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Dimple Raghoo, première femme d’une longue liste de policiers morts en service

Son nom restera à jamais dans les mémoires comme celle qui a perdu la vie dans des circonstances tragiques en servant son pays. La policière Dimple Raghoo a, en effet, été mortellement renversée, le mardi 24 novembre, par des présumés trafiquants de drogue qui tentaient de prendre la fuite lors d’un exercice de controlled delivery. Elle est aussi la première femme de la police à perdre la vie dans l’exercice de ses fonctions, devenant ainsi le 50e élément connu des forces de l’ordre à mourir en service. Une épitaphe portant son nom sera bientôt fixé sur le monument qui se trouve aux Casernes centrales, en mémoire de ceux qui sont tombés sur le champ d’honneur.

Le premier nom qui y figure est celui du PC Poussin qui est mort le 6 février 1947. Trois autres policiers sont morts les années suivantes. En 1964, le 9 juillet précisément, la police perd plusieurs éléments d’un coup. Six éléments de la Special Mobile Force meurent noyés à Poste-Lafayette lors des manœuvres de routine : le sergent Nadal et les Privates Sandoo, Veerasamy, Celestin, Dahary et Donford. Un an plus tard, la Mauritius Police Force perd un autre élément tragiquement. Le constable Bessoo est tué à Trois-Boutiques. Un autre policier, le constable Nelzir, est sauvagement assassiné par balle, le 24 février 1982, lors d’un hold-up au quartier général du CEB, à Curepipe. Le lendemain, le constable Beekarma meurt dans un accident alors qu’il participe à une chasse à l’homme pour retrouver les assassins du PC Nelzir.

 

En 1987, un autre policier, le sergent Ollee, connaît une fin tragique, à Plaine-Verte. Un an plus tard, l’inspecteur Mamode trouve la mort en service à Goodlands. Ce village est le théâtre d’une autre agression mortelle sur un policier en 2001. Le sergent Patrick Darga est assassiné dans la nuit du 22 mai lors d’une opération dans un bar à Triangle, alors qu’il est de service. Le décès du constable Sookharry, le 18 octobre 2006, a aussi marqué les esprits. Ce policier de 23 ans, habitant Nouvelle-France, est mort quand la voiture où il se trouvait avec des collègues a heurté un pylône électrique. Il était affecté à la Criminal Investigation Division de Curepipe, dirigée par feu Prem Raddhoa.

 

Un an plus tard, Rodrigues pleure deux fils du sol. Les constables Speville et Philippe, de la National Coast Guard, se noient en mer lors d’une opération. Le 22 juillet 2009, c’est un motard de la police qui connaît une fin horrible dans un terrible accident à proximité du pont Mattur à Réduit. Le constable Vishal Mojee, 32 ans, un habitant de Queen Victoria affecté à la Divisional Supporting Unit de Moka, s’employait à régler la circulation après un accident fatal quand il a été fauché par un poids lourd.

 

Trois ans plus tard, le 29 septembre 2012, le pays est à nouveau en émoi en apprenant la noyade de deux autres jeunes policiers, les Privates Binda et Nanon, deux éléments prometteurs de la SMF qui participaient à un exercice à Sept-Cascades pour pouvoir intégrer le Groupe d’intervention de la police mauricienne. Deux autres policiers meurent en service cette année-là : les constables Chendrayah et Sheorag. En 2014, le constable Harpal et le Trainee PC Balloo trouvent également la mort dans l’exercice de leurs fonctions. Alors qu’en 2015, le 24 novembre précisément, le sergent Roopsing Gunowa de la Traffic Branch est victime d’un accident avec délit de fuite. Il est le 49e policier mort en service.

 

Le nom de la WPC Raghoo figure désormais sous le sien sur cette liste noire qui ne cesse de s’allonger. D’autres policiers ne perdent pas la vie lors d’opérations mais se retrouvent avec des blessures plus ou moins graves. Selon les Casernes centrales, des policiers sont régulièrement attaqués et agressés dans l’exercice de leurs fonctions. Le quartier général de la police ne dispose toutefois pas de statistiques à ce sujet.

 


 

Pourquoi l’ADSU fait des exercices de «controlled delivery»

 

Le décès tragique de la WPC Raghoo lors d’un exercice de controlled delivery fait le buzz. Mais c’est quoi au juste comme opération ? Elle est chose courante à la brigade anti-drogue car elle permet souvent aux limiers de cette unité de procéder à des arrestations importantes mais aussi de démanteler certains réseaux de trafic. Bien souvent, une unité anti-drogue monte une opération de controlled delivery après la saisie d’une importante quantité de produits illicites à l’aéroport, au port ou à la poste.

 

Dans la plupart des cas, les policiers bénéficient de la précieuse collaboration des mules pour remonter aux commanditaires des colis saisis. «Nou mont enn controlled delivery zis apre arestasion enn paser. Bien souvan, nou bizin fer sa mari vit, zis pou kapav aret bann trafikan-la. Nou fer paser-la sorti airport parey. Li rant dan taxi al dan lasam lotel. Li bizin swiv tou bann instriksion ki linn gagne avan li rant Moris, sinon bann trafikan-la pou fini kone ena kitsoz ki pa bon», explique un ancien limier de l’ADSU.

 

Cet inspecteur a monté plusieurs exercices de controlled delivery lorsqu’il était à la brigade anti-drogue. «Inn deza arive nou pran enn taxi nou met enn la polis sofer ladan pou fer dimounn-la al lor baz kot li sipoze zwenn so kontak lokal. Mo bann zom ti bizin mari kasiet pou pa remark zot. Sa lepok-la li pa ti riskan kouma aster. Nou ti bizin kit nou lakaz pandan plizir zour pou al vey lasam lotel. Nou pa ti sagrin selma parski nou ti resi aret plizir dimounn dan sa case-la», souligne notre source.

 

Surveillance, course-poursuite et arrestation. Ce sont les principaux éléments d’un exercice de controlled delivery. La tâche des limiers de l’ADSU devient cependant de plus en plus difficile de nos jours, à en croire l’inspecteur. «Les trafiquants sont plus organisés que la police maintenant. Ils se servent des nouvelles technologies et des derniers smartphones pour communiquer. Certains utilisent un numéro une seule fois avant de balancer la carte SIM.»

 

Un autre limier de l’ADSU explique, lui, qu’un exercice de controlled delivery bâclé se conclura toujours par un échec : «C’est une triste vérité. On ne procède jamais à l’arrestation du big boss après un exercice de surveillance. Les rôles sont très bien distribués. Dans certains cas, des lieutenants ont été pris dans les filets parce que tous les détails de l’opération avaient été bien ficelés. La règle d’or est que celui qui monte une opération doit fournir très peu de détails à son équipe pour éviter des fuites.»

 

On ignore encore ce qui a fait capoter l’opération du mardi 24 novembre à Beau-Vallon, qui a coûté la vie à la WPC Raghoo qui comptait 10 ans au sein de la brigade anti-drogue. Très peu d’informations transpirent à ce sujet au quartier général de cette unité.

 


 

La «risk allowance» fait à nouveau débat

 

Le métier de policier comporte des risques énormes. Le décès de la WPC Raghoo en service le prouve. C’est la raison pour laquelle chaque membre de la force policière touche une risk allowance, ajoutée à son salaire, à chaque fin de mois. Le service de presse de la police confirme d’ailleurs que tous les policiers en bénéficient. Le montant accordé aux policiers n’est cependant pas le même. Il varie en fonction de leur affectation respective. «Les unités qui s’exposent le plus comme le GIPM, les commandos du Marcos ou encore l’ADSU touchent un montant supérieur», souligne la cellule de communication des Casernes centrales.

 

Par exemple, les policiers postés à la CID touchent une risk allowance de Rs 400 mensuellement, les éléments de la SSU et ceux de la SMF bénéficient de Rs 1 000, alors que leurs collègues de la brigade anti-drogue ont Rs 1 300. Ceux qui touchent le pactole sont les policiers affectés à la VIPSU, soit ceux qui assurent la sécurité de nos politiciens. Certains trouvent ces disparités entre les différentes risk allowances normales et d’autres non.

 

L’assistant surintendant de police Hector Tuyau, président de l’Union policière, un des trois syndicats de la police, est d’avis qu’il faut un barème uniforme pour tous les policiers du pays. «Le décès de la WPC Raghoo est malheureux et révoltant. C’est triste et dommage. Elle a payé de sa vie les risques du métier. Tous les policiers prennent des risques au quotidien. C’est pour cela que je ne suis pas d’accord avec la différence dans le montant accordé aux policiers. Il doit y avoir un barème uniforme pour tout le monde», argue l’ASP Tuyau.

 

L’inspecteur Mohamedally Maudarbocus, porte-parole de la All Police Officers Unity, et Jay Boojhawon, président de la Police Officers Solidarity Union, sont restés injoignables pour débattre du sujet. Ce dernier a toutefois tenu à dire sa peine après le décès tragique de Dimple Raghoo : «Le décès de la WPC Raghoo est un jour très triste pour l’île Maurice et la force policière.» L’inspecteur Boojhawon ne mâche pas non plus ses mots à l’égard des suspects arrêtés dans cette affaire. Il demande la réintroduction de la peine de mort pour eux.

 

Un autre fait marquant est que les policiers en service ne sont pas assurés et aucune compensation n’est prévue pour leur famille en cas de décès en service. Ce que confirme le service de presse de la police. Ce sujet fait d’ailleurs débat à chaque fois que des policiers se blessent ou meurent dans l’exercice de leurs fonctions.

 


 

Une «Candle Light March» en l'honneur de Dimple Raghoo

 

 

Rendre hommage à la policière décédée dans l'exercice de ses fonctions et dire «non» à la drogue ; tel était le but de la Candle Light March qui a eu lieu hier après-midi, à Beau-Vallon. Famille, amis et collègues de la jeune femme étaient présents, vêtus symboliquement de blanc, pour un dépôt de gerbes suivi de témoignages. Par ailleurs, lors de l'inauguration du cinquième MUGA, initiative de Mauritius Telecom, à Goodlands, hier, le Premier ministre Pravind Jugnauth a rendu hommage à la policière décédée et salué le travail de l'ADSU, affirmant que le combat contre la drogue continue.