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Consommation : la confiance des Mauriciens continue de baisser

Amit Bakhirta, Chief Executive Officer d’Anneau, prévoit une augmentation du pouvoir d'achat au cours des prochains mois.

Kantar vient de rendre public une étude sur la confiance des consommateurs pour le second trimestre de 2022. Cet institut d’études et de conseil a analysé plusieurs éléments importants pour permettre aux décideurs de tâter le pouls des Mauriciens. Bilan : la confiance des consommateurs continue de baisser. Voilà pourquoi…

Faire ses courses est un véritable casse-tête en ce moment. Les rayons des supermarchés ressemblent à un véritable parcours du combattant pour ceux qui sont à la recherche de bons prix. Les visages des clients font d’ailleurs presque tous peine à voir. «Ena dimounn travay zis pou manze aster. La ousi bizin get bien ki pou aste akoz tou zafer ser», lâche un policier à la retraite, quelque peu désemparé. «Lavi mari dir», poursuit-il, y compris pour lui qui jouit d’une double pension en tant qu’ex-employé du gouvernement. Le constat, s’agissant du coût de la vie, est en effet de plus en plus inquiétant. Ce que confirme Kantar, qui vient de rendre public son dernier rapport trimestriel sur la confiance des consommateurs mauriciens. Cet institut d’études et de conseil de marque, basé à Londres, souligne que le rapport est mis à jour quatre fois par an.

 

Pour ce second trimestre de 2022, plusieurs éléments importants ont été pris en compte, menant à la conclusion que la confiance des Mauriciens continue de baisser. Il y a d’abord l’évolution de l’indice depuis 2010, la perception du contexte économique et de l’emploi ainsi que la gestion de la crise sanitaire, l’évolution des revenus du ménage et des perspectives d’achat. Le but de ce rapport évolutif est de permettre aux décideurs de tâter le pouls des consommateurs. Kantar précise toutefois que sa démarche n’est pas politique mais purement économique. D’ailleurs, l’institut d’études et de conseil constate que l’indice de confiance des consommateurs mauriciens continue de décroître.

 

Il souligne que le contexte inflationniste continue également d’influer sur la confiance des consommateurs mauriciens. Amit Bakhirta, fondateur et Chief Executive Officer d’Anneau, une société de services financiers agréée et réglementée par la Financial Services Commission, explique que cet environnement inflationniste reste légitime, comme ce fut le cas durant le premier trimestre, et a forcément un impact sur la consommation. «L'échantillonnage a eu lieu du 17 mai au 8 juillet au milieu de ce cycle inflationniste. L'inflation incontrôlée finit par provoquer une décélération de la confiance des consommateurs, par conséquent de la consommation.»

 

Avenir pessimiste ?

 

D’un autre côté, la récente étude de Kantar indique que la perception de la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement est désormais plus positive. La levée des obligations et sanctions y est sûrement pour quelque chose. «Nous aurions dû normaliser et rouvrir les frontières à la mi-2021 car les vaccins étaient déjà en cours de déploiement. Notre économie aurait été raisonnablement plus chaude maintenant. Malheureusement, étant un pays du tiers-monde, nous avons fermé tard et rouvert tard. Cependant, et encore, mieux vaut tard que jamais», souligne Amit Bakhirta. Le CEO d’Anneau reste toutefois optimiste pour le pays, même si Kantar est d’avis que l’opinion sur l’avenir de Maurice reste pessimiste.

 

Selon cette étude toujours, l’indice lié aux perspectives d’achat continue de baisser pour atteindre un niveau jamais atteint depuis 2010, même si ceux reflétant la perception par les consommateurs de la situation actuelle et future sont, eux, stables. Selon Amit Bakhirta, cette baisse s’explique par le fait que la nation a connu le rythme d'appauvrissement le plus rapide qu'elle ait jamais connu. Il met notre politique monétaire et de l'inflation au banc des accusés. «Elles n’ont pas été en mesure d’effectuer leur travail efficacement et donc, à l’évidence, n’ont pu protéger le patrimoine et le pouvoir d’achat du peuple», précise le CEO d’Anneau.

 

Mais les Mauriciens dépensent-ils pour autant plus intelligemment maintenant ? Pour Amit Bakhirta, la réponse est «relativement, peut-être, oui» car le contexte actuel de la montée des prix semble continuer d’influencer les perspectives de consommation. Les anticipations sur les achats sont de plus en plus prudentes. Le rapport de Kantar souligne d’ailleurs que l’indice reflétant les perspectives d’achat continue à baisser. Toutefois, notre interlocuteur prévoit une augmentation du pouvoir d'achat au cours des prochains mois car les «prix mondiaux des matières premières et du fret ont déjà faibli». Il y aura, selon lui, «une faiblesse significative des prix», sauf si «les responsables ne parviennent pas à contenir la valeur de notre devise au niveau actuel».

 

L’expert financier est d’avis que cet affaiblissement des prix mondiaux des matières premières devrait être contrôlé de manière à garantir que la baisse des prix internationaux soit répercutée sur le pouvoir d’achat à Maurice. Cependant, selon Kantar toujours, cette baisse de l’indice des perspectives d’achat est probablement liée à des inquiétudes grandissantes autour de la diminution des revenus et du pouvoir d’achat. En effet, seulement 5% des Mauriciens interviewés envisagent une croissance de leurs revenus dans les prochains mois. La grande majorité pense que ses revenus vont baisser (51%) ou au mieux rester stables (41%). Selon Kantar toujours, cette situation, dans un contexte inflationniste, représente une anticipation de la perte de pouvoir d’achat.

 

Les opinions divergent quelque peu mais l’avenir nous dira certainement qui des pessimistes ou des optimistes avaient raison concernant l’évolution du coût de la vie à Maurice.