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Rencontre avec Sahir Edoo : Le badiste administrateur

Sahir Edoo, recevant son prix des mains de Thomas Bach, le président du CIO.

En s’inscrivant à l’Advance Sports Management Course (ASMC), organisé par le Comité olympique de Maurice et grâce à d’autres formations, le badiste a pu être embauché par la CAB.

Pouvoir se recycler dans le giron du sport, à la fin d’une riche carrière comme athlète, n’est pas donné à tout le monde dans le contexte mauricien. Il y en a, pourtant, quelques-uns, qui ont quand même réussi à se faire une place dans l’encadrement ou dans l’administration. C’est le cas du badiste Sahir Edoo.

 

Le Mauricien ne s’est pas contenté d’une carrière professionnelle dans le contexte local, mais est allé encore plus loin. C’est au niveau de la Confédération africaine de Badminton (CAB), que l’ex-numéro un national de badminton a pris de l’emploi. Une fonction qu’il occupe depuis trois ans. 

 

Il est chargé de plusieurs fonctions comme celui de s’assurer que des événements (compétitions, stages, séminaires etc...) se déroulent selon les normes de la Confédération africaine et de la Fédération internationale de Badminton (FIB). Il gère, également, la page officielle de la CAB sur le net, ainsi que sur les réseaux sociaux. Et comme cela ne suffisait pas,  Sahir Edoo apporte aussi son soutien dans la gestion des affaires courantes de la CAB. Et tout ça en étant basé à Maurice.   Mais  le fait d’officier au sein de l’administration de l’instance continentale ne cause-t-il pas de problème ?

 

«Pas vraiment», lance notre interlocuteur. «Je ne suis pas la seule personne de la CAB qui soit basée à Maurice. Il y a aussi Raj Gaya, le secrétaire général de la confédération et Anirao Dajee, le directeur de développement pour l’Afrique qui sont ici. Donc, les conditions idéales sont déjà réunies à Maurice», commente le joueur de 29 ans qui avouera qu’il se rend, toutefois, de temps en temps sur le continent pour s’assurer du bon déroulement des événements. 

 

Embrasser une carrière professionnelle en sport n’est pas quelque chose que Sahir Edoo souhaitait faire dans sa vie. Disons que les circonstances de la vie ont changé ses perspectives professionnelles. Le jeune homme voulait faire carrière dans l’enseignement, mais sa grave blessure au genou, en décembre 2010, va tout changer. 

 

Au sommet de sa carrière et en pleine campagne pour la qualification olympique, le badiste doit renoncer à ses rêves de participer aux JO de Londres en 2012. Pire encore, il rate pour la troisième fois de suite une participation les Jeux des îles de 2011 aux Seychelles. Pas de chance pour celui qui a déjà manqué les JIOI de 2003 à Maurice (trop jeune) et 2007 à Madagascar (pas de badminton au programme). Cette blessure l’éloignera des courts pendant trois ans. 

 

Récompensé par le CIO

 

Avec beaucoup de temps libre à sa disposition, le sportif décide de s’inscrire à l’Advance Sports Management Course (ASMC), organisé par le Comité olympique de Maurice (COM) afin de pouvoir aider sa fédération. «C’est Sanjay Goboodhun, l’un des administrateurs, qui m’a conseillé d’y participer. Comme c’est un concept spécialement taillé sur mesure pour le sport et qu’on ne trouve pas à Maurice, j’ai suivi son conseil et j’ai fait partie du premier groupe de personnes qui ont suivi cette formation en 2011», évoque Sahir Edoo.

 

À la fin d’une formation de six mois, le Quatrebornais termine premier de sa classe et est sélectionné par le COM pour une maîtrise universitaire à savoir un Master Exécutif en Management des Organisations Sportives (MEMOS) offert par le Comité international Olympique (CIO) en collaboration avec l’université de Louvain de Belgique. Seuls les 20 meilleurs candidats au monde ayant réussi avec brio l’ASMC y participent. Une aubaine pour Sahir Edoo.

 

«Avoir la chance de suivre ce cours est unique et ce qui m’impressionnait encore plus est que j’étais le plus jeune élève de la classe. Je n’avais pas de travail alors que tous les participants étaient des cadres qui occupaient des hautes fonctions au sein de leurs organisations»,souligne le Mauricien. 

 

Il obtiendra sa maîtrise après une année de formation, et, par la même occasion, sera récompensé par le CIO en se faisant remettre le prix Alberto Madella Award des mains de Thomas Bach, le président du Comité international lors d’une cérémonie à Lausanne en Suisse. Par la suite, Sahir Edoo sera embauché par la CAB suite à un appel de candidature pour un poste au sein de cet organisme. 

 

«Il faut reconnaître que cette blessure a été un mal pour un bien. Je voulais devenir professeur et j’ai même pris des cours. Mais au final, je suis content car je fais partie de ces athlètes qui ont réussi à se reconvertir dans le milieu sportif. Beaucoup n’ont pas cette chance, mais je ne pense pas que ce soit impossible. Au contraire, il faut juste trouver la bonne formule, et savoir ce qu’on veut faire, et à partir de là tout deviendra possible»,avance Sahir Edoo. 

 

Ce dernier se réjouit de sa situation, d’autant qu’il a la possibilité de mettre au service de sa discipline sa grande expérience acquise durant des années en badminton. Outre l’expérience, il dispose également d’une maîtrise internationale, dont un Post Graduate Certification in Sports Management de l’Université de Londres qui lui offre la possibilité de travailler n’importe où dans le monde. En jetant un œil sur son passé, Sahir Edoo est convaincu que l’expérience acquise par un athlète durant sa carrière peut être utile à la fois sur le terrain comme en dehors et que le tout est de savoir comment l’utiliser. 

 


 

Un talent inattendu

 

Le badminton. Un sport qui n’intéressait pas vraiment Sahir Edoo sauf pour les ‘tap tapé’ à la maison. Le badiste a toujours eu une grande passion pour le football et en particulier l’équipe de Manchester United et la sélection italienne de football. Deux équipes qui lui tiennent vraiment à cœur. Et comme tout mordu du ballon rond il y jouait aussi, même s’il n’a pas pour autant eu le physique de l’emploi.

 

«Tout commence au collège. Comme j’ai toujours été un peu maigrichon, mon père m’a suggéré d’essayer le badminton même si, avant cela, j’ai fait un peu de natation»,raconte Sahir Edoo. 

 

Il commence la raquette au collège Régis Chaperon, avant d’intégrer le Zenith Club. Son ascension est fulgurante, car très vite, le badiste rejoint l’école de badminton de Rose-Hill. Il est encadré par Soopayah Veerasamy et José Sookanah et après une année seulement il se retrouve en équipe nationale de -16 ans. Il sera supervisé par Sylvain Hennequin et alors que ce dernier est promu à la tête de la sélection senior pour les JIOI de 2003, Sahir Edoo est pris en main par Anirao Dajee. Tous des entraîneurs mauriciens. 

 

«Je n’ai pas passé suffisamment de temps avec un technicien étranger sauf le dernier Annas Jauhari, le dernier directeur technique national (DTN). Jusqu’à ma blessure en 2010 je me suis toujours entraîné avec des coachs mauriciens»,précise le Quatrebornais. 

 

Ses premiers titres majeurs seront ceux de Champion de Maurice Juniors (2004 - 2005) avant de dominer la catégorie senior pendant cinq années consécutives (2006 – 2010) en simple hommes. Il fera également partie des trois meilleurs badistes du continent africain.

 

Reconverti en joueur de double après sa blessure en 2010, il s’occupe maintenant des jeunes de la sélection mauricienne. Guidé par cette envie de partager sa connaissance à la jeune génération et cela malgré ses engagements professionnels auprès de la Confédération Africaine. C’est sous sa supervision que des joueurs comme Alexandre Bongout, Khabir Teeluck ou encore Shania Leung ont émergé. Le Mauricien a également dirigé plusieurs sélections juniors à l’étranger ces dernières années.