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Île-aux-Aigrettes : le paradis des reptiles

Aldabras et Radiatas cohabitent  en parfaite harmonie.

Elle est nichée au coeur de la magnifique baie de Mahébourg, à environ 850 m de la côte. L’Île-aux-Aigrettes abrite les derniers vestiges de forêts côtières sèches grâce à un travail formidable effectué depuis plusieurs décennies par la Conservation Team de la Mauritian Wildlife Foundation. Une visite s’impose pour admirer des plantes endémiques ainsi que des espèces rares d’animaux, dont des tortues géantes dans les sous-bois ou encore des lézards indigènes.

Il prend fièrement la pose. Cet animal à sang-froid profite des rayons du soleil dans les sous-bois en ce jour où la météo est peu clémente avec des averses passagères modérées sur la région. Caché dans des feuilles mortes à l’abri des regards, ce Scinque de Telfair fait le plein d’énergie à côté d’un des nombreux bâtiments construits sur l’Île-aux-Aigrettes par les Anglais durant la Seconde Guerre mondiale. On le rencontre à cet endroit précis car les murs lui offrent une bonne cachette. La dalle de la structure de pierre sèche permet à son corps de rester à une bonne température. Deux Geckos de Gunther ont également élu domicile sur place. Ils se tapissent à l’ombre pour se rafraîchir tout comme d’autres lézards indigènes.  

 

«Le Gecko de Gunther est endémique. Il a été introduit sur l’Île-aux-Aigrettes, en 2010, en provenance de l’Île-Ronde. Le but était de le surveiller pour obtenir des renseignements sur son habitat, son écologie de reproduction, sa répartition, et aussi d’estimer la taille de la population. Le succès d’éclosion des geckos est toutefois menacé à cause des corbeaux sur l’île. Ils sont devenus la proie de ces prédateurs», explique Ryan Law Yu Kam, biologiste au sein de la Conservation Team de la Mauritian Wildlife Foundation (MWF).

 

L’Île-aux-Aigrettes est une petite île corallienne de 26 hectares inhabitée classée réserve naturelle depuis 1965. Elle est protégée par la MWF. La fondation est responsable de la gestion des lieux et a aussi pour mission de restaurer la faune et la flore à son état originel. Vos premiers pas sur place vous donneront très vite un aperçu du contenu des forêts côtières sèches de l’époque. Le personnel de la MWF est aux petits soins tous les jours pour préserver les dernières espèces endémiques à travers l’Island Restoration Project.

 

Aujourd’hui, l’Île-aux-Aigrettes est le lieu parfait où les amoureux de la nature peuvent toujours admirer des espèces florales endémiques grâce aux efforts continus du personnel du MWF depuis 1985. L’île sert également de refuge à une grande population de tortues géantes d’Aldabra des Seychelles, dont Big Daddy, un grand mâle qui règne en maître sur l’île depuis plusieurs décennies. «La tortue Aldabra a été introduite sur l’Île-aux-Aigrettes dans les années 90», précise Roberto César qui travaille également comme biologiste au sein de la Conservation Team de la MWF.

 

La taille adulte d’une tortue géante est de 123 cm de long pour le mâle et de 91 cm pour la femelle. Le mâle pèse jusqu’à 200 kg alors que la femelle, elle, peut atteindre 100 kg. On trouve également une belle population de Radiatas de Madagascar sur l’Île-aux-Aigrettes. Elles cohabitent sans problème avec leurs cousines des Seychelles. À taille adulte, cette race de tortue mesure une quarantaine de centimètres de long pour les mâles et une trentaine pour les femelles. Elle peut alors peser 20 kg pour les mâles et 15 kg pour les femelles. Sa longévité est d’une centaine d’années. 

 

L’île abrite également d’autres lézards indigènes très rares comprenant, entre autres, l’Ornate Day Gecko dont la population est menacée dans les régions agricoles ou encore par le «gro lezar ver» de Madagascar, un prédateur. Le fameux Cardinal de Maurice a, lui aussi, été réintroduit sur l’île grâce au travail assidu des employés de la MWF. Ces derniers ont également permis à des plantes endémiques comprenant, entre autres, la Boucle d’Oreille, une orchidée particulière à l’île, de revivre. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Anglais avaient transformé l’île en une base militaire mais fort heureusement, elle n’a jamais été utilisée en tant que telle. Les visiteurs peuvent d’ailleurs admirer un long canon installé sur place.

 

À l’instar du pays, l’île-aux-Aigrettes est touchée par une invasion d’espèces animales qui menacent la faune et la flore indigènes. Il y a les fameux «lera muske» et les «tang» qui font des dégâts considérables sur l’île. La Conservation Team de la MWF a déjà mis en place plusieurs mesures pour les éradiquer. Des pièges ont ainsi été placés à divers endroits pour éviter aux reptiles qui s’y trouvent de connaître l’extinction.

 

Bon à savoir…

 

L’Île-aux-Aigrettes est un véritable paradis écologique accessible uniquement en bateau. Des excursions sont organisées sur place tous les jours à partir de Pointe-Jérôme. Le tour de l’île se fait en moins de deux heures. Plusieurs parcours sont proposés aux visiteurs, notamment le Sentier du Dodo où la MWF vous invite à découvrir plusieurs espèces végétales dont le Bois d’Ebène, le Bois Bœuf ou encore le Bois Clou. En suivant les sentiers balisés sur le calcaire corallien recouvert de feuillages, les chanceux peuvent également contempler le fameux Pigeons des Mares et aussi des chauves-souris dans leur position favorite. L’Île-aux-Aigrettes a servi de base militaire aux Anglais pendant la Seconde Guerre mondiale. Des vestiges de l’époque sont toujours visibles à travers les sous-bois. Ceux qui veulent visiter l’île doivent réserver leur place au moins 24 heures à l’avance en téléphonant sur le 631 2396 ou le 5258 8139. Les horaires de départ du lundi au samedi sont à 9h30, 10 heures, 10h30, 13h30, 14 heures et 14h30. Le dimanche, les visites se font uniquement le matin.