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Décès du triathlète Jayrajsing Hazareesing au Morne | Son épouse : «C’était un homme exemplaire»

Roshan Hazareesing a vécu sa passion pour le sport jusqu'au bout.

Le monde sportif mauricien est sous le choc après à la disparition tragique de Jayrajsing Hazareesing dimanche dernier au Morne. Cet habitant de Floréal a péri alors qu’il participait à une course de triathlon. Cette disparition a ébranlé tout son entourage. Proches et amis n’arrivent toujours pas à comprendre ce qui est arrivé.

Sa passion pour le sport, Jayrajsing Hazareesing l’a vécue jusqu’au bout. Connu sous le sobriquet de Roshan, sa disparition est un choc brutal pour ses proches et ses amis. Sa femme, Shewta, est effondrée et a toute les peines du monde à imaginer sa vie sans son époux.

 

«C’est un choc terrible. J’ai beaucoup de peine. Mon mari était quelqu’un de très discipliné. Il avait une bonne hygiène de vie ainsi qu'une bonne alimentation. Je n’arrive pas à comprendre comment cela a pu se produire», pleure Shewta Hazareesing.

 

Ce dimanche 17 janvier restera à jamais un moment douloureux. «Nous avons nos habitudes. Les jours des compétitions, je lui souhaite toujours bonne chance lorsqu’il quitte la maison. Mais ce jour-là je n’ai pas pu me réveiller pour le regarder partir. Cela m’attriste profondément de n’avoir pas pu le voir ce matin-là», raconte cette mère de famille avec beaucoup de douleur.

 

Père de deux garçons, Jayrajsing Hazareesing était un homme d’affaires qui travaillait à son compte. Malgré ses engagements professionnels, il arrivait à trouver le temps pour s’adonner à ses activités sportives. Sa passion pour le sport il l’a également transmise à sa femme et ses enfants.

 

«Il me dit toujours de ne jamais abandonner le sport. Il m’a appris à faire de la course à pied et voulait que je fasse de la compétition à mon tour. C’était un homme exemplaire qui vivait selon un code. Il n’aimait pas les mensonges. Il ne prenait jamais ce qui ne lui appartenait pas, même s’il trouve de l’argent par terre. Il me disait toujours : “Ne touche pas à ce qui n’est pas à toi”», relate la veuve de Roshan.

 

Jayrajsing Hazareesing pratique le triathlon depuis cinq ans et a fini par se faire un nom au sein de la petite communauté en remportant plusieurs médailles. Il participait également aux courses de trail et là aussi ne passait pas inaperçu. Son neveu, Keshav, qui partage la même passion que lui, garde l’image d’un homme sérieux, discipliné et qui ne manquait jamais l’occasion de prodiguer des conseils.

 

«Un bon compétiteur»

 

«Le sport nous a permis de tisser des liens d’amitiés encore plus forts.  Nous participions aux compétitions ensemble et partagions souvent nos expériences. L’année dernière, en début de saison, j’ai remporté la médaille d’or en aquathlon et lui le bronze au triathlon. En 2019, il avait brillé sur le Ferney Trail en prenant la troisième place et en décembre dernier il avait fait le semi-marathon KFC. C’était un passionné de sport, et, quand il courait, on aurait dit une gazelle. Même quand il ne participait pas aux compétitions, il était toujours là pour nous encourager et ne manquait jamais une occasion pour donner un conseil», témoigne Keshav Hazareesing.

 

Kishan Hazareesing, le frère aîné de la victime, est dévasté. Celui-ci n’en revient toujours pas. «C’est comme-ci le monde s’est brusquement arrêté. Nous ne comprenons pas ce qui est arrivé. Mon frère et sa femme formaient un couple extraordinaire et très soudé. Roshan était toujours en excellente condition physique et était un bon compétiteur. Il terminait souvent parmi les meilleurs et montait souvent sur le podium. Ce qui est honorable pour un homme de 54 ans», atteste Kishan Hazareesing.

 

Adepte du kempo durant sa jeunesse, Kishan a initié son jeune frère à cet art martial avant que ce dernier ne se tourne vers le ju-jitsu. Au fil des années, Roshan est monté en grade pour atteindre le statut de sensei. Il a fondé son club le Rising Sun Jujitsu Club à Floréal et était très actif au sein de la Fédération mauricienne de ju-jitsu où il occupait les fonctions de vice-président de cette instance.

 

Son départ prématuré laisse un vide qui ne pourra être comblé. A sa famille et à tous ceux qui le connaissent, la rédaction de 5-Plus dimanche présente ses plus vives sympathies.

 

Réactions

 

Lindsey Romain, entraîneur au Rising Sun Ju-jitsu Club : «Je suis terriblement attristé par sa disparition. C’est une grosse perte pour le jujitsu et le sport. Cela fait plus de 20 ans que nous nous côtoyons. Il m’a formé au jujitsu et grâce à lui je suis devenu entraîneur. Nous étions ensemble au club samedi et il me parlait de sa préparation pour le triathlon. Sensei Roshan était une personne très joviale et qui était toujours à l’écoute des autres. Quand j’ai appris ce qui s’est passé dimanche, je me suis rendu sur place en espérant le voir sain et sauf mais c’était difficile de constater ce qui s’est produit. Sans lui le club ne sera pas comme avant».

 

Christophe Gérard, triathlète : «Cela fait quelque temps que Roshan est arrivé sur le circuit. C’est une personne un peu réservée mais toujours très sympathique. Il ne manquait jamais de saluer les autres participants et comme c’était la première compétition de l’année on s’est brièvement parlé pour souhaiter la bonne année et bonne chance pour la course. Il y avait une bonne ambiance avant le départ, car nous étions tous contents de nous retrouver. Ça a été un choc pour nous tous de perdre un camarade qui partageait la même passion que nous. Quand on part faire de la compétition on ne s’attend pas à une chose pareille. Toutes nos pensées vont à sa famille».

 

Dr Adisha Bholah, Sports & Exercise Physician, MAJSL : les causes de la mort cardiaque soudaine chez les athlètes

 

La pratique du sport, comme dans toutes activités du quotidien, a, bien évidemment, ses risques. On peut prendre toutes ses dispositions mais on n’est jamais entièrement à l’abri d’un imprévu. A la suite du décès de Jayrajsing Hazareesing, nous avons souhaité avoir des éclaircissements d'un médecin sur les causes de la mort cardiaque soudaine chez les athlètes. Le Dr. Adisha Bholah, Sports & Exercise Physician au ministère de l’Autonomisation de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs nous en dit plus.

 

Bien que rare, la mort cardiaque subite chez les athlètes a un impact important sur la communauté sportive et la communauté en général.

 

Quelles en sont les causes ?

La mort cardiaque subite chez les athlètes est le plus souvent causée par une maladie cardiaque sous-jacente, qui peut avoir été diagnostiquée ou pas précédemment. Chez les athlètes âgés de 35 ans ou plus, la plupart des événements de mort cardiaque subite sont dus à une coronaropathie athéroscléreuse. Chez les moins de 35 ans, les anomalies génétiques et autres anomalies cardiovasculaires acquises, en particulier les cardiomyopathies, en sont plus fréquemment responsables.

Les causes les plus fréquentes de mort cardiaque subite chez les athlètes sont les anomalies cardiaques structurelles, arythmogènes et acquises. Pour bon nombre de ces conditions, le symptôme peut être une mort cardiaque subite, alors que d'autres athlètes peuvent avoir déjà éprouvé des symptômes tels qu’une syncope, des douleurs thoraciques, ou des palpitations.

 

Nous tenons compte du fait que les causes non cardiaques ont été exclues et que les tests toxicologiques négatifs.

 

Quelles sont les mesures de prévention  ?

Il est impératif que chaque athlète reçoive un dépistage préalable approprié par un médecin du sport ou un cardiologue. Il est également fortement suggéré de faire des contrôles réguliers (minimum une fois par an) avec un médecin du sport pour détecter toute pathologie acquise.

 

L'accès facile et rapide aux défibrillateurs externes automatisés et la formation à la réanimation cardio-pulmonaire peuvent aider à prévenir la mort cardiaque subite chez les athlètes.

 

La sensibilisation accrue des athlètes à la mort subite cardiaque chez les médecins généralistes et les fournisseurs de soins primaires est une étape importante pour aider à prévenir les événements.

 

Les protocoles des fédérations : le sport sous prescription médicale

 

Pratiquer une activité sportive est bon pour la santé mais il faut aussi être dans de bonnes conditions physiques. Le décès de Jayrajsing Hazareesingh a soulevé beaucoup de questions dernièrement. L’une d’entre elles concerne le protocole médical mis en place par les fédérations sportives.

 

Il existe un système dans chaque fédération. Dans le milieu du noble art, les boxeurs de l’élite ont tous une assurance médicale. A chaque début de saison, ils effectuent une série d’examens de santé au Sport Medical Unit (SMU) de Vacoas. Ces tests ont, dans le passé, permis de déceler certaines anomalies qui ont tout de suite été suivies d'un traitement à l’hôpital.

 

Mais ce n’est pas tout, les pugilistes qui participent aux tournois de l’Association mauricienne de boxe (AMB) doivent, également, subir un test médical au moment de la pesée. «Il y a toujours une équipe médicale qui est en permanence autour du ring durant les tournois. Si un boxeur ne se sent pas bien, il est aussitôt pris en charge par les soignants, et, si besoin, on peut l’évacuer vers l’hôpital», atteste Indiren Ramsamy, président de l’AMB.  

 

L’Association mauricienne d’athlétisme (AMA) est allée encore plus loin en faisant appel à une assurance pour couvrir les athlètes en cas de blessure les jours de compétitions et des entraînements officiels. Une équipe de soigneurs est aussi présente, le jour des compétitions. Un accord a été fait avec une clinique du privé pour la prise en charge des athlètes en cas de blessure. En dehors de ces mesures, les athlètes sont invités à se munir d’une assurance personnelle, et d’effectuer des tests médicaux au Centre médicosportif.

 

Dans d’autres disciplines, les athlètes qui sont appelés en équipe nationale ont besoin de présenter une attestation médicale pour faire partie de l’équipe. Ce précieux document est une obligation imposée aux athlètes par les fédérations. Suite au drame qui s’est produit au Morne, certaines instances comme l’Association mauricienne de tennis de table (AMTT) ont pris la décision d’imposer cette mesure à tous ses membres, peu importe leur catégorie.

 

Au niveau du SMU à Vacoas, un nouveau protocole de tests a été mis en place depuis novembre. Pravind Doomun, l’officier en charge, nous explique que les examens se font de façon individuelle. Les fédérations ont juste besoin de contacter le SMU et prendre rendez-vous pour leurs athlètes. Plusieurs disciplines ont déjà effectué des tests, depuis le début de l’année, comme le badminton, le cyclisme, l’haltérophilie, le tennis de table, la boxe et la natation, entre autres.

 


 

Fédération mauricienne de triathlon (FMTri) : entre choc et incompréhension

 

La mort de Jayrajsing Hazareesing ne laisse personne indifférent. Le quinquagénaire a perdu la vie dimanche dernier en mer alors qu’il participait à une compétition de triathlon au Morne.

 

Cet événement est le premier rendez-vous de l’année organisé par la Fédération mauricienne de triathlon (FMTri). Pour une première sortie, ils étaient 48 compétiteurs à avoir répondu présent à cette échéance. Jayrajsing Hazareesing, plus connu sous le nom de Roshan, était engagé dans la catégorie vétéran.

 

Le départ de la course a été donné aux alentours de 8h30. Les participants du groupe de Roshan Hazareesing devaient parcourir 750m de natation, 20km de vélo et 5km de course à pied.

 

Selon une source, c’est lors de l’épreuve sur route que des personnes ont remarqué que des équipements (vélo, casque et chaussures) d’un participant étaient restés dans la zone de transition. Or, à ce moment, tout laisse croire qu’il n’y avait aucun participant dans le lagon. Cette même personne avance que c’est au moment où les officiels se sont mis à la recherche du propriétaire, pour vérifier s’il y a eu abandon qu’ils ont compris que quelqu’un manquait à l’appel. 

 

Des recherches ont été aussitôt enclenchées sans pour autant perturber le déroulement de la compétition afin d’éviter toute forme de panique. Le temps d’alerter la National Coast Guard et de faire venir un hélicoptère. Il était déjà trop tard. Le corps sans vie de Roshan a été repêché quelques heures plus tard à une centaine de mètres de la plage. La cause du décès est attribuée à une asphyxie due à la noyade, selon le rapport de police. 

 

Suite à ce drame, de nombreuses questions subsistent. Sur les réseaux sociaux, les commentaires s’enflamment de même que dans les médias. C’est la première fois, en une vingtaine d’années d’existence, qu’il y a mort d’homme lors d’une compétition de la FMTri.

 

Comment cela a pu se produire ? Est-ce que les mesures de sécurité ont été respectées ? Ce sont là les nombreuses questions qui reviennent.

 

Le triathlon étant un sport extrême, la FMTri accorde beaucoup d’importance à la sécurité de ses participants. D’ailleurs, lors du renouvellement des licences en début d’année, les triathlètes doivent obligatoirement présenter une attestation médiale pour certifier qu'ils sont en parfaite santé. La présence de la National Goast Guard (NGC), d’un service médical, dont une ambulance et des riders de la Police, sont parmi les nombreux critères imposés par cette instance pour qu’une course ait lieu, nous fait-on comprendre dans le milieu.

 

Une personne présente nous informe que, le jour de la compétition, les conditions étaient idéales, il n’y avait pas de courant fort et la marée était basse. Lors de l’épreuve en mer, les triathlètes sont suivis par des éléments de la National Coast Guard et un sauveteur en kayak. Sauf que c’est durant cette étape que Jayrajsing Hazareesing a perdu la vie. Jusqu’à présent, personne ne comprend comment ce drame a pu échapper à la vigilance de ceux qui étaient sur place.

 

Des officiels de la FMTri étaient présents le jour de la compétition pour noter les temps et les numéros des dossards à la sortie de l’eau, mais ils n’ont pas, tout de suite, remarqué l’absence d’un participant.

 

Une enquête policière est en cours et nous espérons que cela va apporter un peu plus de réponses aux nombreuses questions soulevées.

 

La FMTri en deuil

 

Nous avons sollicité Alain St Louis, président de la Fédération mauricienne de triathlon (FMTri), pour savoir ce qui s’est produit. Le dirigeant mauricien a souhaité ne pas faire de commentaires étant donné qu’une enquête policière est en cours. «Ce drame nous affecte tous. A la fédération nous sommes tous très consternés car Roshan était un homme très apprécié. Je ne peux faire de commentaires pour le moment vu qu’il y a une enquête qui a été initiée. Toutes nos pensées vont à la famille et aux proches du défunt», a déclaré Alain St Louis.

 

Le comité directeur de la fédération a eu une réunion spéciale vendredi en présence de quelques athlètes. Un comuniqué sera émis durant la semaine nous fait ressortir le président de la fédération.

 

Le MAJSL attend le rapport de la FMTri

 

Le ministère de l’Autonomisation de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs (MAJSL) suit cette affaire de près. Au niveau du ministère on nous informe qu’on attend le rapport de la fédération avant de se prononcer.