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Dimple Raghoo tuée lors d’une opération de «controlled delivery» | Les collègues de la victime : «Sa disparition tragique est une véritable leçon de vie pour nous»

L'amitié de Dimple Raghoo et de ses amis du batch de 2007 n'a cessé de grandir au fil des années.

Son départ tragique a laissé un vide immense et impossible à combler. Pas seulement au sein de sa famille mais aussi au sein de la force policière. Ses collègues, qu’elle considérait comme sa deuxième famille, sont d’ailleurs nombreux à pleurer sa disparition aujourd’hui. Ils témoignent...  

Bouleversée, anéantie, la WPC Korynne Pontoise n’arrive toujours pas à se faire à l’idée que Dimple Raghoo, une personne si chère à ses yeux, n’est plus de ce monde. Elle était l’une de ses plus proches amies et lui a parlé à peine quelques heures avant le drame. «Nous étions en train d’organiser notre fête à l’occasion de nos 13 années de service dans la force. Nous nous sommes échangées des messages vers 15 heures, je n’aurais jamais pensé que ce serait pour la dernière fois.» C’est la raison pour laquelle elle a d’abord cru à une plaisanterie lorsqu’une collègue leur a annoncé la terrible nouvelle sur un groupe WhatsApp. Elle a, par la suite, reçu un appel confirmant la tragédie et son monde s’est écroulé. «J’ai fondu en larmes. J’ai senti mon coeur s’arracher de mon corps», lâche-t-elle, encore sous le coup de l’émotion. 

 

La mort aussi soudaine que dramatique de son amie a fait ressurgir de vieux souvenirs. Le coeur meurtri, Korynne Pontoise se remémore leur première rencontre. «C’était le 10 décembre 2007, lors de notre recrutement au Gymkhana Ground. Nous étions ensemble dans la file d’attente, tellement stressées. Lorsque nous nous sommes parlées pour la première fois, le dialogue s’est vite installé ; elle était une personne si joviale et qui mettait tout le monde à l’aise. Depuis, nous étions inséparables.» Leur formation résidentielle a duré sept mois. «Nous étions dans des équipes différentes mais nous ne nous quittions pas.» C’était le début de longues années d’amitié.

 

La policière Tina Ramchurn a également connu Dimple Raghoo lors de leur formation en 2007 et, depuis, elles étaient très proches. «Dès la première semaine, nous sommes devenues les meilleures amies, même si nous ne faisions pas partie de la même équipe ; c’était notre destin. Au fil du temps, cette amitié n’a cessé de grandir.»

 

En apprenant son décès, Korynne Pontoise et Tina Ramchurn n’ont pas hésité une seconde et se sont rendues à la morgue. «Quelques minutes plus tard, le véhicule mortuaire de la police est arrivé. Nous avons aidé nos collègues à sortir son corps du fourgon. Nous n’en revenions toujours pas ; nous avions les larmes aux yeux. Sa sœur Kareshma était également présente. Nous étions toutes inconsolables.» Les dernières images de son amie sont à jamais gravées dans sa mémoire. «Notre Dimple était en sang et méconnaissable. Si seulement ses bourreaux avaient fait marche arrière, notre Dimple serait toujours parmi nous aujourd’hui. Sa voix résonne toujours dans ma tête. J’ai perdu une pierre précieuse.»

 

Les deux policières ne tarissent pas d’éloges au sujet de leur amie et collègue. «Elle était très dynamique, une fonceuse avec un mental de fer. Elle nous a toujours témoigné de sa force ; une vraie battante. Notre Dimple était irremplaçable et authentique», lâche Korynne Pontoise. Tina Ramchurn, pour sa part, se souviendra toujours d’elle comme d’une jeune femme «unique dans sa manière de penser et d’agir. En tant que policière, elle a toujours été honnête et a toujours fait son travail correctement. Elle ne méritait pas une telle fin». Pour ces jeunes femmes, la disparition tragique de Dimple Raghoo est un véritable coup de massue. «Elle nous disait toujours que la vie était courte, qu’il fallait en profiter jusqu’au dernier moment. Sa disparition tragique est une véritable leçon de vie pour nous.»

 

L’ex-sergent Raj Gopee est également de ceux qui ont été très affligés par la mort de la WPC Raghoo. Il avait été le Squad Commander de la policière lors de sa formation et également son mentor. «La nouvelle de son décès m’a anéanti. Après avoir appris ce qui lui était arrivé, j’étais complètement perdu. Lorsque j’étais en charge de son squad, Dimple Raghoo m’avait toujours impressionné par sa bravoure, son enthousiasme ; elle ne se laissait jamais décourager. Elle était toujours d’humeur joviale et motivait son équipe. Je me souviens lui avoir dit : “Raghoo, mo garanti ou tre vit bannla pou poste CID ou ADSU. Mo sir ou pou fer tre bien.”» Encore sous le choc de son décès tragique, il espère que justice lui sera rendue. «Elle ne méritait pas de nous quitter de cette manière. Comment une chose pareille a-t-elle pu arriver à une personne si brave, honnête et travailleuse ?» s’interroge-t-il.

 

Le constable Arlanda, blessé au cours de l’opération policière ayant coûté la vie à Dimple Raghoo, a pu sortir de l’hôpital le mercredi 25 novembre. Il est actuellement en congé maladie et ses collègues expliquent qu’il est encore en état de choc. «Li ti kouma enn ser. Nou ti pe manze-bwar ansam», a-t-il déclaré à la presse, terriblement secoué. Il donnera sa version des faits aux enquêteurs une fois remis de ses émotions.

 


 

Le DCP Bhojoo, patron de l’ADSU : «Elle est devenue le symbole dans la lutte contre la drogue»

 

La force policière est en deuil, plus particulièrement l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU), unité au sein de laquelle opérait Dimple Raghoo depuis une dizaine d’années. «Nous avons perdu un élément valable dans des circonstances atroces et tragiques. Elle était compétente, avait beaucoup d’expérience, était dévouée à son travail et toujours disponible lors des missions», confie le Deputy Commissioner of Police (DCP) Choolun Bhojoo, patron de l’ADSU. Pour lui, cela va sans dire que la WPC Dimple Raghoo «est devenue le symbole dans la lutte contre la drogue».

 

Il y a deux ans, poursuit-il, «elle avait assisté à une formation de l’ADSU avec des Canadiens. Sa prestation et son engouement ont été très appréciés». Touché en plein coeur par les circonstances dans lesquelles Dimple Raghoo a perdu la vie, le DCP Bhojoo réclame que justice soit faite pour ce crime. «Nous présentons nos sympathies à la famille endeuillée et comptons la soutenir du mieux que nous pourrons», poursuit-il. Du côté de l’ADSU, précise-t-il, «bien que ce soit un moment pénible, nous restons déterminés dans notre combat qui continuera de plus belle».

 

Elodie Dalloo et Jean Marie Gangaram