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Soolekha Jepaul-Raddhoa : Ode à ma famille

Installée dans son fauteuil de maire, cette maman de trois enfants, épouse de feu Prem Raddhoa, ex-patron de la Major Crime Investigation Team, nous parle de sa passion pour le social et de son intérêt pour la politique. Rencontre.

Il lui est impossible de ne pas penser à eux. Malgré le travail qui a commencé dès le lendemain de sa prestation de serment comme nouvelle mairesse de Quatre-Bornes, le mercredi 28 juin, Soolekha Jepaul-Raddhoa a une pensée spéciale pour ses parents, Damun Jepaul, plus connu comme Soorooj, ex-employé de la propriété de Fuel, et Sabeetree, femme au foyer. 

 

Les yeux rivés sur une photo d’eux, la première magistrate de la ville des fleurs, qui aura 67 ans le 1er octobre, ne cache pas son admiration devant ces deux êtres chers qui sont derrière celle qu’elle est devenue aujourd’hui. «Vous avez vu à quel point ils sont beaux ? Vous avez vu l’élégance de mon père avec sa moustache ? Et que dire de ma mère : on a toujours dit d’elle qu’elle ressemble à une actrice indienne !» lâche-t-elle, de l’amour dans les yeux. 

 

Dans son nouvel univers, calé dans son fauteuil de maire à la municipalité de Quatre-Bornes où nous la rencontrons mercredi après-midi, tout de suite après un conseil, elle évolue comme un poisson dans l’eau. Devant ses responsabilités, elle se montre pro : «D’abord le travail !» Rien ne lui résiste.«Il y a une solution à tout problème», lâche-t-elle entre deux coups de téléphone.«J’ai appris qu’il y a un souci avec des marchands de rue à La Louise. Allez-y tout de suite et tenez-moi au courant», lance-t-elle à un de ses collaborateurs avant d'ajouter : «Je vais faire taire tous ceux qui croient qu’une femme peut faire moins.»

 

Elle se dit prête à relever tous les défis, avec sa force de caractère et sa vitalité qui traduisent bien sa personnalité. Se décrivant elle-même comme «une grande bosseuse», elle dit avoir trois maîtres mots : «Optimisme, rigueur et sérieux.» Des principes de vie qui l’ont toujours guidée. 

 

«Vouloir, c'est pouvoir»

 

À la voir aujourd’hui, n’importe qui, dit-elle, peut croire qu’elle a eu une vie facile. Mais elle ne cache pas qu’elle a dû se battre avec une volonté de fer : «J’ai ramé comme tous ceux qui veulent réussir.» La franchise, l’honnêteté et la persévérance ont, précise-t-elle, rythmé sa vie. Ce sont sans doute grâce à ces valeurs qu’elle s’est construite : «Nous n’avons jamais été riches mais mes parents m’ont appris que vouloir, c’est pouvoir.» De ses «géniteurs», comme elle les appelle, elle a tout appris : «Ma détermination, je la leur dois. C’est mon père qui m’a, par exemple, appris à manier une arme. Et c’est mon père et ma mère qui ont fait grandir mon intérêt pour la politique.»

 

D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, la cadette de six enfants (trois garçons et trois filles) a toujours été attirée par ce milieu : «J’accompagnais mon père aux meetings et avec ma mère, j’allais à des petites réunions. J’étais jeune mais je sentais que c’est quelque chose que je voulais faire.»

 

De son enfance, cette native de Quatre-Bornes se souvient notamment de son déménagement dans l’est du pays : «Mes parents m’ont raconté qu’une fois sur place, j’ai voulu retourner dans le camion.» Si Soolekha ne sait pas alors à quel moment elle va faire le grand saut dans la politique, elle se rend très vite compte que son plus grand désir, c’est de se mettre au service des autres. 

 

Et ce sont encore une fois ses parents qui ont allumé cette flamme en elle : «Sur la propriété, mon père faisait des “bonds”qu’il donnait à ceux qui en avaient besoin. Ils se ravitaillaient alors dans la boutique du coin et remboursaient mon père par la suite. Même quand il allait à la chasse, il avait toujours une pensée pour ceux dans le besoin. Ce qui explique que le social est dans mon ADN.»

 

Celle qui a pris de l’emploi dans la fonction publique dans les années 70, compte aussi 35 ans au service de la cause syndicale : «J’étais très active au sein de la Government General Services Union.» Dans le désordre, Soolekha Jepaul-Raddhoa met aussi en avant son engagement au sein de sociétés coopératives et une autre de ses grandes missions : la défense des droits des consommateurs. «J’animais aussi des émissions sur les chaînes de la MBC.» 

 

Son expérience au sein de la St John Ambulance a aussi été un de ses grands accomplissements : «Guy Ohis m’avait nommée District Superintendentde Moka/Flacq.» De cette étape de sa vie, celle qui a toujours eu une fascination pour les femmes de poigne – Florence Nightingale, Simone Veil, Marie Curie, Sirimavo Bandaranaike ou encore Vijaya Lakshmi –, se souvient aussi de sa rencontre avec Indira Gandhi lors de sa visite dans l’île : «Je me souviens avoir été impressionnée par sa personne et son charisme. Ce jour-là, je me suis dit que je voulais être comme elle !»

 

Séparation

 

Avec cette rencontre ancrée en elle, Soolekha Jepaul-Raddhoa a avancé petit à petit sur le terrain politique. Sa participation, aux élections générales en 2010 en indépendante, l’aventure des municipales en 2012, toujours en indépendante et une tentative en 2015 sous la bannière MSM, l’ont forgée davantage. «Je remercie mon leader, le PM, pour la confiance qu’il place en moi. Je partage la vision du MSM et j’ai aussi un profond respect pour sir Anerood Jugnauth.»

 

Elle a aussi une pensée spéciale pour son époux, feu Prem Raddhoa, ancien patron de la Major Crime Investigation Team, qui lui a toujours accordé son soutien : «Il aurait été très fier d’apprendre ma nomination comme mairesse de Quatre-Bornes. Il m’a toujours soutenue dans mes choix.» Si elle avoue que c’est surtout elle qui le poussait à donner le meilleur de lui-même, Soolekha Jepaul-Raddhoa se souvient d’abord de lui comme d’une personne droite qui aimait son travail : «Avec lui, j'ai appris à conduire.» 

 

La date du 1er octobre 2007, en sus d’être celle de son anniversaire, est aussi le jour où elle a été à jamais séparée de lui : «Il était en voyage en Afrique du Sud et il a été foudroyé avant même d’arriver à la conférence à laquelle il était convié.» Ne lui parlez surtout pas de ses enfants (deux filles, un fils). «Non. Pour des raisons de sécurité, je préfère ne pas aborder cet aspect de ma vie bien que je sois très fière d’eux. Je suis une maman comblée et très heureuse.» Le sujet est clos. 

 

Depuis que cette grand-mère d’un petit-enfant a enfilé sa robe de première magistrate de la ville des fleurs, elle entame chaque jour un véritable marathon. «Je vais être réceptive à toutes les propositions.» Elle parle de son métier avec une grande sensibilité, dans une langue où la passionnée bataille avec la professionnelle :«Avec mon équipe, on va poursuivre les projets en chantier et je compte aussi construire un grand centre commercial, un bâtiment moderne à côté du nouveau marché, pour tous les citadins.»

 

En attendant, c’est à sa famille – ses parents, son défunt époux et ses enfants – qu’elle dédie ce mandat qu’elle compte mener à bon terme… Armée d’amour et de détermination.