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Krishna Kalleedeen : Ma revanche sur la vie

C’est l’histoire d’un jeune homme qui a eu une enfance difficile. Séparé de ses parents, qu’il a aujourd’hui perdus, et placé à SOS Villages, il a pris sa vie en main et voit l’avenir avec optimisme.

Tout ce qui ne tue pas rend plus fort. C’est ainsi que Krishna Kalleedeen, 26 ans, pourrait résumer sa vie. Si à 7 ans, la plupart des enfants s’inventent un monde imaginaire, s’imaginent dans la peau d’un super-héros ou passent le plus clair de leur temps à jouer, à faire du vélo, à taper dans le ballon ou à rester devant la télévision, lui vivait une autre réalité. Il subissait les disputes fréquentes de ses parents alcooliques, la violence et d'autres moments pénibles qu’un garçonnet de cet âge n’aurait jamais dû vivre.

 

«Je me souviens d’un jour où mon père et ma mère se disputaient comme d’habitude. C’était violent et par peur que cela ne dégénère, j’ai pris ma petite sœur et mon petit frère et je me suis sauvé de la maison, confie-t-il.Depuis tout petit, je vivais leur colère et d’autres débordements. À un certain moment, je n’ai pas pu tenir. Je ne voulais pas que les petits soient témoins, comme moi je l’ai été,  de cette guerre perpétuelle entre nos parents. Ce jour-là, je les ai pris avec moi et j’ai quitté la maison.»

 

À l’époque, il avait 5 ans ou peut-être 6 ans. Il ne s’en rappelle pas exactement mais ce dont il se souvient, c’est qu’à l’époque, les moments de bonheur, sans cris, sans pleurs et sans violence, étaient rares. «J’étais bien uniquement quand j’étais avec mon petit frère et ma petite sœur, et que je les savais à l’abri.»

 

C’est dans les locaux de SOS Villages à Rose-Hill que nous rencontrons Krishna. Sourire aux lèvres, allure sympathique, le jeune homme a l’air de respirer la joie de vivre. Difficile d’imaginer qu’il a eu une enfance chaotique : «Et là aussi, je ne vous raconte pas tout ce par quoi je suis passé. Il y a des choses dont je ne veux pas parler.» D’aussi loin qu’il s’en souvienne, l’ambiance chez lui a toujours été houleuse : «D’ailleurs, je n’avais pas une scolarité régulière. J’ai aussi deux grands frères qui ont connu la même triste histoire et de qui nous étions séparés.»

 

C’est donc alertés par tout ce qui se passait chez les Kalleedeen – c’était souvent bruyant, raconte Krishna – que les voisins ont informé les autorités. «Les officiers de la Child Development Unitsont venus et nous ont emmenés.» C’est alors que commence son histoire avec SOS Villages : «On nous a placés dans l’antenne de Beau-Bassin, mon petit frère, ma petite sœur et moi. Nous n’étions pas dans la même maison mais au moins, nous n’étions pas séparés. Nous n’étions jamais très loin les uns des autres. Et cela me réconfortait.»

 

Pour lui, c’est le début d’une nouvelle vie : «Pour la première fois de ma vie, je pouvais jouir de calme. Certes, j’étais loin de ma mère et de mon père mais je n’étais pas pour autant triste ou désemparé. Dès les premiers jours dans le centre de SOS Villages, je me suis senti bien.»Il fait la rencontre de Radika, sa maman SOS, qu’il considère aujourd’hui comme sa «véritable mère», celle avec qui il se sent bien, avec qui il se sent en confiance. Dans leur maison, il côtoie sept autres jeunes qui, comme lui, ont connu des moments difficiles et ont dû être arrachés de leur famille, de leur réalité. «On fonctionnait comme une famille normale. On s’entraidaient, on partageaient des moments ensemble et il n’y avait pas de violence. Je n’étais pas un ange mais ma nouvelle vie n’avait rien à voir avec la précédente. Je suis devenu complice avec Radika qui m’accordait de l’attention et me donnait beaucoup de conseils.»

 

Très vite, Krishna comprend que c’est à lui d’être l’architecte de sa vie : «Je savais d’où je venais et j’ai réalisé très vite que je devais me battre pour m’en sortir et surtout ne pas baisser les bras.» À l’école primaire de SOS Villages, Krishna, qui avance sans oublier ce qu’il a vécu, se donne à fond, même s’il passe par d’autres épreuves : «J’avais 12 ans quand j’ai perdu ma mère et 19 ans quand mon père est décédé.» Dans son travail de reconstruction, il est même allé à la rencontre de son papa avant sa mort : «Je ne peux pas vous dire toute l’histoire mais j’avoue que j’avais un attachement particulier pour mon papa, même si je reconnais que les deux ont échoué dans leur rôle de parents. Quand j’ai vu mon père, j’ai ressenti qu’il avait un immense bonheur de voir que j’allais bien.»

 

L'avenir

 

Ayant réalisé que seul l’éducation pouvait donner un sens à sa vie, le jeune Krishna s’est toujours accroché. Et au collège Victoria à Rose-Hill, où il a étudié jusqu’en Form V, il a tout fait pour se distinguer : «J’ai donné mon maximum.»  Puis, c’est à l’école hôtelière qu’il a poursuivi ses études : «Je voulais vraiment donner une direction à ma vie. Ce n’est pas parce que j’ai eu un début difficile que je ne pouvais pas avoir une carrière.»Motivé, déterminé et avec beaucoup d’amour, notamment de son entourage à SOS Villages, Krishna s’oriente vers l’hôtellerie et devient barman : «J’ai travaillé dans quelques hôtels et j’ai gravi les échelons.»

 

Aujourd’hui, Assistant Bar Managerà l’hôtel Outrigger,à Bel-Ombre, le jeune homme trace sa route : «Je continue à regarder devant et à avancer.»De jeune pensionnaire de SOS Villages, il est fier et heureux de dire qu’il est aujourd’hui un professionnel qui se sent bien dans son travail : «Quand je pense à ce par quoi je suis passé, je me dit que je suis peut-être chanceux. Mais avant tout, je sais que pour arriver à quelque chose dans la vie, tout est une question de volonté. Il faut se dire que rien n’est impossible mais il est surtout important de se donner les moyens de réaliser ses rêves. Je suis aujourd’hui propriétaire de ma maison à Mare-Tabac et je viens de m’acheter une voiture.»

 

Sa plus grande victoire, c’est de n’avoir jamais baissé les bras : «Malgré les épreuves, je me suis appliqué dans mes études et des formations. Aujourd’hui, je suis comblé de faire un boulot dans lequel je suis à l’aise.»Ses autres priorités : se marier, fonder une famille et surtout être un bon père. À ses futurs enfants, il promet de tout donner car personne ne mérite de souffrir comme cela a été le cas pour son frère, sa sœur et lui. Chacun ayant pris son envol malgré quelques soucis pour son petit frère «qui se cherche toujours»,Krishna fait tout ce qu’il peut pour garder ce lien fort qui les unis.

 

Malgré son sourire et la revanche qu’il a prise sur la vie, le souvenir de ses parents, son vécu, son passage à SOS Villages, son histoire, seront à jamais ancrés en lui : «J’aurais pu finir autrement mais je suis content de m’être accroché et d’être arrivé là je suis aujourd’hui.»Si la plaie de ses malheurs a été soignée, la cicatrice laisse des marques mais Krishna, grâce à sa détermination, a ce qu’il faut pour les empêcher de nuire à son bonheur actuel et futur.

 


 

SOS Villages : «Zame pa baisse lebra»

 

Une campagne, un message. Afin de motiver les enfants de SOS Villages, SOS Villages d’Enfants Maurice a lancé sur les réseaux sociaux une série de vidéos inspirantes, porteuses de messages positifs, afin d’inculquer les jeunes résidents à ne jamais baisser les bras. La campagne, lancée sur Facebook,se compose d’une série de vidéos inspirantes et motivantes dans lesquelles on retrouve les témoignages émouvants d’anciens résidents qui ont réussi ou brillé chacun à sa façon. Ces derniers racontent leur vie, les obstacles auxquels ils ont fait face et surtout comment ils se sont accrochés et ont choisi d’avancer. Les vidéos montrent les témoignages de Gina, 27 ans ; Mary-Jane, 22 ans ; ou encore de Kevin, 28 ans, devenu un entrepreneur grâce au soutien obtenu. Aujourd’hui, son entreprise produit des T-shirts pour le marché local. Les vidéos peuvent être visionnées sur la page Facebook suivante : http://bit.ly/2fzzbSD.