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Un an depuis la mort d’Yvan Pierrot | Sa mère : «Il me manque énormément»

Le jeune homme était un champion d'haltérophilie promis à un bel avenir. Mais un accident, alors qu’il était au volant de sa voiture, est venu mettre fin à sa vie il y a un an. Depuis, sa mère est toujours aussi inconsolable.

Le 1er janvier 2016,  la communauté sportive mauricienne commémore la disparition tragique de l’haltérophile Yvan Pierrot. Un jeune sportif mauricien promis à un bel avenir et qui a été brusquement stoppé dans son élan par un terrible accident de la route survenu la veille, soit le 31 décembre 2015, à Midlands. 

 

Un an déjà que le «Iron Man» du sport local n’est plus de ce monde. Beaucoup  se souviennent encore de ce 1er janvier, lorsque la nouvelle de la mort de cet habitant de Rivière-des-Créoles a provoqué un choc. Pour l’occasion, et afin de rendre hommage à ce grand monsieur du sport, 5-Plus dimanche est allé à la rencontre de sa maman, Prechila Carreau, à son domicile. 

 

Perdre un être cher reste un moment difficile dans la vie d’une personne et quand c’est son enfant unique, cela devient encore plus pénible pour ses proches. Un an après la mort de son fils, Prechila Carreau n’arrive toujours pas à accepter la disparition de ce dernier.

 

«La mort d’Yvan reste un choc pour moi. C’est comme si je suis dans un cauchemar et que je ne me suis pas encore réveillée, et, même après tout ce temps, je n’arrive toujours pas à accepter ce qui s’est passé d’autant que j’ai continuellement cette impression d’être dans un cauchemar», avoue une Prechila Carreau très affligée. 

 

La mort d’Yvan Pierrot a eu des répercussions terribles sur la vie de cette femme. Elle admettra que les mois qui ont suivi ont été les plus durs qu’elle ait connus. Toutefois, malgré toutes ses souffrances, elle essaie de se montrer forte afin de ne pas affliger son entourage. 

 

«J’essaie de rester forte»

 

«Ce n’est pas évident à vivre car en un an, j’ai perdu trois membres de ma famille. Quatre mois après la mort de mon père, je perds Yvan, et huit mois après, c’est au tour de ma mère. Je ne vous dis pas à quel point c’est difficile. Mais je reste courageuse. Je suis une personne très croyante et c’est grâce à la prière que j’arrive à m’en sortir», confie notre interlocutrice. «S’il y a une chose que mon garçon n’aimait pas, c’était de me voir triste ou malade. C’est pour cela que j’essaie de rester forte, de garder le sourire et mes habitudes. Je ne veux pas affecter les gens de mon entourage car ces personnes-là ont toujours été là pour me soutenir», explique la maman d’Yvan Pierrot, les larmes aux yeux. 

 

Cette disparition a laissé un vide dans la vie de cette femme mais aussi dans celle de beaucoup de personnes. La famille, le voisinage, Prechila Carreau nous dira qu’aujourd’hui encore, beaucoup de gens n’arrivent pas à digérer la mort d’Yvan.«Des fois, je me demande pourquoi mon fils ? Il avait un avenir très prometteur. Depuis qu’il a commencé l’haltérophilie, il passait tout son temps à s’entraîner. Mais malgré tout, nous restions toujours en contact, même quand il était à l’étranger. J’ai encore ces messages que le lis quand je suis triste. Il me manque énormément», commente Mme Carreau. 

 

Réputé pour être un bon vivant, les jours de fête ainsi que les événements importants de la famille ne sont plus les mêmes en l’absence d’Yvan Pierrot. Pour Prechila Carreau, la période festive est un moment terrible à vivre. «Vous imaginez que le jour de Noël, alors qu’on offre des cadeaux aux enfants, j’ai offert une tombe à mon fils. Je sais que je ne suis pas la seule à vivre un moment pareil et je demande à tous ceux qui passent par des situations aussi difficiles de ne pas se décourager. Je tiens d’ailleurs à remercier toutes ces personnes,  la famille, le voisinage, amis et sportifs pour leur soutien dans ces moments difficiles et aussi les médias pour les couvertures qu’ils ont accordées durant toute la carrière de mon fils», commente notre interlocutrice. 

 

En ce 1er janvier, Prechila Carreau nous dit qu’elle souhaite avant tout rester seule pour se consacrer à la mémoire de son fils. Très proche de lui, elle ne souhaite pas revivre de tels moments pénibles. D’ailleurs, elle se dit bouleversée à chaque fois qu’elle entend parler d’accidents. Son vœu le plus cher est que cette folie meurtrière s’arrête. Champions never dies !

 


 

Un champion parti trop tôt

 

C’est au Curepipe College que commence la carrière d’haltérophilie de feu Yvan Pierrot. Le jeune homme est repéré par Poorun Bhollah, le président de la fédération, qui est enseignant dans cet établissement. Le dirigeant mauricien comprend rapidement que cet adepte du body-building possède un énorme potentiel et lui propose d’essayer l’haltérophilie. 

 

Très vite il prendra ses marques et se fera rapidement remarquer par les encadreurs, mais aussi les haltérophiles mauriciens. Brillant, déterminé et sympathique, feu Yvan Pierrot était considéré comme le digne successeur de Ravi Bhollah, après le retrait de ce dernier.  Le hasard a voulu que ce soit justement ce même Ravi Bhollah qui le prenne sous son aile lorsque le jeune homme reprend la compétition en 2013 après un accident de moto. 

 

Fraîchement nommé entraîneur national, Ravi Bhollah guidera Yvan Pierrot vers son premier succès international à savoir une médaille d’or dans la catégorie youth et une de bronze aux Championnats du Commonwealth en 2013. Cet habitant de Rivière-des-Créoles s’est illustré dans la catégorie des -94 kg après avoir soulevé la barre à 120 kg à l'arraché et 147 kg à l'épaulé-jeté pour un total olympique de 267 kg. Cette performance lui vaudra, par la suite, une distinction à savoir le titre de Junior Sportsman of the Year lors du National Sports Awards de 2013. 

 

En 2014, feu Yvan Pierrot se fera de nouveau remarquer en remportant trois médailles de bronze aux Championnats Afro-Asiatique en Ouzbékistan.   

 

Cette valeur sûre de l’haltérophilie mauricienne, révèlera toute l’étendue de son potentiel lors des Jeux des îles de l’océan Indien à la Réunion en 2015. Il surclassera ses adversaires en remportant les trois médailles d’or en jeu dans la catégorie des 105 kg. 

 

Alors âgé de 19 ans, feu Yvan Pierrot enchaînera en remportant deux médailles de bronze lors des Jeux d’Africains au Congo-Brazzaville avant de poursuivre par deux autres breloques aux Championnats du Commonwealth en Inde. Yvan Pierrot Remportera la médaille d’or en juniors et décrochera par la suite l’argent en senior. Le champion mauricien étudiait la mécanique au Lycée Polytechnique de Sir Guy Forget, à Flacq. 

 


 

Ils ne l’ont pas oublié

 

Shalinee Valaydon :«Voilà un an que Yvan nous a quittés. Sa disparition a laissé un grand vide dans nos cœurs. On pense toujours à lui et d’ailleurs on en parle souvent à la salle d’entraînement. Quand j’aborde une compétition, je ne peux m’empêcher de me souvenir de lui, car je sais qu’il aurait certainement ramené des médailles. Yvan était vraiment quelqu’un de bien, que tout le monde aimait. J’ai une pensée surtout pour sa maman et sa famille en cette période.»

 

Ravi Bhollah :«Le 1er janvier restera à jamais une date gravée dans nos mémoires comme étant la perte de l’un des plus grands sportifs locaux. Yvan Pierrot avait un bel avenir devant lui et en quelques années seulement, il a fait beaucoup plus que certains sportifs auront l’occasion de faire durant toute une carrière. Il a fait cela en si peu de temps et a été stoppé dans son élan. Ce n’est pas une date que nous allons célébrer mais je pense qu’une visite à sa famille, notamment à sa maman et aussi un dépôt de gerbes sur sa tombe sera plus approprié pour lui rendre hommage.» 

 

Anthony Madanamoothoo :«On dit toujours que c’est dans les moments difficiles qu’on connaît ses vrais amis, et cela a été le cas avec Yvan Pierrot. Durant m’a suspension, il m’a toujours soutenu et encouragé à me ressaisir pour revenir à la compétition. Il avait un grand cœur et était toujours là pour soutenir les autres. Sa disparition nous a tous marqués. C’est difficile d’accepter cela. Il était un model, et un leader pour nous. J’ai une pensée spéciale pour sa famille, et en particulier sa maman. Tout ce que je souhaite c’est qu’elle soit toujours fière d’avoir eu un fils comme Yvan. Je suis sûr  que là où il est, il veille sur sa famille.»

 

Poorun Bhollah : «Il est de notre devoir de rendre hommage à Yvan Pierrot en ce jour de nouvel an. A la fédération, nous les dirigeants, allons d’abord faire un dépôt de gerbes sur les lieux de son accident, à Midlands, avant de nous recueillir sur sa tombe. Par la suite, nous comptons rendre visite à sa famille notamment sa maman qui était un membre du comité directeur de la fédération. La mort d’Yvan Pierrot restera à jamais une grande perte pour nous tous. »