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Notre sens du devoir…

Et l’on dit quoi à la jeunesse ? Qu’a-t-on à proposer à ces jeunes qui voteront dans moins de deux ans ? Comment les faire rêver d’un pays meilleur ?  Va-t-on devoir expliquer que, par absence d’une réforme électorale, nous sommes les otages d’un système, et donc contraints à faire le jeu des partis traditionnels ? Va-t-on leur conseiller d’adopter la posture de victimes consentantes d’une duperie politique, sous prétexte qu’on n’y peut rien et que le mal vient de plus loin ? Que nous donne-t-on à voir aujourd’hui, si ce n’est la représentation de ces quatre partis que rien ne différencie ? Idéologies, valeurs, éthiques ? Vains mots ! On passe d’une couleur à une autre aussi facilement car ce n’est  qu’un changement de bord banal, tous portant en eux le même esprit, la même culture politique.

 

Et c’est ainsi que nous avons entendu l’ancienne lord-maire de Port-Louis, qui, du mauve, n’a eu aucune difficulté à porter de l’orange, clamant haut et fort qu’elle sera membre du MSM jusqu’à sa mort. Avant de nous balancer la fameuse phrase : «Je ne cherche rien en retour. Je suis là pour travailler pour mon pays.» Sans blague ! Mais oui, on le sait. Ils regardent tous en direction de l’intérêt supérieur de Maurice. On n’a qu’à voir la poignée de transfuges qui, élus lors des législatives de 2014 sous d’autres bannières, n’ont pas hésité à vire mam par la suite, et défendent aujourd’hui le parti qu’ils avaient combattu. Illustration de cette race de politiciens qui, d’écoles de pensée, n’ont que la conquête du pouvoir. Ne voit-on pas avec quelle conviction Lesjongard et Joomaye sont les porte-parole d’un gouvernement qu’ils avaient, pourtant, vigoureusement affronté lors des dernières élections générales ?

 

Au-delà d’une escroquerie des électeurs, ceux-là étant été élus sous l’ombrelle d’un autre parti (celui du MMM), leur facilité à se métamorphoser en caméléon démontre également une absence de frontière entre les mouvements politiques. Qui se ressemblent tous, tant chaque leader traditionnel a fait le tour de tous les lits, à la faveur d’alliances concoctées uniquement dans le but de devenir les propriétaires de l’Hôtel du gouvernement. C’est dire à quel point, à l’heure où le jeu du rapport de force a déjà commencé, à l’heure où chaque chef bouge ses pions sur l’échiquier dans une ambiance pré-électorale, il nous est primordial de garder notre capacité d’analyse et notre discernement.  Afin qu’on arrête de nous prendre pour ces moutons que nous avons longtemps été. Traçons plutôt les lignes dont les pointillés sont déjà visibles et faisons nos lectures.

 

Ainsi, quand Ramgoolam dit que les Rouges sont prêts à aller seuls aux législatives – «Je demande à la population de ne pas se fier aux spéculations qui avancent que le PTr aurait déjà distribué des tickets à des éventuels partenaires. Nous sommes en mesure de présenter 60 candidats» –, il nous rejoue sa stratégie préférée. Celle de consolider sa base, de faire les yeux doux à son électorat traditionnel (qui s’est jeté dans les bras du MSM en décembre 2014), de leur faire croire qu’il est de retour, tout en ne les frustrant pas avec un éventuel partenaire.

 

Ramgoolam, qui pense que les Mauriciens vont fermer les yeux sur ses histoires de coffres, de Soornack et qui estime que nous avons oublié ses scandaleuses années de pouvoir, tente aussi de se montrer fort auprès du PMSD de Xavier-Luc Duval, son éventuelle béquille, avec qui il s’alliera peut-être le moment venu, et ce, avec le moins de tickets à offrir. Bref, doit-on s’étonner de voir le jeu pathétique d’alliances des uns et  des autres ? Est-ce  pour autant que l’on subira ces éternelles épousailles qui rythment notre vie politique ? Quand l’on sait que l’objectif se résume juste à une affaire de pouvoir et que l’on attendra longtemps avant une transformation sociale, va-t-on se faire complice de ce jeu malsain ? Quel est notre sens du devoir envers notre jeunesse, nos enfants et les générations futures ? Faisons-les rêver d’un pays meilleur !