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Jackson Leung : Les tristes souvenirs d’une explosion

25 juillet 2004. Grand-Baie se réveille sous le choc : une explosion a balayé ce qui était à l’époque le Grand Bay Store et ses alentours. Douze ans plus tard, un des commerçants, qui était affecté par ce drame ayant fait deux morts, revient sur ce tragique événement.

Unescène de guerre. L’incompréhension. Le doute. Jackson Leung se souvient encore de ce triste matin. C’était le 25 juillet 2004. Quand il déboule dans sa boutique très tôt ce jour-là – suite à l’appel d’un ami –, il a du mal à en croire ses yeux. «Il était près de 2 heures du matin»,nous confie le propriétaire de la boutique de souvenirs alors connu comme Sea Horse Shop.

 

Douze ans plus tard, les images sont encore fraîches dans sa mémoire. Devant lui, se souvient-il, une horrible scène. Le chaos. Une fumée de poussière plane sur les lieux, alors qu’une odeur de brûlé dérange les narines. Partout autour de lui, des amas de bétons, des mûrs effondrés, des tôles déchiquetées, des fenêtres qui ont volé en éclats, des dégâts, à perte de vue... des regards meurtris et une triste réalité : une explosion vient de décimer le Grand Bay Store et ses alentours ravagés par les projections de pierres et autres objets suite à la déflagration.

 

De choc en choc, à la vue de l’état de sa boutique et des autres commerces à proximité, Jackson Leung, comme beaucoup qui se sont rendus sur les lieux ce matin-là, est dans le flou : acte criminel, fuite de gaz, attentat… Les interrogations se bousculaient. Et dans ces moments d’inquiétude, une terrible nouvelle provoque l’effroi. Deux jeunes amoureux, Jean-François Lew Yee Teen, 26 ans, et Emmy Ng Yeung, 24 ans, qui projetaient de se marier la même année, ont perdu la vie quand le bâtiment a volé en éclats. Au moment du drame, les fiancés se trouvaient, le temps d’une sortie entre amis, au resto-bar Maï-Taï, au rez-de-chaussée du bâtiment détruit.

 

Des années plus tard, le Sea Horse Shop, rebaptisé Marine Horse Shop et qui se trouve sur la route principale à Grand-Baie, à proximité de l’ex-Grand Bay Store (aujourd’hui Grand Bay Plaza), s’est refait une santé. Même si au premier coup d’œil, rien ne rappelle le tragique souvenir de l’explosion, dans les mémoires et dans les cœurs, impossible d’effacer cette parenthèse entachée de sang. Sur la façade de sa boutique, des clichés légendés Souvenirs of a gas souvenir, accompagnés de photos de l’état de son magasin peu après la déflagration, rappellent cette période difficile.

 

«Pendant longtemps, on est restés dans le doute : explosion de gaz ou pas. La route principale sur Grand-Baie était fermée pendant longtemps. Le commerce tournait lentement et les ruines du Grand Bay Store sont restée à pendant longtemps et suscitaient des réactions de touristes car vu l’état du building, il y avait de quoi se poser des questions», raconte Jackson Leung. Il se souvient aussi des répercussions de cette affaire à l’échelle internationale :«On en parlait, surtout qu’il y avait une célébrité, en l’occurrence Alain Delon, qui était ce soir-là dans le bâtiment.»

 

Évidemment, malgré le temps passé et même si la vie a repris son cours, il lui est impossible de ne pas repenser à cet épisode, avec deux jeunes qui sont morts, et de se dire que les choses auraient pu être pire si le drame était arrivé plus tôt dans la journée. Aujourd’hui, il lui est difficile de réaliser que 12 années ont passé, même s’il sait que le grand drame qui avait secoué Grand-Baie restera encore longtemps dans les  mémoires et que demain, 25 juillet, resurgiront les tristes souvenirs d’une explosion.

 


 

Des rapports à la pelle

 

Plusieurs rapports d’experts ont été livrés depuis le 25 juillet 2004, date de l’explosion du Grand Bay Store.Dans une déclaration ministérielle en date du 19 avril 2005, le Premier ministre d’alors, Paul Bérenger, avait donné lecture des conclusions de ces rapports. Seul le Forensic Science Laboratory(FSL) attribue l’explosion à une détonation d’explosifs. Son rapport en date du 23 août 2004 révèle que des traces de nitroglycérine ont été détectées. Le rapport du Federal Bureau of Investigation(FBI), mandé à l’époque sur les lieux, a, en revanche, conclu à une combustion rapide de gaz. Même conclusion du rapport commandité par la Mauritius Union. Une autre enquête commanditée auprès du FSL sud-africain révèle la présence de chlorure et de soufre dans les échantillons analysés.