Cyclone : zoom sur «le troublant» Freddy

Il intrigue. Il fascine même. Depuis qu’il a fait son apparition dans le bassin de l’océan Indien, le troublant cyclone Freddy, de par son intensité et ses caractéristiques, a été au coeur de toutes les préoccupations. Sous le feu des projecteurs depuis qu'il s'approche des Mascareignes (c'était la tendance à l'heure où nous mettions sous presse le samedi 18 février), le phénomène a été sous haute surveillance, d’une part par les agences météorologiques et d’autre part par les passionnés de la météo et des cyclones particulièrement.

En raison de sa proximité avec Maurice et Rodrigues, les autorités ont enclenché, à la fin de la semaine écoulée, «une phase de sécurité post-cyclone», étant donné la puissance du système au vendredi 17 février. Ainsi, le Comité national de crise s’était réuni ce vendredi au siège du Centre national de réduction et de gestion des risques de catastrophes (NDRRMC) à Port-Louis et était présidé par Anwar Husnoo, le vice-Premier ministre, ministre des Collectivités locales, des catastrophes et de la gestion des risques. Il a souligné que le cyclone tropical intense Freddy (au moment de son intervention) est surveillé de près par les services météorologiques de Maurice.

Ceux qui portent de l’intérêt à tout ce qui touche de près à la météorologie et aux tempêtes accordent aussi, ces derniers jours, beaucoup d’attention à l’évolution de Freddy. Afzal Goodur, amateur de météorologie, connu pour ses prévisions et suivi de près par de nombreux Mauriciens, a, bien évidemment, étudié Freddy. «Ce cyclone a monopolisé l’attention notamment par rapport à la région d’où il vient : aux alentours de l’Indonésie. Puis, il y a le long parcours qu’il effectue depuis sa formation jusqu’à son arrivée vers chez nous, en route vers Madagascar. Il y a aussi sa puissance, une intensité qu’il a maintenue sur une longue durée, depuis plusieurs jours. C’est quelque chose de très rare. Un cyclone ne tient pas sur une si longue période. C’est ce qui rend Freddy à la fois troublant et fascinant», nous confie Afzal Goodur. Pour lui, les Mauriciens devraient rester vigilants et suivre toutes les informations autour du cyclone. «Le pays a changé son système d’alerte. J’invite donc tous les Mauriciens à être attentifs», dit-il, en continuant à garder un oeil sur Freddy et en suivant (à samedi) tous les modèles numériques par rapport à la trajectoire empruntée par la tempête.

Évolution

D’un passionné à un autre, les mêmes observations. Vishal Kawal – actif sur les pages Indian Ocean Cyclone Season (page régionale pour tout l’océan Indien), Storm Tracking (page locale), Mauritius Cyclone Updates (sa page personnelle & régionale, membre du réseau METEOR OI), tout en étant présent sur MÉTÉOR OCÉAN INDIEN (organisation non gouvernementale, en partenariat avec Météo-France Réunion) – n’a pas non plus manqué de suivre Freddy. «On n’a pas eu de cyclone violent pendant quand même deux décennies. Le dernier en date a été Dina en 2002 et l’année dernière, c’est après 18 ans que le pays a connu deux alertes 4 en l’espace de 3 semaines. C’est quelque chose qui est arrivé une seule fois en l’an 2000 où il y avait deux cyclones en l’espace de trois semaines. Après plus de 18 ans durant lesquels il n’y a pas eu de cyclone violent et les seuls cyclones qui ont évolué dans notre région se sont désintégrés ou ont changé de trajectoire, l’évolution de Freddy et ses caractéristiques de cyclone intense suscitent un intérêt. Ces derniers temps, il y a aussi eu, à l'échelle internationale, de grosses tempêtes qui ont touché, par exemple, les États-Unis, et qui ont été très médiatisées. Beaucoup se posent des questions sur la possibilité que notre île puisse connaître également un puissant cyclone, avec tout ce que cela peut provoquer. Tout cela fait que Freddy monopolise l’attention», souligne Vishal Kawal, tout en évoquant les particularités de Freddy qui font que les yeux, ces derniers jours, étaient rivés sur son développement et son déplacement dans la région. «Freddy rejoint un peu le groupe sélect des cyclones qui ont marqué le bassin de l’océan Indien. Il va rester dans l’Histoire. Il n’a eu jusqu’à présent qu’un seul cyclone avant lui qui a traversé l’océan Indien de l’Est à l’Ouest. C’est arrivé en 2000 avec le cyclone Leon-Eline. Le nom Leon avait été donné par les Australiens, puis le cyclone avait été rebaptisé Eline une fois dans notre zone. Puis, il y a aussi le fait qu’il y a très peu de cyclones qui ont maintenu une intensité aussi forte sur une si longue période. C’est très rare d’avoir un cyclone qui se comporte de la sorte. D’après les modèles numériques, Freddy est arrivé (à samedi) à maintenir son intensité. C’est un cyclone de petit diamètre. Il faut donc qu’il passe très près de nos côtes pour causer des effets notables. C’est pour cela qu’il faudrait rester très vigilant par rapport au passage de Freddy car les cyclones de petits diamètres peuvent évoluer de façon très brusque», nous expliquait Vishal Kawal à l’heure où nous mettions sous presse.

Le puissant météore Freddy a également retenu toute l’attention de Rakesh Narain de la page MeteoHub Mauritius. «Ce cyclone est un système très compact et il bouge (à samedi) très rapidement. Il y avait des conditions défavorables à son intensification, c’est-à-dire qu’il y avait des éléments qui auraient pu l’affaiblir mais ça n’a pas été le cas. Il y avait des cisaillements qui auraient pu l’affecter mais Freddy a conservé son intensité pendant plusieurs jours. Je comparerais Freddy au cyclone tropical Litanne, qui avait évolué près de notre région en 1994, parce qu’il présente les mêmes configurations : c’est un petit système et la trajectoire qu’emprunte Freddy est aussi très similaire», conclut Rakesh Narain en parlant du troublant Freddy…