule ses deux filles, nées de son union avec le trentenaire, désormais derrière les barreaux. 

 

Le soir du drame, dit-elle, toute la famille s’était réunie à son domicile, à Montagne Cimetière, pour la fête d’anniversaire de l’une de ses filles qui est la filleule de Loïc Casimir. Les célébrations à l’occasion des 2 ans de la fillette avaient débuté à la mi-journée. C’est en fin d’après-midi, alors que les parents de Loïc et Anouchka Casimir venaient de quitter les lieux, que la bagarre a éclaté. «Gabriel avait récemment démissionné de son travail et Loïc avait récupéré son emploi. J’ignore pour quelles raisons il n’avait pas apprécié cela. Il le lui a reproché et les choses ont viré au drame. Gabriel finn tir enn vanzans lor li.» Le trentenaire, qui était sous l’influence de l'alcool, s’est alors emparé d’un couteau de cuisine et a assené trois violents coups au dos de l’adolescent qui s’est écroulé. La police et les premiers secours ont aussitôt été alertés. Le Dr Maxwell Monvoisin, qui a effectué le déplacement jusqu’à Rodrigues afin de conduire l’autopsie, a attribué le décès de l’adolescent à des blessures à la poitrine, infligées par une arme tranchante. 

 

Privée de son petit frère à cause de l’homme qui partageait sa vie – un homme qu’elle ne reconnaît plus –, Anouchka est, depuis, repartie vivre chez ses parents à L’Union, avec ses filles. «Je n’ai pas non plus souhaité rendre visite à Gabriel après ce qu’il a fait. J’ai complètement coupé les ponts avec lui», déclare-t-elle, submergée de colère et d’amertume. Son père, Pierrot Casimir, partage le même sentiment. Le jour du drame, il n’a appris la mauvaise nouvelle qu’au dernier moment. «J’avais quitté la fête vers 16h30 pour rentrer chez moi. En chemin, j’ai croisé un ami m’indiquant que mon épouse s’était rendue à l’hôpital parce que mon fils était blessé. J’ai essayé de la contacter, en vain. Ce n’est qu’une heure plus tard que j’ai pu avoir quelqu’un au bout du fil. Ma fille a décroché et m’a expliqué que Loïc était blessé. Je les ai rejoints à l’hôpital de Mont-Lubin et ce n’est que sur place qu’on m’a appris qu’il avait déjà rendu l’âme.»

 

Pour les parents de l’adolescent, ce décès est un véritable coup de massue. D’autant que la victime était le seul fils du couple qui a aussi deux filles. «Quand j’ai appris dans quelles circonstances mon enfant avait trouvé la mort, la colère m’a submergé. J’ai moi aussi souhaité faire du mal à cet homme qui lui a ôté la vie de manière aussi injuste mais après mûre réflexion, je me suis dit que je ne devais pas répondre au mal par le mal. J’ai préféré laisser la police faire son travail», avoue le père de famille. Lorsqu’il parle de son enfant, Pierrot Casimir nous dresse le portrait d’un jeune rempli de qualités. «Li ki ti kontan koze, riye ek badine. Il était très ambitieux. Il suivait des cours au Mauritius Institute of Training and Development. J’avais fondé en lui beaucoup d’espoir. Il était mon bras droit.» Dernièrement, père et fils avaient passé beaucoup de temps ensemble. «À chaque fois qu’il avait du temps libre, Loïc insistait pour m’aider à nourrir les cochons. Cela ne lui faisait pas peur de se salir les mains. Il aimait rendre service.»

 

De Loïc, ses proches garderont aussi le souvenir d’un jeune qui appréciait les petits plaisirs de la vie. Le jeune passionné de boxe (voir hors-texte) passait le plus clair de son temps entouré de ses amis, de sa famille ou sur son téléphone portable. «Il n’a jamais causé de soucis à qui que ce soit.» C’est la raison pour laquelle les adieux ont été d’autant plus douloureux pour ses proches le mardi 23 juin, lorsqu’ils l’ont accompagné jusqu’à sa dernière demeure. Encore un jeune injustement arraché à la vie. Encore une famille anéantie par une douleur indescriptible.

 

Un jeune champion de boxe parti trop tôt

 

Le sport était un de ses passe-temps favoris. Dès son plus jeune âge, Loïc Casimir s’était découvert une véritable passion pour la boxe. Il avait commencé à s’entraîner à l’école de boxe de Soupir, alors qu’il n’était âgé que de 7 ans, avant de finir par intégrer le Centre de formation de boxe, à Malabar. Persévérant, il a eu l’occasion de participer à plusieurs championnats. En 2017, il a décroché la médaille d’or aux Jeux des jeunes talents, à Maurice. Son départ est très regretté dans le milieu, comme le confie l’un de ses coachs, Mandino Farla : «Il est parti tellement vite. Il laisse un grand vide dans la grande famille de la boxe.» Il se joint à tous les animateurs de boxe et tous ceux qui ont accompagné l’adolescent dans son parcours pour présenter de sincères condoléances à la famille endeuillée. 

 

Gabriel Polimon revient sur la scène de crime

 

Arrêté dans le cadre de l’agression mortelle de Loïc Casimir, le suspect Gabriel Polimon – un pêcheur de 31 ans – est vite passé aux aveux pour son crime. Une accusation provisoire de meurtre a été logée contre lui devant le tribunal de Port-Mathurin le lundi 22 juin. Il a ensuite été placé en détention policière. Il a participé à un exercice de reconstitution des faits le vendredi 26 juin. C’est sous forte escorte policière que le trentenaire est arrivé sur la scène de crime. Il a expliqué aux enquêteurs dans les moindres détails où et comment il a poignardé mortellement Loïc Casimir, son beau-frère, le jour fatidique, à la suite d’une vive altercation. L’exercice s’est déroulé en présence de la mère de l’adolescent, qui espère de tout cœur que justice sera rendue à son enfant. Après la reconstitution des faits, Gabriel Polimon a été reconduit en cellule. Sa prochaine comparution en cour est prévue pour le lundi 29 juin.