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Bazart Mokaray : les femmes au cœur du développement communautaire

Les bénéficiaires de Bazart peuvent compter sur le soutien de Priscilla Vencatapillay, du chef Didier Rahiman et des autres membres de l'équipe.

Après Bazart Kreasion qui avait pour objectif de former les femmes de la région de Moka et des environs à l’artisanat, un nouveau projet vient de voir le jour. Il s’agit de Mokaray, un restaurant 100 % local, qui propose une cuisine bien de chez nous. 

Au cœur du village de St-Pierre, à l’entrée du Vivéa Business Park, une nouvelle adresse attire de plus en plus les visiteurs. Nichée au cœur d’un jardin verdoyant, la table d’hôte Mokaray, qui a récemment ouvert ses portes, accueille les amoureux de la cuisine typiquement locale. En cuisine, que des femmes animées par l’envie de bien faire. Menées par le chef Didier Rahiman, elles proposent une cuisine traditionnelle et authentique qui rappelle les saveurs d’antan, cette fameuse kwizinn bann tantinn, comme l’équipe de Bazart Mokaray aime l’appeler.

 

Plus qu’un restaurant, il s’agit d’un projet social et communautaire qui s’inscrit dans le cadre de l’engagement de la fondation ENL. Tout a commencé, rappelle Sarah-Jane Laverdure, Corporate Communication Coordinator, il y a dix ans, avec le lancement de Bazart Kreasion, un projet dont la vocation première est de favoriser l’intégration sociale et le développement économique des femmes en situation précaire de la région de Moka, à travers une formation à l’artisanat. Au cours de ces dernières années, une trentaine de bénéficiaires, des femmes au foyer ou en reconversion professionnelle, ont pu bénéficier de formations en tous genres, comme la fabrication de bougies, des bijoux et autres objets décoratifs à partir du recyclage. Leurs produits sont commercialisés dans la boutique du centre à Moka mais aussi dans les hôtels.

 

Cependant, avec la crise sanitaire, cette activité, principalement destinée aux touristes, peine à fonctionner. En ces temps de crise, le projet de lancer Mokaray, une idée qui est présente dans la tête de l’équipe depuis quelque temps déjà, s’est imposé de lui-même. C’est grâce notamment à un financement de la NCSR que la cuisine de Mokaray, qui lancera officiellement son menu le 8 mars à l’occasion de la Journée internationale de la femme, a pu être mise sur pied. Après une première formation avec le chef Hugues Curtis, les 11 bénéficiaires, qui ont souhaité se joindre à ce projet, ont pu découvrir plusieurs techniques de travail, ce qui leur a permis de se professionnaliser dans ce domaine. Le groupe de femmes a d’abord commencé à proposer ses menus aux employés du groupe ENL, avant d’officiellement ouvrir le restaurant il n’y a pas longtemps.

 

Se mettre debout

 

En plus de Mokaray, elles s’occupent aussi de Mokaban, une petite roulotte de restauration rapide, un peu plus haut à St-Pierre, qui propose roti, pain fourré et gâteaux, entre autres. Que ce soit à Mokaray ou chez Mokaban, explique Yoan Natchoo, Food & Beverage Consultant, le but est de proposer un retour aux sources à travers une cuisine typiquement mauricienne. «Souvent, dans les hôtels, la cuisine locale est revisitée pour s’adapter aux touristes. Ici, c’est tout le contraire. Nous nous concentrons sur le 100 % typique, en utilisant des produits bien de chez nous, comme le lalo, le pipangaille ou encore le patole. Notre but est de faire découvrir et redécouvrir aux Mauriciens cette cuisine d’antan.» À terme, poursuit-il, l’objectif est de permettre le développement économique de la région, en faisant travailler les marchands et les artisans du coin.

 

En plus de promouvoir la culture locale à travers la cuisine, l’objectif de ce projet est de permettre de développer le potentiel et le talent de ces femmes, de les équiper grâce à des formations pour qu’elles puissent se professionnaliser afin qu’au bout du compte, elles gagnent en autonomie et en indépendance financière. «Bazart est un projet communautaire dont la mission est de soutenir et d’aider ces femmes, qui vivent dans des situations précaires, afin qu’elles puissent se mettre debout et avancer. Que ce soit à travers l’artisanat ou la cuisine, nous encourageons l’employabilité. Aujourd’hui, elles peuvent soutenir l’économie de leur famille à travers un emploi sécurisé», souligne Priscilla Vencatapillay, Project Coordinator.

 

Chacune des 11 bénéficiaires de ce projet ont su tirer le meilleur de cette opportunité. Après avoir passé six ans à apprendre et faire de l’artisanat au sein de Bazart Kreasion, Mala Bernard a rejoint le projet Mokaray sans aucune hésitation. Même si elle s’y connaît bien, bénéficier d’une formation professionnelle a été, dit-elle, un vrai plus. «Je me sens plus équipée. J’ai plus d’expérience après avoir appris toutes ces techniques et différentes variétés de cuisine.» Elle se sent, confie-t-elle, plus que jamais épanouie. «Je m’occupe seule de mes deux enfants et je dois dire que je sens aujourd’hui que je peux me débrouiller et que je suis plus indépendante financièrement.»

 

Pour Shivani Unoop aussi, mère de trois enfants, la vie n’a pas été facile. «Avant, je travaillais comme bonne quelques fois la semaine. La situation était difficile. Aujourd’hui, ce travail est pour moi un soulagement. Non seulement, j’aime ce que je fais, mais ça me permet de mieux contribuer aux dépenses familiales.»

 

Mirella Noblet, maman de deux enfants, a tout de suite été emballée par ce projet. Après un an de formation, elle occupe aujourd’hui le poste de serveuse au sein du restaurant. «Je suis passionnée par Mokaray. Avec l’équipe et les autres camarades ici, on en a longtemps parlé. Pour nous, c’est comme un rêve devenu réalité. Je veux continuer à apprendre pour m’améliorer. En plus de ma passion, c’est aujourd’hui mon gagne-pain. Ce travail me permet d’être indépendante et plus autonome.»

 

La doyenne du groupe, Umadevi Boodadoo, n’est pas en reste. À 69 ans, faire partie de l’équipe de Mokaray est ce qui la motive au quotidien et ce qui lui permet de rester encore aujourd’hui indépendante. «J’aime beaucoup la cuisine mais j’aime encore plus ce que je fais ici. Malgré mon âge, j’ai appris ici des choses que je ne connaissais pas avant. Ça m’apporte beaucoup.» Comme elles, toutes les bénéficiaires de Bazart ont appris, à travers l’encadrement et le soutien reçus par l’équipe, à cultiver l’estime de soi, à réaffirmer leur confiance en elles-mêmes et à envisager l’avenir avec détermination.