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Les trois frères Gurroby arrêtés après la saisie record de Rs 3,7 milliards de drogue - Anna, leur mère : «C’est dur de voir mes enfants accusés à tort»

Ritesh, Nitesh et Niresh Gurroby ne se sont pas encore expliqués auprès des enquêteurs.

Elle les défend bec et ongles. D’abord réticente à l’idée de s’exprimer sur l’arrestation de ses fils, Anna Gurroby s’est finalement laissée convaincre, portée par ses émotions, et nie en bloc l’implication de ses fils dans le trafic de drogue. Témoignage.

Depuis l’arrestation de plusieurs de ses membres, tous les regards sont braqués sur la famille Gurroby, domiciliée à EDC Lane, Grand-Baie. En arrivant dans la localité, plus particulièrement dans la ruelle où elle réside, on constate que les habitants observent avec attention le moindre véhicule qui y circule, sans doute à l’affût d’un nouvel épisode de ce scandale qui secoue le pays depuis le début de la semaine. Ce jeudi 6 mai, soit juste après l’arrestation de Ritesh, Nitesh et Niresh Gurroby dans le cadre de l’enquête sur la saisie de près de 300 kg de drogue, les autres membres de cette famille sont d’ailleurs sur leurs gardes à chaque fois que quelqu’un se présente. Sollicitée dans le cadre de cette affaire, c’est après maintes hésitations qu’Anna, la mère des suspects, accepte de se montrer à son balcon, au premier étage du domicile familial. De là, elle lâche d’un ton hargneux quelques mots.

 

Lorsque nous avons rencontré Anna Gurroby, son époux et ses belles-filles n’avaient pas encore été appréhendés mais elle donnait déjà l’impression d’être à bout de force. «Depi finn ariv tousala, mo tansion finn monte.» Au départ réticente, elle commence peu à peu à se confier, se laissant porter par ses émotions, défendant bec et ongles ses enfants : «Ils ont été piégés. S’ils étaient dans le trafic, nous ne serions pas plusieurs à habiter dans cette maison. Il n’y a que quatre chambres, dont trois sont occupées par mes fils, leurs épouses et mes petits-enfants. Dieu est grand, il voit toutes ces fausses accusations que tout le monde porte contre mes enfants. Ceux derrière tout cela finiront par payer.» Anna Gurroby persiste et signe : «Tout ce que nous possédons n’est que le fruit de plusieurs années de sacrifices. Mettez-vous à la place d’une mère qui voit ses enfants être accusés à tort ; vous n’imaginez pas à quel point c’est dur.»

 

«Ruse pour le piéger»

 

La colère prenant rapidement le dessus, elle revient sur ce dimanche 2 mai où tout a basculé pour sa famille. «Ce jour-là, des officiers ont débarqué sur le terrain avec leurs JCB. Ils ont demandé au gardien de contacter les propriétaires du conteneur. Mon époux et moi, nous nous sommes rendus sur place avec les clés mais il nous y ont refusé l’accès.» Les officiers, dit-elle, tenaient absolument à ce que son fils Ritesh soit présent lors de cette opération. «Il était allé se promener et a dû venir sur place pour l’ouverture de ce conteneur. Rien de compromettant ne s’y trouvait mais ils l’ont accusé d’être celui qui avait enfoui la drogue dans le sable. Pourquoi tenaient-ils absolument à ce qu’il soit présent ? Ne voyez-vous pas qu’il s’agissait d’une ruse pour le piéger ? N’est-ce pas eux-mêmes qui ont placé la drogue sur place pour l’accuser ? Ce n’est pas mon fils qui leur a montré où se trouvait la drogue», s’interroge-t-elle. Elle poursuit avec conviction : «Le propriétaire du terrain l’a même déclaré : depuis 2017, mes enfants n’occupent plus ce terrain et n’y avaient laissé que le conteneur.»

 

La mère de famille ne lâche pas l’affaire : «La police nous accuse à tort alors que si nous en sommes là, ce n’est qu’après des années de dur labeur.» D’ailleurs, Anna Gurroby se justifie en revenant sur la manière dont tout a commencé pour sa famille. «Mes fils étaient encore à l’école quand mon époux et moi vendions des gâteaux à la plage le dimanche pour nous faire de l’argent. Avec nos économies, ainsi qu’un emprunt bancaire, nous avons pu faire construire notre premier bateau. Mon époux avait commencé le business en allant pêcher avec d’autres pêcheurs de la localité. Tout ce que nous possédons n’est que le fruit de nos nombreux sacrifices.» C’est ainsi qu’en grandissant, dit-elle, ses fils ont repris le flambeau. La famille est aujourd’hui propriétaire des sociétés Babul and Sons Fishing Company, Ice to Ice Fishing Co. Ltd et Ocean Blue Fishing Co. Ltd, et possède plusieurs bateaux. «Tou dimounn kone ki se bann bon zanfan. Zot travay onet. Avec eux, pas de samedi ni de dimanche ; ils se rendent au Port et rentrent tard tous les jours. Ils passent le plus clair de leur temps à travailler. Durant leur temps libre, ils ne font qu’aller chez leurs beaux-parents. Comment auraient-ils pu trouver le temps pour faire du trafic ?» s’insurge-t-elle.

 

Paraissant sûre d’elle, Anna Gurroby nous demande même de nous renseigner sur ses enfants dans le voisinage. «Tout le monde pourra vous dire que ce sont des gens corrects, qui aident leur prochain et sont toujours prêts à rendre service.» Pourtant, l’un de leurs proches voisines, d’abord hésitante à témoigner par peur de représailles, affirme le contraire. «Il y a un peu plus d’une dizaine d’années, des plants de gandia avaient été découverts chez eux. Ils sont dans le trafic depuis de longues années, même si leur mode de vie ne le démontre pas. Certes, ils sont souvent aperçus dans des voitures de luxe et neuves mais la plupart du temps, ils font en sorte de ne rien laisser remarquer. Nous les connaissons depuis plusieurs années ; nous savons qu’ils sont tous trempés dans la drogue, même s’ils ont voulu le cacher.» Notre interlocutrice poursuit : «Nous ne les avons peut-être plus vus faire du trafic chez eux après l’arrestation de leur père pour culture de gandia mais nous sommes convaincus qu’ils continuaient à le faire ailleurs.»

 

«Choqués...»

 

Anna Gurroby, quant à elle, continue sur sa lancée et s’en prend avec colère au gardien Siwdanand Rawah qui a dénoncé son fils Ritesh. «Ce gardien qui occupait les lieux est là depuis 2017, il n’a même pas une maison où loger. De bonne foi, mes fils lui ont donc demandé de jeter un oeil sur leur conteneur. Durant le confinement, ils ont même éprouvé de la sympathie pour lui et lui ont donné à manger. Aujourd’hui, il ose porter le blâme sur mes enfants. Tout ce qu’il raconte est faux, il n’a même pas toute sa tête», lâche-t-elle, bien que  disant être convaincue qu’il n’a pas les mains sales. Mais un proche de Siwdanand Rawah la contredit, affirmant que ce dernier est sain d’esprit. «Il n’a, certes, pas toujours été un enfant de choeur mais nul ne peut dire qu’il a perdu la tête. Il a quitté notre domicile il y a environ six ans à cause de problèmes familiaux et depuis, vivait à Pointe-aux-Canonniers. Il ne revenait qu’une fois ou deux pour récupérer ses affaires. Quand nous avons appris qu’il avait été arrêté dans cette affaire, cela nous a choqués mais nous sommes convaincus qu’il n’a rien à voir avec cette histoire. D’ailleurs, si tel était le cas, il aurait eu les moyens de payer un homme de loi.»

 

Depuis toute cette affaire, Anna Gurroby ne dort plus, confie-t-elle. Avec l’arrestation de son époux et de ses belles-filles, elle ne risque pas, non plus, de trouver le sommeil de sitôt. Après avoir essayé à tout prix de défendre ses enfants, ce jeudi 6 mai, c’est sans prévenir qu’elle s’est éclipsée, disparaissant avec son petit-fils à l’intérieur de sa maison.

 

Plus impressionnante saisie de l’île

L’histoire de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) a été définitivement marquée, le dimanche 2 mai, par la plus impressionnante saisie de l’île sur un chantier de construction de bateaux à Club Med Road, Pointe-aux-Canonniers. L’équipe Alpha 4 de la Metropolitan Division de la brigade anti-drogue, dirigée par l’inspecteur Mohes et supervisée par le surintendant Imembaccus, y a découvert 243 kg d’héroïne et 26 kg de haschisch, valant plus de Rs 3,7 milliards, ensevelis sous le sol. Suite à la saisie de cette importante cargaison de drogue, le Deputy Commissioner of Police (DCP) Choolun Bhojoo, patron de l’ADSU, a déclaré que «c’est le fruit d’un travail de fourmi et d’une bonne coordination. Nous avons eu des partenaires locaux ainsi qu’une coopération régionale de l’océan Indien». Le Forensic Science Laboratory (FSL) a effectué des prélèvements ADN sur les colis. À ce stade, les limiers de l’ADSU soupçonnent qu’une partie de la drogue aurait été acheminée de l’île soeur, où un réseau de cultivateurs de haschisch a été démantelé la semaine dernière.

 

Siwdanand Rawah et Ritesh Gurroby, les premiers appréhendés

 

Le premier arrêté dans le cadre de cette affaire est Siwdanand Rawah, un vigile de 37 ans qui était en poste lorsque les limiers ont débarqué sur les lieux. Pour sa sécurité, il a été placé en in communicado detention, c’est-à-dire qu’il n’a le droit ni de rencontrer ni de parler à qui que ce soit. Il a incriminé Ritesh Gurroby, le directeur d’une compagnie de pêche âgé de 38 ans, qui est également le propriétaire d’un conteneur qui se trouvait sur le chantier. Interrogé par les enquêteurs, Siwdanand Rawah a déclaré que Ritesh Gurroby et trois autres personnes étaient venus sur place quelques jours plus tôt avec les colis de drogue qui ont été déterrés.

 

 

Ritesh Gurroby a comparu devant le tribunal de Pamplemousses le lundi 3 mai pour trafic de drogue, avant d’être reconduit en cellule. Il clame son innocence et a retenu les services de Me Rama Valayden. Ce dernier a envoyé une correspondance au Premier ministre, où il demande, entre autres, que des analyses soient faites au plus vite «to avoid any tampering or any other interference which might jeopardise the integrity of the drugs», que les images des caméras de surveillance dans la région soient visionnées et qu’une réunion soit organisée avec les opérateurs téléphoniques pour que les données des appels entrants et sortants de son client soient communiquées à la police. Face à la presse, le vendredi 7 mai, l’avocat a déclaré que son client, qui n’a pas encore répondu aux questions des enquêteurs jusqu’ici, collaborera pleinement avec la police. Il dit toutefois craindre une tentative de cover-up dans cette affaire. Rama Valayden maintient, par ailleurs, que son client est innocent.

 

Siwdanand Rawah a, quant à lui, comparu en cour de Pamplemousses le mercredi 5 mai pour trafic de drogue, avant d’être reconduit en cellule.

 

L’ICAC entre en jeu : pluie d’arrestations

 

Le mercredi 5 mai, c’était au tour des officiers de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) d’aller sur le terrain pour procéder à la vérification des biens de la famille Gurroby qu’ils soupçonnent de blanchir de l’argent. Après une première perquisition à l’usine familiale Babul and Sons Fishing Co. Ltd, à Triolet, ils se sont rendus à Mont-Choisy, où un premier bateau a été saisi, puis à Grand-Baie, pour la saisie d’un autre bateau. Après cela, Nitesh Gurroby, le frère de Ritesh, a été appréhendé sous une charge provisoire de blanchiment d’argent sous l’article 3 de la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act (FIAMLA). Les enquêteurs ont aussi appris que les deux frères sont propriétaires de plusieurs terrains et propriétés à Trou-aux-Biches, The Vale, Péreybère, Fond-du-Sac et Grand-Baie.

 

Nitesh et Ritesh, pas à leur première arrestation

 

Ce n’est pas la première fois que Nitesh Gurroby se retrouve derrière les barreaux pour ce délit. Le 11 février, les limiers de l’ADSU l’avaient appréhendé après qu’un coffre lui appartenant et renfermant Rs 5 352 575, 170 650 dollars américains et 5 000 euros, ainsi que des pièces en or et des pierres précieuses avec leur certificat d’authenticité, avait été découvert chez son beau-frère à Congomah. Ce jour-là, Ritesh Gurroby avait aussi été arrêté sous la même charge après la découverte de Rs 443 150, 400 dollars américains, 300 euros, 1 820 rands africains, 50 francs suisses et 20 dollars canadiens à son domicile. Concernant cette affaire, Anna Gurroby, leur mère, déclare : «Ils ont acheté les pierres précieuses avec de l’argent honnêtement gagné. Ils ont travaillé dur pour cela. Quant à l’argent saisi, il s’agit de leurs économies. De nombreuses personnes ne gardent-elles pas leurs économies chez eux ? Ils voulaient simplement utiliser cet argent gagné avec beaucoup de difficulté pour faire construire leur maison. Pourquoi cherche-t-on à faire croire que c’est de l’argent sale ?» Les deux frères étaient en liberté provisoire dans le cadre de cette affaire.

 

Le vendredi 7 mai, d’autres arrestations ont suivi. D’abord Tesswur Gurroby, plus connu sous le nom de Babul, le père des frères Gurroby, a été appréhendé par l’ICAC. Il n’a pu expliquer la provenance de l'argent pour l’acquisition de trois voitures. Il a été placé en détention pour blanchiment d'argent sous l'article 3 de la FIAMLA. Le même jour, plusieurs bateaux leur appartenant, notamment un estimé à Rs 20 millions, ont été saisis. L’ICAC a aussi pu identifier des voitures de luxe appartenant à Nitesh. Puis, cela a été au tour des épouses de Nitesh et Ritesh, Rajkumari et Rachel Bianca, d’être arrêtées car elles possèdent aussi des voitures de luxe. Elles ont ensuite été libérées sur parole. Ils soupçonnent que les biens des Gurroby s’élèvent à Rs 100 millions.

 

Sudheer Maudhoo nie toute implication

 

Le nom du ministre de la pêche, Sudheer Maudhoo, a été cité dans l’affaire des frères Gurroby. Est-il parenté à ces derniers ? Les permis de pêche des frères Gurroby ont-ils été octroyés sur la base de favoritisme ou dans un quelconque intérêt personnel ? À ces questions, le chargé de communication du ministre nous a répondu : «Il connaît les frères Gurroby en tant qu’opérateurs de pêche semi-industriel et c’est tout. Le ministre n’a aucun lien de parenté avec eux ni n’est concerné par les faits dont ils sont accusés. De plus, les Gurroby possèdent cinq bateaux dont les permis de pêche ont été alloués depuis 2014 et ont été renouvelés chaque année comme le demande le protocole.» Notre interlocuteur souligne aussi que le Legacy, un des bateaux des frères Gurroby, a été récemment intercepté au large de Saint-Brandon pour pêche illégale. «Le permis de ce bateau a expiré depuis le mois d’avril, c’est pourquoi nous les avons interceptés. Donc, s’il y avait un intérêt quelconque dans cette affaire pour le ministre ou du favoritisme, pourquoi sévirait-il contre eux ?»

 

Niresh Gurroby, l’aîné, arrêté après deux mois de cavale

 

Il était recherché depuis le mois de février après la saisie des fortes sommes d’argent et des pierres précieuses. Niresh Gurroby, l’aîné des trois frères, a finalement été appréhendé par les limiers de la brigade anti-drogue le mercredi 5 mai, dans un campement à Pointe-aux-Canonniers. Si sa cavale a duré deux mois, selon la police, sa mère, elle, déclare : «Mon fils n’a jamais pris la fuite. Li ti pe ale vini lakaz, partou li ti pe promne. Sa kifer dimounn pa dir ?» Les enquêteurs soupçonnent Niresh Gurroby d’être le premier des frères à s’être engagé dans le trafic de drogue. Interrogé par les limiers de l’ADSU, il a comparu en cour pour trafic de drogue le vendredi 7 mai, avant d’être reconduit en détention in communicado.

 

Les courses hippiques : 10 % d’actions chez Amar Sewdyal

 

Si la police soupçonne les frères Gurroby de blanchir de l’argent, notamment en achetant des pierres précieuses, des pièces d’or et des devises étrangères, elle les soupçonne aussi de le faire à travers les courses hippiques. Pour cause, Nitesh Gurroby serait propriétaire de chevaux et posséderait 10 % d’actions chez Amar Sewdyal. Dans un communiqué émis le vendredi 7 mai, Amar Sewdyal Racing Stable a indiqué que son propriétaire a «pris connaissance de plusieurs articles et vidéos circulant sur le Web, faisant mention de son écurie suite à l’arrestation des frères Gurroby». Le communiqué précise que Nitesh Gurroby détient 10 % des chevaux Wendylle et Carlton Heights, alors que Ritesh Gurroby détient 10 % du cheval Shadowing. «Ce sont des propriétaires qui ont dûment obtenu l’aval du Mauritius Turf Club (MTC) et sont détenteurs du Owner’s Badge du MTC. Toute transaction relative à l’acquisition de ces parts a été faite de façon transparente à travers le circuit bancaire (...)» Dans ce communiqué, il est aussi indiqué qu’Amar Sewdyal «s’oppose fermement au trafic de drogue. Les relations entre les membres de son écurie sont purement professionnelles». Il ne souhaite pas, de ce fait, être tenu pour responsable des actions de ses propriétaires à l’extérieur du circuit du Champ de Mars.

 

Le jockey Rai Joorawon interpellé

 

Il est soupçonné de blanchir de l’argent pour les Gurroby. Le jockey Rai Joorawon serait-il de mèche avec les frères Gurroby ? C’est ce que souhaitent déterminer les enquêteurs de l’ICAC. Ce vendredi 7 mai, il a été interpellé par les enquêteurs de la brigade anti-corruption, qui souhaitaient l’interroger pour savoir s’il a truqué une course sur laquelle de grosses sommes d’argent avaient été misées. Ce n’est pas la première fois que le jockey fait parler de lui. En juin 2017, il a été trouvé coupable de s’être présenté à la réunion hippique du 17 juin sous l’influence de la méthadone en vertu des règles 53 A 1(a) et 53 A 4(j) des Rules of Racing du MTC. En novembre 2020, il a été mis à pied après avoir été testé positif à une substance prohibée. Après son interrogatoire par l’ICAC, il a été autorisé à rentrer chez lui mais devra toutefois rester à la disposition des enquêteurs.

 

Le policier Garry Kevin Joumont en eaux troubles

 

Son nom n’est pas inconnu dans l’univers de la drogue. Précédemment cité devant la commission Lam Shang Leen à cause de ses contacts fréquents avec certains prisonniers, le constable Garry Kevin Joumont, 40 ans, affecté à la Special Supporting Unit (SSU), a été arrêté par les limiers de l’ADSU dans le sillage de cette affaire le jeudi 6 mai. Ses téléphones portables ont été saisis aux fins d’enquête. Il a été trahi par certains des déplacements de sa voiture dans le nord de l’île quelques jours avant la saisie. Les enquêteurs le soupçonnent d’avoir transporté la marchandise après qu’il aurait aidé à le récupérer en haute mer à bord d’un bateau. Il a été placé en détention in communicado. Une accusation provisoire de «aiding and abetting» pour le transport de la drogue a été logée contre lui. Il a fait valoir son droit au silence.

 

Le travailleur social Danny Philippe : «Les trafiquants ont une longueur d’avance»

 

Il tient d’abord à féliciter les enquêteurs de l’ADSU suite à cette impressionnante saisie de drogue car, dit-il, «si cela n’avait pas été fait, cette drogue aurait vite atterri sur le marché». Cela dit, indique le travailleur social Danny Philippe, «cela démontre que malgré le confinement, il n’y a aucune pénurie de drogue sur le marché. C’est le cas depuis le premier lockdown. Les trafiquants ont une longueur d’avance ; c’est une grosse organisation avec plusieurs personnes impliquées, comme nous avons pu le constater». Il fait ressortir que la situation a beaucoup évolué dans ce milieu depuis les années 70. «Tous les profils ont changé. Il y a d’abord un rajeunissement et une féminisation des consommateurs mais également un rajeunissement des trafiquants. Les gros bonnets ne sont plus des gros bras, comme à l’époque. Désormais, tous ceux que cela intéresse de se faire de l’argent peuvent le faire et mettre en place une organisation. Il n’y a pas un profil spécifique pour être le boss.» Le travailleur social confie que, durant le deuxième confinement, «nous avons constaté qu’il n’y avait aucune pénurie et aucune baisse au niveau des consommateurs. Malgré cette saisie, il y aura toujours de la drogue sur le marché, cela va continuer». Pour une amélioration de la situation, dit-il, «il serait important de revoir les lois. Il faut qu’il y ait de la prévention. Pour cela, les enquêteurs devraient se concentrer sur ceux qui s’enrichissent et enquêter sur leurs avoirs».

 

Textes : Elodie Dalloo et Valérie Dorasawmy