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Agroécologie : dix bonnes raisons de s’y mettre

L’agronome française s’intéresse depuis près de 15 ans au développement de systèmes agricoles durables, contribuant à la sécurité des moyens de subsistance, à la souveraineté alimentaire et à la protection de l’environnement des communautés locales.

Ces dernières années, d’autant plus avec la pandémie de Covid-19, on entend beaucoup parler de changement climatique, d’autosuffisance alimentaire, d’écologie et… d’agroécologie. C’est justement de cette forme d’agriculture dont nous parle Margot Roux, agronome du Vélo Vert, cette semaine… 

La conjoncture mondiale actuelle démontre que le système agricole et alimentaire est fragile et dépendant. Comment donc cultiver la terre pour avoir accès à une nourriture saine, sans mettre en péril l’équilibre de la planète ? Eh bien, une solution est l’agroécologie, un mode de production agricole qui prend en compte la protection de l’environnement et le respect des ressources naturelles. «Il s’agit de développer un modèle agricole adapté à une région, à sa population, à son environnement naturel et à son économie», précise Margot Roux, agronome du Vélo Vert. «Ce qui distingue l’agroécologie d’autres modèles agricoles – agriculture raisonnée ou biologique –, c'est le rapport aux méthodes de fertilisation des sols, de production et de gestion de la biodiversité. L’agroécologie fera le chemin inverse de ces autres modèles, en partant de l’environnement existant, du sol notamment, qu’il faut aider dans sa mission de fournir de la nourriture et des moyens naturels de maintenir la productivité et de lutter contre les ravageurs.» Notre interlocutrice nous donne donc dix bonnes raisons de se lancer dans l’agroécologie…

 

Produire sa propre nourriture

 

Avez-vous déjà goûté à la joie de voir pousser vos propres légumes et de les déguster fraîchement cueillis ? Les légumes et les fruits sont la base d’une nourriture équilibrée, d’autant plus s’ils sont frais et cultivés selon les principes de l’agroécologie, tels qu’un sol fertile et vivant naturellement, sans aucun produit chimique. Les plantes sont adaptées pour être cultivées sur l’île et n’ont donc pas besoin d’engrais chimique pour se développer.

 

Une meilleure santé… pour le sol et pour l’humain

 

Les produits chimiques sont dangereux pour la nature et pour l’être humain. Ils sont utilisés pour «nettoyer» et «simplifier» la nature afin que l’humain puisse mieux la contrôler. Mais en réalité, ils détruisent la faune et la flore, parfois même sur le long terme. L’agroécologie propose des pratiques favorisant la biodiversité pour des légumes sains, un jardin plus vivant et une meilleure santé !

 

Faciliter le jardinage

 

En agroécologie, on s’inspire de la nature pour jardiner. En effet, la nature n’a pas besoin de l’humain pour pousser, elle se développe seule et s’entretient par elle-même sur le long terme. Il est contre-productif de se casser le dos à labourer, désherber, mettre des produits chimiques et arroser à outrance les cultures. En agroécologie, on développe un système naturel qui, avec le temps, va devenir de plus en plus autonome et demander de moins en moins d’entretien et donc de travail !

 

Se reconnecter à la nature

 

Les bénéfices de jardiner sont nombreux. Passer du temps dehors avec les plantes peut avoir les mêmes effets que la méditation. Le jardinage permet de sortir des écrans, de bouger, et nous pousse à recréer des liens avec la nature.

 

Des partages en famille

 

Le jardin peut être un vrai terrain d’exploration pour les enfants : faire germer des graines, observer des insectes, découvrir comment poussent les légumes, les récolter, observer les changements au fil des saisons… Il est important que les enfants comprennent d’où vient la nourriture et pourquoi nous devons prendre soin de la nature. Il existe de nombreux moyens de rendre ces activités ludiques et accessibles à tous les âges. C’est l’occasion de passer du temps en famille !

 

Échanger avec son voisinage

 

L’agroécologie met aussi en avant la collaboration. Que ce soit pour échanger des astuces de jardinage, des plants ou des récoltes fructueuses, l’agroécologie permet de tisser des liens avec son voisinage et de retrouver un sens de communauté parfois un peu perdu de nos jours. 

 

Petite sécurité alimentaire lors de pénurie

 

Imaginez que vous ayez en tout temps des légumes dans votre jardin. Des patates douces, des bred mouroum, des jacques ou encore des bananes… Autant de produits dont vous pourrez vous nourrir en cas de pénurie dans les supermarchés ou lorsqu’il n’est pas possible de sortir de chez vous !

 

Contribuer à la biodiversité

 

Chaque jardin ou carreau en agroécologie est un endroit riche en biodiversité mais celle-ci va au-delà des clôtures. Elle pourra aussi bénéficier des parcelles voisines ! Si votre voisinage adopte les mêmes pratiques que vous, alors vous améliorerez davantage l’écosystème ! 

 

Réduire les déchets !

 

Avec des détritus en tous genres qui s’accumulent sur l’île, nous connaissons aujourd’hui l’urgence de limiter nos déchets ! La nourriture est souvent vendue dans des emballages difficilement recyclables ou dégradables. En produisant des légumes dans son jardin, on évite tous ces déchets. Et surtout, on peut récupérer toutes les épluchures et tous les restes de fruits et légumes, pour en faire du compost qui viendra fertiliser notre sol naturellement ensuite !

 

Se préparer au changement climatique

 

Le climat ne va cesser d’évoluer dans les prochaines années et il est donc important de s’y préparer. En cultivant dès aujourd’hui des plantes rustiques et en apprenant à les reproduire, en récupérant les semences par exemple, chacun peut contribuer à développer des plants adaptés aux variations climatiques.

 


 

Une association qui a de l’ambition

 

Le Vélo Vert est une association installée à Chamouny. Elle a pour ambition de redynamiser l’agriculture locale en enclenchant une transition vers l’agroécologie et cela, avec le soutien de l’Union européenne, de la MCB et d’Eclosia. Depuis 2016, l’association développe son programme EMBEROI pour promouvoir des pratiques agricoles plus vertueuses et l’accès à des fruits et des légumes plus sains. D’ailleurs, depuis 2022, Le Vélo Vert a enclenché la troisième phase d’EMBEROI qui comprend une académie de formation, des fermes agroécologiques produisant maraîchage, compost, semences, agroforesterie, et des programmes de sensibilisation et de recherche. L’Académie du Vélo Vert a ouvert ses portes le vendredi 3 février, avec une formation Agroécologie et agripreneurs : parcours et pratiques. Pour plus d’informations, visitez le site de l’association : www.levelovert.org.

 

Valérie Dorasawmy

 


 

Eco-Sud : quatre jours de formation pour devenir résilient 

 

Donner aux Mauriciens les outils nécessaires pour qu’ils puissent produire leurs propres légumes. C’est l’un des objectifs du programme d’Eco-Sud, le Resilient Organic Community, qui propose une initiation de quatre jours à l’agroécologie entre le 14 et le 17 février, de 8 à 13 heures, au centre agroécologique de l’association, à Ville-Noire, Mahébourg. L’idée derrière cette formation, explique Rachèle Boyroo, coordinatrice communication et plaidoyer de l’ONG, est de créer à terme une communauté résiliente, d’accroître la sécurité et la souveraineté alimentaire grâce à l’agroécologie. «La crise de la Covid-19 et le naufrage du MV Wakashio, ayant grandement affecté les moyens de subsistance des communautés du Sud-Est, ont mis en évidence la fragilité des systèmes alimentaires à Maurice et notre forte dépendance aux importations. Face à ces urgences alimentaires, il était nécessaire pour Eco-Sud d’agir, de trouver des solutions durables pour les communautés.» Si cela vous intéresse et que vous souhaitez participer à cette formation, vous pouvez encore vous inscrire jusqu’à demain midi. Vous trouverez le lien pour l’inscription sur la page Facebook d’Eco-Sud. À savoir que les places sont limitées et une contribution de Rs 3 500 vous sera demandée.

 

Amy Kamanah-Murday