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Ajmal Panchoo : Quoi de neuf, docteur ?

«C’est une belle histoire que celle de ce jeune dentiste, immigré de l’île Maurice, aujourd’hui à l’origine d’une prise en charge des dents, absolument inédite en France, des personnes qui souffrent de multiples handicaps… », fait mention l’article de presse de Libération.fr.

Même si, selon ses propres aveux, c’est un grand bordélique, il arrive à mener sa carrière d’une main de fer. Zoom sur le parcours d’un jeune Mauricien qui fait beaucoup parler de lui en France où il excelle dans le domaine dentaire…

Son nom, rentré sur Google, nous conduit tout de suite à deux articles de presse en France. Le premier, c’est celui de La Voix du Nord, dans lequel ce jeune Mauricien, natif du village de Brisée Verdière, dans l’est du pays, et médecin de profession, est décrit comme «un homme au parcours étonnant» et à «l’intensité communicative». On y parle surtout de ses accomplissements auprès de ceux et celles touchés par le polyhandicap (NdlR : un handicap dans lequel une déficience mentale sévère et une déficience motrice sont associées à la même cause, entraînant une restriction extrême de l’autonomie), mais aussi du travail qu’il effectue à la faculté dentaire de Lille où le jeune homme a ouvert «une voie unique en France» et forme des étudiants à la réalité de la vie.

 

Le deuxième article apparaît dans la rubrique société de Libération.fr et date du 3 novembre 2014. Le texte, qui a pour titre Ajmal Panchoo, un dentiste qui fait fi des handicaps, brosse le portrait d’un «praticien qui innove en allant au-devant des plus dépendants». Une très belle actualité pour celui qui est décrit comme un fou du travail et qui n’arrête jamais de courir.

 

Bien qu’il soit pris par une tonne de projets et des occupations diverses liées à sa profession, le jeune médecin ne s’est absolument pas fait prier pour parler de ce qui lui tient très à cœur, précise-t-il, et qui fait l’unanimité dans son pays d’adoption. Mais avant d’aller dans le fond du sujet, une petite présentation s’impose.

 

«J’ai grandi dans un village auquel je suis encore très attaché. Je réside actuellement dans le nord de La France, à Lille, ville carrefour de l’Europe, située au milieu du triangle Londres-Bruxelles-Paris. Lille est aussi la ville où j’ai fait mes études, où j’ai obtenu mon diplôme d’état de docteur en chirurgie dentaire en 2010 et soutenu ma thèse en 2012», nous explique Ajmal, tout en précisant qu’il a toujours voulu étudier dans ce beau pays où il s’est déjà bâti une très bonne réputation dans le domaine dentaire. «J’ai fait mes études secondaires au collège Royal de Port-Louis. J’ai toujours été attiré par la culture française et je considère la formation médicale en France comme étant une formation de qualité. Je voulais à tout prix découvrir ce pays et cette culture. Après le Higher School Certificate, j’ai décidé de tenter ma chance en m’inscrivant au concours de premier cycle des études médicales à l’université de Lille. En 2001, j’ai pris l’avion pour la première fois et j’ai découvert Paris, puis Lille. Je pensais que j’allais avoir le temps de découvrir un peu le pays, mais ça n’a pas été le cas dans les premières années. Il m’a fallu faire beaucoup de sacrifices pour réussir mes études d’année en année.»

 

Ajmal est un fonceur et le travail est, pour lui, comme un moteur : «Je ne me suis pas tourné vers le domaine dentaire au tout début. Je me suis plutôt concentré sur le fait de passer le concours de la première année, qui est très difficile. S’adapter au climat, car il fait très froid dans le Nord, faire des études en français, s’adapter à la langue et au mode de vie, cela a été très compliqué pour moi au début. Après avoir découvert un peu tous les métiers du monde médical, c’est l’art dentaire qui m’a le plus attiré. C’est  technique, médical et relationnel en même temps !»

 

Mais voilà, malgré les obstacles, aucune difficulté n’est infranchissable pour le jeune homme. Et c’est ce qui l’a motivé pour toujours avancer dans la vie : «Mon parcours en France est assez atypique. Dès mon arrivée, je me suis retrouvé provisoirement dans une maison d’accueil spécialisée (MAS), en attendant d’avoir un logement d’étudiant. La MAS héberge des personnes en situation de handicap sévère, environ une soixantaine. J’ai décroché un boulot d’aide soignant au début et très vite, c’est devenu un travail à plein temps – environ 40 heures par semaine –, parallèlement à mes études en chirurgie dentaire. J’ai ensuite travaillé comme veilleur de nuit, puis infirmier, et j’ai aussi participé à des séjours un peu partout en France, accompagnant des personnes polyhandicapées.»

 

«Débordé par des demandes»

 

La suite n’a pas été de tout repos. «À la fin de mes études, j’ai soutenu ma thèse sur “la prise en charge de l’adulte polyhandicapé à la MAS de Baisieux”. Mes profs ont alors découvert ce que je faisais à côté de mes études. À ma grande surprise, ma thèse a eu des répercussions inattendues et le Professeur Delcourt, alors chef de service d’odontologie au CHRU de Lille, m’a proposé de prendre en charge ce type de patients et de mettre en pratique ce que j’avais proposé dans ma thèse. C’est donc en septembre 2012 que j’ai commencé à travailler en temps qu’attaché à la faculté de chirurgie dentaire. Au début, j’avais un seul fauteuil et je travaillais seul», explique le jeune médecin qui a très vite fait ses preuves. «J’ai mis en place un mode de fonctionnement unique et je prenais en charge des patients qui, auparavant, étaient surtout soigné sous anesthésie générale. J’ai pu démontrer qu’avec un abord particulier et un peu de volonté, on arrive à prodiguer les même soins que chez une personne dite normale», poursuit Ajmal.

 

Son projet fait tout de suite mouche : «En à peine deux mois, je me suis retrouvé débordé par des demandes et on m’a donné plus de moyens humains, plus d’étudiants pour m’épauler et plus de fauteuils pour soigner. Les gens viennent de très loin pour se faire soigner, des fois même de la Belgique, pays frontalier. Très vite, mon service a pris de l’ampleur et, de bouche à oreille, ça a marché merveilleusement bien. Le mode de fonctionnement que j’avais mis en place sert de référence et j’ai pu ouvrir de nouveaux domaines comme la création de matériel, le travail en équipe pluridisciplinaire impliquant tous les professionnels du domaine médical et la direction des thèses avec des sujets inédits…»

 

Et le jeune homme a très vite gagné en popularité : «En 2014, par hasard, un journaliste se trouvant à l’hôpital a écrit un article qui a fait le buzz. C’est de là que j’ai été médiatisé malgré moi ! J’ai eu un appel du journal Libération et on a parlé de moi sur les ondes de RTL à des heures de grande écoute. J’ai, par la suite, eu beaucoup de sollicitations. Le secteur Accueil Handicap Adulte est considéré comme étant unique en France et, en novembre 2014, j’ai été nominé en tant que nordiste de l’année. En décembre, à ma grande surprise, j’ai été élu par les habitants du Nord-Pas-de-Calais ! Actuellement, il y a aussi un documentaire qui est réalisé sur mon travail et en immersion dans mon service.»

 

Des projets, Ajmal, qui ne cache pas avoir une vie à cent à l’heure, en a tout plein : «Je ne m’attendais pas à toute cette médiatisation, mais l’important, c’est qu’on a évoqué ce thème à des heures de grande écoute en France. Ça ne peut qu’aider à l’aboutissement de ce projet. Et à Lille, on peut devenir une référence dans ce domaine. Maintenant, il faut continuer à le travailler et à le développer. Je sais que je suis attendu au tournant. Donc, je garde les pieds sur terre et ce n’est pas pour autant que j’ai changé mes habitudes de vie. Tous les jours, je vis des expériences incroyables et fais des rencontres exceptionnelles. C’est passionnant.»

 

Ce sont autant de choses que répond Ajmal Panchoo lorsqu’on lui demande : quoi de neuf docteur ?