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Ryan Ah Seek : Moi, ma sexualité, mon engagement

Depuis quelques  années il donne de la voix lors des Marches de Fiertés.

Sa vie, ses motivations, son rôle au sein du Collectif Arc-en-Ciel qui lutte pour les droits des homosexuels. Rencontre avec le nouveau président de l’organisme…

Flash-back.Un mini short blanc, une veste blanche et une cravate rose. Voilà pour la tenue. Pour le reste : sa voix… Pour scander un «Nou la !» auquel il croit de toutes ses forces. Un cri du cœur, poussé haut et fort, le 3 juin, dans les rues de Port-Louis pour faire passer le message du Collectif Arc-en-Ciel – qui milite pour les droits des personnes de la communauté gay – mais aussi pour être le porte-parole de ses amis, de ces Mauriciens qui, comme lui, ont une orientation sexuelle différente. 

 

C’est avec son engagement «pour plus de visibilité, de reconnaissance et de droits» chevillé au corps qu’il a marché cette année. Comme l’année précédente et celle d’avant. D’ailleurs, ceux qui étaient à la Marche des fiertés cette année ont certainement dû le voir : menant le cortège, le chauffant même pour l’inviter à reprendre ce «Nou la !», cette revendication qui est devenue le combat de sa vie.  

 

Retour dans le… présent. Pas de mini short ni de cravate rose pour le nouveau président du Collectif Arc-En-Ciel, nommé depuis une semaine. C’est sur son lieu de travail, à Ébène, que nous rencontrons cet employé de banque, fervent militant de la cause homosexuelle. Car Ryan Ah Seek, 27 ans, est gay et fier de l’être. «Je suis moi, une personne comme toutes les autres, avec une orientation sexuelle différente», nous confie-t-il. Le ton posé, il dit savoir maintenir l’équilibre entre le Ryan fêtard et le Ryan sérieux qui se dit «heureux et honoré» d’assumer ses nouvelles responsabilités.

 

La lutte

 

«Je travaille avec le collectif depuis plusieurs années car, forcément, c’est une cause qui me touche. Personne mieux que nous ne sait ce qu’est la réalité d’une personne gay, qui doit vivre avec et surtout faire avec son entourage et les autres qui, souvent, ne savent pas et ne comprennent pas.»C’est ainsi qu’il a voulu, il y a quelques années, intégrer cette «petite équipe jeune, dynamique et motivée» qui est là pour informer, écouter, conseiller, encadrer et mener des ateliers et autres activités pour l’avancement de la cause homosexuelle dans le paysage local.

 

«Certes, depuis ces dernières années, depuis 12 ans, il y a eu du chemin parcouru. Il y a une certaine visibilité de la communauté mais il reste encore beaucoup à faire», explique cette habitant de Saint-Pierre. Entre la gay pride version locale qui «a quitté Rose-Hill pour le Caudan et, cette année, pour se balader dans les rues de la capitale», les soirées du collectif qui sont organisées régulièrement et plusieurs initiatives comme l’Art Therapy Project, entre autres expositions, Ryan place sa présidence sous le signe de la continuité : «Avec mon comité, nous pensons poursuivre l’excellent travail qui a commencé, sans oublier nos fondamentaux qui restent la lutte pour plus de droits pour les LGBT.»

 

S’il est motivé à continuer à se donner à fond, c’est parce qu’il sait ce que c’est que d’être vu comme quelqu’un de différent. Lui aussi est passé par cette phase quand il a compris qu’il n’était pas comme tout le monde, lui aussi a connu l’étape du coming out avec ses proches, avec sa mère Paméla notamment… «Je revenais d’une fête et je lui ai fait comprendre ma réalité. Elle m’a dit : “Va dormir, on en reparlera demain”.» Pour lui, c’était important de faire ce pas et de faire la lumière sur cet aspect de sa vie. «Je peux comprendre la réaction de parents qui réalisent que leur enfant est gay. Personne ne s’attend à une telle chose», confie-t-il, ajoutant que depuis qu’il est «vrai» avec son entourage, tout va bien pour lui : «C’est important d’avoir le soutien de sa famille, de se sentir entouré, aimé et soutenu pour ce qu’on est.»

 

«Son amour»

 

Sa mère mais aussi sa nièce Nabeela, 12 ans, sont la source de son équilibre : «Ma mère ne rate jamais une Marche des fiertés. Elle vient et elle est toujours là pour me montrer qu’elle me comprend. À travers cela, elle me montre son amour… tout simplement.»

 

Certes, il y a eu des moments difficiles à affronter : les remarques, les regards ou encore les interrogations. Il y a aussi ces sujets sensibles et personnels qu’il ne veut pas aborder. Mais ce célibataire – depuis tout récemment – essayai autant que possible de garder la flamme qui brûle en lui allumée afin de continuer à militer pour que l’arc-en-ciel illumine la vie de tout le monde. 

 

C’est pour cela qu’il s’est engagé : pour que les personnes qui partagent sa réalité ne subissent plus et ne souffrent plus. «On est là pour ceux qui doutent, pour ceux qui ont des problèmes et pour les parents qui veulent comprendre. Les portes du collectif sont toujours ouvertes», lance le jeune homme, fier de ce qu’il est, de sa sexualité et de son engagement.