• Boxe thaï : première édition de «La Nuit des Nak Muay»
  • Badminton : les Internationaux de Maurice à Côte-d’Or
  • Trois univers artistiques à découvrir
  • Handicap et vie professionnelle : un pas de plus vers l’inclusion
  • Mayotte au rythme des crises
  • Une rare éclipse totale traverse l’Amérique du Nord : des Mauriciens au coeur d’un événement céleste spectaculaire 
  • World Thinking Day : les guides et la santé mentale
  • Mama Jaz - Sumrrà : prendre des risques musicaux avec le jazz
  • Karine Delaitre-Korimbocus : Kodel, une nouvelle adresse dans le paysage de Belle-Rose
  • Oodesh Gokool, le taximan attaqué au couteau : «Mo remersie piblik»

Installés aux USA : ce que des Mauriciens retiennent d'une élection pas comme les autres

Les compatriotes Dominique Macquet, ici avec sa fille, Sheefa Khodabocus, Dylesh Adjodhya et Damon Duchenne, racontent comment ils ont vécu les élections aux premières loges.

Après plusieurs jours, le verdict est tombé. Joe Biden est le nouveau président des États-Unis. De compatriotes qui vivent cet événement aux premières loges nous parlent de cette expérience...

 «Je souhaite au président de réunir à nouveau les États-Unis...» C'est ce qu'espère de tout cœur le Mauricien Dominique Macquet, installé à La Nouvelle-Orléans. Comme beaucoup de personnes aux USA et ailleurs, Américains ou pas, il a suivi de très près, cette semaine, l'élection présidentielle et le dépouillement des votes, qui tient en haleine depuis le début du scrutin, le 3 novembre. «Je suis scotché devant CNN et je ne rate rien de cette actualité», nous déclare le Mauricien.

Suspense, rebondissements, surprises et... une longue attente. Cette présidentielle fascine et passionne. «Cette élection est vraiment incroyable et pas comme les autres. Ce qui se passe est intéressant. Dans certains États-clés, beaucoup croyaient que Trump allait gagner avec de grands écarts. Or, les chiffres démontrent autre chose. Beaucoup de gens veulent du changement. Cette année, les États-Unis ont tout connu. Il y a le coronavirus et ses nombreux décès, la gestion de la pandémie, les manifestations, certaines pacifiques, d'autres destructrices, et le mouvement Black Lives Matter pour plus de justice. Il est urgent de faire en sorte que le pays ne soit plus fracturé comme il a été ces derniers temps. We need to be united again», ajoute celui qui a aussi la citoyenneté américaine.

 

«J'ai été voté mardi, avec ma fille Nadya. Et j'ai voté pour Joe Biden», ajoute Dominique Macquet qui estime que la gestion de la pandémie a influencé les votes. «Trump n'a cessé de downgrade la dangerosité de la pandémie. Son arrogance et le fait qu'il n'a pas dénoncé la suprématie blanche ont fait pencher la balance. Je ne dirai pas que Trump n'a rien fait pour le pays. Il a eu de bonnes idées et il est surtout un bon businessman. Par contre, il n'a cessé de diviser la population, alors que Biden, de son côté, n'a pas arrêté de dire qu'il va travailler pour tout le monde.» Bien évidemment, il ne compte rien rater de ce qui va se passer : «Trump a dit qu'il va contester les résultats. On va suivre...»

 

Tout comme Dominique Macquet, d'autres compatriotes installés au pays de l'oncle Sam se sont aussi retrouvés à vivre une folle semaine au rythme de cette présidentielle et ces dépouillements, qui intéressent le monde entier. Dylesh Adjodhya, étudiant à la Drexel University et installé à Los Angeles, en tire beaucoup d'enseignements. «Cette élection a provoqué des montagnes russes d'émotions, avec plein de surprises et d'enseignements. Malgré leur avance, ça n'a pas été le balayage démocrate auquel beaucoup s'attendaient. Ce qui a, en quelque sorte, déçu un grand nombre de démocrates. Cette élection serrée témoigne du fait que les États-Unis sont toujours aussi divisés que jamais, décevant de nombreux Américains qui s'attendaient à voir un changement vers des perspectives plus progressistes. Il était intéressant de voir les attitudes contrastées du président Trump et de l'ancien vice-président Biden», confie le jeune étudiant. «Alors que Donald Trump s'est manifesté et a faussement et prématurément revendiqué la victoire et accusé la partie adverse de fraude, Joe Biden a adopté une approche plus patiente et plus équilibrée, laissant le comité électoral faire son travail sans provoquer. Le président sortant a eu un move fidèle à lui-même en sapant la légitimité des institutions démocratiques lorsque les choses ne se passent pas comme prévu, diraient certains. Il est également intéressant de voir comment le candidat démocrate a réussi à renverser deux États-clés du champ de bataille du Midwest, comme le Wisconsin et le Michigan, que le président sortant a remporté en 2016.»

 

Il se souviendra toute sa vie de cette expérience : «Malgré quelques ratés, j'ai été heureux de constater à quel point ces élections se sont déroulées sans heurts, étant donné une année inhabituelle et des circonstances encore plus inhabituelles pour une élection et je pense que c'est le signe d'une démocratie saine.»

 

De la Virginie, Sheefa Khodabocus, une autre compatriote, parle aussi d'un pays divisé et de l’espoir que cela change : «Le jour du scrutin était à peu près un jour normal pour moi parce que j'avais déjà voté il y a plusieurs semaines. Environ 100 millions d'Américains ont voté tôt cette élection, donc j'imagine que c'était aussi la norme pour eux. Depuis, je suis collé à l'actualité. En fait, le jour de l'élection, je suis restée debout jusqu'à 5 heures du matin pour regarder les résultats. Nous vivons un phénomène appelé le ‘‘Mirage rouge’’. Cela signifie qu'une majorité de républicains ont voté en personne le jour du scrutin et dans de nombreux États, ce sont les votes qui ont été comptés en premier. Cependant, la majorité des premiers électeurs étaient des démocrates enregistrés, de sorte qu'au fur et à mesure que la nuit avançait, de nombreux États à tendance républicaine ont basculé. Quelques exemples incluent le Wisconsin et le Michigan.»

 

Cela a vraiment causé de l'anxiété chez de nombreuses personnes, observe-t-elle, car il semblait que l'élection était une répétition de 2016. «Cependant, nous avons appris à faire confiance au processus et à rester patients, alors que les premiers bulletins de vote sont toujours comptés. La nation est divisée : cela est évident non seulement dans les bulletins de vote mais aussi dans la tension que nous ressentons. Ce que j'espère le plus du nouveau président, c'est qu'il unit à nouveau la nation. Il s'agit de la première élection où les grandes villes se sont préparées en vue d'émeutes et de pillards ; c'est une représentation visuelle frappante de la fracture que nous ressentons. L’avenir et l’héritage de notre démocratie reposent largement sur la capacité du prochain président à unir ses citoyens.»

 

Damon Duchenne, un Mauricien étudiant à Philadelphie, dans l'État de la Pennsylvanie, est aussi très attentif aux nouvelles. «L'élection est sur toutes les lèvres. Il y a quelques jours encore, la police a déjoué une tentative d'attaque sur un centre de décompte des voix», témoigne le jeune homme, en revenant sur ce qu'il retient de cette élection qui n'est définitivement pas comme les autres...