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Des maisons de squatters démolies : la détresse de plusieurs familles de Malherbes et Pointe-aux-Sables

Scène de désolation à  Point-aux-Sables où les maisons des squatters ne sont désormais qu'un amas de tôles.

Elles ne se connaissent pas mais un drame les réunit : à Malherbes et Pointe-aux-Sables, de nombreuses familles de squatters ont vu leurs maisons, construites illégalement sur les terres de l’État, être détruites. Et à Riambel, des habitants craignent de se retrouver à la rue. Entre tristesse et désespoir, certains d’entre eux se confient. 

Vendredi 29 mai, 9h30. Nous arrivons à Cité Tôle, Malherbes. Le froid est insoutenable malgré un ciel ensoleillé. Nous empruntons un sentier boueux et rocheux, bordé de maisonnettes. Il y en a 35. Les rideaux sont tirés, les portes verrouillées. Personne aux alentours. Le silence est pesant.

 

Au fur et à mesure que nous entrons dans la cité, les bicoques, érigées çà et là, au milieu des buissons, témoignent de la dure réalité des habitants de cette localité.  Des bicoques, pour la plupart, en tôle, sans fenêtre ou porte. Clarel Thebeau, 45 ans, nous rejoint en route et nous guide vers l’autre partie de la cité, celle qui a été au cœur d’une polémique le jeudi 28 mai. Ce jour-là, deux maisons, construites illégalement sur les terres de l’État, ont été détruites. Depuis, deux familles se retrouvent dans la rue.

 

Sur le sentier menant vers la fin de Cité Tôle, nous entendons des cris d’enfants qui s’amusent. Mais un peu plus loin, les regards sont plus tristes. Certains habitants nous adressent un bonjour morose, alors que d’autres s’empressent de nous demander si nous sommes là pour faire entendre leurs voix. «Je suis ici avec mon mari et mes deux enfants de 9 mois depuis bientôt six mois», confie Anastasia de Souza, la voix empreinte d’émotion. «Nous souhaitons simplement avoir un coin pour nous.» Cette mère de famille vit dans l’angoisse permanente de se retrouver elle aussi à la rue avec ses bébés. «Nous vivions chez une cousine de ma femme mais comme l’espace était restreint, nous avons voulu trouver un coin pour notre famille. Nounn fer tou nou mem. Si donn nou enn lakaz, nou pou ale ek peye», assure Dylan de Souza. «Nous n’avons ni eau courante ni électricité. Ma femme doit, malgré elle, aller chez sa cousine à cause des bébés et depuis que nous avons eu un avertissement le vendredi 22 mai, nous dormons à peine car nous avons peur que les autorités viennent nous prendre le peu que nous avons.»

 

Clarel Thebeau renchérit. «La peur est là et c’est fatigant de vivre comme ça. Je louais une maison mais cela me revenait trop cher car j’ai la scolarité de mes deux enfants à financer, entre autres dépenses. Avec le peu que nous avons, nous sommes venus ici il y a cinq mois afin de faire plus de choses avec notre argent. Si le gouvernement me donne un coin, je suis d’accord de payer une mensualité car j’ai envie d’investir dans une maison qui deviendra la mienne et savoir que mes enfants auront toujours un toit», confie le père de famille.

 

Natacha Poorun, quant à elle, n’est pas sur la liste de ceux qui ont été sommés de quitter Cité Tôle ; elle est enregistrée auprès du Citizen Advice Bureau pour y résider mais attend depuis plus de cinq ans le contrat du terrain pour pouvoir approvisionner sa maisonnette en eau et électricité. «Toutes ces années sont passées et je suis toujours à attendre. Je n’ai pas d’autre choix que de prendre mon mal en patience car je n’ai nulle part où aller avec mes enfants. Nous n’avons pas le choix. Ce n’est pas une vie de rêve pour nous mais nous faisons avec et luttons chaque jour pour survivre», souligne-t-elle.

 

Même triste réalité au nord-ouest de l’île. Le vendredi 29 mai, après la démolition des structures inhabitées, ce sont les modestes maisons des squatters qui ont été détruites à Pointe-aux-Sables. Parmi, celle de Didier Begué. Révolté, ce dernier confie qu’il y a un mois et demi, cinq familles sont venues s’installer sur les terres de l’État. Quelque temps plus tard, dit-il, des arpenteurs les ont informées que l’approvisionnement en électricité sera fait. «Nous étions contents. Mais quelques jours après, de plus en plus de monde venait construire. Ils venaient déposer une feuille de tôle ou du bois, inscrivaient un numéro et s’appropriaient la place», avance-t-il. «De plus, plusieurs d’entre eux ont déjà une maison. Nous sommes passés de cinq maisons à 86. Certains payent l’erreur des autres et c’est injuste. Je me retrouve aujourd’hui à la rue avec ma famille.» Ce soir, il dormira sous un arbre en attendant de savoir ce qu’il adviendra des siens. «J’attends de trouver une solution. Me réclamer Rs 50 000 pour une maison alors que je touche à peine Rs 7 000, c’est trop !»

 

À Riambel, cette fois, les maisons de squatters n’avaient pas été rasées à l’heure où nous mettions sous presse. Mais près de la Cité des Dieux, 45 squatters occuperaient illégalement les terres de l’État. Le 22 mai, ils auraient reçu l’ordre d’enlever leurs structures et d’évacuer les lieux. Depuis, les squatters vivent dans la crainte de se retrouver, eux aussi, dans la rue…

 


 

Réaction du ministre des Terres et du logement

 

La destruction de maisons de squatters à Malherbes et Pointe-aux-Sables, en plein confinement, a suscité de nombreuses réactions. Mais Steeven Obeegadoo, ministre des Terres et du logement, ne cédera pas. Lors de différents points de presse, il a soutenu que c’est intolérable que des squatters occupent des terres de l’État illégalement. Ces derniers, fait-il ressortir, empêchent la réalisation de certains projets et s’approprient des terres au détriment de ceux qui attendent un logement social. Toutefois, il affirme qu’une approche humanitaire a été adoptée face à cette situation pour aider les squatters.