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Droit à l’avortement : la menace d’un «retour en arrière» aux États-Unis

«Les Américains sont très divisés sur le sujet», nous confie notre compatriote Elisa Rosse Griggs du Texas où elle vit, en parlant du droit à l'avortement.

Un document «fuité» par Politico ne cessait, au jeudi 5 mai, de faire des vagues. Le site d'informations a publié l'avant-projet d'une décision de la Cour suprême, qui serait encore en discussion et qui annulerait l'arrêt historique Roe v. Wade de 1973, reconnaissant le droit à l'avortement. Depuis, les réactions se multiplient aux USA et le monde entier suit de près cette actualité qui a provoqué un électrochoc...

Ça a eu l'effet d'une bombe ! La Cour suprême aux États-Unis s'apprêterait-elle à annuler le droit à l'avortement ? Depuis qu'une fuite émanant de documents a circulé sur le site d’informations Politico ce lundi 2 mai, disant qu’un avant-projet de la Cour suprême s’apprêtait à annuler un arrêt historique qui reconnaît le droit à l’avortement, ce sujet qui attise depuis toujours les débats est sur toutes les lèvres.

 

D'un côté, il y a le mouvement pro-vie qui n’a jamais été aussi près, depuis le jugement Roe v. Wade en 1973, de remporter sa grande bataille. Les informations qui ont fuité font écho à la lutte menée par les plus conservateurs contre le droit des femmes à disposer librement de leur corps. De l'autre côté, il y a les pro-choix qui défendent l'idée que les femmes devraient avoir accès à l'avortement légal et encadré, et qu'elles devraient également pouvoir s'opposer aux avortements forcés. Mais voilà qu'est apparue une épée de Damoclès qui menace de ramener le droit à l'avortement 50 ans en arrière. Ce mardi 3 mai, le chef de la Cour suprême a confirmé que la fuite était authentique mais a précisé qu’il ne s’agissait pas d'une décision définitive. Celle-ci serait attendue d’ici début juillet.

 

En attendant, un vent de consternation gagne du terrain. Ce mardi toujours, une foule s'était amassée devant la Cour fédérale de New York. Pancartes en main, elle a témoigné de ses craintes et a protesté contre cette menace qui pèse. «Mon corps, mon choix» ; «L’avortement est un droit humain» ; «Stop à la guerre contre les femmes» ; «Battez-vous, battez-vous !» ou encore «J’aurai moins de droits que ma mère»... Les cris de révolte se sont bien fait entendre.

 

Le mouvement pro-choix se dit inquiet de la tournure des choses et de nombreux pays occidentaux observent la situation de près, à l’instar de tous ceux et celles qui vivent au pays de l'Oncle Sam. Parmi : la Mauricienne Elisa Rosse Griggs qui n'est évidemment pas passée à côté de cette actualité qui fait débat dans son pays d'adoption. «Je vis au Texas qui est un État très conservateur, républicain. Ils sont pro-life et, selon moi, l'État serait pour si jamais cette loi qui protégeait un peu celles qui avaient recours à une interruption de grossesse was overturned», nous confie la jeune femme, en évoquant cette nouvelle. «Les Américains sont très divisés sur le sujet. Il y a une bonne partie qui est pour, donc pro-life, étant donné que c'est aussi un pays très catholique. Puis, il y a une autre partie qui est porteuse de messages comme My body, my choice. C'est très tranché. J'apprends toujours de ce grand pays», ajoute notre compatriote qui, bien que les choses soient calmes là où elle habite, n'est pas insensible à ce que cette actualité a déclenché dans d'autres parties du pays.

 

Outre les milliers de personnes qui ont manifesté leur «colère» contre les intentions de «casser» le droit constitutionnel à avorter, les messages de mobilisation s'enchaînent et des voix se font également entendre à un plus haut niveau, comme celle de Letitia James, la procureure générale de l'État de New York. «Nous ne reculerons pas, nous ne retournerons pas à l'époque où nous utilisions des cintres. Plus jamais ! (...) Le droit de contrôler (son) corps était un droit fondamental», s'est-elle exclamée. Dans ce sillage, le président démocrate Joe Biden a également lancé, ce mardi, une grande bataille politique pour défendre le droit à l'avortement, sujet autour duquel l'Amérique s'est toujours déchirée.

 

Selon les informations qui ont fuité du document tant décrié, le juge conservateur Samuel Alito a écrit que  l'arrêt Roe v. Wade, qui fondait le droit à avorter sur le droit constitutionnel au respect de la vie privée, était «totalement infondé dès le début». Il souligne aussi que «le droit à avorter n'est protégé par aucune disposition de la Constitution».

 

Mais tout ne serait pas joué concernant ce droit à l'avortement qui divise. Le document brandi par le site Politico ne serait qu'une première ébauche et il est fréquent que des ébauches circulent entre les neuf juges avant la décision finale. Ainsi, il se pourrait que ces ébauches subissent des modifications au fil des échanges et du partage de l’argumentaire entre chacun des juges. Ces derniers seraient donc encore en train de discuter et il semblerait que la formulation du jugement, attendue d’ici deux mois, pourrait évoluer. Il se dit aussi qu'il serait encore possible que le droit à l’avortement soit maintenu mais que des restrictions récentes soient reconnues. Au lieu de faire un bond de 50 ans dans le passé...