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Dick Ng Sui Wa : «L’Independent Police Complaints Commission a développé une meilleure relation entre le public et la police»

Un bilan satisfaisant. Voilà comment Dick Ng Sui Wa, l’un des trois commissaires de l’Independent Police Complaints Commission, résume la première année de cet organisme qui a pour objectif principal d’enquêter sur des plaintes déposées contre des membres de la force policière dans l’exercice de leurs fonctions, autres que des plaintes pour corruption ou blanchiment d’argent.

Cela fait plus d’un an que le gouvernement vous a nommés, Deviyanee Beesoondoyal, Phalraj Servansingh et vous-même, commissaires de l’Independent Police Complaints Commission (IPCC). Quel est votre bilan ?

 

Je suis satisfait de cette première année. Nous avons développé une meilleure relation entre le public et la police car 90 % des cas concernent la mauvaise communication, la brutalité verbale, le laxisme, un mauvais accueil au poste de police et des contraventions que je considère comme des affaires mineures. Mais il y a aussi 10 % de plaintes majeures et cela comporte, entre autres, l’absence de mandat de perquisition, la brutalité et les violences physiques. Nous avons aussi été très présents à Rodrigues. Nous avons fait une tournée des postes de police où il y a plusieurs plaintes importantes. Par des lectures aux jeunes recrues et, récemment, aux «top brass» (hauts gradés) de la police pour mieux encadrer les policiers. Il est important de noter que nous sommes sur la même longueur d’onde que le commissaire et les officiers responsables des districts qui, eux aussi, sont d’avis qu’il faut mettre de l’ordre là où il y a des délits commis par des policiers. «No one is above the law.» 

 

Pouvez-vous nous expliquer comment fonctionne l’IPCC ?

 

Nous fonctionnons sur trois volets comme le stipule la section 4 de l’IPCC Act. Nous sommes tenus d’enregistrer les plaintes et d’enquêter. Nous avons la responsabilité de faire la médiation et la conciliation entre la police et le public, et de «promote better relations». Et, enfin, nous devons donner notre avis à l’État sur la façon d’éliminer ce qu’on appelle la «police misconduct». L’IPCC est très opérationnelle.

 

Il y a une perception que les cas de brutalité policière à Maurice sont toujours en hausse. Une famille de Résidence Kennedy dénonce d’ailleurs, dans nos colonnes, une descente policière très musclée à son domicile au début de la semaine écoulée. Quelle est votre lecture de cette situation ?

 

Je ne suis pas d’accord avec cette perception car les chiffres ne sont pas en hausse. La commission s’est déjà prononcée sur 363 des 678 cas rapportés entre avril 2018 et mai 2019. Cinq cas ont déjà été envoyés au Directeur des poursuites publiques ; c’est lui qui «ultimately decide» d’entamer des poursuites au pénal. Nous avons également soumis deux cas à la Discipline Forces Service Commission. La situation s’améliore et s’améliora davantage. Nous allons poursuivre nos enquêtes et
là où il le faut, il y aura de la médiation, comme le préconise la loi.

 

Les policiers sont-ils conscients qu’ils ne doivent plus brutaliser des suspects de nos jours pour obtenir des aveux ?

 

La police n’est pas parfaite. Il y a des bons et des mauvais policiers. Une grande majorité, que j’estime à 90 %, fait son travail correctement. La population ne doit surtout pas oublier que c’est la police qui assure la sécurité publique. Mais il y a toujours ce qu’on appelle «old habits die hard», les vieilles habitudes ont la vie dure chez certains policiers qui brutalisent physiquement les suspects. Quand cela se produit, c’est hélas «one too many». Car cela peut conduire à un non-lieu en cour, et nos lois et cours de justice l’interdisent. Le fait que nous avons déjà soumis cinq cas au bureau du DPP concernant neuf membres de la force policière, pour qu’il décide de la marche à suivre, démontre que nous prenons cela très au sérieux, comme le préconise notre loi-cadre, l’IPCC Act de 2016.

 

Il y a cette impression que l’IPCC est plus onéreuse qu’utile et qu’elle est un poids financier pour le gouvernement. Qu’en pensez-vous ?

 

Le pays était sous le choc après l’affaire Iqbal Toofanny. L’État a alors pris les dispositions nécessaires pour avoir une politique de zéro tolérance. Deviyanee Beesoondoyal, la Chairperson, Phalraj Servansingh et moi-même sommes conscients de la grande responsabilité que nous a déléguée le gouvernement. Je rappelle à tous que l’IPCC a été mise sur pied dans une situation difficile, soit après la mort d’Iqbal Toofanny alors qu’il était sous la responsabilité de la police. Il y a eu les cas Gaiqui et Pachee avant l’existence de l’IPCC. Nous avons eu un défi à relever. Nous ne sommes pas là pour agir en tant que «prosecutors». Nous oeuvrons pour que la police et le public aient une très bonne relation basée sur le respect mutuel et la confiance. Nous avons déjà eu une cinquantaine de cas de conciliation.

 

Que fait l’IPCC pour atteindre cet objectif ?

 

Nous organisons régulièrement des causeries avec les nouvelles recrues de la force policière, avec le soutien du commissaire de police et ses hauts gradés. Ces derniers sont tous conscients que la police doit projeter une bonne image. Cette même image ne doit pas être gâchée par quelques brebis galeuses. L’ensemble des membres de la force policière a changé de mentalité et se rend compte des risques conséquents d’enfreindre la loi. Les récentes arrestations de plusieurs policiers pour divers délits démontrent qu’il n’y a plus de cover up. Il y a, entre autres, eu l’arrestation de trois policiers après l’escapade nocturne de Kusraj Lutchigadoo qui était sorti illégalement du Vacoas Detention Centre. Le commissaire de police et ses hauts gradés veulent tous mettre de l’ordre en interne ; nous sommes sur la même longueur d’onde.

 

Le commissaire de police est-il réellement déterminé à mettre de l’ordre dans sa caserne, selon vous ?

Le commissaire de police veut «nettoyer les écuries d’Augias». Cette expression de la mythologie grecque signifie faire un grand nettoyage en employant des méthodes extrêmes. Le nettoyage des écuries d’Augias a été l’un des 12 travaux d’Hercule. Cela veut dire ce que cela veut dire. «Une mauvaise habitude est comme une dent. Arrachez-la», avait dit Baden Powell, fondateur du mouvement scout. Le commissaire de police et ses hauts gradés veulent tous retirer «bann pom damour gate dan kes» en sanctionnant ceux qui décident de transgresser la loi. Deviyanee Beesoondoyal, Phalraj Servansingh et moi-même sommes optimistes après notre première année à la tête de l’IPCC. Nous sentons que la mentalité des membres de la force policière a déjà commencé à évoluer.

 

Avez-vous des projets importants ou des mesures qui vous tiennent à cœur pour les années à venir au sein de l’IPCC ?

 

Nous avons déjà fait plusieurs recommandations au commissaire de police. Deux concernent le mandat de perquisition et la détention en police cell. Une de nos suggestions a déjà été implémentée. Il s’agit des caméras CCTV à l’intérieur des postes de police. Cette mesure a, entre autres, permis à la police de procéder à l’arrestation de tous ceux qui avait fait irruption au poste de police de Phoenix pour agresser un individu il y a quelques mois.

 

Peut-on avoir des détails supplémentaires sur le mandat de perquisition et la détention en police cell ?

 

Je ne vais pas pouvoir vous donner tous les détails sur la détention en cellule policière car c’est un sujet encore sensible. En revanche, notre proposition est très simple en ce qu’il s’agit du mandat de perquisition. Nous avons ainsi proposé au commissaire de police de faire une copie dudit mandat avant d’effectuer une descente. Sur place, le policier responsable doit d’abord présenter ce document et ensuite, donner la copie à la personne chez qui a lieu la perquisition pour le bon déroulement de cette opération.