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Budget Speech : «ki zot pe atann» ?

Qu’attendent les Mauriciens de cet exercice annuel ? Une question que nous avons posée à certains d’entre eux…

Des rêves simples. Des souhaits banals, mais qui changent le quotidien. Alors que le Pre-mier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, présentera son discours budgé-taire le lundi 10 juin, les Mauriciens, eux, se tournent vers les questions pragmatiques, les problématiques qui s’insinuent dans leurs vies de tous les jours. Si dès demain, il sera ques-tion de théories économiques, de valeurs à long terme, de vision pour le pays, ces notions semblent éloignées des aspirations premières du citoyen. Aux quatre coins de l’île, c’est le panie rasion, le pouvoir d’achat, la difficulté à joindre les deux bouts, la base de salaire, les emplois qui semblent être les priorités.

 

En attendant le grand oral du ministre des Finances, nous avons sillonné l’île afin de poser une question simple à ceux que nous avons rencontrés : «Quelle mesure budgétaire pourrait améliorer votre vie ?» Si, au fil des rencontres, il n’est pas difficile de comprendre que le discours budgétaire a perdu de sa pertinence, de son intérêt – «Zot ki deside. On ne peut rien y faire», dira Medhavee Shibnauth, 21 ans – mais, il s’agit, quand même, d’un rendez-vous annuel incontournable. Nombreux sont ceux qui s’attendent à un budget labouss dou en vue des prochaines élections mais craignent, en même temps, les habituelles augmen-tations.

 

Pravind Jugnauth devra, selon les observateurs politiques, rassurer, cajoler et, surtout, con-vaincre d’une vision qui pourra faire rêver au-delà des prochaines législatives. Un travail d’équilibriste qu’il réussira…ou pas.

 


 

 

Medhavee Shibnauth : «Nou pa kapav lager ar boutikie»
21 ans – habitante d’Union Park – employée de centre d’appels et prof à Caritas
«Je ne suis pas vraiment tout ça. Je trouve que ce sont des conneries. S’il y a le prix des denrées qui baisse, tant mieux. Mais nous savons bien que ça ne va durer que quelque temps. Qu’il n’y aura pas de décision qui va changer durablement le quotidien des gens. Et qu’on ne peut rien y faire. Zot ki deside. Nou, nou pa kapav lager ar boutikie, dir bess pri.

 

Raju Ramasamy : «Baisse des prix des aliments de base»
56 ans – habitant d’Union Park – opérateur de machines
«Il faut s’attendre à un bon budget, non ? Avec les élections qui approchent c’est dans l’ordre des choses. Ce serait bien que le prix des aliments baisse. Mais aussi que la base des salaires des travailleurs augmente. Que les jeunes aient de l’emploi et que les infras-tructures, comme les trottoirs, soient réparées.»  Monique Grenouille : «Pour une hausse de la pension de vieillesse»
60 ans – habitante de Belle-Vue-Maurel – femme au foyer
«Il faudrait augmenter la pension de vieillesse. Dans le monde dans lequel on vit, la pension actuelle n’est pas suffisante pour survivre.»

 

Ruksar Aumerally : «Plus d’emplois mieux rémunérés»
26 ans, habitante de Rose-Belle, vendeuse dans un magasin de chaussures
«Plus de développement pour le pays afin que nous puissions vivre bien et en sécurité. Mais il faudrait également plus d’emplois mieux rémunérés et que le prix des komisyon soit revu à la baisse.»

 

Betty Reddy : «Pour un engagement pour les enfants en situation d’handicap»
38 ans – habitante de La Gaulette – maman de deux enfants, dont un en situation de handi-cap
«Que le prix des aliments baisse ! Mais, également, qu’il y ait un réel engagement envers les enfants handicapés afin que leur prise en charge soit plus effective et humaine. S’il faut pour ça dégager un budget supplémentaire pour la formation des employés qui ont à faire avec ces enfants-là, je trouve que cet investissement est plus que nécessaire.»

 

Nandinee Pooron : «Les choses essentielles»
56 ans – habitante de Beau-Bassin – assistante dentaire
«Revoir le salaire de base des employés du privé est essentiel. En plus, si le gouvernement pouvait investir dans les choses essentielles telles que la nourriture – moins onéreuse – et le transport en commun – plus fiable – ce serait déjà bien. Nous n’avons pas besoin du Me-tro, ce sont ces choses-là qui nous touchent.»

 

Natacha : «Pour un budget social»
35 ans – habitante de Tamarin – enseignante.
«Ce budget se doit d’être beaucoup plus social. Mais dans le vrai sens du terme. N’allons pas avec les grands mots et les grandes théories. Pas de plans Marshall qui ne servent à rien. Il faut du concret du réel, de l’individuel. Il faut sortir les familles de la pauvreté, de l’exclusion. Il faut arrêter de créer des citoyens de seconde zone. Il faut tendre la main, ai-der, éduquer, accompagner. On ne peut pas construire un pays qui se développe sur une fournaise. La violence, la drogue devraient être des signaux d’alerte pour changer notre fa-çon de faire, notre façon d’imaginer le social. La formule actuelle ne marche visiblement pas.»

 

Prithila Gooljar : «Baisse du prix de la farine et l’huile»
47 ans – habitante de Rivière-du-Rempart – propriétaire d’une tabagie.
«Si le gouvernement baisse les prix des denrées alimentaires, des choses essentielles comme l’électricité, le transport et l’eau, les gens consommeront plus et ça, c’est impor-tant pour les tabagies comme la mienne. Nous faisons du business de proximité. En plus, si c’est possible de faire un geste sur la farine et l’huile, je pourrais baisser les prix des rotis que je vends.»  Jaykissoon

 

Balloo : «Pe bizin trase mem»
54 ans – habitant de Balisson – vendeur de produits bios pour une compagnie sucrière
«Je commence tôt, je finis tard. Je n’ai pas le temps de m’occuper de l’actualité. Informa-sion mem mo pa gete. Mais je pense que s’il fallait changer une chose, c’est baz lapay des employés. Je bosse depuis 31 ans et mo touzour pe bizin trase.»

 

Josianne Cybelle : «Se nourrir, un vrai combat»
62 ans – habitante de Lallmatie – employée de maison
«1 livre de riz est à Rs 30. L’huile la moins chère est à Rs 35. Dile pli fay ki ena est à plus de Rs 100. Il y a des produits ki bann malere pa kapav met nene ladan. C’est difficile. Se nourrir est un vrai combat, alors il est temps de revoir le prix des aliments dans ce pays.»

 

Sooknah Chutoorjeet : «Simplement vivre tranquille»
82 ans – habitant de Plaine-des-Roches – ancien laboureur qui a aussi «sarz kann ek fer so-fer bis»
«J’ai acheté ma maison et j’ai fait des provisions pour mes enfants. Je les ai mariés. Je ne vois pas comment un budget pourra améliorer ma vie. Tout cela est derrière moi. Je veux simplement vivre tranquille avek mo madam.»

 

Mootoosamy Ponapa-Modeley : «La pension ne suffit pas»
69 ans – habitant de l’Assurance – ancien sirdar
«Pour les retraités, c’est la pension qui est importante. Li pa sifi. Quand on a payé lalimier-delo, c’est difficile. Heureusement que j’ai su amenn mo lavi et que je peux me débrouiller, aujourd’hui. Sinon dan dife. C’est pour ça que je remercie le roi des rois. Pas les politiciens.»

 

Sharon : «Abolir les taxes sur l’essence»
39 ans – habitante de Floréal – profession libérale
«Une mesure qui pourrait changer ma vie ? Qu’on arrête de surtaxer les Mauriciens ! Il est temps que les grandes fortunes s’occupent de faire entrer de l’argent dans les caisses et non les familles de la classe moyenne. Vous imaginez le prix des taxes que nous payons sur chaque litre d’essence ? C’est indécent. Il faudrait abolir ça.»

 

Ameena Beedassy : «Revoir le salaire minimal»
42 ans – habitante de Flacq – entrepreneur dan kwin lari.
«Pour que notre condition s’améliore, nous devons travailler, non ? Mais depuis que le gou-vernement a mis en place le salaire minimal, beaucoup perdent leur emploi. Comme moi, comme ma belle-sœur. Les patrons ne veulent pas payer. Alors, il faut trase. Le salaire mi-nimal, c’est bien, mais si on se retrouve au chômage, cela n’en vaut pas la peine. Le gou-vernement doit nous protéger, protéger nos emplois. Nou pa kapav asiz lakaz. Ki pou arive ? Je suis une femme séparée, je dois m’occuper de mes enfants. Alors je n’abandonne pas.»

 

Nanda Ramjuttun : «Bon pour le business» 
43 ans – habitante de Rivière-du-Rempart – propriétaire d’une boutique de «fancy stuffs»
«Je pense que, comme tout le monde, j’espère une baisse des prix de la nourriture. Ce sera bon pour le business, parce que les affaires inn bien koule. C’est normal ! Si les gens ont à peine de l’argent pour se nourrir, comment vont-ils se faire plaisir ?»

 

Jean-Marc Chue : «Les permis moins chers»
58 ans – habitant Saint-Julien – propriétaire du restaurant Dragon Royal qui existe depuis 20 ans 
«J’ai un commerce et je paye mes taxes, mais n’importe qui peut venir devant chez moi et vendre de la nourriture. Il y a un problème, non ? Nous investissons tout dans nos business. Il ne faudrait pas qu’il y ait deux poids, deux mesures. Il serait important de régler cela, mais aussi d’être moins dur sur bann pri patent ek lasirans.»

 

Dorina Candapa : «Le lait coûte cher»
24 ans – habitante de Cité Argy – serveuse
«Je ne comprends pas vraiment ce genre de choses. Mais, j’ai deux enfants de deux ans et de sept mois et je peux vous dire que le lait coûte cher. Il faudrait revoir les prix des den-rées de base.»