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Josian Céline tue une deuxième femme après 16 ans et se donne la mort - Son épouse Bernadette : «Il a eu la chance de se reconstruire mais ne l’a pas saisie»

Le quinquagénaire a commis un second crime uniquement deux ans après sa sortie de prison.

Il y a 16 ans, il avait été arrêté pour le meurtre de Brigitte Anseline. Jugé coupable en cour d’assises en 2008, il avait écopé de 12 ans de prison. Deux ans après avoir retrouvé la liberté, Josian Céline, 54 ans, un habitant de Plaisance, Rose-Hill, commet à nouveau l’irréparable en poignardant mortellement Doris Nithoo, avec laquelle il entretenait une liaison, avant de se donner la mort. Son épouse Bernadette nous décrit cet homme aux multiples visages...

Choc, douleur et déception... Ce sont des sentiments que l’entourage de Josian Céline avait déjà éprouvés dans le passé le concernant. La première fois, c’était en juillet 2004, lorsque cet habitant de Plaisance, Rose-Hill, âgé de 54 ans, avait été appréhendé pour le meurtre de Brigitte Anseline, 42 ans. Le corps calciné de cette habitante de Cité Barkly, dont la disparition avait été signalée quelques semaines plus tôt, avait été découvert dans un champ de cannes à Albion par des laboureurs de la propriété sucrière de Médine. Questionné à l’époque, Josian Céline était passé aux aveux, arguant avoir commis ce crime parce qu’il n’avait pas supporté que Brigitte Anseline mette fin à la relation extraconjugale qu’ils entretenaient ; une thèse que réfutent les enfants de cette première victime (voir hors-texte). Condamné à 12 années d’emprisonnement par la cour d’assises en 2008, le meurtrier a été libéré il y a deux ans, ayant obtenu une remise de peine pour bonne conduite. Mais sa vraie nature n’a pas tardé à reprendre le dessus. Et encore une fois, le choc, la douleur et la déception étaient au rendez-vous pour ses proches. Le dimanche 14 juin, il a récidivé, tuant cette fois Doris Nathoo, 56 ans, avec laquelle il entretenait une liaison, avant de se donner la mort par pendaison.

 

Pourtant, après sa sortie de prison il y a deux ans, Josian Céline avait su gagner à nouveau le cœur des membres de son entourage. Marié et père de deux garçons qu’il n’avait pas eu l’occasion de voir grandir, il avait repris sa place auprès de sa petite famille, à Plaisance, Rose-Hill. Durant ses premiers mois en tant qu’homme libre, «il travaillait, aidait à la maison et s’occupait bien de nous. Je m’étais dit que la prison l’avait sans doute changé», confie Bernadette, son épouse depuis bientôt 30 ans. Elle n’était pas la seule à penser cela de lui d’ailleurs. Car dans la localité, les habitants – bien que conscients de son passé peu glorieux – semblaient convaincus qu’«il avait commis une erreur et méritait une deuxième chance». Ils l’avaient même affectueusement surnommé «Titon» et ne voyaient en lui qu’un homme «doux, inoffensif». C’est du moins l’impression qu’il avait donnée pendant très longtemps. Son rôle d’époux et de père exemplaire n’aura toutefois duré qu’un an car il a ensuite préféré délaisser sa famille à nouveau pour des aventures extraconjugales.

 

Au cours de ces derniers mois, les siens n’ont pas beaucoup entendu parler de lui. «Nous avons à peine eu de ses nouvelles. Kouma li rekoumans so move lavi, pann tann li ditou. Il n’appelait jamais et ne passait que très rarement à la maison. Une fois, de temps en temps, il rentrait et restait avec nous pendant deux jours, avant de disparaître à nouveau. Nous ne savions même pas où il vivait», explique Bernadette. «Comme j’avais un cancer du sein, j’ai arrêté de m’en faire pour lui parce que j’avais décidé de m’occuper de ma santé. Après tout, ses aventures extraconjugales ne m’étonnaient plus. Il m’était infidèle depuis toujours mais j’étais restée surtout pour nos enfants qui étaient encore très jeunes lorsqu’il avait été emprisonné. Je n’ai jamais demandé le divorce.»

 

Poignardée à 16 reprises

 

Mais alors que tous les membres de la famille célébraient l’anniversaire d’un des leurs le samedi 13 juin, grande a été sa surprise de voir débarquer la police qui était à la recherche de son époux. «J’étais incapable de les aider, je l’avais vu pour la dernière fois lorsqu’il était passé en coup de vent il y a quelques jours mais j’ignorais où il se trouvait et la police n’a pas voulu m’indiquer pour quelle raison elle était à sa recherche.»

 

Le lendemain, la choquante nouvelle est tombée. Le dimanche 14 juin, la dépouille de Josian Céline a été découverte sur la plage d’Albion. Il s’y est donné la mort par pendaison. C’est à ce moment-là que Bernadette a appris qu’il était activement recherché par les enquêteurs de la Criminal Investigation Division (CID) de Grand-Baie dans le cadre du meurtre de Doris Nithoo, avec laquelle il entretenait une liaison (voir hors-texte). Le corps de cette dernière a été découvert, le samedi 13 juin, vers 14 heures, par sa soeur, chez laquelle elle avait élu domicile durant le confinement, à la rue Mosquée, Cap-Malheureux. Poignardée à 16 reprises à l’estomac, au dos et aux bras, Doris Nithoo a succombé à un stab wound to the heart. Les soupçons des enquêteurs se sont vite portés sur Josian Céline car son véhicule a été aperçu dans la localité le même jour, comme le confirment les images des caméras CCTV. Quant à l’arme du crime, elle a été retrouvée dans un sac appartenant à Josian Céline, à quelques mètres de l’endroit où il s’est suicidé. 

 

Même si le fait qu’il était passé aux aveux pour le meurtre de Brigitte Anseline en 2004 avait été un choc terrible pour son épouse Bernadette, elle avait voulu croire qu’il pouvait encore devenir quelqu’un de meilleur. Mais les événements tragiques du week-end dernier n’ont fait que confirmer le contraire. «J’ai eu l’impression d’avoir été mariée à un homme que je n’ai jamais connu. Bien qu’il m’ait toujours été infidèle, il ne s’était jamais montré violent à mon égard. Il avait toujours été calme, tranquille et quelqu’un de très renfermé sur lui-même. Il se montrait parfois un peu possessif et n’appréciait pas que je sorte de la maison, j’étais comme sa prisonnière, mais il n’avait jamais levé la main sur moi.»

 

Depuis, elle ne cesse de s’interroger sur cet homme avec qui elle a eu deux fils – aujourd’hui âgés de 29 et 26 ans. «Son premier crime était déjà impardonnable. Il a eu la chance de se reconstruire mais ne l’a pas saisie. N’a-t-il jamais pensé aux proches de ces deux femmes qui souffriraient terriblement ? N’a-t-il jamais pensé à ses propres enfants, d’autant que l’un de nos fils se marie bientôt ? Il n’a eu de respect pour personne.» 

 

Partagés entre douleur, choc et déception, la famille Céline a tout de même accompagné jusqu’à sa dernière demeure cet homme qui était, au final, un inconnu pour tous.

 


 

Les enfants de Brigitte Anseline : «Le système judiciaire est responsable de ce second meurtre»

 

 

Leur douleur ne s’est jamais estompée. Même si 16 années se sont écoulées depuis que leur mère a perdu la vie tragiquement. Et le meurtre de Doris Nithoo, victime du même meurtrier, n’a fait que remuer le couteau dans les plaies encore béantes des trois enfants de Brigitte Anseline. Depuis les événements du week-end précédent, ces derniers, aujourd’hui adultes, ont été contraints de raconter à leurs propres enfants comment leur grand-mère est décédée ; une tragédie qu’ils s’étaient jusque-là gardés de leur révéler pour les protéger.

 

Les faits remontent au 22 juillet 2004, lorsque des restes humains calcinés avaient été découverts à Albion, dans un champ de cannes. Les proches de Brigitte Anseline avaient été alertés afin de procéder à une identification, ayant rapporté la disparition de celle-ci trois semaines plus tôt, dans la soirée du 4 juillet. C’est sa boucle d’oreille qui avait permis à sa famille de confirmer qu’il s’agissait bien d’elle. Arrêté dans le cadre de cette affaire, Josian Céline était passé aux aveux, déclarant qu’il n’avait pas supporté que la victime, mariée et mère de trois enfants, mette fin à leur liaison. Mais cette thèse, les enfants de Brigitte Anseline la réfutent entièrement. «Nos parents avaient des problèmes et se disputaient, comme tous les couples, mais notre mère a toujours été une épouse et une mère dévouée. Elle n’a jamais déserté le toit conjugal, comme il l’avait prétendu.» 

 

La famille Anseline avance que Josian Céline était un manipulateur qui en voulait à leurs biens. «Notre mère et lui sont des amis d’enfance. Il a vu en elle quelqu’un de fragile et la harcelait. Il lui faisait du chantage, la menaçait et l’a dépouillée de tous ses bijoux. Il avait même montré à la police l’endroit où il les avait cachés.» Ils expliquent que le jour de sa disparition, Brigitte Anseline était sortie payer des factures et faire des courses à Port-Louis pour le mariage de son fils, prévu un mois plus tard. Elle aurait ensuite prévu de rentrer déjeuner avec sa fille, qui l’aurait même eue au téléphone à la mi-journée. En voyant qu’elle mettait du temps à rentrer, ses proches l’avaient contactée à nouveau, en vain. «Elle n’était nullement sortie pour rejoindre cet homme. Ce qui reste un mystère pour nous, c’est comment elle s’était retrouvée dans son véhicule. Elle avait sûrement accepté un lift», se disent-ils.

 

Pour les proches de Brigitte Anseline, «si l’affaire avait été bien jugée à l’époque, Josian Céline n’aurait pas fait une autre victime. Le système judiciaire est entièrement responsable. Comment un meurtrier peut-il écoper d’une sentence aussi minime ? N’a-t-il pas, non plus, été suivi par un psychologue après sa libération ?» Ils se souviennent, comme si c’était hier, du jour où la cour d’assises a rendu son verdict, condamnant l’homme qui leur avait injustement enlevé leur mère à 12 années de prison. «Cela nous avait choqués mais nous n’avions pas répliqué. Nous étions tous encore très jeunes. Mais si cela s’était produit lorsque nous étions arrivés en âge de mieux comprendre les lois, nous aurions demandé à ce que la poursuite fasse appel.» Après sa libération, confient les enfants de la victime, Josian Céline se serait même présenté sur le lieu de travail de l’une des filles de Brigite Anseline pour la menacer. La famille n’avait alors eu d’autre choix que de rapporter le cas à la police et avait ainsi obtenu une injonction d’éloignement.

 

Si le suicide de Josian Céline, ce dimanche 14 juin, ne leur ramènera pas leur mère, les enfants de Brigitte Anseline ne cachent toutefois pas leur soulagement. «Si le judiciaire a mal jugé, c’est finalement Dieu qui a rendu son jugement. Nous présentons nos sympathies à la famille Nithoo qui, comme nous, a perdu un être cher dans des circonstances injustes.»

 


 

Les proches de Doris Nithoo entre choc, tristesse et interrogations

 

 

 

Les raisons pour lesquelles elle a été aussi froidement tuée, le samedi 13 juin, sont pour ses proches un mystère qui ne sera probablement jamais résolu. Pour cause, Josian Céline, le meurtrier de Doris Nithoo, le seul qui aurait pu donner ces raisons et raconter le déroulé de cette journée tragique, a été retrouvé mort le lendemain. Il s’est donné la mort par pendaison sur la plage d’Albion. Au-delà de la tristesse, de la révolte et du choc, la famille Nithoo se retrouve également plongée dans une multitude d’interrogations. 

 

Doris Nithoo, qui a longuement vécu à Vacoas, est la mère de quatre enfants – deux fils et deux filles – issus de deux unions différentes. Séparée de son deuxième époux il y a deux ans, elle avait quitté le toit familial début 2019 pour aller vivre chez sa mère, à Cap-Malheureux. Une séparation qui avait, pendant un bon moment, suscité des tensions avec deux de ses enfants. Il y a deux ans, soit du temps où elle travaillait encore à Flic-en-Flac, elle avait fait la connaissance de Josian Céline. Ce dernier y travaillait, pour sa part, comme chauffeur pour un restaurant. Au fil de leurs rencontres, ils se sont rapprochés et ont commencé à se fréquenter l’an dernier. 

 

D’après Akshay, le fils de Doris Nithoo, «cet homme lui avait caché qu’il avait déjà commis un crime. Il avait prétendu avoir fait de la prison parce qu’il s’était battu. Ma mère ne l’avait appris que très récemment d’un proche». Pendant quelque temps, l’an dernier, Doris Nithoo avait même vécu avec lui. Jusqu’au jour où ils se sont disputés et où Josian Céline l’a mise à la porte. «C’est la première fois qu’on a eu une conversation, Josian et moi. Li ti sonn mwa pou dir mwa ki li finn pous mo mama parski li pe amenn move lavi. À nos proches qui l’avaient rencontré, il avait toujours donné l’impression d’être un homme droit et aux petits soins pour notre mère. Il avait bien caché son jeu.»

 

Depuis le début du confinement, Doris avait élu domicile chez sa sœur, à la rue Mosquée, Cap-Malheureux. Elle cachait alors à sa famille que Josian Céline – qu’elle avait toujours décrit comme un homme «jaloux et possessif» – et elle se voyaient toujours. Le samedi 13 juin, alors que sa sœur s’était absentée, le quadragénaire était venu lui rendre visite. «Nous avons appris par la police que Josian avait patiemment attendu que notre tante s’en aille pour entrer dans la maison. Il lui aurait même apporté à manger. Nous supposons que c’est par la suite qu’une discussion a éclaté mais nous ignorons pour quelles raisons.» Josian Céline a infligé à Doris Nathoo plusieurs coups de couteau – deux au dos, six à l’abdomen et dix aux bras – pendant qu’elle se défendait. 

 

Depuis sa disparition tragique, sa famille ne cesse de s’interroger. «Qu’est-ce qui a bien pu se produire pour qu’il s’acharne ainsi sur elle ?» C’est en relisant les messages qu’ils s’étaient récemment échangés que son entourage a appris qu’elle n’avait pas mis un terme à cette relation. «Elle donnait l’impression de vouloir s’éloigner de lui, lui demandait de la laisser tranquille et lui reprochait d’avoir publié des photos d’elle sur son profil sans son autorisation. Elle n’avait plus répondu à ses messages depuis le jeudi précédant sa mort et ne semblait pas être au courant qu’il lui rendrait visite le jour où il l’a poignardée», confie Akshay. Il estime que sa mère ne voulait pas que cette relation s’ébruite parce qu’il s’agissait, pour elle, d’une relation sans lendemain. «D’ailleurs, elle prévoyait de s’installer au Canada cette année auprès de ma demi-sœur pour y refaire sa vie, sans lui.»

 

C’est avec beaucoup de peine que les quatre enfants de Doris Nithoo ont fait leurs adieux à celle qu’ils aimaient tant. «C’était une femme forte qui nous a toujours soutenus et poussés à aller de l’avant, et qui cumulait deux emplois pour que nous ne manquions de rien. C’était une personne extraordinaire.» À leur chagrin s’ajoutent leurs nombreuses interrogations : serait-ce parce que son bourreau n’aurait pas accepté qu’elle mette un terme à leur relation qu’il l’a poignardée mortellement ? Ou bien une dispute aurait-elle éclaté parce que Doris Nithoo lui aurait reproché de lui avoir caché avoir déjà commis un meurtre ? Ce sont des questions qui demeureront, pour eux, sans réponses.