Selwin Lieutier : Il était une fois un champion de décathlon

L’ex-décathlonien est marié à Béatrice Levantard, une ancienne sportive, et vit maintenant au Québec.

Eviter une après-carrière incertaine. C’est ce qu’a voulu faire ce fils du sol en raccrochant ses crampons à l’âge de 25 ans. Il vit maintenant au Québec en vue d’assurer son avenir professionnel et familial.

Qu’est-il devenu ? Selwin Lieutier a été le porte-drapeau du décathlon mauricien au début des années 2000 en enchaînant les participations dans des compétitions internationales tout en raflant les honneurs sur le plan national. Soucieux d’avoir un avenir après sa carrière de sportif, il décida d’arrêter cette spécialité à l’âge de 25 ans seulement pour prendre de l’emploi comme pompier avant de finalement mettre le cap sur le Québec (une province du Canada).

C’est donc dans le nord du continent américain que notre ancien champion vit actuellement en compagnie de sa petite famille. Selwin Lieutier travaille dans un hôpital spécialisé pour enfants. A 36 ans, l’ex-étudiant du collège Eden et St-Mary’s a construit sa vie afin d’assurer un avenir convenable à son fils, Andrew, qui a eu un an le 1^erfévrier et cela demeure sa priorité absolue. Cela fait donc six ans que notre interlocuteur a mis le cap en compagnie de son épouse Béatrice Levantard, elle-même une ancienne sportive, sur le Québec.

En général, un athlète atteint sa plénitude vers les 28 ans, mais Selwin Lieutier avait préféré mettre un terme à sa carrière de haut niveau en 2005 à l’âge de 25 ans seulement pour des raisons professionnelles. A l’époque, cette décision suscitait bien des interrogations mais le principal concerné savait ce qu’il voulait dans la vie. Moins de 12 ans après, il ne regrette pas cette décision d’avoir privilégié son emploi comme pompier que sa carrière de sportif.

«Malheureusement pour les sportifs mauriciens une fois la gloire et le sport terminés, il ne reste pas grand-chose côté professionnel. Tant que tu es un bon sportif c’est ok mais ça ne dure qu’un moment. Quand tu ouvres les yeux après le sport tu te rends compte que tu n’as rien et pas de métier. Car pour être un athlète professionnel il faut que tu t’entraînes matin et soir, ce qui ne laisse pas le temps pour trouver un boulot », nous confie Selwin Lieutier.

«Le sport mauricien mal géré»

« Le sport est mal géré à l’île Maurice. C’est pour cela j’ai choisi de devenir pompier parce qu'après le sport je savais que cela allait être sûr que je trouve un boulot. Le gouvernement ne fait pas ce qu’il faut pour ses ambassadeurs à l’instar d’un Bruno Julie et Arnaud Casquette. Il n’y a pas de reconnaissance. Je ne regrette absolument pas mon choix », poursuit cet ex-habitant de Pointe aux Sables.

Dans la foulée, il jette un pavé dans la mare sur les agissements de certains dirigeants. « J’ai suivi les derniers Jeux olympiques d’un œil très critique envers les dirigeants mauriciens. C’est vrai qu’ils voyagent souvent pour partir en vacances. Quand tu entends des athlètes se plaindre de leur sort et qu’ils sont livrés à eux-mêmes ça te montre à quel point on est géré par certains incompétents. Mais il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier car il y a aussi des personnes dévouées dans des fédérations. Mais j’aimerais remercier certains entraîneurs qui m’ont aidé durant ma carrière. Eux, ce sont des vrais amoureux du sport », ajoute Selwin Lieutier.

Il estime que l’athlétisme l’a grandement aidé dans sa vie à un certain moment. « Ca m’a aidé à connaître beaucoup de pays et de rencontrer des gens merveilleux. J’ai appris l’humilité, l’esprit sportif et je me suis forgé un moral de battant et surtout, il ne faut pas oublier que le sport c’est l’école de la vie. C'est grâce à l’athlétisme que j’ai rencontré ma femme. C’est sûr que l’athlétisme me manque parce que j’ai baigné dedans depuis ma plus tendre enfance mais il fallait faire un choix à un certain moment pour les raisons que je vous ai expliqué », souligne-t-il avec cependant un regret au cœur.

« Je pense que si j’étais venu m’installer au Québec un peu plus tôt je serais arrivé plus loin dans ma carrière d’athlète grâce à l’encadrement qu’on bénéficie ». Si aujourd’hui, il a raccroché ses crampons et ne pratique plus l’athlétisme de haut niveau, il continue de suivre l’actualité mauricienne de cette discipline grâce à ses amis de piste et a un conseil très fort pour les jeunes athlètes : « pratiquez le sport pour le plaisir et je pèse mes mots en disant cela car il faut privilégier les études avant tout ».

Selwin Lieutier est d’avis que l’Etat doit privilégier les bourse d’études pour les sportifs mauriciens et souligne que le pays a des ressources humaines nécessaires pour avoir des très bon encadreurs sportifs. « Les athlètes doivent avoir des bourses d’études pas des salaires que le gouvernement donne présentement. Il faut assurer l’avenir de nos ambassadeurs. Le sport à Maurice a déjà des athlètes très compétents pour devenir de très bons encadreurs ou entraîneurs tels que Julie, Buckland et Casquette entre autres, il faut juste leur donner les outils nécessaires surtout qu’ils nous ont fait vibrer. Quel meilleur guide peut-on avoir de plus ! » Espérons que son message soit entendu.