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Leena Soobrayen : «La violence est une érosion des valeurs d’un monde civilisé»

Une bagarre sanglante à Grand-Baie à la sortie d’une boîte de nuit, une attaque dans un poste de police, une femme tailladée au visage en pleine rue par son époux, un père qui poignarde son bébé de dix mois... Ces faits divers sont de plus en plus fréquents. Que se passe-t-il dans notre société ? Parole à la psychologue Leena Soobrayen.

Quel regard jetez-vous sur les actes de violence qui alimentent de plus en plus l’actualité ?

 

On dit souvent que la violence est un échec de la parole. Malheureusement, pour certaines personnes, la violence est une dernière tentative pour s’affirmer et s’exprimer. Chacune de ces personne a son histoire à elle et beaucoup sont passées à la colère comme un moyen d’apaisement. Avoir recours à la violence peut paraître, pour elles, comme le seul moyen de se faire entendre. On remarque qu’on peut vite être gagné par la colère quand on est sidéré par la peur. Peur de ne savoir quoi faire dans une situation de détresse ou de confrontation. Le côté émotionnel s’emballe et embrouille notre cerveau raisonnable. On devient impulsif et on ne contrôle plus ses actions. On ne trouve un apaisement qu’après l’action effectuée. Cela dit, on remarque malheureusement qu’on ne résout rien à chaud. C’est loin d’être une solution convenable car, une fois qu’on a dépassé les limites, on ne peut pas retourner en arrière.

 

Faut-il s’inquiéter de ce qui se passe actuellement ?

 

C’est sûr que la violence ne passe pas inaperçue et on se sent tous concernés par les per-turbations dans la vie publique. Le degré d’angoisse va dépendre aussi de plusieurs facteurs. Une personne qui est victime d’un crime a certainement peur et se sent en insécu-rité. Si cela touche un voisin ou un ami, son entourage peut éprouver un sentiment de ma-laise mais cela est ressenti comme étant plus lointain. Si l’agression est directe, comme une agression physique, on est plus angoissé que si, par exemple, on fait l’expérience d’un vol de voiture. Le sentiment d’insécurité provoque de la méfiance et contribue au sentiment d’injustice dans la société. On remarque que c’est très lié au niveau de vie et au calme relatif qu’on espère d’une société moderne. Le plus important, c’est qu’on n’est cer-tainement pas rassuré d’avoir des agresseurs parmi nous. Cela dit, on est tous susceptibles de passer à l’acte et d’agir d’une façon désagréable et méconnaissable à un moment de notre vie. On y a pensé et on rumine le sujet. La différence se trouve dans le raisonnement et les valeurs considérées, avant la prise de décision.

 

Comment expliquez-vous le fait que les gens soient de plus en plus à fleur de peau ?

 

On dit souvent que la violence est une érosion des valeurs d’un monde civilisé. Le vécu pro-pre à chacun, le raisonnement et l’environnement social vont l’influencer. Les individus agissent en fonction de leurs connaissances, expériences et croyances. Tout cela influence leurs décisions dans des cas de crises ou de confrontations. Aussi, au cours de soirées arro-sées, les bagarres sont plus fréquentes. On se lâche et ON adopte bien souvent des gestes et comportements agressifs. L’inquiétude qu’on ressent tous est aussi le symptôme de l’abaissement du seuil de tolérance aux désordres. On remarque aussi qu’on attend que les autorités agissent  promptement parce que les affaires éclatent vite et sont désormais très médiatisées.

 

Que faudrait-il faire, selon vous, pour renverser cette tendance ?

 

Il faut comprendre le pourquoi de la violence. La racine du mal se trouve souvent dans l’enfance. Les parents jouent un rôle important car ils enseignent le partage et transmet-tent l’exemple d’un certain savoir-vivre de la famille au sein de la communauté locale. In-staurer la communication positive, c’est très important dans la famille. Par exemple, on peut être en colère, c’est une émotion comme une autre. Cependant, exprimer sa colère d’une façon positive et non agressive est le plus important. Mais c’est aussi souvent le plus difficile. Cela nécessite une maîtrise de soi. Des organisations donnant une bonne écoute positive sont aussi très importantes. La réhabilitation des agresseurs joue aussi un grand rôle dans leur réintégration dans la société.

 

Cette violence n’épargne pas non plus les jeunes. Des vidéos d’adolescents qui se bagarrent ont aussi occupé l’actualité ces derniers temps. Comment s’attaquer au problème ?

 

Les croyances des parents et les conversations qu’ils ont avec leurs enfants font toute la différence. Un parent qui encourage son fils à se bagarrer pour s’affirmer «comme un homme» auprès d’un autre ne doit pas être étonné du comportement impulsif de celui-ci. L’enfant d’aujourd’hui deviendra l’adulte de demain. Le respect des lois est primordial pour le développement de l’enfant. Ce n’est pas nécessairement une peur des autorités mais plutôt une compréhension du fonctionnement de la société qui est importante. On ne doit pas faire l’économie de l’éducation sociale à l’école. Les professeurs ont un rôle important à jouer, autant dans le développement social de l’enfant que sur le plan académique. Les générations d’avant se rappelleront bien l’éducation civique qui auparavant avait son utilité, en guidant les jeunes dans les pratiques sociales.

 


 

Bio express

 

Psychologue clinicienne, Leena Soobrayen encadre les enfants et adultes qui ont des be-soins thérapeutiques. Elle travaille avec des patients ayant des soucis émotionnels et des troubles mentaux. Leena Soobrayen collabore avec des organismes qui s’occupent d’enfants autrement capables, ayant des problèmes de scolarisation et des soucis relationnels. Elle apporte aussi son soutien et son savoir-faire aux victimes de violence domestique et aux ex-détenus, entre autres.