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Christian Lefèvre : Ma mélodie du bonheur

Jonathan et Aurélie, ses enfants qui travaillent avec lui.

Voilà 12 ans qu’il a commencé sa belle aventure nommée Coquille Bonheur. Si à ses débuts, l’entreprise comptait quatre employés, elle emploie aujourd’hui plus de 75 personnes. Zoom sur une belle histoire…

Il croit en elle. Elle est belle, brillante, filante. Elle, c’est la belle étoile à laquelle Christian Lefèvre s’accroche de toutes ses forces et qui, dit-il, lui porte chance. «Elle ne m’a jamais lâché», lâche le Managing Director de Coquille Bonheur, que nous rencontrons sur son lieu de travail à Roches-Brunes. C’est là-bas que tout a commencé, il y a 12 ans. Cette Coquille Bonheur, qui «garantit des vacances qui dépassent les attentes», il l’a chouchoutée et a suivi toutes les étapes qui font d’elle, aujourd’hui, une référence dans le domaine du tourisme.

 

Avec plusieurs années d’expérience et une gamme étendue de produits et services sur mesure, Coquille Bonheur offre des services réceptifs de qualité et propose différentes expériences aux visiteurs du pays, avec une approche audacieuse et un goût de l’excellence. «Coquille Bonheur, c’est un réceptif d’accueil, un prestataire de services. Ça va de l’accueil des touristes à l’aéroport au soutien et à l’apport qu’on donne durant tout le séjour. On propose aussi des excursions, on fait des réservations d’hôtels, on s’occupe des clients quand ils ont des problèmes. Par exemple, quand ils ne sont pas satisfaits avec leur hôtel ou encore quand ils sont malades. On est là 24/7 , de l’arrivée au départ, avec toute l’attention et la discrétion qu’il faut», explique notre interlocuteur. 

 

Grand sourire, ton posé, Christian Lefèvre, 57 ans, nous reçoit dans les locaux de Coquille Bonheur, qui retracent en photos, toute l’histoire de la compagnie. Là, un souvenir de vacances, une photo des Seychelles ; là-bas, tout un pan de mur qui rappelle les stars qui ont bénéficié des services de Coquille Bonheur, d’Amel Bent à Franck Dubosc, en passant par Julien Clerc, entre autres célébrités venues se produire dans l’île.

 

Des voyages

 

Tout autour de lui : des tableaux, des clichés et des objets qui lui rappellent une destination, un pays qui l’a marqué, des rencontres, des expériences ou encore des histoires à jamais ancrées en lui. «Je pense que le fait d’avoir vécu et travaillé dans plusieurs pays a été mon université. On peut aller à n’importe quelle école mais voyager et travailler à l’extérieur, cela a été pour moi riche en apprentissage. Je me suis nourri de tout ce que j’ai vécu dans ces pays», confie celui qui est aujourd’hui à la tête d’une entreprise qui jouit d’une bonne santé.

 

Mais tout ne lui a pas été donné sur un plateau. C’est avec de l’audace et de la détermination qu’il s’est construit. «Je suis de Port-Louis. On a fui, dans le sillage de la bagarre raciale, pour aller à Terre-Rouge. Puis, la famille a bougé à Beau-Bassin. Une fois marié, j’ai bougé à Grand-Baie et en 1988, j’ai quitté Maurice. J’ai alors fait cinq ans aux Comores, quatre ans au Zimbabwe, trois-quatre ans aux Seychelles et je suis retourné au pays en l’an 2000. Maurice me manquait tellement mais il me fallait cet enrichissement acquis ailleurs.»

 

De retour dans l’île, Christian Lefèvre reste fidèle au secteur du tourisme. «J’ai pris de l’emploi dans une société qui brassait 150 000 touristes par an. Les gens devenaient des numéros. Je me suis souvenu de mon aventure africaine et je me suis rappelé de cette tendresse que les gens avaient. Souvent, une personne épargne toute une vie pour aller visiter un pays et c’est important, selon moi, qu’il y ait vraiment cette touche humaine pour les accueillir. Et c’est cela que je ne voyais pas du tout ici à l’époque.»

 

Expériences

 

L’idée de faire son propre chemin s’est très vite imposée à lui. «J’ai pris la décision de quitter une très grande compagnie pour me lancer dans les affaires. Nous avons commencé tout petit, tout doucement, à quatre personnes. Et aujourd’hui, Coquille Bonheur se compose de plus de 75 employés, avec une flotte de 45 véhicules. Avec le recul, je me dis qu’on ne s’est pas trompés. C’est vraiment en partageant, on donnant, en respectant le souhait des gens qu’on est arrivés à faire ce qu’on fait aujourd’hui.» 

 

C’est ainsi que Coquille Bnheur a vu le jour. C’était en 2006. «C’est en analysant la façon dont on opère ici dans le tourisme et en me basant sur mes expériences africaines, que j’ai décidé de me lancer en restant focalisé sur l’une des richesses du pays : ses gens.» Est-ce que cela a été facile de se faire une place ? «Ça n’a pas été difficile non plus. Je dis toujours que j’ai une très bonne étoile. J’ai commencé sur le tas, sans planifier. J’ai commencé petit et avec le temps, les gens nous ont fait confiance. Depuis 12 ans, nous avons accueilli et encadré une trentaine d’artistes. Le premier dont on s’est occupés, c’est le fils de Bob Marley. C’était au tout début», explique-t-il, tout en se disant fier du positionnement actuel de son entreprise. «On nous connaît dans le haut de gamme mais ce n’est pas dans le haut de gamme bling-bling ou luxueux, et tout ce qui est superficiel. Pour nous, le haut de gamme, c’est dans l’attention, dans le détail, dans notre façon d’encadrer nos clients et le temps qu’on leur consacre.»

 

En se rappellant de ses débuts et du chemin parcouru, il ne peut s’empêcher de penser à l’appellation Coquille Bonheur qui, pour lui, est à jamais liée à un de ses grands amis : «Il y a une grande histoire derrière cette appellation. Didier Giraud, un collègue à l’époque, qui malheureusement nous a quittés un peu trop tôt, avait plongé et trouvé une coquille et il me l’avait donnée. C’était une semaine avant sa mort. Et il m’avait dit que cela allait me porter bonheur. Je n’ai jamais oublié cette phrase et son geste.» Et il faut croire que la coquille lui a, en effet, porté bonheur.

 

Discipline

 

Le succès de la réussite, selon lui, c’est la discipline ! «Je me décrirais comme un patron sévère. Je suis très à cheval sur la discipline. Je suis de ceux qui pensent que, même pour aimer, il faut être discipliné. On travaille dans un esprit de famille et tout se passe bien. La preuve, c’est que près de 90 % de notre personnel est avec nous depuis le début.» Et ses employés ne mettent pas en doute cette façon de faire. Deux de ses enfants – Jonathan et Aurélie –, qui travaillent avec lui, en savent quelque chose. «J’ai vu l’entreprise grandir, se développer. Avec mon père, le travail, c’est le travail», nous confie Jonathan, 35 ans. Aurélie, 25 ans,  se souvient elle aussi d’un père bosseur qui s’est toujours donné pour que la compagnie progresse : «C’est difficile de ne pas parler boulot à la maison, même si je m’attelle à faire en sorte que cela ne se produise pas.»

 

Le principal concerné, de son côté, maintient ne jamais déroger à la règle : la discipline, toujours la discipline, pour tous ses employés : «Je travaille avec deux de mes enfants,certes, mais j’arrive à faire la démarcation entre mon rôle de père et celui de patron pour ne pas léser mes autres employés. Comme je suis perfectionniste et que j’aime la discipline, j’ai toujours préparé mes enfants pour qu’ils puissent faire face à leur propre vie.» Marié à Joice, Christian Lefèvre reconnaît le fait de ne pas avoir toujours été présent : «Ma famille m’a suivi dans les pays où j’ai travaillé. Mon épouse a été très patiente et tolérante. À un certain moment, elle a arrêté de travailler car on a eu quatre enfants. Deux sont ici et deux autres, Joan, 34 ans, et Elodie, 36 ans, sont en Australie.»

 

Grand-père de deux petits-enfants, Mahé, 3 ans, et Isla, 1 an, Christian Lefèvre ne cache pas être heureux dans la vie. Mais il souligne aussi, avec force, n’avoir absolument pas volé ce bonheur qu’il doit, dit-il, à sa bonne étoile.