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Budget 2023-24 : les syndicalistes brandissent les vraies priorités

Cette semaine, le ministre des Finances a enchaîné les rencontres avec les syndicalistes, les PME, les ONG, entre autres, en vue de la préparation du Budget. Comme chaque année, les syndicats ont présenté plusieurs propositions.

L’heure est à la proposition pour les syndicalistes et à l’écoute pour le ministère des Finances. Comme à chaque fois, à cette période de l’année, les consultations pré-budgétaires battent leur plein. Ainsi, ces derniers jours, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, a multiplié les rencontres avec les organisations représentant les différents secteurs de l’économie, les ONG et les syndicalistes. Cet exercice annuel est l’occasion pour les stakeholders de discuter des attentes des uns et des possibilités des autres.

 

Aux yeux de nombreux observateurs, le gouvernement, qui a en ligne de mire les prochaines législatives, se lancera, à coup sûr, dans un budget populiste afin de se mettre le maximum d’électeurs dans la poche. Même si Renganaden Padayachy n’a pas manqué de souligner, lors de la rencontre du Public Private Joint Committee au Hennessy Park Hotel, que la dépréciation de la roupie et l’inflation, locale ou importée, restent deux défis majeurs dans un contexte difficile malgré une économie qui affiche meilleure mine. «Les indicateurs sont assez bons et il faut continuer à s’appuyer dessus. Nous essayerons de venir de l’avant avec un Budget qui apportera un élan de développement au pays.  Le but est que tous y adhèrent et de créer la confiance et le développement économique. Nous ne pourrons pas continuer avec des mesures populistes mais miserons sur celles qui vont soulager la grande majorité des travailleurs.»

 

Aujourd’hui, les enjeux sont réels et le gouvernement est attendu au tournant sur plusieurs dossiers, comme le coût de la vie qui a grimpé en flèche, le prix de l’essence qui ne baisse toujours pas, la pension de vieillesse mais aussi la dernière mesure gouvernementale annoncée par le Premier ministre à l’occasion de la fête de l’indépendance, qui est de rendre les écoles pré-primaires gratuites.

 

Pour la classe syndicale, qui a eu une rencontre avec le grand argentier, il a surtout été question de mettre le gouvernement face à ses responsabilités. La Confédération des Travailleurs du Secteur Public et Privé (CTSPP) a fait une série de propositions, allant de la disparité entre les travailleurs des secteurs public et privé au contrôle des prix des commodités, en passant par la protection des travailleurs étrangers et le réajustement de la pension de vieillesse. D’ailleurs, à ce propos, la CTSPP estime que la somme doit être augmentée à Rs 11 000, comme une augmentation partielle vers la CSG à l’âge de 65 ans. «Nous proposons aussi que le B.R.P soit versé à l'âge de 55 ans aux travailleurs du secteur de la construction, du transport et de l’agriculture, en raison de la nature difficile de leur travail.»

 

Concernant le Wage Support Scheme, Reeaz Chuttoo et Jane Ragoo, président et secrétaire générale de la CTSPP, souhaitent une augmentation de l'allocation offerte à ceux touchant moins de Rs 50 000. «Afin de préserver les emplois, le régime de soutien des salaires ne doit être alloué qu'aux entreprises en grande difficulté financière. Il est dommage que les entreprises versant des dividendes bénéficient du salaire MRA, régime de soutien pour payer à un travailleur le salaire minimum prescrit. Nous proposons que la subvention de Rs 1 000 versée à tous les employés sous la CSG soit augmentée à Rs 1 500 pour contenir l’augmentation de l’inflation élevée sur tous les produits et services de base.»

 

Radhakrishna Sadien, président du Congress of Independent Trade Unions, a lui aussi fait plusieurs propositions. L’une des priorités du gouvernement, affirme-t-il, devrait être de recevoir les critères de taxation. «Nous savons que plusieurs secteurs sont passés par des moments difficiles mais la relance est là et tout le monde a son rôle à jouer. Le gouvernement doit revoir à la hausse la Corporate Tax afin de s’assurer qu’il y ait un équilibre et que tous contribuent au développement de l’économie. Le barème pour la taxe directe doit aussi être revu, surtout pour la classe moyenne qui continue de souffrir.» Le syndicaliste a également proposé que les postes dans la fonction publique soient remplis et qu’un HR Audit soit mis sur pied dans chaque ministère à cet effet. Il note aussi le besoin de réformes dans le service public, notamment au niveau de la Public Service Commission, afin qu’il y ait plus de transparence et que la compétence prime en cas de recrutement. Autre cheval de bataille de Radhakrishna Sadien : qu’une politique d’inspection des prix soit mise sur pied pour veiller au contrôle des prix dans le commerce.

 

Pour Ashok Subron, représentant de la General Workers Federation, la priorité immédiate du gouvernement devrait être de s’attaquer aux conséquences du changement climatique. «Nous venons de passer dans une situation où il n’y a pas eu école pendant 12 jours à cause de la pluie. Nous devons donc mettre les ressources nécessaires pour traiter la question du dérèglement écologique. Dans le même sillage, le Budget doit adresser la mutation du système de transport mauricien avec le bus et le métro, avec la possibilité de les intégrer dans un système de gratuité totale à travers la production d’énergie renouvelable.» L’autre enjeu important de ce Budget, affirme le syndicaliste, doit être la vie chère et l’endettement. «Nous devons savoir comment Maurice va bouger vers l’autosuffisance alimentaire et énergétique afin de diminuer notre dépendance sur l’importation. Il y a un débalancement total qui joue sur la dépréciation de la roupie, générant un déficit chronique de la balance commerciale. Nous importons plus que nous exportons.» Pour Ashok Subron, il est essentiel de réfléchir à ces questions économiques et de les adresser au plus vite afin de toucher la classe ouvrière dans son ensemble.

 

Alors qu’ils n’arrêtent pas de tirer la sonnette d’alarme sur leur situation, les boulangers auraient également souhaité participer aux consultations pré-budgétaires pour exprimer de vive voix leurs attentes, affirme Nasser Moraby, président de l’Association des boulangers. «Nous avons envoyé une demande mais n’avons jamais reçu d’invitation. Pourtant, nous avons plusieurs choses à dire. Notre situation est critique, avec une dizaine de fermetures récemment. Depuis 2012, le prix du pain n’a connu aucune augmentation, alors qu'il y a eu13 compensations salariales, l’augmentation du prix des entrants, de l’électricité et des carburants. Selon nos calculs, nous comptons Rs 15 000 de plus sur notre facture d’électricité par mois. Ce n’est plus possible. Les subsides du gouvernement ne nous aident pas. La majorité d’entre nous n’arrivent pas à toucher les 9 sous sur un pain que le gouvernement a décidé de nous donner à travers la MRA. Nous lançons un appel au ministre pour qu’il augmente le prix du pain.» C’est une question de survie, affirme Nasser Moraby.