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Les cartes du Château

Oui, la présidente de la République a fauté. Oui, Ameenah Gurib-Fakim aurait dû répondre aux questionnements de la presse et de l’opinion publique. Oui, toute cette crise au sommet de l’État provoque un malaise à la veille des célébrations des 50 ans de l’Indépendance du pays. Mais il est aussi de ces enseignements que toute cette affaire apporte. Et la résistance de l’hôtesse du Réduit, sa ténacité à ne pas plier face à la révolte de la rue, et sa position devant le Premier ministre qui, quoi qu’on en dise, revêt un certain courage, donnent à penser qu’Ameenah Gurib-Fakim a elle aussi des cartes en main. 

 

La preuve avec le sursis de quelques jours qu’elle obtient de Pravind Jugnauth alors que le Conseil des ministres a pris la décision de la destituer. Plus troublants encore restent ses tweets où elle affirme qu’elle est toujours en poste (ce qui est vrai dans les faits, du moins pour l’heure), que tout, selon elle, n’est qu’allégations et que «truth will come out when the inquiry is over». Que signifie cette position ? 

 

Il est vrai que jusqu’ici, la présidente est coupable sur le plan moral, éthique, d’avoir utilisé, de manière plutôt indécente, une carte de crédit, émise par Planet Earth Institute. Mais la question demeure : est-ce qu’Ameenah Gurib-Fakim est l’unique (ir)responsable dans toute cette histoire dont la carte de crédit ne représente qu’un chapitre de toute cette saga ? Est-ce elle seule qui a introduit  le loup Sobrinho dans la bergerie de Maurice ? Peut-on oublier que l’an dernier, à l’heure où toute cette affaire éclate, alors même que des soupçons de détournements de fonds pèsent sur le douteux Angolais, elle bénéficiait de la solidarité d’un gouvernement qui la défendait vigoureusement ? Pourtant l’affaire Sobrinho provoquait déjà plusieurs interrogations, dont l’incroyable légèreté de la FSC qui avait jugé utile d’accorder des licences d’opération à l’Angolais, alors même que la Banque centrale – selon les révélations du ministre Sesungkur – avait refusé de le faire. 

 

Doit-on rappeler ici la posture grotesque de la FSC qui affirmait dans un étonnant communiqué que, oui, les licences furent données, mais qu’il avait été demandé à Alvaro Sobrinho de ne pas débuter ses activités. Doit-on oublier que Sesungkur parlait alors d’ingérence, en regardant en direction de son prédécesseur au ministère de la Bonne gouvernance, en l’occurrence Roshi Badhain dont le conseiller (Akilesh Deerpalsing) avait siégé sur le board de la FSC ? A-t-on oublié ces échanges de mails rendus publics avec le bras droit de Sobrinho, attestant des relations privilégiées qu’entretenait Alvaro Sobrinho ? Il faut être naïf pour croire qu’il n’y a pas que le Château qui ouvrait ses portes à Sobrinho. 

 

D’ailleurs, Pravind Jugnauth n’avait-il pas lui-même déclaré avoir rencontré Sobrinho, «un investisseur comme un autre ?» N’avait-il pas défendu l’homme fort de Planet Earth Institute, en mettant toutes les interrogations de la presse – qu’il n’avait pas hésité à menacer – sur le compte d’allégations ? Des allégations sur lesquelles Ameenah Gurib-Fakim avait demandé une enquête, il y a tout juste un an. Sauf que les résultats ne furent jamais connus. 

 

Alors qu’entre-temps, l’on apprenait de la voix de Collendavelloo que «larzan ki pe investi se pa larzan kokin». C’est dire que Sobrinho pouvait/peut circuler à son aise à Maurice grâce à ses connexions largement politiques. Aujourd’hui, Ameenah Gurib-Fakim est aux yeux du public coupable d’avoir accepté une carte de crédit de Planet Earth Institute, et par cette erreur de sa part, elle met à mal l’institution qu’est la présidence. C’est vrai, elle a ses torts, et il faut le dire. Tout comme elle a été mal inspirée de s’impliquer en suivant les demandes de permis et en faisant une trentaine de demandes d’accès VIP à l’aéroport pour cet homme d’affaires douteux. Mais est-ce qu’Ameenah Gurib-Fakim est la seule à avoir été dans les bons carnets de Sobrinho ? Gurib-Fakim a, certes, fauté, mais elle a bénéficié de soutien, de complicité et d’encouragements de part et d’autre. Est-ce elle qui menait les opérations ou n’était-elle qu’un pion sur un échiquier contrôlé par d’autres qui, pour protéger leurs arrières politiques, n’hésitent pas à la blâmer aujourd’hui ? Serait-ce pour ces raisons qu’elle ne veut pas endosser les responsabilités toute seule, en refusant de devenir le dommage collatéral de tout un système pourri jusqu’à la moelle ? Quelles sont les cartes que détient Ameenah Gurib-Fakim ?