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Bernard Lajeune, 46 ans, poignardé par le petit ami de sa nièce : Émouvants adieux à «un homme bon» et «sans histoires»

Le corps sans vie de la victime a été découvert par son cousin dans la salle de bains, à son domicile, à Stanley.

Il était un fils, un père, un époux, un frère et un ami qui «s’est toujours bien entendu avec tout le monde». Mais Bernard Lajeune, un habitant de Stanley âgé de 46 ans, a trouvé la mort dans de douloureuses circonstances le mardi 19 mai. Une dispute avec le petit ami de sa nièce – un adolescent de 17 ans – a viré au drame et il a été violemment agressé à l’arme blanche. Ses amis et proches lui rendent un vibrant hommage...  

Ils ont fait fi des lois en vigueur en raison du confinement. Les circonstances tragiques et les émotions qu’elles ont suscitées étaient trop puissantes pour les garder enfermés chez eux. Les proches d’Edouard Bernard Lajeune étaient ainsi présents en grand nombre à la rue Guy Rozemont, Stanley, ce mercredi 20 mai, pour rendre un dernier hommage à cet homme de 46 ans mort de manière atroce. La veille, une violente dispute s’est déclarée à son domicile entre lui et le petit ami de sa nièce, âgé de 17 ans. Lors de l’altercation, l’adolescent lui a assené un coup de couteau et des coups de poing. Il n’a pas survécu à cette agression, au grand désespoir de sa famille et de ses amis. 

 

Il est 14 heures en ce mercredi 20 mai. Et il est impossible de se frayer un chemin à la rue Guy Rozemont, tant celle-ci, menant au domicile de Bernard Lajeune, est bondée. Les précautions sanitaires adéquates ont été prises par pratiquement tous ceux venus présenter leurs sympathies aux membres de la famille du quadragénaire, alors que nous sommes dans notre première phase de déconfinement. Mais bien que le masque sanitaire leur recouvre la quasi-totalité du visage, la tristesse, la colère et l’incompréhension qui les submergent sont visibles ; leurs émotions étant difficiles à cacher dans leurs yeux rougis. Car d’après ceux l’ayant côtoyé, Bernard Lajeune était «un homme sans histoires» qui s’entendait bien avec tout le monde. Comment une dispute a-t-elle pu dégénérer au point où son jeune agresseur s’est acharné aussi violemment sur lui ? C’est la question qui est sur toutes les lèvres.

 

Depuis qu’il a eu vent du décès de son ami, Rishi Gopaul, un habitant de la localité, ne cesse de faire les cent pas devant son domicile. Il s’y trouvait le matin et est de retour dans l’après-midi pour assister aux prières dites en sa mémoire avant son enterrement. «Nous nous connaissons depuis que nous sommes tout petits. Nous avons joué au football ensemble. Il a toujours été quelqu’un de bien ; il ne s’est jamais disputé avec qui que ce soit», dit-il, visiblement tourmenté par les circonstances dans lesquelles son ami d’enfance a perdu la vie. Frustré, en colère, il avoue que «les frères de Bernard ont eux-mêmes du caractère et vivent avec lui. Le meurtrier a eu beaucoup de chance qu’ils n’aient pas été là lorsqu’il a commis son forfait. Autrement, les choses auraient vraiment mal tourné pour lui».

 

Elvis et Pamela Dalou font également partie de ceux ayant côtoyé la victime pendant longtemps. Domiciliés une ruelle plus loin, ils s’attellent à retrouver de vieilles photographies de la victime en compagnie d’Elvis, en souvenir du bon vieux temps, lorsque nous les rencontrons. Pour l’homme, il est difficile de s’imaginer qu’il ne verra plus celui qu’il surnommait affectueusement Ben et qu’il considérait comme un frère. «Nous étions un groupe de cinq à six amis ; l’un d’eux est mort électrocuté, un autre est décédé des suites d’une longue maladie et à présent, nous perdons également Bernard. Nous avons vécu tellement de choses ensemble. Toutes nos sorties pour aller à la mer me manqueront», se désole-t-il. Elvis ne tarit pas d’éloges au sujet de son ami : «Des fois, on dit que ce n’est que lorsqu’on perd quelqu’un qu’on lui trouve des qualités. Mais moi, qui l’ai côtoyé, je peux affirmer qu’il était très bon et généreux.»  

 

Mort tragique

 

C’est avec beaucoup de difficulté qu’Elvis masque son chagrin lorsqu’il repense à la dernière fois où il a croisé son ami. «J’avais besoin d’un pinceau et j’étais sûr qu’il pourrait m’en trouver un. Il ne me refusait jamais rien. Finalement, ce pinceau est le dernier souvenir de lui que je garde.» Il a eu un immense choc en apprenant la mort tragique de Bernard : «J’étais affligé, terrassé. Je ne savais même pas si je devais aller sur place mais mes enfants ont insisté pour que je le fasse car c’était mon ami d’enfance. Nous ne comprenons peut-être pas pourquoi il a perdu la vie dans ces circonstances mais son heure était sans doute arrivée.»

 

Elvis s’interroge toutefois : «Qu’est-ce qui a pu pousser ce jeune homme à commettre un crime pareil ? Vue la tournure des choses, leurs disputes ne datent sûrement pas d’hier.» Il essaie de comprendre, même si c’est difficile : «En tant que bon chrétien, j’ai une partie de moi qui me dit qu’il faudrait peut-être pardonner au meurtrier. Il avait peut-être des problèmes, eu une enfance difficile, nous ne le savons pas.»

 

Il est environ 15h30 lorsque le bruit des klaxons annonçant l’arrivée de la dépouille de Bernard Lajeune à son domicile retentit. La limousine funéraire blanche le transportant est précédée d’une flotte de véhicules conduits par ses proches ; un défilé digne de la personne qu’il était. Mais les bruits de moteur sont bien vite camouflés par les hurlements de douleur de ceux présents. «Tou le zour nou ar li, li finn kit nou linn ale», pleurent les uns, tandis que son épouse et ses deux filles – de qui il vivait séparé depuis un moment – détournent le regard, en larmes, ne supportant de voir celui qu’elles chérissaient dans cet état. Quelques minutes plus tard, la mère de la victime – affaiblie et éprouvant des difficultés à se déplacer – arrive sur les lieux, aidée de ses proches. Aussitôt, le brouhaha cède la place au silence afin que la séance de prière puisse débuter. 

 

Pendant ce temps, les éloges à l’égard de Bernard Lajeune ne cessent de pleuvoir. Jocelyn Arlanda, son supérieur hiérarchique, se confie : «Li ti plis ki enn travayer pou mwa ; li ti enn kamarad, li ti enn fami. Zame li finn mank personn di respe. Nimport ki travay ki mo finn donn li linn fer. Il m’a toujours respecté. Nous avons toujours tout partagé. Depuis que nous nous connaissons, je ne lui ai toujours trouvé que des qualités.» Malgré le confinement, la victime et lui se voyaient et se parlaient tous les jours. «Nous nous sommes vus lundi. Il était venu faire des travaux chez moi mais n’avait pu les compléter. Le lendemain (NdlR : le jour du crime), nous n’avons pas eu de ses nouvelles et nous nous sommes inquiétés. Nous nous demandions s’il était tombé malade. Presqu'au même moment, son cousin lui rendait visite et découvrait son corps.» Jocelyn lâche avec amertume : «Seki finn fer li la, pa enn zafer ki fer sa. Mo sagrin. Sa dimounn ki finn fer sa la bizin asime. Tou so bann kamwad, tou so bann fami pe soufer. Enn zanfan pik enn gran dimounn ? Li bizin kone ki li pe fer, li pa enn lespri zanfan sa. La zistis bizin fer so travay.»

 

Bernard Lajeune a été peintre, mécanicien, maçon, entre autres, mais il faisait également du travail social. Seety Naidoo, candidat de l’Alliance Morisyen au no 19 lors des dernières législatives et voisin de la victime, ne cache pas sa tristesse. «Nou finn temwin enn zafer atros ki finn ariv enn zanfan landrwa. Pendant trois semaines de confinement, nous avons passé du temps ensemble pour des démarches humanitaires. Nous avons aidé beaucoup de personnes habitant la localité. Nous pouvons dire que nous perdons un frontliner. Nous n’avons pas les mots pour exprimer la tristesse que nous ressentons mais nous allons nous serrer les coudes et nous soutenir mutuellement dans ce malheur.»

 

À 16h30, c’est toujours escorté d’une flotte de véhicules que Bernard Lajeune a quitté son domicile pour rejoindre sa dernière demeure, laissant derrière lui une mère, une épouse, des enfants, des frères et sœurs, et d’autres proches et connaissances terriblement affligés par sa disparition tragique et soudaine. 

 


 

L’adolescent avait prévu de découper le corps du quadragénaire

 

Bernard Lajeune, 46 ans, ne voyait pas d’un bon œil la relation qu’entretenait sa nièce de 21 ans avec un jeune de 17 ans. Ce qui a suscité pas mal de disputes entre l’homme et l’adolescent. Le mardi 19 mai, alors qu’ils étaient seuls chez le quadragénaire à la mi-journée, une dispute a encore une fois éclaté entre eux. Dans sa déposition à la police, l’adolescent a déclaré que le quadragénaire l’avait injurié et lui avait passé des remarques désobligeantes. Terriblement vexé, il s’est emparé d’une arme tranchante pour poignarder l’oncle de sa petite amie, avant de lui donner des coups de poing au visage. Il s’est ensuite rendu compte qu’il ne respirait plus. Vu que personne ne se trouvait sur place, l’adolescent a dissimulé le corps de la victime dans la salle de bains en attendant de trouver une solution. Il avait prévu de découper le corps de Bernard Lajeune en morceaux, en début de soirée, avant de s’en débarrasser.

 

Il est resté sur place en attendant et quand sa petite amie est arrivée, il l’a informée de ce qu’il avait fait et a sollicité son aide. Mais cette dernière, paniquée, a refusé et est partie alerter ses proches qui habitent non loin. Ces derniers ont, à leur tour, appelé la police. Pendant ce temps, un cousin, qui n’était pas au courant du drame, est venu rendre visite à Bernard Lajeune et a découvert son corps sans vie. L’agresseur présumé, lui, était allé se cacher sur le toit de la maison et a vite été appréhendé à l’arrivée de la police sur les lieux. Interrogé en présence de son père par la Criminal Investigation Division (CID) de Stanley, l’adolescent, qui habite Cité Père Laval, est passé aux aveux. Il a été traduit en cour de Rose-Hill le mercredi 20 mai sous une accusation provisoire de meurtre, avant d’être conduit dans un centre de détention pour mineurs. Par ailleurs, l’autopsie pratiquée par le Dr Monvoisin a attribué le décès de Bernard Lajeune à une asphyxia due to aspiration of blood.