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Respect à tous les «meter readers» du pays…

Il voulait faire de l’esprit mais son commentaire illustre une arrogance du pouvoir. En faisant référence à l’ancien emploi de Rajesh Bhagwan et en affirmant qu’il ne fallait pas s’attendre à ce que lui, Sanspeur, touche un salaire de meter reader, le conseiller du Premier ministre montre son dédain envers des centaines d’employés qui ne méritent pas pareil irrespect. Condamnable et inacceptable. Parce que ces propos du special advisor du Premier ministre ne témoignent rien de moins qu’un mépris de classe. Et illustrent cette déconsidération qui habite souvent les puissants du jour se croyant supérieurs aux autres, ici aux travailleurs honnêtes que sont les releveurs de compteurs. Comme quoi, le respect de l’autre, la manière, l’élégance, ne sont pas des valeurs qui s’achètent. Même si on peut toucher Rs 476 000 par mois.

 

N’en déplaise à Gérard Sanspeur qui accuse l’opposition, avec cette question parlementaire, d’être tombée dans une bassesse, ces révélations-là sont d’intérêt général car relevant de la transparence dans l’utilisation de nos fonds publics. Faisant partie d’un gouvernement qui a trouvé nécessaire d’avoir un ministère de la Bonne gouvernance, Gérard Sanspeur devrait au contraire nous expliquer comment il arrive à siéger sur autant de conseils d’administration, tout en faisant efficacement son travail de special advisor auprès du chef du gouvernement. Qu’on le sache, tout intelligent ou talentueux qu’il est, il est soumis au même régime que nous tous, avec 24 heures par jour. À moins que sa compétence et son expérience de 25 ans (il en faisait état sur les ondes de Radio Plus pour justifier ses centaines de milliers de roupies) lui donnent tous les droits sur l’argent public.

 

Au fond, les salaires de tous les Sanspeur, des Sumputh et de ces autres nominés politiques, qu’ils soient super conseillers, avocats, présidents ou directeurs des corps paraétatiques, sont des exemples concrets de l’utilisation du système par ceux qui, indépendamment des gouvernements, gravitent autour du pouvoir. Ceux-là qui doivent leurs postes ou l’obtention des contrats à leurs connexions politiques, incarnent la caste des privilégiés.

 

Grâce à la structure de la vie politique favorisant le copinage, ils ont droit à de nouveaux statuts, avec des enveloppes de salaires symbolisant les inégalités (que leurs partis dénoncent quand ils sont dans l’opposition) et le gouffre entre l’île Maurice des puissants et celle des citoyens ordinaires qui triment pour gagner leur vie. Ainsi, le hasard du calendrier veut que ces révélations sur les gros salaires surviennent sur toile de fond de la publication des chiffres du National Wage Consultative Council où l’on apprend que 20 000 employés à plein temps touchent moins de Rs 3 500, 40 000 gagnent moins de Rs 5 000, alors que le salaire de 100 000 employés n’atteint pas plus de Rs 8 000. Et ce ne sont pas les plus à plaindre.

 

Mercredi dernier, un groupe de cleaners a manifesté devant le Parlement pour protester contre des salaires allant de Rs 1 500 à Rs 3 000 mensuellement. Une situation que dénonce avec justesse la syndicaliste Jane Ragoo qui la qualifie de «surexploitation».

 

Comment, dès lors, ne pas se révolter entre ce grand déséquilibre ? Faut-il qu’en 2017, pour se faire entendre et vivre une vie décente tout en obtenant des revenus convenables, des travailleurs soient obligés de regarder dans la direction d’une grève de la faim ? Il y va de l’indécence entre des chiffres de Rs 476 000 et ceux de Rs 1 500, Rs 3 000, Rs 5 000 ou encore Rs 8 000. Il y va de la dignité humaine que de respecter des employés en leur offrant une rémunération acceptable. Il y va de l’éthique morale que de se demander si tous ces gros honoraires payés des fonds publics sont vraiment nécessaires.

 

À l’heure où le débat se fait entendre sur le salaire minimal, n’est-il pas grand temps de débattre sur le salaire maximal de tous ces conseillers et directeurs des corps parapublics? Ceux-là qui, forts de leurs gros cachets, se permettent d’insulter les autres. Tout en s’asseyant sur leur arrogance du pouvoir…