• Boxe thaï : première édition de «La Nuit des Nak Muay»
  • Badminton : les Internationaux de Maurice à Côte-d’Or
  • Trois univers artistiques à découvrir
  • Handicap et vie professionnelle : un pas de plus vers l’inclusion
  • Mayotte au rythme des crises
  • Une rare éclipse totale traverse l’Amérique du Nord : des Mauriciens au coeur d’un événement céleste spectaculaire 
  • World Thinking Day : les guides et la santé mentale
  • Mama Jaz - Sumrrà : prendre des risques musicaux avec le jazz
  • Karine Delaitre-Korimbocus : Kodel, une nouvelle adresse dans le paysage de Belle-Rose
  • Oodesh Gokool, le taximan attaqué au couteau : «Mo remersie piblik»

Agalega : vague d’angoisse pour les habitants

Arnaud Poulay et Arnaud Henry parlent de la situation.

Cela fait des mois qu’ils vivent dans l’incertitude. Et malgré les propos qui se voulaient rassurants du Premier ministre au Parlement, il est difficile de ne pas se laisser submerger. 

Du sable remué. Des émotions faites de grains d’angoisse et d’appréhensions pour créer une plage d’incertitudes. C’est le mood des habitants d’Agalega, selon Arnaud Poulay et Arnaud Henry, qui vivent dans l’île avec leur famille et qui y œuvrent depuis de longs mois pour que la vérité fasse jour. Cette semaine, le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, a partagé une vidéo où on peut voir l’avancée des travaux à Agalega. C’était quelques heures après avoir questionné le Premier ministre sur le sujet au Parlement. Pravind Jugnauth a tenté de rassurer : non, il n’y a pas de projet de base militaire… mais il y aura des militaires (voir hors-texte). Alors que certains médias étrangers laissent entendre que l’île serait une base en devenir, les habitants veulent des réponses.

 

Que l’accord entre l’Inde et Maurice soit rendu public. C’est ce que demande Arnaud Poulay. Ce serait un premier pas : «Au Parlement, le Premier ministre n’est pas convaincant. Il peut dire ce qu’il veut mais comment pouvons-nous être sûrs que c’est la vérité ? Il n’a qu’à rendre l’accord public pour faire taire les doutes. Nou ek nou lizie nou kapav dir ki se pa enn zafer normal ki pe deroule isi.» Il évoque la longue piste d’atterrissage qui a déjà «détruit l’île du Nord». L’observateur Jean-Claude de l’Estrac confiait ceci au quotidien l’express, cette semaine : «La présentation qu’a faite le Premier ministre au Parlement mardi, de travaux uniquement destinés à améliorer les conditions de vie à Agalega, cherche à occulter totalement la dimension militaire des nouvelles infrastructures (…) L’Inde construit une piste d’atterrissage longue de 3 000 mètres, rien à voir avec les besoins de la connectivité inter-îles.»

 

Arnaud Poulay parle aussi de ces militaires déjà présents qui font «tou seki zot anvi» et de cette inquiétude qui mine la population d’Agalega. Au cœur de cette angoisse, la peur de devoir partir, d’abandonner une terre qui est la leur mais pas légalement : «Nous ne sommes pas propriétaires de nos terres malgré nos multiples demandes. Nous n’accepterons pas de céder Agalega et de nous laisser diriger par un pays étranger.» Arnaud Henry a, lui aussi, du mal à faire taire les vagues d’angoisse qui balaient ses plages quotidiennes : «Nous sommes dans l’incertitude, le brouillard. Il y a de la frayeur, de la peur. Je ne sais pas de quoi sera fait mon avenir. Et surtout celui de mes enfants. Nous ne voulons pas subir le même sort que les Chagossiens.»

 

Connecté au monde de sa petite île, il voit que les nouvelles ne sont pas bonnes, malgré les réassurances de Pravind Jugnauth : «La presse internationale parle de base militaire, c’est effrayant. Je redoute le jour où on nous dira de partir. Si c’est vraiment une base, ça finira par arriver.» Comme Arnaud Poulay, il souhaite de la transparence, que l’on explique la réalité du projet, son objectif, ses tenants et aboutissants. Comme ça, la population pourra se préparer et faire face à une «menace», si elle existe. Elle ne serait plus imaginée mais bien réelle : «En sachant à quoi nous préparer, nous pourrons décider de la marche à suivre.»

 

Les habitants d’Agalega tentent déjà de s’organiser en alertant l’opinion internationale et en manifestant. La circulation d’une pétition qui sera envoyée aux Nations unies est actuellement en train. Ils multiplient également les demandes afin qu’ils deviennent légalement propriétaires. Ils ne sont pas contre le développement, disent-ils, mais pas celui qui met en péril leur existence et qui ne les inclut pas. «Le Premier ministre laisse entendre que les Agaléens ne voulaient pas travailler dans le secteur de la construction, c’est faux», confie Arnaud Poulay.

 

En attendant de se faire entendre par le gouvernement, il ne peut que voir les tas de sable remué qui s’amoncellent dans son île suite aux travaux…

 


 

«No agreement to set up a military base»

 

Le Premier ministre l’a redit au Parlement, le mardi 18 mai. «There is no agreement between India and Mauritius to set up a military base in Agalega.» C’était suite à la Private Notice Question de Xavier-Luc Duval. Ce dernier souhaitait obtenir des détails sur les travaux à Agalega. Néanmoins, le Premier ministre n’a pas su dire si l’île accueillerait bateaux et avions transportant des armes nucléaires sur Agalega : «I think we are a party to a convention where we agree that the Indian Ocean should be demilitarized, therefore not having nuclear weapons, but I cannot say because I have to find out what is the position with regard to nuclear weapons.»

 

Pour le député de l’opposition, Shakeel Mohamed, élu de la circonscription Port-Louis-Maritime/Port-Louis-Est (la nº 3), là où sont inscrits les électeurs agaléens, il serait temps que le Premier ministre l’autorise à rendre visite à ses mandants : «Pourquoi on nous empêche d’y aller ? Est-ce qu’il y a une base militaire ? J’ai envie d’être rassuré sur le fait que notre souveraineté nationale est sauvegardée…»