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Lettre anonyme qu’un Senior Advisor du PM aurait envoyée contre elle - Ameenah Gurib-Fakim : «C’est inacceptable qu’on m’ait mis tout ça sur le dos»

Elle ne compte pas en rester là. En attendant de consulter ses hommes de loi et de décider de la marche à suivre, l’ancienne présidente de la République commente la lettre envoyée en 2018 au Premier ministre – contenant des allégations contre elle et  dont l’envoi est aujourd’hui attribué à un Senior Adviser de Pravind Jugnauth – et le rapport d’un expert en écriture qui fait grand bruit depuis deux jours…

Voilà un autre scandale qui vient secouer l’échiquier politique déjà bien agité en ce moment. Le vendredi 12 août, les Mauriciens ont pris connaissance, à travers la presse, d’un rapport d’un expert réunionnais en documents et en écriture indiquant que le brouillon d’une lettre anonyme adressée au Premier ministre et envoyée le 20 mars 2018 contre Ameenah Gurib-Fakim, alors présidente de la République, aurait été rédigée par un ex-Senior Advisor du PMO. Si la lettre a été écrite à l’ordinateur, elle contient cependant des griffonnages et des corrections faits à la main avec un stylo. Selon Patrice Balletti, le graphologue attaché à la Cour d’appel de Saint-Denis, à La Réunion, les ratures faites à la main sur cette lettre se rapprocheraient étrangement de l’écriture de cet ancien conseiller du PM, ce qui lui aurait permis d’établir le lien entre les deux. Une nouvelle donne qui vient relancer l’affaire entourant le départ de l’ancienne présidente.

 

Pour rappel, à l’époque, Ameenah Gurib-Fakim se retrouve en pleine tourmente après avoir utilisé une carte de crédit Platinum offerte par la Planet Earth Institute, la fondation d’Álvaro Sobrinho, homme d’affaires angolais controversé. Ce qui la pousse à quitter la State House le 23 mars 2018. Quelques heures seulement après son départ du Réduit, le Premier ministre Pravind Jugnauth lance : «Mo’nn gagn enn let ki kontenir bann grav alegasion kont Madam Gurib-Fakim ek monn refer sa l’ICAC.» Un élément auquel le PM semble accorder beaucoup d’importance et qui aurait pesé dans la balance pour pousser la présidente vers la sortie. Quelques jours plus tard, soit lors de la Private Notice Question (PNQ) de Xavier-Luc Duval le 27 mars, Pravind Jugnauth fait une fois de plus mention de cette lettre en disant que le leader de l’opposition devrait aussi en avoir une copie. Cependant, il ne l’a jamais déposée. Ameenah Gurib-Fakim a d’ailleurs souvent dit qu’elle n’en avait elle-même jamais vu la couleur.

 

Aujourd’hui, quatre ans plus tard, cette fameuse lettre revient au-devant de l’actualité de manière fracassante avec le rapport d’un graphologue qui vient semer le doute. C’est à travers la presse, comme tous les Mauriciens, que la principale concernée a pris connaissance de ce document. Jointe au téléphone, elle s’exprime : «Quatre ans plus tard, ça ne me fait ni chaud ni froid, mais je dois dire que je trouve ça extrêmement choquant de voir ce genre complot au sommet de l’État contre une présidente de la République. C’est inacceptable qu’on m’ait mis tout ça sur le dos. Je me demande comment cette personne est toujours en poste alors qu’on l’incrimine.»

 

La marche à suivre

 

En effet, depuis ce nouveau scandale, de nombreuses questions se posent. D’abord, si tout cela s’avère, ce Senior Advisor a-t-il vraiment agi seul ? Et pourquoi Pravind Jugnauth a-t-il accordé autant d’importance à une lettre anonyme ? D’un autre côté, beaucoup s’accordent à dire que la lettre ne change rien aux accusations qui ont été portées contre Ameenah Gurib-Fakim à ce moment-là. De plus, la lettre anonyme avait été envoyée le 20 mars et la présidente avait, elle, soumis sa lettre de démission le 17 mars avant de quitter définitivement la State House le 23 mars.

 

Concernant les allégations faites sur elle dans cette lettre, comme le fait qu’elle posséderait des villas et des appartements à Maurice, mais aussi à l’étranger, Ameenah Gurib-Fakim réplique : «Allez voir les Terms of Reference de l’Attorney General sur moi. S’il dit que j’ai reçu des appartements au Portugal et à Maurice qu’il vienne avec des preuves. Il faut pouvoir “substantiate” et ensuite on pourra avoir une discussion saine.» Aujourd’hui, si l’ex-présidente dit n’attendre rien de personne, plus particulièrement du gouvernement, elle ne compte pas pour autant en rester là. «Je vais voir avec mes hommes de loi et nous décideront ensemble de la marche à suivre. Vous savez, je n’ai jamais été politicienne. Je suis une scientifique et une entrepreneure. J’ai continué ce que je faisais à la State House. Au contraire, la State House m’a donné une voix.»

 

Face à ce nouveau scandale qui ébranle le bureau du Premier ministre et son gouvernement, Pravind Jugnauth, qui assistait dans la soirée du vendredi 12 août à un congrès du MSM à Triolet, premier d’une longue série à travers le pays, n’a pas réagi. De son côté, Ivan Collendavelloo, leader du Muvman Liberater (ML), qui était celui qui avait proposé le nom d’Ameenah Gurib-Fakim pour occuper le poste de chef de l’État, n’a toujours pas réagi. Un silence d’ailleurs décrié par l’opposition. Nous avons tenté à plusieurs fois de le contacter mais il est resté injoignable. La rédaction de 5-Plus dimanche a également essayé de contacter à plusieurs reprises l’ancien Senior Advisor en question. Toutes nos tentatives sont restées vaines. Dans le giron du gouvernement, on avance qu’il s’agit, une fois de plus, d’allégations sans fondement et qu’une déposition à la police est prévue.

 

Amy Kamanah-Murday

 

Xavier-Luc Duval : «Let anonym pou mwa, c'est enn fason de cut Collendavelloo to size»

 

Une actualité chasse l'autre et cette semaine, c'est la lettre anonyme rédigée contre Ameenah Gurib-Fakim qui monopolise l'attention. Le leader de l'opposition Xavier-Luc Duval s'est attardé sur le sujet lors de sa conférence de presse ce samedi 13 août. «Nou tou dan le ziron konn lekzistans de sa fake letter ki finn aparet dan la pres konsernan lafer Sobrinho depi kelke lane deza. Lafer Sobrinho, se enn zafer ki finn fer enn gran ekla, ki finn eklabous la repitasion sant finansye morisien a partir 2017. Mo finn poz trwa PNQ lor lafer Sobrinho. Ki reperkision de sa zafer la ? En juin 2017, kat mamb board FSC inn demisione, don Sollicitor General, enn mamb inflian Board of Investment inn demisione, kontra gouverner la Bank de Moris pas renouvele ek prezidant de la Repiblik demisione», a-t-il déclaré.

 

Pour Xavier-Luc Duval, cette lettre visait Ivan Collendavelloo. «Se enn zafer ki depi komansman santi pi. E vwala, o milie de tou sa zafer-la, enn let anonym aparet ki kan nou pe get la pres, li paret inn ekrir par Ken Arian, lame drwat Premye minis. Le 17 mars, madam Gurib-Fakim ti fini avoy so let demision. La let anonym inn vinn enn semenn apre. Donk, se pa pou fors lame l'ex-prezidant. Let anonym-la mansionn a plizir repriz parlemanter ki finn profit de isi, de laba. Ki sann-la ki ti parlemanter sa lepok-la ? Se Collendavelloo. Donk, se enn fason pou mwa de cut Collendavelloo to size. Li pe vinn zenan, li pe fer tou kalite konnri o gouvernman, li pe zen bon fonktionman la kwizin. Se enn menas kont Collendavelloo. Pena okenn fason pou mwa ki Collendavelloo kapav zistifie so presans dan la mazorite gouvernmantal. Nou invit Collendavelloo retir li de la mazorite gouvernmantal.»

 

Lors de sa conférence de presse, le leader du PMSD a aussi parlé de la dégradation des institutions : «Nou pe demann tou dimounn rezwenn la mars lopozision le 3 septam, parski nou pa kapav aksepte ki nou pei konn sa kalite degradasion-la.»

 

Christophe Karghoo

 

Ashok Subron : «Un cas de machination de grande ampleur...»

 

Lors de la conférence de presse de Rezistans ek Alternativ (R&A), ce samedi 13 août, plusieurs aspects ont été abordés. Commentant la lettre anonyme qui aurait été écrite au Premier ministre, Ashok Subron estime que «s’il s’agit bien de Ken Arian, c’est un cas de machination de grande ampleur au sommet de l’État. C’est très grave pour le pays». Il ajoute qu’au sein de R&A, «nou ena enn kamarad, Sharvin Sunassee, ki ti victim de enn masinasyon similer. Il était employé chez Airports of Mauritius Ltd et a été licencié sans un sou. Nous devons mettre en avant toutes les victimes de cette machination».

 

Stephan Gua s’est, pour sa part, appesanti sur l’aspect juridique post-Wakashio. «Leta finn fel. Ziska zordi, leta pe kontign fel.» Il rappelle qu’Okiyo Maritime Corporation, le propriétaire du vracquier, a fait une demande devant la Cour suprême pour constituer un fond de limitation de Rs 719 millions et que cette manoeuvre les a ainsi poussés à entamer un premier mouvement légal afin de contester cette limitation. Il demande aussi à la cour de tenir en compte les plaintes que leur parti et ses alliés ont enregistrées auprès des personnes affectées par l’échouement du MV Wakashio, soit 4 622 victimes.

 

Elodie Dalloo

 

Roshi Bhadain : «Que le Senior Advisor impliqué dans la lettre step down»

 

Une affaire que le Reform Party suit de très près. Lors de la conférence de presse du Parti de Roshi Bhadain le samedi 13 août, il a longuement été question de l’affaire de la lettre anonyme suivant la démission de l’ancienne présidente de la République Ameenah Gurib-Fakim, qui a surgi en cette fin de semaine, plusieurs médias évoquant l’implication d’un des Senior Advisors du gouvernement dans l’écriture de cette lettre.

 

Bashir Jahangeer a décrit celui-ci comme un «kamarad kamaron avec des ambitions politiques. Nous demandons à ce qu’il step down le temps de l’enquête. Cette histoire de lettre anonyme, si elle s’avère vraie, veut dire qu’il y a eu complot contre la présidence du pays. Pourquoi la faire démissionner ? L’ancienne présidente semble avoir du caractère et n’est pas un rubber stamp. Et où sont les associations de femmes qui prenaient la défense de Lady Macbeth» ?

 

Roshi Bhadain a aussi déclaré que l’Advisor impliqué «doit step down. Dans l’affaire MedPoint, Pravind Jugnauth avait dit qu’il avait step down pour clear son nom, mais dans l’affaire de la lettre, on a l’air de tolérer cette façon de faire. Quel message donne-t-on aux jeunes ? (…) Cette affaire démontre un modus operandi tourné vers la machination. Ce n’est pas pour défendre le cas concernant l’ancienne présidente et son affaire de carte de crédit, mais on parle ici d’une personne au PMO qui a travaillé pour faire partir une présidente de la République.»

 

Stephane Chinnapen