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Fin du lockdown : ils font le bilan

Après plus d’un mois en confinement, le pays passe dans une autre phase de la reprise. Quel regard jetez-vous sur les semaines écoulées et comment avez-vous vécu le confinement ? Quelques interlocuteurs nous racontent comment ils ont traversé cette période pas comme les autres sous l’emprise de la Covid-19...

Nicolas Fanny, photographe : «Il nous faudra bientôt mettre l’argent dans les chariots et les provisions dans le porte-monnaie»

 

Ce que je retiens : «La vie est précieuse, les moments aussi, ainsi que les souvenirs qu’on se construit. Souvent, on se plaint de choses futiles mais lorsqu’on nous prive de notre liberté, surtout, moi, en tant que photographe qui aime l’aventure et rencontrer des gens, une mobilité interdite ou réduite est comparable à une mer sans eau ou des poumons sans oxygène.»

 

Ce que j’ai aimé et ce qui va me manquer : «Le confinement nous a permis, à ma femme et moi, de passer énormément de temps avec les enfants. Ainsi, les liens se resserrent et nous avons vécu des moments privilégiés, d’apprentissage, de jeux, de fous rires et cela nous a permis de suivre le développement quotidien de nos enfants. Tout cela n’est pas possible quand nous sommes embarqués dans notre routine.»

 

Ce que je n’ai pas aimé : «En premier lieu, ce sentiment d’incertitude. Je suis quelqu’un qui aime bien planifier ce que je ferai demain. Ensuite, qu’on le veuille ou non, passer trop de temps avec l’être aimé peut être difficile. En tant qu’être humain, nous avons besoin de cette coupure, en allant travailler ou pour “al fer enn ti letour” et avoir ce plaisir d’attendre que l’être cher rentre pour lui parler de notre journée ou “fer enn ti palab”. Il est vrai qu’être enfermé entre quatre murs pèse sur le moral même en charmante compagnie. Cela génère des tensions et si elles sont mal gérées, cela peut conduire à des problèmes encore plus graves, voire insolubles. Puis, il y a aussi les achats dans les supermarchés. Ils abusent !  À ce rythme-là, il nous faudra bientôt mettre l’argent dans les chariots et les provisions dans le porte-monnaie. C’est une triste réalité.»

 

Nush Maghoo, cosmétologue, coloriste : «Ne pas voir ma famille m’a affecté»

 

Ce que je retiens : «La famille est importante dans nos vies. Ne pas pouvoir voir les miens pendant ces temps durs m’a beaucoup affecté et ça m’a fait comprendre que la famille, c’est le plus important dans la vie. Business wise, je retiens l’importance de prévoir un bon saving. La Covid-19 nous a donné une leçon de vie. Ne pas pouvoir se projeter dans le futur fait peur. Alors, il vaut mieux être prévoyants.»

 

Ce que j’ai aimé et ce qui va me manquer : «Les moments précieux avec mon mari et ma fille. Avec mon travail, c’est très rare que je passe des heures en semaine à cuisiner, à regarder la télé ou à ne rien faire.»

 

Ce que je n’ai pas aimé : «L’incertitude du futur. J’aime tout planifier de A à Z. Mon monde s’est stoppé pendant le confinement. Plusieurs projets ont aussi été mis en pause. Avec mon mari, on a travaillé dur pendant ces années pour arriver là où nous sommes. Ne pas pouvoir réaliser nos projets construits pendant des années me fait mal. Mais je reste optimiste et j’espère qu’on trouvera une solution finale pour vivre avec the new normal life.»

 

Namrata Teeluckdharry, avouée : «Nos vies peuvent basculer à n’importe quel moment avec la Covid-19»

 

Ce que je retiens : «Le confinement a chamboulé notre échelle de valeurs. Plusieurs choses que nous prenions pour acquis sont devenues un luxe. Donc, depuis le lockdown, je me dis qu’il faut vivre l’instant présent, privilégier les relations humaines plutôt que des préoccupations plus mercantiles et ne pas oublier de dire à ceux qu’on aime qu’ils comptent pour nous. Nos vies peuvent basculer à n’importe quel moment avec la Covid-19.»

 

Ce que j’ai aimé et ce qui va me manquer : «On a tous un peu aimé le farniente ! J’ai aimé vivre au ralenti pendant quelque temps car cela permet de faire un peu d’introspection et de se recentrer pour mieux recommencer après. Ce que j’ai surtout aimé, c’est de pouvoir préparer le petit déjeuner pour mon époux car, en temps normal, je n’en ai pas vraiment le temps et il adore mon café et mes omelettes bien garnies.»

 

Ce que je n’ai pas aimé : «J’ai trouvé cela très intrusif d’avoir à justifier mon identité pour avoir accès aux commerces. Je comprends que les sorties par ordre alphabétique ont pour but de nous protéger de la propagation de la maladie mais j’ai quand même eu du mal avec cette restriction à ma liberté de mouvement et le fait de devoir dévoiler mon identité à des inconnus pour pouvoir circuler. Ça ne va définitivement pas me manquer. Le fait de ne pas pouvoir se faire livrer à domicile le dimanche était aussi compliqué, en particulier notre traditionnelle pizza du dimanche.»

 

Martine Fong, Head of Public Relations : «J’ai appris à recycler les aliments»

 

Ce que je retiens : «Assez de gaspillage. J’ai appris à recycler les aliments et à ne rien jeter. J’ai même appris à planter les légumes ou les herbes que j’ai acheté/es. Finies les manucures, place au jardinage.»

 

Ce que j’ai aimé et ce qui va me manquer : «Le quality time à la maison, avoir le temps d’être à l’écoute de l’autre et de refocus sur l’essentiel vont me manquer. Ainsi que les grasses matinées.»

 

Ce que je n’ai pas aimé : «Le confinement m’a aussi appris à toujours tirer le positif du négatif. S’il y a bien eu un truc que j’ai constaté, c’est l’égoïsme des gens. Je vois un peu plus clair sur ces soi-disant humanistes qui, au final, ne le sont pas.»

 

Virginie Couronne, Communication Specialist, Bank One  : «Le virus est toujours une menace»

 

Ce que je retiens : «Ce second confinement nous rappelle que le virus est toujours une menace et qu’il est impératif que nous continuions à faire preuve de vigilance à tous les niveaux. Si je compare mon expérience des deux confinements, je dirai que, cette fois, j’ai accordé plus d’importance à mon bien-être afin que l’anxiété à laquelle j’ai fait face l’année dernière après le confinement ne refasse pas surface.»

 

Ce que j’ai aimé et ce qui va me manquer : «Malgré un emploi du temps chargé, j’ai eu la chance de passer du quality time avec mes deux enfants. Mon fils et ma fille ont tous deux célébré leur anniversaire en confinement. Nous avions déjà tout prévu avec notamment une surprise : un tour en hélicoptère. Même si le confinement a joué au trouble-fête, nous avons improvisé et tous deux ont adoré leur petite fête d’anniversaire, en toute simplicité.»

 

Ce que je n’ai pas aimé : «Mon métier me permet de rencontrer et d’interagir avec de nombreuses personnes régulièrement. Bien que les outils numériques nous aient permis de garder contact et de continuer à travailler pendant le confinement, je préfère de loin les réunions et les échanges en face-à-face.»

 

Corinne Robert, consultante en relations publiques : «Ma réalité pendant cette période a été une question d’ajustement»

 

Ce que je retiens : «Rien n’est permanent. On pensait avoir retrouvé une vie presque normale. En retournant en confinement, on réalise à quel point on prend les choses pour acquis. Ma réalité pendant cette période a été une question d’ajustement. J’ai un toit au-dessus de ma tête, de quoi manger, je ne peux pas me plaindre, alors que d’autres subissent de plein fouet l’impact économique de cette pandémie. Plus que jamais, le concept africain Ubuntu – I am because we are – est essentiel au sein de la communauté : l’importance de s’entraider, de penser aux autres non seulement en tant qu’individu mais aussi en tant qu’organisation. Autre changement drastique avec lequel il faut s’habituer : l’impossibilité de voyager. Je suis loin de ma famille et de certains de mes amis. Malgré la distance, envoyer un message, passer un appel, faire un video call, à défaut de pouvoir se voir physiquement, permet d’entretenir ce lien.»

 

Ce que j’ai aimé et ce qui va me manquer : «J’ai pris le temps de relire des classiques de la littérature, de préparer des recettes de cuisine, d’approfondir l’importance de s’accorder un moment pour soi dans la méditation et la pratique du yoga ou encore en suivant des cours de Wing Chun online.»

 

Ce que je n’ai pas aimé : «Je suis une people person et même si j’ai continué de travailler online, ce n’était pas la même chose sans ce contact humain. Cette liberté de mouvements aussi. Je fais du stand up paddle board toutes les semaines et ne pas avoir cette sensation de glisser sur l’eau m’a énormément manqué.»

 

Shamima Patel, présidente de Breast Cancer Care : «J’ai aimé voir la générosité et la solidarité des Mauriciens»

 

Ce que je retiens : «Je retiens surtout la capacité humaine à s’adapter, à revoir ses priorités et à revenir à l’essentiel. Dans un monde tellement évolué, tellement moderne, nous avons tous appris à faire avec ce que nous avons.»

 

Ce que j’ai aimé et ce qui va me manquer : «J’ai une pensée pour toutes ces personnes qui se sont données corps et âmes, dans les hôpitaux, sur les routes ou encore dans les supermarchés, pour que tout se passe bien pour nous. J’ai aimé avoir du temps pour profiter de ma maison, de mon époux et de mes chiens, et pour cuisiner mais j’ai surtout aimé voir le courage des frontliners. J’ai aussi aimé la générosité des Mauriciens et la solidarité des personnes qui ont œuvré pour ceux qui étaient en difficulté. J’ai également aimé le fait de pouvoir lancer un business dans des conditions difficiles mais qui est maintenant bien sur les rails et pourra venir en aide à mes warriors. Ce qui va me manquer : le temps consacré à ma maison car généralement, je quitte chez moi à 8 heures pour rentrer à 20 heures.»

 

Ce que je n’ai pas aimé : «Je n’aime pas l’isolation. Je suis quelqu’un de libre qui aime bouger et sortir. L’isolement m’a pesée. Je n’ai pas aimé non plus entendre toutes ces mauvaises nouvelles concernant les personnes dialysées et entendre dans quelles conditions elles se trouvaient et dans quelles conditions plusieurs ont quitté ce monde. J’ai eu la larme à l’œil en lisant les témoignages de ces personnes...»

 

Hans Dax, Make-up Artist  : «Le fait d’être enfermé à la maison a créé une sorte de barrière à ma créativité»

 

Ce que je retiens : «Ce confinement, comme celui de l’an dernier, m’a appris l’importance de passer du temps à la maison, avec la famille. En temps normal, je ne suis presque jamais à la maison. Du coup, je compte le faire plus souvent.»

 

Ce que j’ai aimé et ce qui va me manquer : «Ce qui va me manquer, c’est de pouvoir me réveiller tard et faire la grasse matinée. J’ai pu aussi enfin profiter de mon abonnement Netflix.»

 

Ce que je n’ai pas aimé : «Le fait d’être enfermé à la maison a créé une sorte de barrière à ma créativité, je n’avais aucune inspiration pour faire de nouvelles choses et travailler sur de nouveaux projets.»