• Boxe thaï : première édition de «La Nuit des Nak Muay»
  • Badminton : les Internationaux de Maurice à Côte-d’Or
  • Trois univers artistiques à découvrir
  • Handicap et vie professionnelle : un pas de plus vers l’inclusion
  • Mayotte au rythme des crises
  • Une rare éclipse totale traverse l’Amérique du Nord : des Mauriciens au coeur d’un événement céleste spectaculaire 
  • World Thinking Day : les guides et la santé mentale
  • Mama Jaz - Sumrrà : prendre des risques musicaux avec le jazz
  • Karine Delaitre-Korimbocus : Kodel, une nouvelle adresse dans le paysage de Belle-Rose
  • Oodesh Gokool, le taximan attaqué au couteau : «Mo remersie piblik»

Enquête judiciaire sur la mort tragique de Joachim Paumero, 26 ans - Son père Marco : «Plein d’éléments montrent que c’est bien un crime»

Cet habitant d’Albion va bientôt sortir un livre où il reviendra sur les circonstances troublantes entourant le décès tragique de son fils.

Son cadavre a été retrouvé au pied d’une falaise, à Bassin-Vert, Bambous, en 2016. Mais jusqu’ici les circonstances de la mort de ce jeune militaire franco-mauricien sont encore inconnues. Alors que l’enquête judiciaire sur le décès de Joachim Paumero, 26 ans, reprend ce vendredi 9 juin, son père Marco revient de l’avant pour clamer que, selon lui, il s’agit d’un crime et non d’un accident ou un suicide. Cet habitant d’Albion lance également un ultime appel à témoins et compte même offrir une prime à ceux qui aideront à faire éclater la vérité dans cette affaire. 

Perdre un enfant, c’est perdre un morceau essentiel de sa vie, comme une pièce importante d’un puzzle que l’on ne pourra jamais finir et qui restera inachevé au plus profond de son cœur brisé. Ce n’est pas Marco Paumero qui dira le contraire. Ses larmes symbolisent toute la peine que ressentent ces parents privés à jamais de leur progéniture, d’autant plus quand ils perdent celle-ci tragiquement, comme ce fut le cas pour lui. Depuis bientôt sept ans, ce Franco-Mauricien milite pour que les circonstances troublantes entourant le décès de son fils Joachim soient connues. Ce jeune militaire de 26 ans, porté disparu dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016, avait été retrouvé mort 13 jours plus tard, soit le 29 juillet, au pied d’une falaise à Bassin-Vert, Bambous. Son corps était dans un état de décomposition avancée et l’autopsie a révélé qu’il avait le crâne, la mâchoire et la colonne vertébrale fracturés. Des faits troublants qui laissaient penser à un meurtre.

 

La police a ouvert une enquête mais celle-ci n’a mené à rien de concluant jusqu’ici. Une enquête judiciaire a par la suite été initiée au tribunal de Bambous. Les travaux de celle-ci reprennent ce vendredi 9 juin pour faire la lumière sur les circonstances du drame. Marco Paumero, pour sa part, est persuadé que son fils a été victime d’un acte malveillant. «Il y a plein d’éléments qui montrent que c’est bien un crime», martèle-t-il. Les autres hypothèses, il les balaie d’un revers de main même s’il ne semble pas convaincu que l’enquête judiciaire va aller dans ce sens. «Je refuse de croire que mon fils s’est suicidé. Le procès est interminable. Je pense, et j'en suis même sûr, que ça va mal se terminer. C’est pour cela que je lance un ultime appel à témoins. J’offre également une prime à tous ceux qui ont des informations sérieuses pouvant faire triompher la vérité dans cette affaire.» Marco Paumero affirme que le dossier de son fils a failli être classé le 21 février 2021. «J’ai alors fait appel par courrier auprès du Directeur des poursuites publiques», lance-t-il. Et l’affaire a été relancée.

 

Joachim Paumero, informaticien dans l’Armée de l’air française, était en vacances à Maurice au moment des faits. Son père, un Français, et sa mère, une Mauricienne, vivent à Albion depuis plusieurs années et détiennent la double nationalité. Le soir du drame, le jeune homme avait pris quelques verres avec des amis chez lui pendant le dîner avant de sortir en boîte de nuit avec ces derniers et sa sœur. Direction Cascavelle. À un moment, le jeune militaire aurait eu des problèmes avec des videurs et serait sorti de la boîte de nuit. Sa sœur et ses amis ont tous pensé qu’il était allé se reposer dans la voiture, mais ce n’était pas le cas, souligne son père. Il n’avait plus donné signe de vie depuis. Hélas, son corps sans vie a été retrouvé 13 jours plus tard. «Tous ceux qui connaissaient bien Joachim savent bien que c’était un jeune homme plein de vie qui apportait de la joie autour de lui. Il était aussi un homme plein d’espoir, un bon vivant qui faisait le bien. Nous, la famille, ses cousins, ses amis, ses collègues de l’armée et même son commandant de l’époque, savons tous très bien qu’il n’était pas suicidaire car il était rempli de vie», précise Marco Paumero.

 

Le sexagénaire lance un vibrant appel aux éventuels informateurs : «Votre témoignage me serait très précieux. Je n’accepterai pas la décision finale du suicide. C’est impossible. À l’époque, il était venu nous faire une visite surprise à Maurice. Il aurait fait plus de 10 000 km pour se suicider ? C’est idiot de croire ça. Il était si heureux de nous revoir, sa maman, sa petite sœur et moi. Il m’avait aussi parlé de plusieurs projets personnels. Il était heureux d’être muté à Bordeaux sur le plan professionnels. Ceux qui l’ont connu et fréquenté de près peuvent le confirmer. Joachim n’avait aucune raison de se suicider. Ce crime profite aux assassins. Je suis à la recherche de preuves réelles qui prouvent qu’il a été assassiné. Aidez-moi s’il vous plaît !»

 

Selon Marco Paumero, il y aurait eu un cas de vol de légumes dans la région ce soir-là, impliquant quatre personnes. Il pense que ceux qui ont commis ce forfait savent quelque chose sur la mystérieuse disparition de son fils. Un témoin aurait pris deux des malfrats en photo. La police aurait étudié cette piste mais celle-ci n’aurait rien donné, à en croire ce père, qui allègue également que l’un des quatre présumés voleurs aurait mis fin à ses jours quelque temps après. Une information que nous n’avons pu confirmer. Au moment de la disparition de son fils, Marco était en France pour assister aux funérailles de sa mère : «Mon fils a disparu le soir de l’enterrement de ma mère. Il était en vacances et passait son temps à la maison.»

 

Un homme cassé

 

Ce père de famille est un homme cassé, rongé par des regrets, de la tristesse, et des problèmes de santé qui n’arrangent pas sa situation. «Je lui avais conseillé de sortir durant le week-end. Mon fils avait pris quelques verres mais qu’il n’était pas saoul le soir fatidique. Je précise que le rapport du test toxicologique s’est révélé négatif», souligne l’habitant d’Albion. Sa douleur ne fait qu’augmenter au fil des années qui passent. «Je n’accepte pas sa mort. La police doit trouver le coupable pour me permettre de faire enfin mon deuil», souligne le Franco-Mauricien, ému. Il est d’avis que le magistrat qui préside l’enquête judiciaire «doit aller sur place» pour un état des lieux afin de comprendre pourquoi il n’accepte pas la thèse de l’accident ou du suicide : «J’ai pu récupérer son portable après un an. Une application de son téléphone indique qu’il s’est arrêté de marcher près d’un lieu de culte où il y aurait eu un cas de vol de légumes ce soir-là. Je soupçonne les voleurs de l’avoir agressé. J’ai refait le parcours tout seul jusqu’au lieu de culte en question. La police a retrouvé la dépouille de mon fils 3,5 km plus loin. Son portable indique qu’il était 4h30.»

 

Selon les dires de Marco Paumero toujours, il faisait encore nuit et il pleuvait à cette heure-là le jour fatidique. Il précise que le sentier qui mène au pied de falaise, à Bassin-Vert, où la dépouille de son fils a été retrouvée, était impraticable à ce moment-là. Il est accessible uniquement en 4x4. «Quelqu’un peut m’expliquer comment le jeans de mon fils et ses chaussures étaient propres ? Quand on l’a retrouvé, il était sur le dos. C’est tellement clair qu’on l’a transporté et qu’on l’a poussé du haut de la falaise. Autre fait marquant : son pantalon était tailladé à trois endroits. Ce sont des preuves réelles. On le tue une deuxième fois si cette affaire n'est pas résolue», lâche l’habitant d’Albion, révolté. Il est catégorique : ce sont autant de preuves que son fils a été assassiné, puis jeté du haut de cette falaise.

 

Il y a 31 noms sur la liste des témoins qui seront auditionnés pendant cette enquête judiciaire présidée par la magistrate Nitisha Seebaluck. Le Dr Sudesh Kumar Gungadin a déjà été entendu. Il avait pratiqué l’autopsie de la victime. En cour, il a expliqué que Joachim Paumero avait eu des fractures au crâne, à la mâchoire du côté droit et aussi aux côtes du côté droit. Le Chief Police Medical Officer est d’avis que toutes ces blessures sont compatibles avec une chute depuis une hauteur. La partie intérieure du crâne du jeune militaire a été endommagée suite à une collision avec une surface dure. Le chef du département médico-légal de la police a également déclaré en cour qu’il n’avait détecté aucune autre trace sur la victime. Il ne s’est pas prononcé concernant une éventuelle chute ou un acte malveillant en disant que cela n'est pas de son ressort.

 

Marco Paumero, lui, ne veut qu’une chose : que la vérité triomphe enfin dans cette affaire. «Je suis complètement perdu. Je n’accepte toujours pas les circonstances entourant la mort de mon fils. La police doit trouver le coupable pour me permettre de faire enfin mon deuil. J’ai des appréhensions sur la façon dont l’enquête policière a été menée car le dossier a été remis à un inspecteur un mois et demi après la disparition de Joachim. J’insiste sur un ultime appel à témoins et la prime pour faire triompher la vérité», dit-il. C’est la seule chose qui lui permettra de faire le deuil de ce fils qu’il aimait tant et dont la disparition laisse un trou béant dans sa vie et dans son coeur.