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José Moirt : «Un Budget, ce n’est pas faire des cadeaux»

Selon le parti 100 % Citoyen, qui avait proposé un Budget alternatif, celui présenté par Pravind Jugnauth est sans ambition. Parole à José Moirt, membre du parti…

Que pensez-vous du Budget présenté le lundi 10 juin par Pravind Jugnauth ?

 

C’est un Budget sans ambition pour le pays. Avant sa présentation, notre parti, 100 % Citoyen, avait proposé un Budget alternatif. C’est la première fois dans l’histoire du pays qu’un parti politique se lance dans une telle initiative.

 

Justement, pourquoi cette initiative ?

 

On est sur le terrain et on a compris quels sont les besoins et les problèmes dont souffrent les gens. D’ailleurs, cela a été confirmé par le Premier ministre lui-même, à la veille de la présentation du Budget. Il a fait une déclaration dans laquelle il a dressé un tableau inquiétant sur le plan national, ce qui est vrai d’ailleurs. On est d’accord et on partage son analyse à ce sujet.
Puis, il est venu dire que cela ne va pas l’empêcher de faire ce qu’il a à faire pour que les Mauriciens kapav respir inpe plis. Qu’est-ce que cela veut dire ? Il est venu reconnaître que les Mauriciens pe toufe.

 

On est en train de suffoquer. Le Premier ministre reconnaît cela. On est arrivé à un point où une étincelle peut mettre le feu aux poudres. D’ailleurs, beaucoup de personnes partagent cet avis.

Mais ce que le Premier ministre a fait avec son Budget, c’est de donner enn ti bout a tou dimounn pou ki zot kapav respir in pe plis.   Nous, on a fait un Budget alternatif pour montrer aux Mauriciens que le pays a les moyens qu’il faut pour changer la donne. On ne fait pas de la publicité. On a eu un bon response d’entrepreneurs et d’autres Mauriciens.

 

C’est donc un point positif du Budget ?

 

Est-ce que le pays va seulement respirer ? Qu’en est-il de ses problèmes ? Doit-on respirer uniquement ou doit-on vivre ? Vivre et respirer, ce n’est pas la même chose. C’est là que 100 % Citoyen est venu proposer un Budget alternatif. Le titre, Laying the foundation for a wellbeing society, n’a rien à voir avec le titre du Budget Embracing a brighter future together as a nation.

 

Et qu’aviez-vous proposé dans votre Budget ?

 

Ce qu’on a proposé, c’est de s’attaquer aux obstacles qui bloquent la vie des Mauriciens, mais le Budget du ministre des Finances ne fait pas ça. Ce n’est pas une bonne chose, c’est pour cela qu’on dit que c’est un Budget sans ambition. Il ne s’attaque pas aux problèmes structurels du pays. Avec notre Budget alternatif, on voulait montrer deux choses.

 

Déjà, que 100 % Citoyen est prêt à gouverner. On est le seul parti à avoir fait cet exercice. Deuxièmement, on voulait démontrer que, dans le contexte actuel, il est possible de faire quelque chose pour soulager le pays et satisfaire tout le monde, à condition d’avoir the right priorities. Le Budget de Pravind Jugnauth s’inscrit tout simplement dans la continuité. Or, on suffoque en ce moment après quatre Budgets présentés par le gouvernement Lepep. Et ce dernier Budget ne va rien changer.

 

Qu’est-ce qui ne va pas avec le Budget 2019/2010 ?

 

Il y a un gros problème. Il est en train de favoriser, de nourrir, la croissance économique à travers la consommation. Il met de l’argent dans la poche des Mauriciens pour que ces derniers consomment. Il a brossé un tableau sur le plan international avec toutes les incertitudes, tous les risques et toute l’ébullition qu’il y a actuellement, c’est très bien ! Mais localement, comment finance-t-il notre croissance ? Par la consommation. La consommation veut dire quoi : l’importation !

 

Déjà, on importe trop par rapport à nos exportations. Si exportation veut dire création d’emplois, qu’est-ce que veut dire importation ? Destruction des emplois ! Dans un contexte aussi instable, on va financer la croissance avec la consommation ! S’il y a un bouleversement qui arrive, qu’est-ce qui va se passer pour nous ? Le pays ne produit rien. Toute notre nourriture est importée ! Vous avez entendu parler d’épargne dans ce Budget ?

 

Et qu’en est-il de la création d’emplois ? C’est un grand zéro ! Depuis 2009, on a 41 000 chômeurs. Dix ans après, on a toujours 41 000 chômeurs. Je pense là aux jeunes. Qu’est-ce qu’ils vont faire ? Et c’est là que ce que notre parti avait proposé répond aux besoins du pays. C’est-à-dire qu’avec Put Mauritius Back to work, on proposait que les PME en deviennent le moteur. Il faut que les gens travaillent. Le gouvernement n’arrive pas à créer de l’emploi. Les gens ont des ambitions. Il faut les aider pour qu’ils puissent mettre cela en pratique. On voulait professionnaliser plusieurs corps de métier pour donner de la valeur à toutes ces personnes qui ont des métiers. Avec ce Budget, on va respirer jusqu’aux élections. Pas plus.

 

Il n’apporte rien au développement économique du pays et ne s’attaque pas aux problèmes liés aux inégalités. Il ne résout pas le problème de notre dette publique. Gaspillage des fonds publics ? Est-ce qu’on a entendu un truc sur le sujet dans ce Budget ? Un Budget, ce n’est pas faire des cadeaux. C’est comme gérer une maison. Ena revenu, ena depans, ena det. Il faut tout gérer. Et gérer les gaspillages, n’est-ce pas important ?

 

Les critiques pleuvent suite à la décision de Pravind Jugnauth de puiser dans les réserves de la Banque de Maurice pour le remboursement de la dette publique avant l’échéance. Qu’en pensez-vous ?

 

Voyons ce que le Bank of Mauritius Act dit, article 3, constitution of the banks, establishment of the bank of Mauritius : the bank shall, in the pursuit of his objects, perform its functions independently. Il ne parle pas de «repayment of national debts».

 

Dans son Budget, Pravind Jugnauth parle de «surplus».  Dans la loi, je ne vois pas de «surplus»; je vois «general reserve fund» et «above reserve fund». Le plus important, c’est l’article 12 qui parle de «general policy of the affairs and businesses of the bank shall be interested to the board of directors». Si j’étais gouverneur de la Banque de Maurice, j’aurais eu à dire quelque chose because this is not a decision that has been taken by the board.

 

Ils l’ont entendu comme tout le monde à la télévision. Il y a là un gros problème. On ne pense pas à l’intérêt du pays. Ma lecture de la situation actuelle sur le plan politique, c’est qu’une alliance PTr/MSM est à l’agenda car les deux partis politiques font les mêmes choses quand ils sont au pouvoir.