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Il est admis à l’hôpital de Candos depuis 16 mois : Le long calvaire du petit Shishaan à l’unité des grands brûlés

Nitish Halkharee ne rêve que d’une chose : que le supplice qu’endure son fils Shishaan prenne fin.

Cela fait plus d’un an que le jeune garçon est admis à l’hôpital de Candos. Il a été grièvement brûlé en jouant avec de l’alcool et depuis, il se bat pour s’en sortir. Mais son rétablissement tarde à venir. Récit d’une histoire qui brise le cœur.

Cela fait longtemps qu’il ne sourit plus. Sa souffrance physique et morale est tellement intense qu’elle a effacé toute joie de vivre de sa jeune existence. Depuis 16 mois, Shishaan Halkharee, 7 ans, vit un calvaire au quotidien. Il est admis depuis juin 2017 à l’unité des grands brûlés de l’hôpital de Candos où le personnel médical fait tout son possible pour le soigner. Le garçonnet a été brûlé au troisième degré sur plusieurs parties du corps quand le feu a subitement pris à ses vêtements alors que son frère aîné, âgé de 8 ans, et lui jouaient avec de l’alcool, du papier et des allumettes.

 

Alors que son moral est déjà au plus bas, Shishaan a reçu un autre coup dur, le vendredi 9 novembre, quand sa petite voisine dans la salle des grands brûlés, Cataleya Sans-Souci, âgée de 11 mois seulement, est décédée (voir texte ci-dessous). La fillette avait été grièvement brûlée, le 5 octobre, dans l’incendie de la maison de sa tante. Pendant tout un mois, les deux enfants s’étaient habitués à vivre ensemble confinés dans cet endroit où tout n’est que souffrance, et s’étaient attachés l’un à l’autre. Reshma, la maman de Shishaan, ne sait plus quoi faire face à la détresse de son fils : «Li ek sa tifi-la ti ansam dan ICU Burns. Li pa pe le manze depi ki linn desede. So lamor pe bien afekte li. Mo per pou mo garson aster.»

 

Mais malgré la peur, l’angoisse qui les prend aux tripes au quotidien, face à la situation dans laquelle se trouve leur petit garçon, les Halkharee ne veulent pas baisser les bras. Ils comptent se battre à ses côtés dans l’espoir que son état de santé s’améliore enfin. Toutefois, la tâche s’annonce ardue. «Il ne lui reste plus de peau saine pour faire des greffes naturelles, confie son père Nitish. Mon fils a subi 29 interventions chirurgicales à ce jour, en vain. Car les greffes prennent difficilement quand il s’agit de brûlures au troisième degré. La dernière opération a eu lieu il y a trois semaines. On a pris ce qui lui restait de peau aux jambes pour tenter de faire une greffe à la hanche mais cet essai n’a pas abouti car il a eu une infection.»

 

Les parents du garçonnet sont abasourdis par ce nouveau revers. Car à mesure que les échecs de greffes se succèdent, l’état de santé de leur fils se détériore un peu plus. «À chaque fois qu’on change ses bandages, les morceaux de peau qu’on a greffés tombent en lambeaux. Notre fils souffre terriblement. Nous ne savons plus quoi lui dire lorsqu’il nous demande quand il va sortir de l’hôpital. Sa situation a encore empiré depuis qu’il a commencé à avoir des difficultés à marcher. Il est cloué au lit avec des bandages aux jambes et cela n’arrange pas les choses», explique Nitish.

 

«So lipie inn blok net»

 

Parce que Shishaan est resté trop longtemps alité, «so lipie inn blok net», précise son père. Le petit a même dû subir une opération à cause de cela. «Inn bizin oper li ek met vis dan so lipie. Aster li mars trwa pa li tombe. Li mari fatige ek tousala. Li dir mwa plito dokter ti koup so lipie. Mo pena mo pou dir li. Telman li soufer, li pous mwa tou parfwa kan mo al get li», confie Nitish.

 

Le petit Shishaan avait passé les trois premiers mois de son hospitalisation à l’unité des soins intensifs réservés aux grands brûlés. Il a ensuite été transféré au Male Burn’s Unit Ward. «Nou ti panse li pou korek vit. Li manze ek bwar normal, li ena bien kouraz, me li soufer bokou. Bann zour kot douler la vinn tro for, li pa koze mem. Li tourn so figir li res trankil lor lili. Sa kas mo leker kan mo trouv li koum sa. Mo fam pli soufer ankor parski li ek li toulezour», souligne Nitish.

 

Six mois après son admission à l’hôpital, la famille a vécu une petite parenthèse lumineuse quand Shishaan a été autorisé à rentrer chez lui durant quelques jours. Ses parents, qui vivent dans des conditions modestes, n’ont pas hésité à investir alors plusieurs milliers de roupies dans un lit orthopédique et un fauteuil roulant afin de rendre son séjour confortable : «Son médecin traitant l’avait autorisé à rentrer à la maison pour les fêtes de fin d’année. On a dû être aux petits soins pour lui. On devait surtout lui éviter tout contact avec la poussière pour qu’il n’ait pas d’infection. C’était très dur mais on a tous bien profité de sa présence. Il était content de passer du temps avec nous, ses parents, et avec ses deux frères. Son retour à l’hôpital a été bien difficile pour nous tous mais surtout pour lui. Il n’avait plus le moral.»

 

Sa maman se fait un devoir d’aller le voir tous les après-midi aux heures de visite. Reshma fait quotidiennement le long trajet en bus depuis Souillac pour aller donner un peu de chaleur et de courage à son enfant. Et aussi pour savoir comment il va, parler au personnel médical. Nitish, lui, ne peut se rendre à l’hôpital que le dimanche, travail oblige. «J’avais arrêté de travailler pendant un an pour pouvoir être présent pour Shishaan mais aussi mes autres enfants. Mais j’ai dû reprendre le boulot car nous avons des difficultés financières. Nous dépensons plusieurs milliers de roupies en transport car le trajet en bus de Souillac à Candos coûte cher», souligne le père.

 

Depuis qu’il a repris son travail de maçon, Nitish se voit dans l’obligation d’emmener son plus jeune fils de 3 ans avec lui sur les chantiers. «Enn fwa monn bizin met mo jaket lor plans kofraz pou fer li dormi. Toulezour mo bizin aret travay boner pu retourn lakaz avan mo gran garson 8 an sorti lekol. Pandan vakans, mo oblize amenn zot travay ek mwa. Erezman dimounn pou ki mo pe travay la konpran mo sitiasion.»

 

En tant que maçon, Nitish connaît aussi les périodes creuses où il n’y a pas de travail. La famille dépend alors uniquement de l’allocation de Rs 5 500 que la Sécurité sociale alloue à Shishaan et de la carer’s allowance de Rs 2 500 dont bénéficie Reshma. Mais ces deux sommes sont loin de faire le compte. C’est pour cela que Nitish fait de son mieux pour avoir toujours du travail.

 

Dans ces moments difficiles, les Halkharee bénéficient du soutien d’un habitant de leur localité, à Souillac, Ivan Ithier, qui essaie de les aider et de les guider. Selon lui, Shishaan a plus de chance de s’en sortir si sa famille arrive à réunir environ Rs 1 million pour qu’il puisse bénéficier de soins dans le privé avec un médecin français. Mais ça, la famille ne sait pas si elle pourra un jour réunir une telle somme.

 

Quand il n’y a plus de chance, il y a encore de l’espoir, disait l’acteur et metteur en scène de théâtre français Jean-Michel Ribes. Une citation qui convient parfaitement à la situation dans laquelle se trouve le petit Shishaan qui ne rêve que d’une chose : que le supplice qu’il endure tire à sa fin. Il veut surtout retrouver le sourire et les joies de l’enfance avant qu’il ne soit trop tard. Ses parents n’espèrent pas davantage. Ne dit-on pas également que tant qu’il y a la vie, il y a de l’espoir ?