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La République des voyous

L’intelligence des citoyens vs l’imbécillité d’un ministre pyromane et l’inaction du chef du gouvernement.  Le vent de colère provoqué par les propos indignes et incendiaires de Showkutally Soodhun démontre que, face aux bandits du Conseil des ministres, le peuple garde sa capacité de jugement. En condamnant de manière virulente le discours de Soodhun qui voulait profiter d’une audience ciblée pour faire de la politique communale, les Mauriciens se sont montrés plus intelligents. Une qualité faisant défaut à Soodhun qui, après nous avoir livré ses pensées assassines, banalise ses dires, affirmant que parfois il ne peut «kontrol koze». Des excuses? Il est de ces hommes qui se croient au-dessus de tout. 

 

C’est pourquoi cette révolte collective, qui s’empare de nous depuis les inadmissibles menaces d’un ministre de la République à l’encontre du leader de l’opposition du pays est salutaire. Parce que notre indignation reste notre ultime chance de sauver notre pays, notre vivre-ensemble, notre démocratie. 

 

À part cet écœurement populaire, que nous reste-t-il, quand le Premier ministre, face à une déclaration aussi grave de son vice-Premier ministre, attend quatre jours pour la qualifier de regrettable ? Que nous reste-t-il quand notre police reconnaît, d’un côté, qu’il y a un problème en accentuant la sécurité du leader du PMSD mais, de l’autre, ne juge pas nécessaire d’inquiéter le ministre, auteur de ces propos dangereux ? Que nous reste-t-il quand nous assistons à l’incroyable irresponsabilité des membres du cabinet du gouvernement MSM/ML, plus soucieux de leur esprit de camaraderie que de l’unité des citoyens ? 

 

Interrogés à la sortie du Conseil des ministres, à l’exception de Leela Devi Dookun-Lutchoomun qui a dit franchement ne pas être d’accord avec Soodhun, les autres collègues se sont défilés, soit pour ne pas commenter – l’un se ridiculisant en répondant «mo pann tro suiv sa» –, soit en montrant une solidarité malsaine : «Li pa bizin step down.» Voilà la conscience de ceux qui nous gouvernent. Voilà nos élus de la République soutenant un collègue au comportement de voyou. 

 

La pire des remarques est venue d’Etienne Sinatambou qui estime que «pe exagère la portée des propos». En minimisant le discours irresponsable du ministre Soodhun, Sinatambou, porte-parole du gouvernement, montre jusqu’où ses pairs et lui peuvent aller pour couvrir impunément un coupable qui, si on appliquait les lois, serait en état d’arrestation. Pour des accusations moins graves que cela, des citoyens ont été interpellés. Pour avoir manifesté aux côtés des marchands ambulants, la députée Selvon a eu droit à une entrée de la police contre elle.  

 

Cette fois, un vice-Premier ministre dit ouvertement que s’il avait un revolver, il aurait physiquement éliminé son adversaire politique, tout en disant dans la même phrase, que ce serait son djihad à lui, et voilà qu’au gouvernement on nous fait croire que c’est business as usual. 

 

Leur incapacité à jeter l’anathème sur l’un des leurs n’a de reflet que l’image du Premier ministre, illustrant un leadership fragile, médiocre, préférant ménager Soodhun malgré l’insulte faite à l’intelligence des Mauriciens. L’attitude de Pravind Jugnauth démontre qu’il est plus intéressé par les petits calculs politiques qu’à prendre de la hauteur pour sanctionner clairement un extrémiste de son équipe. 

 

Fragilisé par le départ du PMSD, embourbé dans divers scandales, critiqué par un Bhadain démissionnaire, qui règle ses comptes avec la future partielle du no 18, et poursuivi par l’infinie affaire Medpoint, Pravind Jugnauth donne l’image d’un chef tourmenté. Et, en ne tranchant pas après ces derniers dérapages préoccupants, le voilà dans un rôle inverse : celui de «l’esclave» de Soodhun. 

 

En restant insensible à la pression populaire, en tentant de mettre cette faute grave du no 4 du gouvernement sur le compte d’un «langage imagé» comme il l’a fait hier, le chef du gouvernement envoie un mauvais signal à la population. Son absence de réaction depuis mardi dernier, sa condamnation du bout des lèvres après le Bureau politique d’hier, illustrent l’image d’un chef passif, prêt à faire des compromis pour des raisons comunalo-politiques sur un sujet qui ne le mérite pas. Impardonnable ! Parce que l’irrespectueux Soodhun blesse les Mauriciens, parce que de par ses propos, il fait honte au pays, parce qu’à cause de lui, notre République ressemble à celle des voyous…