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Après la mort de ses deux filles dans un incendie il y a un an | Pascalina Ravina : «Kimberley, mon bébé, ma nouvelle raison de vivre»

La jeune femme tenant dans ses bras la petite Kimberley, une vraie boule d’énergie qui est venue mettre un peu de soleil dans sa vie aprés la fin tragique de ses filles.

Alors que des milliers de Mauriciens ont accueilli 2020 dans l’effervescence, cette jeune femme de 27 ans a, une fois de plus, entamé cette nouvelle année le cœur gonflé de tristesse mais aussi avec une petite lueur de joie et d’espoir. Il y a un an, le 28 décembre, elle a perdu ses filles Aurélia, 10 mois, et Nathalia, 2 ans, dans un incendie. Son chagrin, immense, est resté intact. Mais elle entrevoit aussi un peu de lumière dans sa vie depuis quelque temps : cette maman également de deux fils a mis au monde une autre petite fille. Elle nous raconte cette nouvelle aventure avec beaucoup d’émotions.

Il y a trois mois, une petite étoile est venue éclairer son ciel tout noir. Il y a trois mois, une petite fille est venue mettre un peu de baume sur l’immense blessure de son cœur. Il y a trois mois, en effet, Pascalina Ravina a mis au monde un bébé, dont elle était déjà enceinte sans le savoir, au moment où elle a perdu ses deux filles, Aurélia, 10 mois, et Nathalia, 2 ans, d’un coup du destin. Depuis, la jeune femme de 27 ans, également maman de deux garçons de 8 et 6 ans, a une nouvelle raison de se battre et de vivre, et elle a pour nom Kimberley. Bien sûr, cela n’efface aucunement le souvenir de ses deux fillettes décédées tragiquement, ni l’intense douleur qu’elle ressent depuis leur mort, suite à un terrible incendie dans la soirée du 28 décembre 2018, à leur domicile, à 16e Mille.

 

«La naissance de Kimberley est une joie et un miracle après le drame que j’ai vécu. Mais, évidemment, je n’arrête pas de penser à mes deux autres filles, aux circonstances de leur décès. Li bien dir pou mwa. Zot nepli la ek mwa sa mem ki pli dir la», regrette Pascalina, les larmes aux yeux, en serrant tout contre son cœur sa précieuse petite fille. Car malgré son bonheur d’être mère à nouveau après cette tragédie et d’avoir ses deux fils auprès d’elle, elle a l’impression que son chagrin d’avoir perdu ses autres filles n’aura jamais de fin tant il est grand. «La vie est très dure sans mes filles. Nathalia allait avoir 3 ans le 16 janvier, alors qu’Aurélia devait fêter ses 2 ans, le 6 février. Hélas, elles ne sont plus là et mon cœur est brisé à jamais, ainsi que celui de toute ma famille. Cette année, il n’y a pas eu de réveillons de Noël et du Nouvel An. Il n’y en aura jamais plus d’ailleurs», lâche Pascalina d’une voix sourde.

 

Car oui, alors que la plupart des gens ont le cœur à la fête en ce moment, pour cette maman meurtrie à jamais, cette période est synonyme de cauchemar car elle lui rappelle avec encore plus de force le drame qu’elle a vécu à pareille époque, il y a un an. Ce jour-là, quand elle est rentrée du travail à 18h30 – elle travaillait comme Cleaner dans un supermarché à Nouvelle-France –, les filles dormaient déjà profondément dans une chambre, à l’étage de la maison familiale. Les autres membres de la famille sont alors au rez-de-chaussée et préparent le dîner d’au revoir en l’honneur du père de Pascalina, Jean Marc Ravina, qui devait se rendre à Rodrigues, son pays d’origine, le lendemain, pour y passer les fêtes de fin d’année. Ce laboureur est arrivé à Maurice en 1988 et vit depuis 16 ans à Résidence Mon-Bois, 16e Mille, avec son épouse Rosinnette, ses deux filles et ses deux fils, auxquels sont venus s’ajouter les conjoints respectifs des enfants et les petits-enfants.

 

Pascalina est en train d’aider sa mère dans la cuisine quand un voisin vient avertir la famille qu’il y a un incendie à l’étage de leur maison. C’est la panique générale. Les pompiers sont aussitôt alertés mais, en attendant, Jeffrey Kettel, le compagnon de Pascalina, se précipite à l’étage pour essayer de sauver ses filles. Il arrive à sortir Nathalia vivante des flammes, puis se rue à nouveau à l’étage pour aller récupérer la petite dernière mais pour celle-ci, il était déjà trop tard. Nathalia et son père, tous deux grièvement brûlés, sont admis au service des soins intensifs de l’hôpital de Candos. Le reste de la famille, effondré, se prépare à organiser les funérailles de la petite Aurélia qui ont lieu le 29 décembre. Dans leur chagrin, tous, surtout Pascalina, s’accrochent à l’espoir que Nathalia et son papa arriveront à s’en sortir. Hélas, dans la nuit même, la fillette rend son dernier souffle. Ses funérailles ont lieu le 30 décembre, en présence de proches complètement impuissants et meurtris face à ce coup du destin qui leur enlève deux enfants à la fois.

 

Nouveau drame

 

Et dire que quelques jours plus tôt, la famille vivait un vrai bonheur à Noël. Les fillettes et leurs frères étaient comblés par leurs nouveaux jouets et s’amusaient follement avec. Les parents, grands-parents, oncles, tantes, voyaient grandir avec joie les petites ; Aurélia commençait à marcher à quatre pattes et avait fait ses premières dents, et sa sœur aînée Nathalia se préparait à faire son entrée à la maternelle. Ces mignonnes et radieuses petites filles faisaient la joie de leur entourage. Et puis est survenu le drame qui a bouleversé à jamais le quotidien de toute leur famille.

 

Pascalina, anéantie de chagrin, ne s’attendait pas à vivre un nouveau drame dans sa vie. Pourtant, le 1er février 2019, à peine sorti de l’hôpital, son compagnon Jeffrey a quitté le toit conjugal «pou retourn kot so mama», à Moka. Au grand dam de la jeune maman qui vit désormais grâce à une aide sociale du gouvernement. Ses parents la soutiennent également financièrement.

 

Mais sa vie n’est pas faite que de malheur. Car outre d’avoir ses deux fils avec elle pour lui apporter un peu de bonheur, elle a maintenant une adorable petite fille de trois mois à dorloter. Un bébé surprise dont elle était enceinte au moment même de la disparition de ses deux autres filles, sans toutefois le savoir. Quelque temps après le drame, souffrant de tension artérielle élevée, elle s’était rendue dans un centre de santé pour y recevoir des soins. C’est là qu’elle a appris qu’elle était enceinte de son cinquième enfant. Depuis le 23 août, la petite Kimberley a pointé son petit nez et est une boule d’amour et de joie.

 

«C’est ma plus grande consolation, ma nouvelle raison de vivre», confie Pascalina. Mais l’absence du père la désole. «Mo mem kinn deklar mo tifi. Sak fwa Jeffrey zis avoy mesaz pou dir li pou vinn get tibaba-la me zame linn vini. Mo papa pa le trouv li ditou isi pou seki linn fer ar mo bann zanfan ek mwa. Li pann ezite pou kit nou koumsa mem san okenn ed», s’indigne la jeune femme.

 

Pour Noël, elle aurait voulu combler ses fils de cadeaux, même si elle n’avait pas le cœur à la fête. Car eux aussi vivent des moments très difficiles depuis ce 28 décembre cauchemardesque. Les garçons lui ont demandé une bicyclette chacun mais elle n’a pu réaliser leur souhait. «Erezma zot konpran ki mo dan dife», précise Pascalina. Les temps sont très durs pour elle financièrement et si elle a pu rénover sa chambre, celle qui a brûlé dans l’incendie, c’est grâce à plusieurs bons Samaritains qui l’ont bienveillamment aidée et à qui elle dit un grand merci.

 

Maintenant, sa seul raison de vivre dans ce monde, qui lui a arraché ses deux filles, est ses fils et sa petite Kimberley. Et elle est déterminée à se battre pour eux jusqu’au bout. Le 29 décembre, elle s’est rendue avec toute sa famille au cimetière de Midlands pour fleurir la tombe de ses petits anges, et leur dire qu’elle ne les oubliera jamais et qu’elle les aime à l’infini.