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Rann kont foutour !

Retenu du message de départ d’Ameenah Gurib-Fakim : «Il y a eu beaucoup d’allégations contre moi sur l’utilisation de la carte de crédit, mais ce qui n’a pas été assez rapporté c’est que, quand j’ai réalisé cette erreur, j’ai remboursé la totalité des dépenses tout de suite de mes fonds personnels.» On peut comprendre la tentative de l’ancienne présidente de la République de sauver les apparences, alors qu’elle quitte, contrainte et forcée, le château par la petite porte.

 

Mais faut-il rappeler, qu’au moment où des articles de presse faisaient état de l’utilisation indécente de cette carte de crédit pour des achats personnels, sa réaction ne fut pas de reconnaître les faits, qu’elle définit aujourd’hui comme une erreur, après avoir qualifié son acte d’inadvertance dans un communiqué ?

 

Faut-il rappeler que la réaction de l’hôtesse du Réduit était alors de lancer un ultimatum à l’express, à l’origine de ces révélations, le défiant d’authentifier le document ? Faut-il aussi rappeler que l’ancienne présidente avait affirmé que si tel était le cas, elle s’expliquerait dans les 24 heures qui allaient suivre ? Sauf que 24 heures plus tard, alors que l’express maintenait ses informations, Ameenah Gurib-Fakim avait choisi de se murer dans le silence, refusant de parler, adoptant la même stratégie de mutisme, quand l’affaire Sobrihno avait éclaté l’an dernier.

 

Et toute la révolte citoyenne est cristallisée autour de cette attitude : le refus de nous rendre des comptes, l’impossibilité d’obliger ceux payés des fonds publics à répondre de leur responsabilité, l’absence de recours du public devant des dirigeants soupçonnés de manquements graves. Et l’affaire Sobrinho illustre cette omerta où le silence est soit complice, soit suspect. Pour autant, le départ d’Ameenah Gurib-Fakim ne devrait pas être le clap de fin de toute cette vilaine histoire. Parce que l’Angolais ne se promenait pas uniquement dans les allées du château.

 

Ainsi, si le Premier ministre avait une réelle volonté de montrer sa différence en termes de valeurs, s’il voulait vraiment témoigner d’une éthique et démontrer qu’il se veut être irréprochable à la tête d’un gouvernement qu’il dirige, s’il avait l’ambition de freiner une fois pour toutes cet abaissement de la moralité politique, il aurait saisi cette opportunité en répondant positivement aux demandes d’enquêtes sur tous les tenants et aboutissants de cette affaire.

 

Peut-on rêver d’un chef exemplaire ? Non, hélas ! Aux yeux de Pravind Jugnauth, il est plus urgent de se montrer revanchard, en continuant un jeu inutile de rapports de force, alors que l’adversaire est déjà à terre. En quoi est-ce qu’une commission d’enquête sur la commission d’enquête (celle instituée par Ameenah Gurib-Fakim) est-elle plus importante qu’une véritable investigation (pas cette farce Icac annoncée) sur toute l’affaire Sobrinho ? Pourquoi et comment l’homme d’affaires controversé, sur qui pèsent des soupçons de détournements de fonds et de corruption, a-t-il pu obtenir toutes ces entrées à Maurice, où il fut traité en VIP ? Et qui sont ceux qui ont bénéficié de «la fontaine Sobrinho» ?

 

Des interrogations tout à fait légitimes de l’opinion publique qui a aussi pris la tournure salutaire d’une pétition à travers le groupe Nou Répiblik. Un mouvement qui réclame l’institution d’une commission d’enquête approfondie, utilisant cette pétition comme moyen de pression, en estimant, avec raison, que les réponses réclamées relèvent du droit de savoir de la population sur la bonne gestion des affaires de l’état. Et nous en sommes aujourd’hui au stade où, d’un côté, une présidente de la République acculée quitte son poste après moins de trois ans, et bénéficiera d’une pension à vie, sans compter d’autres avantages, mais refuse de donner aux citoyens qui contribueront à ses privilèges, des explications. De l’autre, nous voilà devant un Premier ministre qui décide sciemment de ne pas faire la lumière sur toutes les vérités cachées d’une affaire mettant à mal notre réputation.

 

Les deux protagonistes craignent-ils d’éventuelles éclaboussures qui risquent de les atteindre si certaines informations sont révélées ? Pourquoi est-ce qu’Ameenah Gurib-Fakim ne parle-t-elle pas et quelles sont les raisons qui empêchent Pravind Jugnauth d’instituer une vraie Commission d’enquête avec des attributions élargies ? Exigeons des réponses. Rann kont foutour !