Rajenee Mootoo-Caroopen, mairesse de Beau-Bassin-Rose-Hill, dit avoir suivi les consignes. «J’ai un pincement au cœur et je pense à mon assistant Mahen Choolun. Il a beaucoup travaillé pour la ville. Il m’a beaucoup épaulée car, moi, j’étais novice. Linn bien kriy ar mwa severman. Linn dir mwa to fer sa, to pa fer sa. J’avais à cœur bann dimounn dan lavil. Je suis du MSM et j’ai suivi la vision de mon leader», nous confie celle qui a soumis sa démission, tout comme son adjoint, ce mercredi 21 août. Elle dit partir avec regret mais avoir la conscience claire : «Monn ale leker kler. Ce que je trouve dommage, c’est qu’on ne nous a pas donné la vraie raison par rapport à cette décision. Kifer sa de-la pe comeback ? Ki rezon ki ena deryer la ? Bizin ena bann rezon deryer. Kifer reswazir sa de-la ? What is the purpose? Je pense qu’on aurait pu rester jusqu’aux élections générales. Pourquoi on a cédé ? Tout simplement parce qu’on avait donné notre parole au chef du parti et kan nou donn nou parol, nou bizin konn gard nou parol. C’est important.»
Rajenee Mootoo-Caroopen dit avoir toujours eu à cœur le bien-être des habitants de la ville : «J’ai reçu plusieurs appels de personnes qui me disent que je n’aurais pas dû partir, que j’ai commencé un travail et que j’aurais dû aller au bout. J’ai créé une relation avec les habitants. J’étais motivée par l’objectif de redonner ses lettres de noblesse à la ville de Beau-Bassin-Rose-Hill. C’était cela ma vision. J’ai participé à beaucoup d’élections, que ce soit municipales ou générales, et je respecte mon leader. Par respect pour lui, j’ai accepté de partir. L’obéissance enn gran zafer.» Pendant ce temps, à la mairie de Beau-Bassin-Rose-Hill, les choses s’activent et il a été annoncé que l’élection du maire et celle de l’adjoint au maire se tiendra ce mercredi 28 août.
Il y a aussi du changement du côté de la ville Lumière. Samy Chellen a soumis sa démission comme adjoint au maire. «Le Premier ministre (PM) nous a demandé de step down. Il a ses raisons. Peut-être qu’il est en train de suivre une stratégie politique, mais on se doit d’accepter. Il nous a confié une responsabilité et on l’a assumée. C’est le PM qui décide», souligne-t-il. Devika Pabaroo, la mairesse de Curepipe, soumettra, pour sa part, sa démission ce lundi 26 août. «Je me devais d'inaugurer une mini salle de sport ; un projet attendu depuis longtemps. C'est fait, je suis contente. I am stepping par un travail accompli», nous déclare-t-elle.
Dans son analyse de la situation sur la scène politique, l’observateur politique Suttyhudeo Tengur se pose, pour sa part, une question. «Jusqu’où Pravind Jugnauth fera des concessions au PMSD ?» se demande-t-il, en s’interrogeant également sur les prochains moves du PM. «Estimant que Pravind Jugnauth est prêt à faire d’autres concessions, voilà que le PMSD décide de contrôler deux municipalités. On sait bien que le changement de maire intervient chaque deux ans. La dernière fois qu’il y a eu de nouveaux maires, c’était l’an dernier, en juin. Mais voilà que lundi dernier, les mairesses de Beau-Bassin-Rose-Hill et de Curepipe ont appris avec surprise qu’elles devaient quitter leur poste. Cela, pour céder leur place à des conseillers du PMSD. Les prochains maires ont été désignés et n’attendent que les élections. Ces mêmes conseillers qui, avec leur leader Xavier-Luc Duval, ont dénoncé le renvoi des élections municipales, acceptent aujourd’hui d’être maires, alors que les citadins attendent qu’il y ait de nouvelles élections après une période de neuf ans. Xavier-Luc Duval a pourtant critiqué le renvoi des élections quand Pravind Jugnauth et son équipe ont amendé le Local Government Act pour renvoyer le scrutin et cela, à trois reprises», s’exclame Suttyhudeo Tengur.
L’observateur politique se demande ainsi comment Pravind Jugnauth peut accepter une telle situation. «Est-ce que Pravind Jugnauth pense que Xavier-Luc Duval est un politicien aussi populaire ? Certes, il a reçu beaucoup d’applaudissements quand il a dénoncé, à juste titre d’ailleurs, les scandales et cela, avec le coup de main du Parti travailliste et du Mouvement militant mauricien. Mais, maintenant, il s’allie avec ce même parti. Alors peu importe ce que pense Pravind Jugnauth, le peuple saura quoi faire. Le temps venu», poursuit Suttyhudeo Tengur concernant l’actualité qui a, cette semaine encore, fait frémir la marmite politique...