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Clinique Ferrière du Bon Secours : À la découverte de la première unité de soins palliatifs de Maurice

C’est une équipe pluridisciplinaire qui exercera au cœur de l’unité des soins palliatifs.

Donner tout le respect à la vie, lever le tabou sur la mort et l’humaniser. C’est objectif de la toute première unité de soins palliatifs de l’île, présentée par la Clinique Ferrière de Bon Secours, à Curepipe, le mercredi 1er septembre. Un projet innovant porté par la Congrégation des Sœurs du Bon et Perpétuel Secours, connue pour son engagement dans le domaine de la santé à Maurice. Nous sommes allés à la découverte de ce nouvel endroit...

Bienvenue à l’Unité des Soins Palliatifs Mère Marie Augustine. Dès la réception de ce nouveau département de la Clinique Ferrière de Bon Secours qui s’étend sur deux étages, on est plongés dans un autre univers, une atmosphère très sereine, avec les couleurs douces et chaleureuses qui attirent l’oeil ainsi que les affiches portant les principes et valeurs qui guident l’équipe soignante et les accompagnants : empathie, confiance, solidarité, bienveillance. Dans un coin de la réception, une violoniste joue à corps perdu une mélodie qui s’entend dans toute l’unité. Remarquant notre étonnement, Sophie Fuxet, infirmière coordinatrice de l’unité des soins palliatifs, qui est aussi notre guide du jour, nous explique : «Ici, c’est une unité de vie, elle est vivante et dynamique. Nous n’accompagnons pas des futurs morts mais des vivants. L’ambiance dans les unités de soins palliatifs, c’est la vie jusqu’au bout. Nous rions, nous fêtons les mariages et les anniversaires. Nous sommes soignants. Nous traitons des êtres vivants.»

 

Non loin de la réception, une chapelle moderne et lumineuse, rehaussée de boiseries élégantes, invite à la prière. «Ce sera aussi un coin où se mettre au calme et prendre du temps pour soi», nous dit Sophie Fuxet. Sur ce même étage, il y a les postes du chef de service, le Dr Vicky Naga, et des deux médecins qui l’épaulent, le Dr Anne-Sophie Jérôme et le Dr Maëva L’Enclume. «Notre unité bénéficie de tous les progrès thérapeutiques et des avancées légales. Aujourd’hui, on donne plus de place au patient. Il est au centre de la prise en charge. Le patient ne fait plus l’objet de soins mais devient sujet de soins. Il est maintenant acteur de sa santé. Il faut respecter la vie et l’avis du patient», confie le Dr Vicky Naga.

 

Les couleurs claires et apaisantes, et les grandes ouvertures donnent une dimension lumineuse à ce premier étage où sont aussi postés les aides-soignants, le coin documentation où tous les acteurs de cette unité pourront en apprendre davantage sur les soins palliatifs, le coin enfant et les 12 chambres individuelles en suite portant chacune des noms de plantes aux vertus curatives - Aloe vera, Ayapana, Citronnelle ou Tulsi, entre autres -, avec une déco qui donne l’impression d’être dans un cocon. «Chaque chambre est équipée d’un lit médicalisé, d’un fauteuil ergonomique, d’une petite salle de bains d’accès facile et d’un lit pour un accompagnant. Cela permet au patient de conserver quand même son intimité», explique l’infirmière coordinatrice. Au même niveau, on trouve une salle de bains thérapeutique qui offre un moment de confort au patient, et ceci à sa demande seulement, des bureaux, des salles de réunion et le cabinet de la psychologue Safia Adamjee qui accompagne non seulement le patient mais aussi les proches et les bénévoles.

 

Réunion familiale

 

Direction le deuxième étage où se trouvent le Centre de Formation, les terrasses, les salons des familles peints dans un joli bleu, avec des coussins et rideaux aux imprimés tropicaux, comportant un living, une kitchenette et une chambre en location pour qu’un membre de la famille puisse y dormir si besoin est. Le patient pourra se rendre dans ce salon dans son lit via l’ascenseur et participer à des moments de réunion familiale. Pour conclure la visite, Donald Ha Yeung, directeur général de la clinique, précise : «L’unité des soins palliatifs a été construite selon les instructions et recommandations du Dr Claude Grange, ainsi cet établissement est conforme aux standards français et européens. Désormais, la Clinique Ferrière de Bon Secours ambitionne de devenir un centre de soins de premier plan. Elle est dotée des moyens, des infrastructures et des compétences nécessaires pour offrir un service de santé complet. Elle peut suivre l’humain jusqu’au dernier chapitre de sa vie.»

 

D’ailleurs, la nouvelle identité visuelle de la clinique s’enrichit d’une signature de marque forte, «L’engagement humain au cœur de nos soins», qui démontre tout l’engagement et le dévouement de la clinique avec cette nouvelle unité de soins palliatifs.

 


 

C’est quoi comme soin ?

 

C’est un ensemble de soins destinés aux personnes atteintes d'une maladie grave, évolutive et incurable, en fin de vie ou dès que nécessaire. La médecine palliative repose sur la notion du juste soin, à l’opposé de l’acharnement thérapeutique et de l’euthanasie. Selon l’OMS, l’objectif des soins palliatifs est d’obtenir, pour les patients et leurs proches, la meilleure qualité de vie possible. Car les soins palliatifs sont prodigués par des équipes de santé pluridisciplinaires, regroupant le plus souvent des médecins (généralistes, oncologues, etc.), des psychologues, des infirmières, des aides-soignants et des bénévoles. Les objectifs des soins palliatifs sont multiples : soulager la douleur physique, soulager ou atténuer les autres symptômes (anxiété, nausées, difficultés respiratoires…), accueillir les cas les plus complexes qui ne peuvent être pris en charge à domicile ou en milieu hospitalier traditionnel, prendre en charge la souffrance psychologique, sociale et/ou spirituelle des patients et de leur entourage, entre autres.

 

Source : www.passeportsante.net

 


 

Une unité, plusieurs visages

 

Clothilde Nadal, aide-soignante

 

27 ans qu’elle évolue dans le monde médical mais la médecine palliative, avoue-t-elle, est tout nouveau pour elle. «C’est comme un nouveau départ pour moi. C’est un nouveau visage de la médecine que j’ai découvert et je ne vois plus les soins de la même façon. Maintenant, c’est l’être humain au centre et c’est cela qui m’a amenée à rejoindre l’unité des soins palliatifs.» Après deux semaines de formation à distance avec le Dr Claude Grange, expert formateur en soins palliatifs et spécialiste des soins palliatifs en Europe, et d’autres formations en continu avec le Dr Vicky Naga, le chef de service de l’unité, Clothilde Nadal n’a qu’une hâte : «Celle de pouvoir exercer et découvrir davantage cette nouvelle facette de la médecine. Car dans la médecine curative, nous étions là auprès des patients mais pas vraiment dédiés à une personne. Désormais, il s’agit de mettre le sourire sur un visage et d’avoir une proximité mais aussi d’humaniser la mort. J’avoue que la peur y est mais c’est une bonne peur car elle est animée par ce désir de bien faire et d’aider l’autre.»

 

Pazani Ramasawmy, bénévole

 

D’une voix douce et posée, cette enseignante de formation nous partage sa joie de faire partie de cette belle aventure. «Cela fait 30 ans que j’enseigne au collège Bon et Perpétuel Secours (BPS) et l’éducation catholique nous a toujours transmis ce besoin de servir. Certes avant, c’était auprès des jeunes filles du collège, non seulement sur le plan académique mais aussi social. Et maintenant, je servirai autrement en étant bénévole au sein de l’unité des soins palliatifs.» Pazani Ramasawmy explique que même les bénévoles doivent suivre une formation. «C’est une grande préparation avant d’arriver à notre engagement formel. Car on ne naît pas bénévole, on est formés pour. Toute la petite équipe qui se compose de 14 personnes a fait 18 mois de formation, un pèlerinage sur les traces de Mère Marie Augustine, entre autres, mais aussi pour comprendre quel est notre rôle en tant que bénévoles. Mais il y a encore des formations en continu qui fortifient notre mission.» Selon notre interlocutrice, être bénévole, ce n’est pas seulement donner gratuitement de son temps, c'est aussi être plus dans l’écoute et l’accompagnement du patient et de sa famille. «Nous travaillons aussi en harmonie avec les professionnels de santé de l’unité. C’est vraiment le patient qui est au centre de tout. C’est une belle mission et je suis contente d’y participer.»

 

Anne-Sophie Jérôme, médecin généraliste

 

Elle a fait le choix de passer de la médecine curative à la médecine palliative car aider le patient dans sa globalité est significatif. «J’ai eu beaucoup d’expérience dans le curatif et j’ai souvent été confrontée à la limite de ce qui est faisable avec la médecine curative ou même à l’acharnement thérapeutique. Je me demandais sans cesse comment c’est possible qu’en 2021, les gens peuvent mourir en souffrance, alors que nous sommes dotés de technologies les unes plus surprenantes que les autres ?» avance le Dr Anne-Sophie Jérôme. C’est cette réflexion et ses expériences qui l’ont poussée à choisir le milieu du soin palliatif pour évoluer. «Tout ce qui reste à faire quand il n’y a plus rien à faire, c’est ce qui représente le soin palliatif. C’est pour cela que j’ai fait le choix de faire une médecine globale en étant dans une unité de soins palliatifs. Car nous faisons notre devoir de médecin en soulageant la douleur physique mais il y a aussi le patient lui-même en tant que personne que nous privilégions.»

 

Sophie Fuxet, infirmière-coordinatrice/palliatothérapeute

 

Cela fait un peu plus d’un an qu’elle est à Maurice mais son expérience dans ce domaine ne date pas d’hier. «Cela fait 18 ans que je travaille en tant qu’infirmière en unité et équipe mobile de soins palliatifs. Je suis formée à la communication non-violente et aussi au journal créatif. Je suis donc ravie de partager mes compétences et mon expérience avec mes collègues. J’ai participé aux formations en France et à Maurice. J'espère pouvoir apporter mon dynamisme, ma joie de vivre et ma capacité à travailler en équipe, chose qui n’est pas toujours facile.» Elle souligne que la confiance en l’autre, la communication et les valeurs professionnelles au sein de l’unité sont des aspects que ses collègues et elles développeront. Sophie Fuxet est aussi palliatothérapeute. «La fin de vie est complexe et parfois même vécue comme un tabou. J’ai donc créé le métier de palliatothérapeute pour aider les familles à vivre autrement, de façon plus authentique et plus en lien avec ces moments-là.» Les soins palliatifs, dit-elle, c’est avant tout : «Un travail d’équipe et beaucoup de plaisir. Permettre aux patients de profiter de tous les petits plaisirs du quotidien, accentuer les petits bonheurs de la vie. Que ce soit par l’alimentation, en partageant un verre de vin, en mangeant son plat préféré, à travers des soins d’hygiène de qualité et tous les petits plaisirs du quotidien.»

 

Info pratique

 

L’Unité des Soins Palliatifs Mère Marie Augustine propose un accompagnement du malade et de sa famille par une équipe interdisciplinaire. Un séjour dans ce département coûte Rs 15 000 par jour, tout inclus : la chambre, les repas, les bains thérapeutiques, les médicaments, l’oxygène, les gestes médicaux, l’utilisation des appareils médicaux, les visites des médecins (plusieurs fois par jour), les consultations de la psychologue, les soins interdisciplinaires, la kiné, l’utilisation des salons de familles. Seuls sont exclus les examens radiologiques et les gestes chirurgicaux très rarement effectués pour cette catégorie de patients. Le service est destiné aux personnes à partir de 12 ans. Les principales compagnies et mutuelles d’assurances médicales comme la Swan, la MUA et Medscheme ont accepté d’inclure les soins palliatifs dans leur prise en charge selon les critères d’éligibilité de la couverture médicale des assurés.