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Décès de Caël Permes : la MCIT enchaîne les arrestations

L’enquête policière sur la mort du détenu à la prison de La Bastille, à Phoenix, a franchi une nouvelle étape avec l’arrestation de quatre autres gardes-chiourmes. À ce jour, neuf officiers du service pénitentiaire sont en détention dans cette affaire. D’autres gardiens ainsi que des hauts gradés sont dans le collimateur de la police.

Il ne s’agirait que du sommet de l’iceberg. Neuf officiers du Mauritius Prison Service ont été arrêtés à ce jour suivant la mort du détenu Caël Permes à la prison de La Bastille, à Phoenix, le 5 mai. Quatre d’entre eux font l’objet d’une accusation provisoire d’assassinat. Il s’agit de Roopendra Ramkissoon, Yuvenesh Sacarah, Beerajsingh Jankee, Gowtam Ramtohul qui ont été arrêtés le 8 mai. Ils ont retrouvé la liberté le vendredi 22 mai après leur comparution devant le tribunal de Curepipe. Ils ont fourni une caution de Rs 20 000 chacun et signé une reconnaissance de dette de Rs 200 000.

 

L'un d'eux a déclaré sur les ondes de Radio Plus le vendredi 22 mai qu'il n'avait fait qu'obéir aux instructions de sa hiérarchie. D'ailleurs, des hauts gradés de l’administration pénitentiaire sont dans le collimateur de la MCIT, ainsi que d'autres gardiens de prison. Ils pourraient être arrêtés et traduits en justice.

 

L’enquête sur la mort de Caël Permes a connu un rebondissement le 14 mai lorsque le Prison Officer Manohur Totah a été arrêté et traduit devant la justice sous une accusation provisoire de computer misuse. La police reproche à cet officier affecté à la control room d’avoir délibérément éteint une caméra au moment où Caël Permes se trouvait à la search room avant son transfert vers La Bastille.

 

La police soupçonne que cet habitant du Nord a été roué de coups une première fois dans cette salle. Ladite caméra a de nouveau été mise en opération 30 minutes plus tard. On voit alors le détenu et son escorte qui se dirigent vers un véhicule qui prend, par la suite, la direction de la porte principale pour quitter la prison. Il était probablement déjà blessé à ce moment-là car il y avait plusieurs gouttes de sang dans le véhicule. Des gouttes qui ont été détectées lors de l’examen scientifique Blue Star.

 

Interrogé, l’officier Totah a, dans un premier temps, nié les faits qui lui sont reprochés. Mais dans sa déposition consignée en présence de son avocat Navin Ramchurn, cet habitant de Rose-Belle allègue avoir reçu des instructions de trois autres officiers pour manipuler les images de la caméra de surveillance. Selon lui, ces derniers seraient également venus le voir à son domicile pour le menacer. La police a d’ailleurs procédé à l’arrestation de l’un de ces officiers. Il s’agit de Sanjay Pirthi. Il fait l’objet d’une accusation provisoire de conspiracy.

 

Informations accablantes

 

Le 5 mai, cet officier s’est rendu à La Bastille, alors qu’il était en congé ce jour-là et qu’il travaille à la prison de Beau-Bassin. «Inn gagn li dan zimaz kamera», nous confie une source proche de l’enquête. Une autre source avance, elle, qu’il aurait fait ce déplacement pour «bat Caël» : «Li abitie fer sa bann kalite travay-la dan prizon ek osi en deor.» Sanjay Pirthi serait-il l’homme de main d’un responsable des prisons ?

 

Les deux autres officiers qui auraient menacé l’officier Totah seraient des hauts gradés. Ils sont d’ailleurs recherchés par la police. Le premier ne donne plus signe de vie depuis plusieurs jours, alors que le second a été admis dans une clinique privée après un passage à l’hôpital Brown-Séquard. D’autres gardes-chiourmes en poste à La Bastille sont aussi dans le viseur des enquêteurs. Les officiers Louis Patrick Férré, Vikram Gundoolah et Philippe Dedans ont notamment été arrêtés. Ils sont aussi provisoirement accusés de conspiracy.

 

La police envisage, en outre, de procéder à l’arrestation de plusieurs hauts gradés. Elle disposerait déjà de plusieurs informations accablantes contre ces derniers. L’un d’eux aurait donné des instructions formelles à ses hommes de confiance pour «bat Caël». Les enquêteurs comptent réclamer le relevé des appels téléphoniques qu'ils ont passés le jour fatidique. Car l’un d’eux aurait suivi le passage à tabac du détenu par téléphone. Raison pour laquelle l’avocat Rama Valayden exigeait, au début de cette affaire, que la police fasse une demande pour obtenir un Judge’s Order.

 

Le détenu Caël Permes a été retrouvé mort dans la special protection cell no 1, au bloc administratif de La Bastille, dans l’après-midi du 5 mai, quelques heures seulement après son transfert dans cet établissement pénitentiaire en provenance de la prison de Beau-Bassin. Le rapport d’autopsie indique qu’il a succombé à un hemorrhagic shock following multiple injuries. Cet habitant de Cité Sainte-Claire, âgé de 29 ans, avait des ecchymoses sur plusieurs parties du corps. Il avait également un poignet disloqué. La police a procédé aux premières arrestations trois jours plus tard.

 


 

Rama Valayden accuse…

 

Il avait promis de ne pas rester les bras croisés. À l’heure où nous mettions sous presse, le vendredi 22 mai, il était prévu que Rama Valayden soumette un rapport au président de la République ainsi qu’au Premier ministre sur le décès de Caël Permes en prison. «Se enn mari krim ki zot inn fer ek li», martèle l’avocat qui pointe du doigt des hauts gradés de l’administration pénitentiaire qu’il accuse d’avoir commandité l’agression de ce dernier. Rama Valayden dénonce aussi certaines institutions et leur inaction depuis le début de cette affaire.

 

Dans son rapport, l’ancien Attorney General avance que le détenu a été tabassé à mort une semaine avant «so bail motion». L’habitant de Cité Sainte-Claire, explique-t-il, était en détention pour une affaire de damaging property. Selon Rama Valayden, ce dernier «s’était volontairement constitué prisonnier au bureau de l’ADSU de Grand-Baie» mais les policiers «pann pran so lanket», allègue-t-il. «Zot inn avoy li direk prizon Beau-Bassin alor ki li ti ena prev so inosans dan sa case damaging property-la», souligne l’avocat.

 

Caël Permes était on remand à la prison de Beau-Bassin depuis le 16 mars. Il faisait l’objet d’une charge provisoire de damaging property devant le tribunal de Mapou. La police reprochait à ce récidiviste de 29 ans d’avoir endommagé une voiture et d’avoir lancé des pierres sur des policiers qui effectuaient une descente chez son frère qui habite également à Cité Sainte-Claire. «Li ti dir la polis li inosan dan sa zafer-la. Li ti ena zimaz kamera vidéosurveillance kouma prev me bann la polis inn ignor sa zis pou fer li al dan prizon», allègue Rama Valayden.

 

Il affirme, en outre, qu’un haut gradé de la prison serait intervenu «pou fer li al dan prizon direk olie detain li dan police cell». Ce qui explique pourquoi il réclame la démission immédiate de plusieurs hauts gradés de la prison dont il cite les noms dans son rapport : «Zot komplis lamor Cael Permes. Zot inn fer bann gard-la bat li ek fer zot ekoute lor telefonn an direk. Akoz sa mem mo ti dimann la polis fer demars Judge’s Order pou gagn bann releve lapel sa bann dimounn-la.»

 


 

L’ONG Dis-Moi réclame une commission d’enquête

 

Cette association, qui milite pour le respect des droits humains, revient à la charge. Dans une missive adressée au Premier ministre, le président de l’ONG Dis-Moi, Roshan Rajroop, et son secrétaire général, Vijay Naraidoo, invitent Pravind Jugnauth à mettre sur pied un Select Committee pour mener une commission d’enquête sur le décès de Caël Permes. Ils demandent aussi la révocation immédiate du commissaire des prisons et des membres de la Commission nationale des droits de l’homme.

 

L’ONG rappelle au chef du gouvernement que Maurice a ratifié la Convention contre la torture le 9 décembre 1992 et précise que la mort de Caël Permes en prison a eu des conséquences dévastatrices sur ses proches. Cette affaire a également terni l’image du commissaire des prisons et des membres de la Commission nationale des droits de l’homme qui ont pour mission de protéger chaque citoyen du pays.

 

De son côté, dans un post sur sa page Facebook, le vendredi 22 mai, le leader du MMM, Paul Bérenger, réclame la démission de Vinod Appadoo.

 


 

Quatre détenus participent à une reconstitution des faits

 

Une escouade composée de plusieurs hauts gradés, d’officiers de la CID de Curepipe, d’un photographe et d’un dessinateur de la police s’est rendue à La Bastille, le jeudi 20 mai, pour une reconstitution des faits avec quatre détenus de cet établissement pénitentiaire. Il s’agit de Christopher Perrine, qui aurait commis plusieurs cambriolages, William Hosany, qui aurait commis des braquages, Kusraj Lutchigadoo, connu comme le parrain de la drogue de synthèse, et Vishal Shibchurn, chef du Gang du Sud. Ils affirment tous avoir entendu des cris en provenance de la cellule de Caël Permes dans l’après-midi du 5 mai. Cet exercice a débuté à 11h50 en présence de leur avocat Rama Valayden et s’est terminé à 13h20. Les enquêteurs ont interrogé neuf autres détenus après le décès de Caël Permes à la prison de Phoenix.