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Arrestation des frères Dardenne : leurs épouses Charlène et Vanessa racontent l’angoisse

Charlène, l'épouse de Josué et Vanessa l'épouse de Jonathan espèrent que la vérité finira par triompher.

Ils ont vu leurs droits être bafoués et ont dû passer une nuit en détention pour des délits qu’ils n’ont pas commis, disent-ils. Les frères Josué et Jonathan Dardenne ne sont certainement pas près d’oublier les événements du week-end dernier et se battent encore, aux côtés de leurs hommes de loi, «pour que la vérité triomphe». Mais si leur arrestation «injustifiée» a été, pour eux, un moment éprouvant, elle a également bouleversé leur entourage. Leurs épouses respectives, Charlène et Vanessa, se confient.

Acclamations, larmes de joie et vives émotions étaient au rendez-vous. À leur sortie de la Bail and Remand Court (BRC), le dimanche 23 août, les frères Josué et Jonathan Dardenne, des plaisanciers de 42 et 37 ans respectivement, ont été accueillis par une foule, composée notamment de leurs proches et amis, venue leur apporter son soutien. Ils ont été relâchés après avoir fourni une caution de Rs 5 000 et signé une reconnaissance de dette de Rs 50 000 chacun. Arrêtés la veille, suite à une plainte consignée par un agent du ministre de la Pêche Sudheer Maudhoo dans le sillage d’incidents survenus au tribunal de Mahébourg le vendredi 21 août, les deux hommes avaient dû passer la nuit en détention policière. Leurs hommes de loi, qui qualifient leur arrestation d’«arbitraire» et «illégale», ont présenté une motion de radiation des accusations dont ils font l’objet : assault with premeditation et rogue and vagabond.

 

Au domicile des frères Dardenne, à Trou-d’Eau-Douce, l’incompréhension et le stress règnent encore. Une semaine s’est écoulée depuis l’arrestation «injustifiée» et la remise en liberté des deux hommes mais le traumatisme vécu ne quitte plus les esprits. Charlène, l’épouse de Josué Dardenne, n’est pas près d’oublier les événements du week-end dernier. «Cela a été un moment bouleversant pour notre famille. Nous ne nous attendions pas à cela, n’avons pas l’habitude de vivre ce genre de choses. Cela a été un véritable choc pour nous tous.» Idem pour Vanessa, l’épouse de Jonathan Dardenne, qui a perdu l’appétit et n’arrive plus à dormir sur ses deux oreilles, tant ces deux journées l’ont marquée. D’ailleurs, dit-elle : «J’ai l’impression de revivre ces moments atroces à chaque fois que j’en parle ou simplement lorsque je vois un véhicule de police. Je n’avais jamais vécu une chose pareille.»

 

Elle s’en souvient encore dans les moindres détails. Le samedi 22 août, tôt dans la matinée, son époux Jonathan avait reçu un coup de fil lui disant que la police les convoquera, son frère et lui, après une plainte déposée par un agent politique ; cela, suite aux incidents ayant éclaté dans le sillage de la comparution en cour de Sudheer Maudhoo et Kavy Ramano, la veille. «Lorsque je suis sortie, j’ai vu énormément de policiers à l’extérieur. J’ai vite déposé nos enfants chez ma mère et nous avons pris place dans un véhicule pour nous rendre à la CID de Flacq afin de savoir de quoi on les accusait. Nous venions de quitter la maison lorsque nous avons croisé les policiers venus arrêter Jonathan et son frère. J’étais paniquée, je n’avais jamais vu autant de policiers de toute ma vie. Ils sont venus en groupe, comme s’ils venaient arrêter des trafiquants, des criminels», lâche Vanessa qui en tremble encore.

 

Prises de court, Charlène et Vanessa sont rentrées chez elles pour récupérer des vêtements et les déposer avec leurs compagnons au poste de police. «Alors que j’étais moi-même stressée et dans l’incompréhension la plus totale, j’ai dû garder mon sang-froid pour savoir quoi dire à nos trois enfants», explique Charlène. Le plus dur a été de gérer son petit dernier, âgé de 10 ans, à qui elle voulait cacher la vérité. «Il dormait lorsque son père a été arrêté mais il a vite compris que quelque chose se passait en me voyant récupérer des vêtements. Je lui ai dit que son père avait eu quelques soucis et que j’allais le rejoindre pour voir ce qui se passait.» La suite de la journée n’a pas été meilleure pour les deux femmes. Après s’être rendues à la CID de Flacq dans l’espoir d’y croiser leurs époux, elles ont appris que ces derniers avaient été transférés au CCID, aux Casernes centrales, et ont dû prendre la direction de Port-Louis.

 

Nuit blanche

 

Sur place, leurs craintes et leurs peurs, disent-elles, sont accentuées malgré la présence du panel d’avocats des deux frères, composé des Mes Chetan Baboollal, Rouben Mooroongapillay, Jim Seetaram, Neelkanth Dulloo, Shakeel Mohamed, Olivier Barbe, Adrien Duval et Alexandre Leblanc. «Nous ne savions plus à quels saints nous vouer. Nous étions dans un suspense total ; d’autant que les hommes de loi n’avaient pas, eux-mêmes, été autorisés à les rencontrer pendant un long moment», se rappellent encore les deux femmes. Mais le véritable coup de massue, elles l’ont reçu en apprenant que Josué et Jonathan Dardenne ne seraient pas libérés et passeraient la nuit en détention. «J’étais sans voix. L’occasion m’avait été donnée de parler à mon époux au téléphone avant qu’il soit conduit en cellule mais j'avais refusé, pour ne pas craquer... Je ne voulais pas non plus rendre les choses plus difficiles pour lui», dit Vanessa.

 

En rentrant seules à la maison, Charlène et Vanessa n’ont pas pu cacher la vérité à leurs enfants bien longtemps. «J’ai essayé de faire croire à mon plus jeune fils que son père allait passer la nuit chez un ami mais il a tout compris en tombant sur des vidéos sur les réseaux sociaux», raconte Charlène. Alors que Vanessa, partie passer la nuit chez sa mère avec ses deux filles, a dû trouver les mots justes afin de rassurer sa benjamine de 15 ans. «Ce n’est pas facile pour un enfant de cet âge de vivre une telle chose. Elle a éclaté en sanglots en apprenant l’arrestation de son père. Elle était traumatisée.» Rongées par la peur et l’incertitude, les deux femmes racontent avoir passé une nuit blanche, craignant que quelque chose n’arrive à leurs époux. «Nous avons tellement entendu de cas de brutalité policière et d’individus morts en détention que nous avons été incapables de trouver le sommeil», avancent-elles

 

Après avoir passé la nuit la plus longue de leur existence, elles ont finalement pu à nouveau serrer leurs chers et tendres le lendemain, dimanche 23 août, lorsqu’ils ont été libérés sous caution. Loin d’être pour autant soulagées, elles espèrent que «la vérité finira par triompher car ils sont innocents». Elles ont tenu à remercier les hommes de loi de Josué et Jonathan Dardenne, qui se battent encore afin que les accusations retenues contre les deux hommes soient radiées, ainsi qu’un dénommé Reza Saumtally qui a apporté son soutien à leur famille durant ces moments difficiles.

 


 

Les frères Dardenne arrêtés sans «Warrant of Arrest»

 

Leur arrestation, survenue dans la matinée du samedi 22 août, fait suite à une plainte déposée par Sunny Kumar Sewdin, un agent du ministre de la Pêche Sudheer Maudhoo, quelques heures plus tôt. Le vendredi 21 août, des incidents avaient éclaté au tribunal de Mahébourg lors de la comparution de Sudheer Mudhoo et Kavi Ramano dans le sillage de l’affaire Wakashio. Deux clans s’étaient affrontés, des partisans du gouvernement et des membres de la population révoltés par la manière dont la fuite d’huile lourde avait été gérée.

 

Charlène et Vanessa Dardenne expliquent pourquoi leurs époux y étaient présents : «Josué et Jonathan s’étaient rendus sur place dans l’unique but d’obtenir des réponses quant au soutien qui serait apporté aux plaisanciers suite au naufrage du Wakashio. Nous avions déjà traversé des moments difficiles avec le confinement et la fuite d’huile ne faisait que compliquer la situation. Lorsqu’ils ont vu les deux clans s’affronter, ils se sont interposés pour éviter que la situation dégénère. Ils n’ont agressé personne et n’ont commis aucune offense.» Dans une vidéo ayant circulé sur les réseaux sociaux, on voit même Jonathan Dardenne demander aux policiers d’agir car il s’agit d’une manifestation illégale, le fait étant que plus de 10 individus s’étaient rassemblés.

 

D’après l’avocat des Dardenne, Me Rouben Mooroongapillay, le plaignant avait, dans sa première déposition, accusé les deux frères d’agression. Toutefois, il aurait été amené à faire une autre déposition dans laquelle il accuse les deux frères d’agression préméditée, permettant ainsi leur arrestation. Et cette arrestation a été faite alors que les policiers ne détenaient même pas de Warrant of Arrest. C’est ce qu’a indiqué un représentant du CCID, ce lundi 24 août, en cour de Mahébourg. Le panel d’avocats des deux frères a déposé une motion afin d’obtenir des précisions quant à la manière dont le CCID a procédé dans le cadre de cette affaire et espère savoir comment une plainte pour agression a pu conduire à une arrestation aussi rapidement. Il souhaite aussi faire la lumière sur les circonstances dans lesquelles une deuxième déclaration du plaignant a été enregistrée pour que l’accusation de rogue and vagabond soit ajoutée, empêchant ainsi la libération des deux frères. L’affaire sera appelée en cour ce mercredi 2 septembre.

 

Elodie Dalloo

 


 

Manifestation illégale devant le tribunal de Mahébourg

 

Asraf Ramdin : «Pourquoi la police n’a pas encore arrêté les partisans du MSM ?»

 

Il dénonce l’inaction de la police. «Pourquoi la police n’a-t-elle pas encore arrêté les partisans du MSM ?» s’insurge le secrétaire de la General Taxi Owners Union après la manifestation illégale lors de la comparution des ministres Ramano et Maudhoo devant le tribunal de Mahébourg. Asraf Ramdin, un habitant de Flacq, a consigné une déposition au poste de police de Mahébourg, le 24 août, où il a balancé le nom d’un des manifestants. Il s’agit d’un dénommé Sanjeev, un habitant de sa localité, qui serait un agent politique du ministre de la Pêche. Mais jusqu’ici, alors qu’elle a été prompte à agir dans le cas des frères Dardenne, la police n’a pas procédé à son arrestation ni à celle des autres membres du MSM présents à cette occasion.

 

Selon le secrétaire de la General Taxi Owners Union, le dénommé Sanjeev gère un domaine et un pensionnat à Saint-Julien, et aurait également des permis de taxi et de contract bus pour véhiculer des touristes. «Li mem ki ti pe kriye “pa tous nou Sudheer” divan la kour Mahébourg. Kifer pankor ena arestasion dan sa zafer-la ? Akoz zot korek ek minis ? Zot ti blok sime ek zot bann banner sa zour-la», précise Asraf Ramdin.

 

L’habitant de l’Est regrette que les frères Dardenne n’aient pas bénéficié du même privilège que le dénommé Sanjeev car ils ont été arrêtés à leur domicile à Trou-d’Eau-Douce, le matin au réveil, et ont dû passer une nuit en cellule policière avant de retrouver la liberté sous caution, le lendemain, après leur comparution devant la Bail & Remand Court. Interrogée sur l’inaction alléguée de la police, une source aux Casernes centrales avance qu’Asraf Ramdin sera bientôt convoqué pour donner un «further statement» suite à sa «precautionary measure» consignée le 24 août.

 

Jean Marie Gangaram