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Carême catholique : les 40 heures, comme au bon vieux temps...

«Je suis hindou mais je trouve que c’est une richesse pour nous de pouvoir nous nourrir et nous enrichir des traditions d’autres cultures», dit Diksh Potter, ici avec sa petite famille.

Pour beaucoup, ce sont des moments forts qui se vivent en ce temps de carême. Après deux années chamboulées par la pandémie, les Mauriciens renouent avec les 40 heures ; l’exposition du Saint-Sacrement (le Christ présent dans l’hostie consacrée pendant la messe et non consommée, placée dans un ostensoir) dans les églises de l’île... 

Un même lieu, deux ambiances. À l’intérieur : le silence. Le recueillement. Tête baissée, les mains jointes, Damian prie. À genoux au coeur de l’église de Sainte-Anne, à Stanley, il fait partie des nombreuses personnes qui, en ce dimanche 12 mars, ont tenu à être là pour vivre les 40 heures ; un moment fort de ce temps de carême. Tout autour de lui, des va-et-vient, des personnes qui entrent, d’autres qui sortent. Mais toujours dans le respect. Tous, de façon ordonnée, se relaient pour prier devant le Saint-Sacrément exposé sur l’autel fleuri et illuminé de bougies. L’instant est solennel et Damian savoure chaque moment.

 

Après deux années sous l’emprise de la crise sanitaire, le jeune homme, un habitant de Rose-Hill, retrouve cette ambiance spéciale : «Je suis vraiment content de renouer avec ce qui est, pour moi, une étape importante du carême catholique. Ces deux dernières années, bien que je comprenne que la Covid-19 ne permettait pas des rassemblements, je sentais qu’il me manquait quelque chose pour me permettre de bien vivre comme il faut le carême. En dehors d’être un moment de prière, pour moi, les 40 heures, c’est une parenthèse qui se vit en famille. Ça nous permet aussi de découvrir ou de redécouvrir la beauté des églises de l’île. De voir également la ferveur des Mauriciens, de tous bords et de toutes confessions religieuses, et qui viennent aussi prier en famille. C’est réconfortant en ces temps où on entend plein de choses», confie Damian, après avoir déposé une bougie au pied de l’autel.

 

À l'extérieur de l'église : tout un folklore. En vente : des livrets de prière mais aussi de quoi se ravitailler. Il y en a pour tous les goûts : du sucré – avec des crêpes, des maspins, du jus frais, du thé ou du café, entre autres ; et du salé – des farata ou les traditionnels gato delwil (dipin frir, gato pima) et plein d’autres petits mets bien locaux. Tout se prépare sur place. «Je vais prendre un petit jus», nous dit Damian qui, ce dimanche-là, en est à sa deuxième église : «C’est un vrai bonheur de pouvoir à nouveau faire le pèlerinage des 7 ou 14 églises, qui fait maintenant partie des traditions de notre belle île.»

 

Dans une autre partie de l’île : la même effervescence aux abords des églises. Le sourire aux lèvres, Émilia, une habitante de Saint-Pierre, va aussi d’église en église, comme beaucoup de Mauriciens. «Après deux ans d’attente, on peut enfin revivre le pèlerinage en famille. On a choisi l’Est de l’île et comme première station, l’église de St-Julien. On a été éblouis par une magnifique peinture du pape Jean Paul II dans les bras consolateurs de la Vierge Marie qui nous a accueillis sur l’autel», confie la jeune femme qui se dit fière de notre population arc-en-ciel. «En cette période où il y une chanson d’un certain collège et certains commentaires sur le Web qui ont provoqué tout un débat, ces 40 heures nous permettent de vivre ensemble, toutes communautés confondues, de vrais moments de ferveur.»

 

Pour elle, ces visites d’une église à une autre permettent aussi de faire de belles découvertes. «Le highlight de notre pèlerinage était à la chapelle St Michel, à Pont Praslin, la plus petite paroisse de l'île. C'est une chapelle en roche, avec un crucifix découpé dans le toit pour entrevoir le ciel. Je conseillerais aussi aux Mauriciens d’aller visiter, s’ils le peuvent, la petite chapelle Jésus Bon Pasteur de Sébastopol. Pour ceux qui pensent vivre les 7 ou 14 églises, je leur conseillerais aussi de manger sur place. C’est-à-dire, dans les échoppes prévues par les églises. Au menu : roti, fruits à pain, samoussas, maspins, sans oublier café, thé et jus. Alors que certaines paroisses affichent un prix pour chaque consommation, d’autres paroisses, comme à Trou-d’Eau-Douce, vous invitent à contribuer selon votre coeur. Ce sont toutes ces choses qui rendent le rituel des 40 heures particulier», conclut Émilia qui n’est pas contre l’idée de vivre à nouveau «un autre circuit» dans les jours à venir.

 

D’une famille à une autre, ces moments sont vécus avec beaucoup de ferveur. Pour Diksh Potter, les 40 heures sont vraiment, dit-il, des expériences à vivre. «Je suis hindou mais je trouve que c’est une richesse pour nous de pouvoir justement nous nourrir et nous enrichir des traditions d’autres cultures. Ce sont des valeurs que je tiens à vivre et à inculquer à mon jeune fils Abram. J’ai la chance de pouvoir voyager et c’est vraiment rare d’avoir des pays avec des richesses culturelles comme nous avons à Maurice. C’est donc un vrai plaisir pour ma famille et moi d’aller visiter ces églises pour y prier et voir tout ce folklore autour», conclut-il, content d’avoir retrouvé, cette année, la route des 40 heures…