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Covid-19 en Afrique - Le Mauricien Kevin Keenoo : «De nombreux Congolais refusent de se faire vacciner car ils ont confiance en leur système immunitaire»

«Le virus nous a appris la valeur de la vie et la facilité avec laquelle elle peut être enlevée», nous confie Kevin Keenoo qui habite en République démocratique du Congo.

«Le gouvernement ainsi que de nombreuses organisations à but non lucratif font tout leur possible pour empêcher la propagation du virus...» Au moment où l’Organisation mondiale de la santé tire la sonnette d’alarme concernant la situation face à la Covid-19 en Afrique, le Mauricien Kevin Keenoo, installé en République démocratique du Congo, nous raconte sa réalité dans son pays d’adoption.

Si certains pays amorcent une levée dans les restrictions et entament la reprise de plusieurs activités qui étaient à l’arrêt, d’autres devraient bientôt faire face à une nouvelle vague de Covid-19. «La troisième vague prend de la vitesse, se propage plus vite, frappe plus fort», a récemment déclaré la doctoresse Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’Afrique. Selon elle, l’Afrique s’apprête à affronter la pire vague du coronavirus depuis le début de l’épidémie, étant confrontée à une pénurie de vaccins. «Avec une augmentation rapide du nombre de cas et des rapports de plus en plus nombreux de maladies graves, la dernière vague menace d’être la pire à ce jour en Afrique», a souligné la directrice régionale de l’OMS.

 

Selon l’organisation, les cas de Covid-19 ont augmenté pendant cinq semaines consécutives depuis le début de la troisième vague, le 3 mai. Au 20 juin – jour 48 du début de cette troisième vague –, l’Afrique avait enregistré environ 474 000 nouveaux cas, soit une augmentation de 21 % par rapport aux 48 premiers jours de la deuxième vague. La pandémie refait surface dans 12 pays africains et ce serait dû, notamment, à une faible observance des mesures de santé publique, à une interaction sociale importante ainsi qu’à la propagation des variants.

 

Face à la progression du variant Delta, l’Afrique du Sud se retrouve ainsi dans une situation compliquée. Le dimanche 27 juin, le président Cyril Ramaphosa a annoncé le retour des restrictions sanitaires : vente d’alcool suspendue, rassemblements interdits, et écoles et restaurants à nouveau fermés, comme il y a quelques mois. En République démocratique du Congo (RDC) et en Ouganda respectivement, environ 77 % et 97 % des cas diagnostiqués sont également liés au variant Delta (indien). Ce dernier, identifié pour la première fois en Inde, a été signalé dans 14 pays africains, a ajouté l’OMS.

 

Installé dans le nord-est de la République démocratique du Congo, le Mauricien Kevin Keenoo nous raconte sa réalité. «Je travaille pour une organisation de conservation dans le nord-est de la République démocratique du Congo, comme directeur régional des ressources humaines. Je travaille dans ce pays depuis quelques années et je vis dans un parc national très éloigné et déconnecté de la civilisation. Par conséquent, le risque de propagation de la Covid-19 dans l’endroit où je vis est très faible. Cependant, nous ne devons jamais sous-estimer le risque que cela se produise», nous confie le jeune homme qui a la chance de vivre dans une région qui, comme il le dit, est épargnée jusqu’ici.

 

«J’exprime mes sincères condoléances aux familles de ceux qui ont perdu la vie en luttant contre le virus et je prie pour ceux qui luttent actuellement contre ce virus. Concernant la Covid-19 en République démocratique du Congo, la situation est relativement stable par rapport aux autres pays africains et européens. Nous avons un total d’environ 39 000 cas de Covid-19, avec environ 28 000 patients guéris et, malheureusement, environ 800 décès. Il est vrai que la République démocratique du Congo est un pays en développement et que la plupart des gens vivent en dessous du seuil de pauvreté et dans des conditions insalubres. Cela aurait dû, en fait, augmenter encore plus le nombre de cas. Mais pourquoi avons-nous un nombre de cas relativement faible par rapport aux cas européens ? C’est, selon moi, parce que le système immunitaire des Congolais est très fort», poursuit Kevin Keenoo, en racontant la vie dans son pays d’adoption. «Dans cette partie du monde, nous mangeons des aliments biologiques, respirons de l’oxygène frais et notre système immunitaire s’est renforcé au fil du temps car nous avons connu de nombreuses maladies mortelles. De nombreux Congolais refusent même de se faire vacciner en raison de la confiance qu’ils ont dans leur système immunitaire.»

 

Mais pour protéger la population, les autorités ont aussi, précise le Mauricien, mis en place des mesures préventives. «Même si les gens ont confiance en leur système immunitaire, cela ne signifie pas que nous ne prenons pas de mesures de précaution pour empêcher la propagation du virus. Le gouvernement ainsi que de nombreuses organisations à but non lucratif font tout leur possible pour empêcher la propagation. Du lockdown aux restrictions, le gouvernement a utilisé différentes stratégies et approches pour lutter contre le virus. De nombreuses associations à but non lucratif organisent des séances de sensibilisation et distribuent gratuitement des masques et des désinfectants pour lutter contre la pandémie.»

 

Kevin Keenoo salue aussi l’esprit créatif des Congolais en ces temps incertains : «Les micro-entrepreneurs ont triplé dans le pays car beaucoup se livrent à la fabrication de masques et de désinfectants. En ce qui concerne le monde du travail, de nombreuses entreprises privées demandent à leurs employés de travailler à domicile dans la mesure du possible et de se présenter au bureau uniquement lorsque cela est nécessaire. En tant que directeur des ressources humaines, j’ai moi-même été membre actif des comités Covid-19 et j’ai aidé à concevoir des stratégies et des approches pour lutter contre la pandémie sur le lieu de travail.»

 

Bien évidemment, les remèdes anti-Covid sont aussi d’actualité. «Je connais beaucoup de Mauriciens vivant et travaillant en République démocratique du Congo et beaucoup d’entre eux ont reçu leurs vaccins. Je ne connais personne qui a contracté le virus. Cette pandémie a dévasté de nombreuses vies mais d’un autre côté, elle nous a également appris un nouveau mode de vie – un mode que nous étions réticents à embrasser auparavant. Il nous a appris la valeur de la vie et la facilité avec laquelle elle peut être enlevée. Je ne pense pas que la Covid-19 disparaîtra un jour. Nous devrons vivre avec», conclut-il, tout en nous confiant sa foi en un avenir où le monde aura pris le contrôle sur le virus...