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BUDGET 2023-2024 : entre satisfaction et «gagn gou pa ase»

Pour certains, c’est un Budget labous dou, pour d’autres il est aigre-doux ou plutôt doux-amer, et pour d’autres encore, il est juste amer. En tout cas, le ministre des Finances Renganaden Padayachy a sorti de son chapeau pas mal de mesures sociales ou encore visant à alléger le panier des consommateurs, en plus d’autres mesures bienvenues ou pas pour divers secteurs, ou alors qui ont laissé carrément perplexes. Tour d’horizon des secteurs les plus impactés par ce Budget 2023-2024 avec des interlocuteurs tantôt satisfaits, tantôt mécontents, quand ils ne sont pas entre les deux…

Mesures sociales : «soulagement», «espoir», «historique», «bribe électoral»…

 

«Dare to care.» Ce sont les mots du ministre des Finances pour introduire son discours budgétaire. Et selon de nombreux observateurs, c’est ce que Renganaden Padayachy a fait en énumérant de nombreuses mesures sociales qui touchent différentes catégories de la population (vous trouverez les principales plus bas). Mais pas toutes les composantes, se désolent d’autres analystes ; la classe moyenne (malgré un nouveau système fiscal) n’aurait pas obtenu la bouffée d’air frais attendue.

 

Santé. Rs 2,2 milliards pour améliorer le système de santé, pour une meilleure prise en charge des patients, surtout ceux atteints de cancer, et pour la construction de nouvelles infrastructures. Rs 180 millions afin de lancer l’e-health à l’hôpital… Le ministre des Finances s’est penché sur le secteur de la Santé dans son budget. Une des mesures phares est la prise en charge des traitements des enfants (jusqu’à 17 ans) à l’étranger. Également celle des enfants atteints de cancer, même dans les établissements privés.

 

Karen Juglall d’Enn Rev, Enn Sourir : «Un espoir pour les parents et les enfants malades»

 

«J’ai été vraiment ému en apprenant cette mesure concernant les cancers infantiles. Cette mesure budgétaire nous permet de faire le deuil de ceux que nous avons tristement perdus en chemin. Cela représente aussi un énorme soulagement pour tous les enfants qui vivent actuellement avec un cancer ou ceux qui viennent d’être diagnostiqués d’un cancer à Maurice. J’ai travaillé sur le dossier, j’ai fait appel aux ministre des Finances qui a fait part de son engagement à prendre une décision au plus vite. J’ai vu des choses difficiles ; des enfants qui décèdent parce qu’ils n’ont pas eu leur chance. C’est une mesure historique. Il y a, certes, beaucoup à faire dans ce domaine (le social, le psychologique…), mais un des aspects principaux, c’est l’argent. Et cette mesure est synonyme d’espoir pour les parents et les enfants malades. Je l’accueille avec beaucoup de joie.»

 

Employabilité. La création de 40 000 emplois est prévue pour différents secteurs d’activités, selon le discours du Budget 2023-2024. Avec une attention toute particulière pour l’employabilité des madam. Maternelle gratuite, présence en pourcentage (25%) sur les boards, obligation de création de nurseries pour les entreprises ayant plus de 250 employés, contribution de Rs 15 000 mensuellement aux entreprises (et une déduction de taxe de 200%) à travers la Prime à l’Emploi Scheme pour chaque nouvel emploi donné aux femmes (qui ont été au chômage depuis un an).

 

Congés. Cinq jours pour ceux dont les compagnes ont fait une fausse couche – 10 jours de sick utilisables pour prendre soin de ses enfants et/ou de ses parents.

 

Situations de handicap, besoins spéciaux. La Prime à l’Emploi Scheme pour les personnes en situations de handicap afin de favoriser leur recrutement et déduction fiscale pour les entreprises qui s’engagent - Le Grant-in-Aid des Special Education Needs Schools (SENS) passe à Rs 191 millions et l’allocation alimentaire par apprenant/e connaît une hausse de 60% et est, désormais, de Rs 120.

 

Mohammad Yaaseen Edoo, Disability Rights Activist : «Bonnes mesures, améliorations à apporter»

 

«Il y a des bonnes mesures annoncées pour la communauté des personnes en situation de handicap mais il y aussi beaucoup d’améliorations à apporter. Parmi les mesures positives, j’accueille favorablement la mesure d'étendre la pension pour les personnes atteintes d'une amputation (NdlR : elles toucheront le Basic Retirement Pension à Rs 11 000). C’est une mesure qui ôte la discrimination envers ceux qui n’ont pas 60% ou plus de handicap. C’est une bonne chose, également, d’encourager les compagnies à recruter des personnes en situation de handicap avec la prime d’emploi. Ce serait encore mieux si le gouvernement pouvait étendre le quota de 3% de recrutement, suivant le Training and Employment of Disabled Persons Board Act, et introduire le télétravail dans le secteur public pour les personnes atteintes d’un handicap. En ce qui concerne l’accessibilité, je ne vois malheureusement aucune mesure. J’espère de tout cœur que le Disability Bill verra enfin le jour et répondra à nos besoins selon la cinquantaine d’articles de la Convention relative aux droits des personnes handicapées (UNCRPD) dont Maurice est signataire.»

 

«Tikass pou bann mazer». Yo welo ! Rs 20 000, c’est le bel bel kado à ceux qui ont eu 18 ans depuis janvier 2023. Un tikas qui enchantent les concernés/es et font sourciller d’autres. Certains/es se demandent à quoi servira cet argent : acheter un portable, aller à une soirée… ou payer une formation ?

 

Kenza Fabre, habitante de Rose-Hill : «Utiliser intelligemment cet argent»

 

«J’aurai 18 ans cette année. C’est une grande étape et une excellente nouvelle de pouvoir commencer ma vie d’adulte avec Rs 20 000 sur mon premier compte en banque indépendant. Je n’ai pas encore réfléchi à ce que je ferai de cet argent, mais je vais essayer de l’utiliser intelligemment. Je pense que c’est une décision importante car il est question de mon avenir.»

 

Sa maman, Mégane : «Savoir comment dépenser»

 

«Recevoir de l’argent, c’est toujours une bonne chose. Avoir Rs 20 000, c’est un good start in life. Ceci étant dit, il faut être réaliste ; pour moi, il s’agit d’un bribe électoral. Ces enfants sont en âge de voter et c’est une façon d’inciter les jeunes à opter pour ce gouvernement. Heureusement qu’ils ont la capacité de réfléchir et de prendre les bonnes décisions. Autre chose : j’espère qu’ils sauront comment dépenser cet argent. En pensant à l’avenir. Mais cela dépend des enfants, bien sûr.»

 

Pensions et aides pour les familles. Les mesures sont multiples et tentent de venir en aide aux groupes les plus vulnérables. En voici les principales :

 

◗ + Rs 1 000 pour les pensions pour les retraités et autres aides financières sociales qui sont allouées par la Sécurité Sociale.

 

◗ Pour bénéficier de la Multiple Birth Allowance (qui passe à Rs 3 272/mois), le seuil passe de Rs 150 000/an à Rs 390 000/an.

 

◗ Le seuil de revenu pour intégrer le registre social : Rs 14 650 par foyer. L’allocation connaît une hausse. Ainsi que l’allocation crèche. Ces familles peuvent bénéficier d’aide pour l’achat de lunettes, de prothèses dentaires, entre autres.

 

◗ Un child allowance de Rs 2 000 sera payée à ceux et celles qui bénéficient du Basic Widow’s Pension, du Basic Invalidity Pension and Survivor’s Pension mais aussi à ceux et celles qui touchent le Basic Retirement Pension.

 

◗ Rs 2 000 : une allocation familiale mensuelle pour les familles qui ont un enfant de 0 à 3 ans comme une aide et une incentive pour faire des enfants, a expliqué le ministre des Finances.

 

Réforme fiscale. Vous touchez un salaire de Rs 30 000 ou moins (Rs 390 000 annuellement), vous ne payerez pas la taxe. Pour les autres, la taxation se fera de manière progressive à travers 11 tranches, le taux variant de 2% à 20%.

 

Revenu minimum garanti à Rs 15 000. Avec l’aide du gouvernement, les petites entreprises n’auront pas à supporter cette majoration, estime le ministre des Finances. Et pour les employés/es de maison, les self-employed, comment ça va se passer ? Après la joie de cette annonce, nombreux/ses sont ceux/celles qui se posent des questions. Ceux et celles qui les emploient aussi.

 

Kareema, femme de ménage, Curepipe : «Eski pou gagne sa ?»

 

«C’est une bonne nouvelle me mo pa krwar ki madam pou le tir sa gro kas-la. Eski pou gagne vremem sa ? Si c’est le cas, ce sera un grand soulagement pour moi et ma famille. J’ai trois enfants et la vie n’est pas facile.»

 

Géraldine, Cormandel : «La vie n’est pas facile mais…»

 

«Je suis très contente pour ceux et celles qui bénéficieront de cette hausse. Je sais que la vie n’est pas facile. Mais, elle ne l’est pas pour ma famille, non plus. Avoir une nounou, c’était un sacrifice pour le bien-être de mon enfant. Mais je dois avouer que je ne pourrai pas la payer à ce prix.»

 

Textes : Yvonne Stephen

 

Énergie et environnement : «Une stratégie audacieuse pour réduire notre dépendance aux sources d’énergie non-renouvelables»

 

L’une de ses stratégies est de poursuivre la transformation de notre île en une économie durable, aussi bien en termes d’énergie, d’eau que d’économie circulaire. Pour ce faire, a indiqué le ministre des Finances, «il nous faut prendre des mesures pour protéger notre environnement et ainsi réduire notre empreinte carbone (…) Nous avons mis en place une stratégie audacieuse pour réduire notre dépendance aux sources d’énergie non-renouvelables». Durant la dernière année fiscale, 1 400 projets d’énergie renouvelables, représentant 7% de la consommation d’électricité, à Maurice, ont été approuvés.

 

Dans l’espoir d’atteindre les 60%, il est prévu, entre autres, que des systèmes solaires photovoltaïques soient mis en place à Tamarind Falls, Triolet, Coromandel, Arsenal, Plaine-des-Roches, Henrietta et l’hôpital Jawaharlal Nehru d’ici juin 2024, ou encore d’en installer sur les toits des logements sociaux. Ces familles recevront ainsi 75 Kwh d’électricité gratuitement tous les mois. L’introduction des programmes d’énergie renouvelable pour les hôtels, centre commerciaux et dans le secteur agricole est aussi prévue. La DBM Ltd, en collaboration avec le PNUD, installera aussi des panneaux solaires photovoltaïques de 6 MW sur le toit de 200 écoles d’État. Tandis qu’Airports of Mauritius Ltd investira dans une centrale photovoltaïque de 14 MW à l’aéroport.

 

D’autre part, pour faire face au changement climatique, une somme de Rs 1,6 Md sera alloué sous le National Environment and Climate Change Fund (NECCF) pour divers projets alors que la somme de Rs 278 M servira à des travaux de réhabilitation pour sauvegarder nos lagons et coraux. Il est aussi question, pour le gouvernement, de s’attaquer à l’érosion des plages sur 21 sites pour les cinq prochaines années. Des travaux d’infrastructure et de nettoyage seront menés sur les plages, et 162 poubelles y seront installées. Notons, par ailleurs, que la somme de Rs 235 M est prévue pour l’acquisition des bennes à ordures pour les différents conseils de districts et mairies, alors que la somme de Rs 115 M servira à l’embellissement de plusieurs sites dans le pays.

 

Enfin, pour contrôler l’utilisation des bouteilles en plastique et canettes en aluminium, un Deposit Refund Scheme sera introduit. Alors que le remboursement pour le recyclahe local des PET Bottles passe de Rs 15 à Rs 30 le kilo.

 

Notons qu’avec la démolition de l’Emmanuel Anquetil Building, une mini-forêt, l’Emmanuel Anquetil Park, sera aménagée. Ce parc offrira un cadre naturel avec des espaces dédiés aux loisirs de plein air, aux activités récréatives, aux spectacles musicaux et aux artistes.

 

Arts et Patrimoine culturel : les artistes enregistrés bénéficieront d’un plan de retraite

 

«Nos industries créatives sont non seulement des moteurs de croissance inclusive mais aussi de bien-être pour notre société», a indiqué le ministre des Finances dans son discours. Selon lui, notre île «possède un vaste potentiel culturel et créatif. Notre musique locale typique, nos arts, notre cinéma, notre théâtre et nos performances de scène peuvent devenir les plus prégnants de l’océan Indien. » Avec le Status of A rtist Bill débattu à l’Assemblée nationale il y a quelques semaines, Renganaden Padayachy avance que «nous devons renforcer le soutien que nous apportons aux 2 000 artistes professionnels de Maurice».

 

Il a annoncé qu’un Professional in the Arts Council sera mis en place pour servir de one-stop-shop et que dès à présent, tous les artistes enregistrés bénéficieront d’un plan de retraite. Le Professional in the Arts Council «offrira aussi un State Recognition Allowance Scheme aux professionnels ayant obtenu une reconnaissance sur le plan national et international». De plus, tous les artistes éligibles bénéficieront d’une augmentation de 15 % de leur subvention dans le cadre du National Arts Fund. La subvention pour la production d’albums musicaux passera, elle, à Rs 50 000. Sans compter que la TVA sur tous les instruments de musique a été supprimée.

 

Le ministre des Finances a également indiqué que la somme de Rs 80 M sera investie pour la modernisation du stade Anjalay Coopen «afin qu’il puisse également accueillir des concerts». Il a annoncé que le ministère des Arts, de la Culture et du Patrimoine national organisera la Fête de la Musique l’an prochain, avec la collaboration de l’Economic Development Board (EDB). L’EDB organisera également un Atelier des Auteurs cette année. Par ailleurs, dans le but de promouvoir la littérature mauricienne, Rs 10 000 seront accordées aux écoles secondaires pour l’acquisition de livres d’auteurs locaux.

 

Il a aussi annoncé que «la ville de Port-Louis étant une zone dont la valeur patrimoniale et historique est importante», il est prévu qu’un parcours artistique de 3, 8 km – de la station de métro Victoria jusqu’à China Town – soit créé. La phase 2 du projet de musée intercontinental de l’esclavage dans le bâtiment  de l’ancien hôpital militaire devrait être achevé pour le lancement permanent de l’exposition. Il est aussi prévu qu’un centre d’interprétation Beeckrumsing Ramlallah sur le site de l’Aapravasi Ghat soit créé conformément aux recommandations de l’UNESCO.

 

Joëlle Coret, présidente de l’Union des Artistes : «Il n’y a pas grand-chose pour nous…»

 

«Le ministre a proposé quelques mesures pour les artistes ; il a montré qu’il ne nous oublie pas, comme d’autres ministres par le passé, mais il n’a pas proposé grand-chose. Il n’a pas amélioré nos conditions de travail ; il n’y a rien par rapport à nos revendications pour le statut d’artiste. Il n’y a aucun contrat qui nous protège. Récemment, le ministre des Arts et de la Culture est venu avec le Status of the Artist Bill mais aucun éclairage n’a été apporté en termes de financement. Nous n’en savons pas plus, non plus, sur le budget alloué aux concerts de 2024 ou sur le Pension Scheme. Il n’y a rien, non plus, pour les artistes évoluant dans le circuit hôtelier, alors qu’ils sont souvent victimes de contrats non-respectés. Nous invitions tous les artistes à réfléchir là-dessus.»

 

Textes : Elodie Dalloo

 

Agriculture : le secteur s’en tire pas mal mais…

 

Le secteur de l’agriculture s’est vu gratifier de pas mal de mesures lors du grand oral du vendredi 2 juin. Provision de Rs 2 milliards pour les développements existants ou à venir dans le secteur de l’agro-industrie,  allocation des fermiers qui passe de Rs 150 000 à Rs 250 000 pour l’achat d’équipements, subside de 50% sur l’achat des fertilisants et de 75 % sur l’achat de certaines semences, allocation de Rs 25 000 au lieu de Rs 15 000 pour encourager l’agriculture au sein des foyers, entre autres. Quant à l’industrie cannière, le gouvernement donnera Rs 75 millions sous le Cane Replantation Scheme pour contribuer à sa reémergence. Toutefois, ces mesures ne séduisent pas totalement les concernés.

 

Kavi Santchurn, président de l’Agricultural Development Marketing Association : «Des mesures mais pas de stratégie»

 

«C’est bien de mettre de l’argent dans un secteur mais sans un vrai plan, il n’y a pas de résultat concret. Je pense qu’il faut un moyen étatique pour le secteur de l’agro-industrie pour vraiment booster la production. Par exemple, c’est bien d’investir 2 milliards, mais à quoi bon si les agriculteurs subissent une compétition déloyale. Nous produisons localement la carotte ou les haricots mais nous continuons d’exporter ceux en sachet. Comment les producteurs locaux pourront-ils écouler leurs productions ainsi ? Ce budget, c’est simplement l’annonce des mesures mais il n’y a pas de stratégie réelle pour le court ou le long terme pour ce secteur. D’ailleurs, les produits locaux se font de plus en plus rares sur les marchés. Nous produisons des ananas localement mais importons du jus d’ananas. Nous sommes sur une île tropicale mais nous importons aussi le coco aussi tout comme le sel alors que nous sommes entourés de mer. Où est la logique ?»

 

Pêche - Judex Rampaul, président du Syndicat des Pêcheurs : «Entre appréciation et mécontentement»

 

Il a décortiqué point par point le discours du Grand argentier. Et Judex Rampaul, président du Syndicat des Pêcheurs, avoue être entre appréciation et mécontentement par rapport aux mesures concernant le secteur de la pêche.  «Les petites aides de Rs 2 500 pour l’achat d’hameçons et de matériel pour la pêche artisanale ou encore celle de Rs 5 000 pour les casiers sont importantes et c’est une bonne initiative du ministre. Nous apprécions aussi la révision à la hausse de la somme donnée aux pêcheurs retraités, ainsi que l’allocation de mauvais temps qui augmente de Rs 75 et passe donc de Rs 575 à 650», souligne Judex Rampaul.

 

D’autres mesures sont moins bien comprises : «Par exemple, l’annulation des emprunts de plus de 20 ans pour les pêcheurs, c’est une bonne chose, mais c’est une mesure qu’il avait annoncé dans le passé et  qui n’a jamais été mise en place. Et quand on lui a rappelé cela, il n’a pas apprécié. Donc je salue le fait qu’il revient de l’avant avec cette mesure tout en espérant que ce sera applicable dans un avenir proche.»

 

Par contre, le président du Syndicat des Pêcheurs ne cache pas son mécontentement concernant certaines mesures qui ont été maintes et mainte fois abordées avec le ministre concerné. «Si nous voulons valoriser et aider les pêcheurs, cela passe avant tout par la formation afin d’avoir la création d’emplois. Mais une fois de plus, le projet d’un centre de formation, que ce soit pour skipper, pêcheur ou mécanicien de bateau, n’a pas été pris en considération. Et nous sommes mécontents qu’on privilégie la main-d’œuvre étrangère pour travailler sur nos bateaux au lieu de créer de l’emploi pour les jeunes et d’assurer la relève dans ce secteur. Cela me désole de voir les jeunes dans la spirale de la drogue au lieu d’avoir la chance d’avoir un métier. Le secteur de la pêche n’est pas et ne sera pas florissante à Maurice tant que nous continuons à vendre nos eaux et à importer du poisson par la suite.»

 

En ce qui concerne la modernisation des postes de pêche ou l’aménagement des jetées, Judex Rampaul avance que ce sera, certes, une facilité pour les pêcheurs mais que c’est un devoir de l’État de faire au moins ça.

 

Textes : Valérie Dorasawmy

 

Pouvoir d’achat - Valentina Première, maman et femme active : «C’est quand même un petit soulagement...»

 

Il y a des mesures qui sont applaudies, certaines un peu moins et d’autres pas du tout. Année après année, les espérances par rapport au Budget ne changent pas. Parmi les attentes, hormis la relance économique ou encore l’importance de stimuler la croissance, des Mauriciens nourrissent de grands espoirs concernant les questions de l’élimination de la pauvreté et de l’augmentation du pouvoir d’achat des consommateurs, entre autres. Encore plus ces derniers temps avec le coût de la vie qui a beaucoup augmenté. Pour le Budget 2023/24, les attentes étaient, une fois de plus, nombreuses. Et le ministre des Finances Renganaden Padayachy a ainsi annoncé une série de mesures qui, selon lui, épousent la philosophie du gouvernement pour protéger les consommateurs. «Sous la direction de notre Premier ministre, nous avons agi avec audace en protégeant les ménages confrontés à l’augmentation du coût de la vie, en augmentant les prestations, en investissant dans l’entrepreneuriat mauricien, en promouvant une croissance durable qui crée des emplois qualifiés et en consolidant le filet de sécurité des plus précaires. Nous avons investi 4,3 milliards de roupies pour soutenir le pouvoir d’achat de 350 000 travailleurs, en leur versant la CSG Income Allowance de Rs 1 000 par mois (...) Les ménages mauriciens auront ainsi un pouvoir d’achat plus élevé et des impôts plus faibles à payer», a-t-il déclaré.

 

Parmi les mesures phares pour «soulager» la population au niveau de la consommation courante, il y a, notamment, la fin de la TVA sur 15 produits (nouilles, dentifrices, brosses à dents, lingettes, couches, poudres et crèmes pour bébés, entre autres), l’éducation gratuite de la maternelle à l’université, comme déjà annoncée précédemment, le carburant qui passe de Rs 74,10 à Rs 69, Rs 4,7 milliards qui seront fournies sous forme de subventions pour maintenir le prix du gaz ménager, de la farine (pour conserver le prix du pain maison) et du riz, la CSG Allowance (Contribution sociale généralisée) de Rs 1 000 qui est maintenue et une allocation de Rs 2 000 qui sera accordée aux ménages touchant jusqu’à Rs 25 000 par mois. Pour les ménages affectés par la hausse des taux d’intérêt, le Grand argentier a aussi annoncé qu’une somme de Rs 1 000 par mois sera accordée aux personnes ayant contracté des prêts allant jusqu’à Rs 5 millions pour l’achat de leur maison. Il a aussi annoncé que le taux d’imposition sur le revenu sera désormais progressif ; il n’y aura donc pas d’Income Tax pour les salariés sans personne à charge touchant jusqu’à Rs 30 000 par mois.

 

Bien évidemment, ces annonces sont diversement commentées, entre ceux qui sont satisfaits et ceux qui sont restés sur leur faim. Valentina Première, femme active, photographe qui évolue dans l’événementiel et mère de deux enfants, une fille qui aura bientôt 2 ans et un fils qui soufflera bientôt ses 14 bougies, nous donne son avis sur ce qu’elle pense des mesures phares du Budget. «Ce que je constate dans ce Budget, et ce que je trouve intéressant, c’est qu’il n’y a pas eu d’augmentations. De toute façon, de mon côté, je pense qu’on n’a pas le choix, augmentation ou baisse, on est obligés de consommer et d’acheter. Concernant le prix de l’essence, par exemple, pour ma part, j’utilise tous les jours ma voiture et je suis obligée de mettre, on va dire, Rs 500 d’essence chaque deux jours. C’est quand même un petit soulagement d’avoir une baisse de Rs 5,10 sur le prix de l’essence. J’accueille aussi favorablement la baisse du prix des couches car ça fait partie de mes dépenses courantes. Je trouve que le ministre a fait la part des choses. Tout le monde a quand même eu quelque chose. Le fait aussi que les prix du pain maison et du gaz sont maintenus me convient aussi. Je ne m’attendais à aucune baisse de prix, que ce soit pour l’essence ou autre chose, mais j’accueille très bien ces mesures», nous confie Valentina en commentant les annonces du ministre des Finances qui sont, actuellement, au coeur des conversations...

 

Ce qu’ils en pensent...

 

Suttyhudeo Tengur, président de l’Association for the protection of the Environnent and Consumers (APEC) : «L’ensemble des mesures semble indiquer une voie plus électoraliste qu’autre chose…»

 

«Le gouvernement a fait preuve d’une générosité quelque peu exagérée pour se mettre à l’abri des critiques populaires de ces derniers mois. En augmentant de Rs 1 000 la pension de vieillesse et d’invalide, ainsi que la base de salaire minimal qui passe à Rs 15 000, le gouvernement se laisse flotter sous la pression publique. Une autre annonce qui rend perplexe : une allocation “one-off” de quelque Rs 20 000 aux jeunes ayant atteint l’âge de 18 ans sous un projet flou baptisé “Independent Fund” ? Est-ce pour leur permettre de se payer certains luxes que leurs parents ne peuvent se permettre ? Cela paraît du n’importe quoi !

 

Certes, les mesures seront appréciées sur le court terme, mais est-ce suffisant pour  relancer et maintenir la croissance économique à 8%, comme l’a dit le ministre des Finances Renganaden Padiachy ? Au lieu de faire preuve d’une extrême générosité ailleurs, le gouvernement aurait dû prévoir une baisse plus substantielle du prix des carburants et non une réduction misérable de Rs 5,10 sur le litre de l’essence seulement. De toute façon, les consommateurs prennent note du maintient du prix du pain à Rs 2,60 l’unité ainsi que d’une bouteille de 12 kg de gaz ménager à Rs 240.

 

On sait que le prix du pétrole est descendu à quelque 72 dollars US le baril récemment. Le changement du barème progressif de la taxation sur l’impôt semble plus acceptable pour la classe moyenne qui déboursera moins auprès de la MRA. Mais l’ensemble des mesures préconisées par le ministre des Finances semble indiquer une voie plus électoraliste qu’autre chose…»

 

L’économiste Ganessen Chinnapen : «Un engagement fort pour créer un cercle vertueux de prospérité économique»

 

«C’est un budget pour le bien-être de la nation mauricienne dans une conjoncture économique mondiale complexe, caractérisée par des chocs et des défis externes croissants. Ce budget renouvelle la confiance, le zèle et un engagement fort pour créer un cercle vertueux de prospérité économique et d’inclusion sociale dans le pays en plaçant notre jeune génération à l’avant-garde de l’autonomisation économique.»

 

PME - Rose Sautron, créatrice : «Les aides, c’est bien, mais....»

 

«Nous avons amélioré l’accès aux programmes de soutien du gouvernement pour 142 000 petites et moyennes entreprises et entreprises de taille intermédiaire», a déclaré Renganaden Padayachy lors de son discours budgétaire 2023-2024. Il estime que le gouvernement est à l’écoute des PME et a ainsi énoncé une série de mesures pour encourager les petits entrepreneurs.

 

Parmi, il a annoncé que la subvention maximale accordée dans le cadre du SME Support Scheme passera de Rs 200 000 à Rs 250 000. Il a aussi faut savoir que la DBM (The Development Bank of Mauritius Ltd) prolongera jusqu’en juin 2024 le SME Interest Free Loan Scheme et le Covid-19 Special Support Scheme. Le ministre des Finances a également déclaré que le gouvernement continuera à payer jusqu’à Rs 500 de compensation salariale pour les PME, que le SME Employment Scheme sera prolongé d’un an et que la DBM annulera les prêts en souffrance depuis plus de 20 ans et les prêts des micro-entrepreneurs décédés.

 

Rose Sautron, créatrice qui fabrique des bonnets, petites robes, écharpes, couvertures, plaids, sacs et nappes, entre autres fantaisies qui rythment sa passion pour le crochet, nous donne son avis sur ces propositions. «Les aides, c’est bien, mais il nous faut aussi plus de visibilité. C’est bien de nous permettre d’avoir des prêts, mais il nous faut des lieux stratégiques où nous pouvons, nous, les petits entrepreneurs, exposer et vendre nos produits, et ainsi montrer notre savoir-faire. Dans certains pays, par exemple au Kenya ou encore au Botswana où j’ai été, lorsqu’un touriste débarque, il sait où aller pour trouver des produits artisanaux. Des endroits sont dédiés à cela et ces lieux sont reconnus. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de lieux ici mais je pense qu’il nous manque des endroits stratégiques où les entrepreneurs divers pourront se retrouver pour vendre leurs produits. Je vous donne un exemple. Je fais du crochet et aussi des produits avec du papier recyclé. On sait notamment que la foire de Quatre-Bornes est bien fréquentée par les Réunionnais. J’aurais bien aimé pouvoir y vendre mes produits, mais on m’a fait savoir que je ne peux pas parce que je ne suis pas une habitante de Quatre-Bornes. C’est pour cela que je dis que les aides sont bien mais qu’il faut aussi investir dans la visibilité», nous confie celle qui vend ses produits dans des foires à travers l’île car elle croit plus que tout dans le Made in Moris.

 

Textes : Christophe Karghoo

 

Law & Order - L’inspecteur Shiva Coothen : «Le commissaire de police est très satisfait»

 

Le patron des Casernes centrales accueille favorablement les mesures annoncées par le ministre des Finances dans le Budget 2023-2024 sur le Law & Order. Renganaden Padayachy a alloué Rs 11,8 milliards à la force policière. Cela comprend la construction d’une Mauritius Disciplined Forces Academy à Côte d’Or, la promotion de 833 policiers au grade de caporal, le recrutement de 1 000 nouvelles recrues ainsi qu’un budget de Rs 11 milliards pour le combat contre la drogue après l’arrestation de 15 500 individus durant l’année financière écoulée. «Le commissaire de police est très satisfait. Anil Kumar Dip accueille favorablement les mesures annoncées par le ministre Padayachy», déclare l’inspecteur Shiva Coothen, responsable du service de presse de la police.

 

Il souligne que la construction d’une Mauritius Disciplined Forces Academy est une «très bonne chose» car elle sera bénéfique à l’ensemble des Disciplined Forces. «Cette académie sera très utile pour les pompiers, les garde-chiourmes et les policiers. Elle proposera un cadre idéal pour assurer la formation des nouvelles recrues. Cette académie sera également très bénéfique pour les policiers en fonction qui auront des formations continues», souligne l’inspecteur Coothen. Le patron des Casernes centrales se réjouit également de l’annonce du recrutement de 1 000  nouvelles recrues. «Chaque année, environ 400 à 500 policiers partent à la retraite. Il faut compter aussi ceux qui partent pour des raisons de santé. Le recrutement de 1 000 jeunes est assez conséquent pour pallier les départs. C’est une première», souligne Shiva Coothen.

 

La décision de «promote» 833 policiers au grade de caporal est aussi saluée. «L’exercice des promotions est chose courante au sein de la force policière. Cet “incentive” permet au policier promu de se surpasser et de rehausser le niveau des opérations pour répondre aux besoins de la population», affirme l’inspecteur Coothen. Le budget de Rs 11 milliards dédié au combat contre la drogue va, par ailleurs, aider la police à poursuivre son combat contre le trafic de substances illicites. «Cette mesure coïncide avec le plan de réforme proposé par le CP il y a quelque temps déjà», précise le porte-parole de la police.

 

Jean Marie Gangaram

 

Sport - Stephan Buckland : «On aurait pu baisser les prix des équipements sportifs»

 

La part belle aux athlètes de haut niveau ! Le Grand argentier a annoncé, lors de son discours budgétaire, que Rs 53 M seront allouées à la participation de 450 athlètes aux Jeux des îles à Madagascar (25 août-5 septembre) et qu’une allocation mensuelle de Rs 30 000 sera allouée à 10 sportifs sur une période d’un an dans le cadre de leur préparation en vue des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Si nos représentants arrivent à briller dans les compétitions olympiques, ils recevront une récompense de Rs 1 million pour une médaille d’or, de 700 000 roupies pour une médaille d’argent et de Rs 500 000 pour une médaille de bronze. Par ailleurs, il a été annoncé que les bourses sportives du High Level connaîtront une hausse de 15%.

 

Stephan Buckland, ancien athlète de haut niveau et jamais loin de la chose sportive, estime que le gouvernement aurait pu mieux faire. «Cela fait plusieurs décennies que nous assistons à ce même exercice kot pe pran ar nou pou donn nou mem. Il y a plusieurs choses qui auraient pu être faites pour aider le sport mauricien, comme revoir la taxe sur les équipements sportifs ou encore rénover les pistes d’athlétisme du stade Anjalay et Maryse Justin, qui sont dans un état déplorable et, de ce fait, dangereux pour les athlètes. C’est bien de récompenser les athlètes mais l’argent ne suffit pas pour permettre aux gens de vivre. Les critères pour l’allocation des aides financières aux sportifs de haut niveau auraient dû être bien définis», souligne l’icône du sprint mauricien.

 

Pour rappel, un montant de Rs 30 millions avait été annoncé par le ministre des Finances, lors de son grand oral de l’année dernière, pour la préparation des athlètes en vue des Jeux des îles de l’océan Indien qui auront lieu en 2023 à Madagascar et des Jeux olympiques de 2024 à Paris. Outre les annonces pour ces événements, le ministre des Finances a également prévu d’allouer Rs 50 millions supplémentaires aux fédérations sportives pour l’encadrement des athlètes en vue des échéances de haut niveau.

 

Rehade Jhuboo