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Budget 2020-2021 : entre attente et espoir

Le 4 juin, le ministre des Finances procédera pour la première fois à la présentation du budget. Cet exercice est attendu par de nombreux Mauriciens qui espèrent un vrai soutien du gouvernement. Les membres de la société civile, eux, ont de nombreuses propositions. 

L’exercice est d’une importance capitale. Pour la première fois, le budget se fera sous des conditions exceptionnelles, la Covid-19 ayant causé des dégâts majeurs à notre économie. En attendant le 4 juin, jour où le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, fera son grand oral, les Mauriciens se posent de nombreuses questions sur la stratégie du gouvernement pour relancer l’économie tout en préservant le bien-être de la population. Depuis quelques jours, des consultations pré-budgétaires ont lieu dans le cadre du budget 2020-2021. Au cours de ces réunions, les membres de la société civile, les syndicalistes et le patronat ont eu l’occasion d’exposer leurs interrogations par rapport à l’avenir du pays.

 

L’objectif du gouvernement, lui, est de mettre en place des mesures pour venir à la rescousse des secteurs qui ont durement souffert de la pandémie de la Covid-19, comme le tourisme, la manufacture ou encore la restauration. Son autre mission est de préparer la relance en mettant à la disposition des opérateurs économiques et des Mauriciens les moyens financiers et sociaux pour faire face aux défis de l’après-Covid-19.

 

La Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP) a fait parvenir un document au gouvernement. Parmi ses propositions, l’ouverture des crèches le 1er juin, afin que les parents qui travaillent puissent faire garder leurs enfants, et la mise en place de Day Care Centres pour les personnes âgées. Jane Ragoo, présidente de la CTSP, fait par ailleurs ressortir l’importance de mettre l’accent sur la plantation et la production alimentaire, qui ont connu des chamboulements suite à la crise sanitaire. «Lors de notre rencontre avec le gouvernement, nous avons mis en avant les problèmes alimentaires auxquels les Mauriciens ont eu à faire face pendant la crise de la Covid-19. Certains produits manquaient à l’appel et les prix ont drastiquement augmenté. Aujourd’hui, la priorité du gouvernement est de donner des outils aux Mauriciens pour qu’ils puissent développer l’autosuffisance alimentaire.»

 

Selon la syndicaliste, l’une des solutions serait de développer des jardins communautaires qui permettraient aux Mauriciens de cultiver fruits et légumes. «Nous avons un peu partout dans le pays de nombreux terrains vagues qui sont à l’abandon. Le gouvernement peut les utiliser et donner des semences aux familles pour leur permettre de faire leur propre plantation. Il y a deux jeunes qui ont développé la Farm City dans le Nord et qui font un travail formidable. Le gouvernement peut s’y rendre et s’inspirer de leur travail pour développer un projet pilote dans plusieurs endroits. Il faut au plus vite redévelopper le secteur de l’agriculture.»

 

Partage et humanisme

 

L’autre point que soulève Jane Ragoo est la suspension du paiement des dividendes pour les patrons pendant trois ans. «S’il faut faire des sacrifices, tout le monde doit en faire, pas seulement les travailleurs. C’est malsain de faire faire à ces derniers des heures supplémentaires qui seront remboursées en time-off. Ce serait faire des profits qui iraient directement dans la poche des patrons. C’est impensable. Ce n’est pas normal qu’un employé touche Rs 10 200 comme salaire minimum et un patron entre Rs 200 000 et Rs 300 000. C’est pour cela que nous demandons un ratio 1 : 10. Si un travailleur touche Rs 10 200, le salaire de l’employeur devrait être de Rs 100 000. S’il en veut plus, il doit augmenter le salaire de son employé.» Pour la syndicaliste, il est plus que jamais l’heure de faire appel au partage et à l’humanisme. «Nous devons changer notre mentalité. Le gouvernement doit instituer le National Tripatite Forum afin que les discussions puissent inclure tout le monde et pas uniquement le gouvernement.»

 

En ces temps de crise, c’est la solidarité qui doit primer. C’est du moins ce que pense Géraldine Aliphon, présidente d’Autisme Maurice. Depuis deux mois, le travail des ONG tourne au ralenti ou a été stoppé. Pour rebâtir le travail, un réseau doit être privilégié, , affirme-t-elle. «Nous devons construire autour de ce que chacun a déjà et travailler ensemble au lieu de mettre sur pied des projets nouveaux et coûteux. Nous voulons et nous pouvons aussi être inclus dans la productivité, surtout dans le domaine de l'alimentation et des produits utilitaires locaux. Je souhaite que le gouvernement nous considèrent aussi comme des partenaires dans leurs projets de relance de l'économie.»

 

Dans ses propositions, Autisme Maurice a fait ressortir l’importance de mettre sur pied des stratégies. La première requête de l’association est que le ministère de la Santé puisse mettre en place un meilleur système de détection précoce du handicap intellectuel dans les hôpitaux publics. «Il faut rendre plus accessible ce service à tous les parents, indépendamment de leurs revenus. Le service de santé est gratuit dans les hôpitaux mais pour avoir un bilan complet de son enfant, les parents doivent débourser énormément car ce service est actuellement sous le monopole du privé. Et beaucoup de cas d'enfants autistes passent entre les mailles du filet, pour n'être détectés qu'à l’âge de la rentrée en primaire. Cela entraîne souvent des cas de déscolarisation, alors qu'il est préconisé que les enfants aient une prise en charge éducative renforcée dès le plus jeune âge pour faciliter leur développement.»

 

Pour Brigitte Michel, responsable d’AILES, il est plus que jamais important qu’en ces temps de crise, le travail effectué par les travailleurs sociaux soit valorisé. «Il n’y a pas eu que le personnel hospitalier en première ligne pendant la crise. Il faudrait aussi, selon moi, prévoir une sorte de motivation pour tous les travailleurs sociaux qui sont restés sur le terrain malgré la peur et la panique tous les jours et qui se sont occupés de leurs bénéficiaires sans relâche.» De plus, poursuit-elle, il est primordial que les ONG puissent être approvisionnées en masques, gants et produits nettoyants. «Jusqu’à présent, nous nous sommes débrouillés seuls. L’État doit pouvoir s’assurer que tout le monde bénéficie de ces supports, principalement les plus vulnérables.»

 

À année exceptionnelle, mesures exceptionnelles. C’est l’opinion d’Amar Deerpalsing, président de la Fédération des petites et moyennes entreprises (PME). Au cours de ces deux derniers mois, le secteur a beaucoup souffert de la crise de la Covid-19. Aujourd’hui, pour se sortir la tête de l’eau, ces entrepreneurs attendent un vrai soutien de la part du gouvernement. «Nous avons besoin d’une aide financière directe pour soutenir nos entreprises. Pendant les deux mois où nous n’avons pas travaillé, les charges ont continué à s’accumuler. Nous espérons que le gouvernement viendra de l’avant avec des mesures concrètes en nous aidant avec les loyers, l’eau, le téléphone, les intérêts. Ces mesures doivent être applicables dans l’immédiat. Nous ne pouvons pas attendre.»

 

Seuls, lance Amar Deerpalsing, ils ne pourront pas maintenir leur entreprise à flot. «Nous avons besoin de solutions par rapport à la survie de nos business, à l’emploi et à l’investissement. Nous voulons savoir ce qui sera fait maintenant, ce qui est disponible et comment les PME pourront en bénéficier. Nous ne pourrons attendre quelques années.» Ce n’est plus l’heure, dit-il, pour des promesses en l’air mais pour du concret.

 


 

Vidia Mooneegan de Business Mauritius : «Des mesures fortes pour sauvegarder les emplois...»

 

Le déconfinement, le Covid-19 Act, un état des lieux de la reprise, les consultations pré-budgétaires, la récente figuration de Maurice sur la liste noire des centres financiers de l’Union européenne... Ce sont autant de sujets qui étaient à l’agenda lors d’une conférence de presse en ligne organisée par Business Mauritius (BM), le jeudi 21 mai. «La santé doit rester notre priorité dans le contexte actuel, nous ne voulons pas de seconde vague de Covid-19. Toutefois, le déconfinement reste essentiel, étant donné que l’impact économique et le risque pour l’emploi sont déjà considérables», a souligné Vidia Mooneegan, président de Business Mauritius.

 

Il s’est aussi exprimé sur le Covid-19 Act : «Il est important que ces mesures soient prises dans le contexte exceptionnel de cette pandémie. Nous voyons déjà que celle-ci a eu des conséquences massives sur l’emploi dans de nombreux pays, comme aux États-Unis ou en France, qui comptent respectivement 20 millions et 10 millions de pertes d’emplois rien que pour le mois d’avril. Des mesures fortes sont par conséquent indispensables pour sauvegarder au maximum les emplois et les entreprises.» Par rapport aux consultations pré-budgétaires, Vidia Mooneegan a déclaré que BM espère que, face à cette crise d’une envergure sans précédent, «le gouvernement prenne des mesures exceptionnelles, même si elles sont difficiles».

 

Christophe Karghoo

 


 

Pravind Jugnauth : «Notre priorité : la préservation de l’emploi»

 

Le Premier ministre s’est exprimé sur l’exercice budgétaire qui aura lieu le 4 juin, après avoir eu une réunion avec le ministre des Finances et le secrétaire financier. La crise sanitaire a grandement affecté notre économie, les défis qui nous guettent s’annoncent donc difficiles. «Pour les relever, nous aurons besoin du coup de main de tous les partenaires. Le gouvernement a déjà pris de nombreuses mesures pour garantir l’emploi, les salaires, tout en soutenant financièrement les plus vulnérables et ceux dans le secteur informel.» Face à une reprise économique qui s’annonce incertaine, Pravind Jugnauth a ainsi voulu rassurer la population sur la démarche du gouvernement. «Notre priorité reste la préservation de l’emploi et redémarrer l’investissement et les activités économiques.» Tout en fixant un nouveau cap avec le prochain budget.