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Agressé après un accident, Raffick Mountah décède d’une insuffisance cardiaque | Nashila et Nafeesah : «Notre père est mort en héros»

Les filles de la victimes sont complètement abasourdies par ce drame.

Cet homme de 62 ans, habitant Pailles, est mort dans le bras de sa fille aînée après avoir été roué de coups par un jeune homme de 28 ans. L’origine du drame est un banal accident de la route impliquant la voiture de sa fille cadette et la moto pilotée par le père du présumé agresseur. La police a déjà procédé à l’arrestation du jeune homme. Il plaide toutefois la «légitime défense». Les filles de la victime, elles, donnent une autre version des faits.

Son tasbi (chapelet musulman) en main, habillée de blanc, Rooksana, 59 ans, reste imperturbable sur sa chaise au milieu du va-et-vient des membres de sa famille et d’autres proches dans le salon familial. Ce n’est pas qu’elle est indifférente à ce qui se passe autour d’elle. C’est juste qu’elle essaie de ne pas sombrer. À ceux qui lui demandent si elle veut manger ou boire pour reprendre des forces ou quoi que ce soit d’autre, elle oppose un faible refus et se replonge dans la prière. Elle y voit le seul recours pour surmonter la terrible épreuve qui s’est abattue sur sa famille. Quelques heures plus tôt, elle a rendu un dernier hommage à son époux Raffick Mountah.

 

Cet homme de 62 ans, habitant rue Bonnefin à Pailles, est décédé la veille, mardi 26 février, dans des circonstances révoltantes, selon ses filles Nashila, 29 ans, et Nafeesah, 38 ans. Depuis, une immense tristesse et une grande colère ont envahi les cœurs des proches du sexagénaire mort parce qu’il venait à la rescousse de sa fille Nashila qui se faisait malmener après un accident. L’assaillant de cette dernière s’en serait alors pris à lui physiquement et il est mort peu après d’une insuffisance cardiaque.

 

«Ziska ler ena dimounn pa krwar mo papa inn mor. Zot tou dan sok», lance Nashila, effondrée. «Il m’est difficile de croire que je vais devoir vivre sans mon père. Il ne méritait pas de mourir de cette façon même s’il est mort en héros. Je suis terriblement triste.» Elle n’oubliera jamais ce mardi fatidique où elle a vécu la plus grande tragédie de sa vie. Ce jour-là, elle était allée rendre visite à ses parents. «Je suis mariée et j’habite à Vacoas. Ce jour-là, j’avais fini mon travail un peu plus tôt ;  je suis donc allée voir mes parents. On a bu du thé et mangé enn pate.» Son père lui avait même donné la moitié de son pâté : «Il me donnait toujours la moitié de son gâteau depuis que je suis enfant. Je suis la cadette et nous avions toujours eu une relation très particulière lui et moi.»

 

Nashila quitte la maison de ses parents vers 16h30. «Je sortais de la ruelle où habitent mes parents qui débouche à la rue Bonnefin. Je devais ensuite prendre l’autoroute pour rejoindre mon père qui était sorti avant moi pour aller m’attendre à Bagatelle. On avait une course à faire là-bas», explique la jeune femme. Lorsqu’elle arrive à la jonction, il y avait, dit-elle, un monsieur à moto en face. «Sime ti lib sa ler la. Misie ki ti lor motosiklet la inn fer mwa sign ek so lame pou mo sorti. An mem tan, enn Swift ti pe monte dan lot sans. Li osi linn arete pou les mwa sorti. Me enn kou mo tann enn tapaz. Pa kone kiler motosiklet la inn vinn tap ek mo loto.»

 

«Violent coup de poing»

 

La jeune femme arrête alors sa voiture et en descend pour faire un constat. «Il n’y avait pas de dégât matériel. Mais contre toute attente, le monsieur a laissé sa moto basculer sur lui et s’est retrouvé par terre sous le deux-roues ; il a commencé à se tordre de douleur. Un voisin est venu me dire de faire des marquages sur l’asphalte avant de faire un constat à l’amiable. C’est là qu’un jeune homme est arrivé pour parler au motocycliste. Ensuite, il est devenu très agressif envers moi.»

 

Nashila a su très vite qu’il s’agissait du fils du motocycliste car il lui a dit d’un ton menaçant : «Zame mo papa pann donn ou sime pou sorti.» La situation a ensuite dégénéré. «Le jeune homme a voulu me prendre ma clé de voiture pour m’empêcher de la bouger. Ce faisant, il m’a donné un violent coup de poing à l’épaule droite. Il a pu la prendre quelques secondes plus tard», se souvient Nashila.

 

Peu après, le fils du motocycliste, un dénommé Salman Meeamuth, se serait mis à taper violemment sur son pare-brise. Quelques secondes plus tard, une personne qui assistait à la scène a pu reprendre sa clé de voiture des mains du jeune homme. Nashila, qui avait entre-temps appelé son père pour lui expliquer sa situation, a alors démarré son véhicule pour aller se garer quelques mètres plus loin. Toutefois, son assaillant s’est mis à l’insulter en continuant à taper sur sa voiture. Le père de Nashila est arrivé sur place peu après et a demandé à l’homme : «Ki to pe gagne ek mo tifi ?»

 

Salman Meeamuth se serait alors mis dans une grande colère. Il aurait donné à Raffick Mountah plusieurs violents coups de poing à l’estomac et à la tête. «Garson la ti pe bat mo papa kouma zanimo avan li sove. Mo papa ti feb net», relate Nashila. Selon elle, le jeune homme s’est enfui en proférant des menaces de mort contre son père et elle.

 

Affaibli par les coups de son assaillant, Raffick, qui souffre de problèmes cardiaques depuis 25 ans, s’est appuyé contre un mur pour essayer de reprendre son souffle. «Li ti fer enn stroke trwa an de sela. Dokter ti fini dir nou fode pa les li pran traka», explique Nashila. Le sexagénaire, qui avait travaillé comme bijoutier pendant plusieurs années, s’était reconverti en taximan depuis 15 ans.

 

Peu après l’agression, un véhicule de police est arrivé sur les lieux. Un policier a informé Nashila qu’elle devait l’accompagner au poste pour porter plainte officiellement. Sa sœur aînée Nafeesah, qui habite à la même adresse que ses parents à Pailles, venait elle aussi d’arriver sur place. «Mon père a commencé à avoir des difficulté à respirer. Des gens ont tenté de lui donner à boire mais il n’a rien pu avaler. Les policiers ont alors pris la décision de l’emmener d’urgence à l’hôpital», raconte Nashila, la voix complètement cassée par l’émotion. De l’autre côté, des passants avaient déjà transporté le motocycliste Hamid Meeamuth à l’hôpital.

 

«Li ti fini mor»

 

Nafeesah a alors accompagné Raffick dans le véhicule de police. Les policiers avaient placé la tête de son père, inconscient, contre son estomac. Ces dernières minutes aux côtés du sexagénaire restent à jamais gravées en elle. «Il m’est très difficile d’exprimer ma peine», raconte Nafeesah, en larmes. «Nou ti pe al lopital kan mo papa inn ris de kout. Monn krie “papa” me li pann reponn. Monn trap so lame me li pa ti ena okenn reaksion. Li ti fini mor kan nounn ariv lopital. Nou pa aksepte sa ditou. Nou papa ti extra bon. Nou tou bizin mor enn zour me papa pa ti merit mor koumsa.» Le rapport d’autopsie indique que Raffick a succombé à une insuffisance cardiaque. Ce grand fan de Manchester United laisse derrière lui une famille complètement abasourdie par la douleur. Salman Meeamuth, pour sa part, a été arrêté peu après quand il est allé rendre visite à son père à l’hôpital.

 

Nashila et Nafeesah, de leur côté, essaient de panser leur plaie en se concentrant sur l’image positive que laisse leur père dans leur mémoire. Pour ses filles, le sexagénaire avait toujours été «très protecteur» et «enn mari fighter kinn touzour dibout pou nou». Il était aussi un confident et une oreille attentive dans ses moments difficiles. Nashila et Nafeesah soulignent également que leur père était «un homme d’exception», très apprécié des siens et très populaire dans son quartier. Une chose est sûre : Raffick Mountah laisse un grand vide dans le cœur de tous ceux qui l’aimaient.

 


 

La mère du présumé agresseur : «Mon fils a agi en égitime défense»

 

Qui dit vrai ? Soorayah, la mère de Salman Meeamuth, donne une autre version de ce qui s’est passé le mardi 26 février. Cette habitante de la rue Bonnefin à Pailles martèle que son fils n’a pas tué Raffick Mountah. Le jeune homme de 28 ans est actuellement détenu à Alcatraz. Il fait l’objet d’une charge provisoire d’assassinat, selon une source policière. «Mon fils a agi en légitime défense», ne cesse de répéter sa mère.

 

Elle raconte que son époux Hamid, 54 ans, se dirigeait vers Pailles pour aller chercher leur fils cadet Salim, helper pour une compagnie qui commercialise des produits électroménagers, lorsque l’accident s’est produit. Leur aîné Salman, qui travaille dans une imprimerie de la localité, était déjà rentré à la maison. C’est un ami qui est venu l’alerter de l’accident. Le même ami l’a tout de suite emmené sur les lieux à moto. Soorayah est, elle aussi, arrivée sur place à pied quelques minutes plus tard.

 

Salman se serait mis dans une grande colère lorsqu’il a vu son père allongé sur l’asphalte et se tordant de douleurs. «J’ai parlé à la dame peu après. Elle m’a dit que l’accident s’était produit bien malgré elle. J’étais déjà dans la voiture d’un passant pour transporter mon époux à l’hôpital lorsque le père de la dame est arrivé en courant et s’est mis à donner des coups à mon fils», raconte Soorayah.

 

La quinquagénaire avance qu’elle a assisté, impuissante, à toute la scène : «Tou inn pass divan mwa. Misie-la inn bat mo garson. So malad inn leve apre. Mo garson inn zis defann li. Sa inn pass mari vit sa. Ena dimounn inn bizin vinn tir lager. Apre sa ki misie la inn koumans malad. Mo garson pann touy li. Misie-la kinn vinn ver mo garson pou lager. Mo zanfan inosan. Mo garson pann fer krim. Mo temwin tou seki finn arive. Nou fami osi pe soufer dan sa zistwar-la», affirme Soorayah.

 

Elle avance que son fils Salman a toujours eu un comportement exemplaire à la maison et dans la rue. «Il n’a jamais eu de prise de bec avec personne. Il ne sort que pour aller travailler. Il est d’ailleurs très apprécié au travail. Il n’a pas de fiancée. Je l’aurais moi-même condamné s’il avait roué cet homme de coups. Mais c’est lui qui a été tabassé et il n’a fait que se défendre. L’autre monsieur est mort parce qu’il était malade. Sa famille doit accepter cette décision divine.» Son époux Hamid s’est, dit-elle, blessé aux reins lorsqu’il est tombé de sa moto. Il a été autorisé à quitter l’hôpital, le jeudi 28 février.

 

Nashila, la fille de Raffick Mountah, réfute en bloc les accusations de Soorayah et la version que Salman a donnée à la police disant qu’il n’a donné qu’un seul coup au sexagénaire : «Li pe koz manti kan li dir linn tap mo papa enn sel kout. Salman inn bat mo papa ek asarnman. Kouma dir ti ena enn demon lor li sa ler la.»