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Kot nou finn fané ?

La commission d’enquête sur la drogue a ceci de bon : elle nous oblige à ouvrir les yeux sur un système qui semble plus fort que tout. Un système qui permet à un trafiquant de drogue, condamné à 34 ans de prison, d’avoir à sa disposition les services de plus d’une vingtaine d’hommes de loi (même à l’ombre, des prisonniers n’ont, paraît-il, aucun souci d’argent), un système qui force aujourd’hui certains avocats à réaliser qu’ils ont soit manqué de vigilance, soit ont été coupables d’une trop grande proximité avec des caïds de drogue. Quand un homme de loi exprime sa surprise devant la commission, laissant comprendre qu’il ne savait pas que c’est un délit de communiquer avec un prisonnier sur un cellulaire, quand le juge Lam Shang Leen demande à une avocate si elle n’a pas été utilisée par des trafiquants de drogue, il y a là un dysfonctionnement loin d’être banal sur lequel il faut s’arrêter et s’interroger.

 

D’autant plus que l’on assiste, parallèlement aux travaux de la commission d’enquête, à toutes ces incroyables saisies de drogue de ces derniers mois, dont la plus importante a eu lieu, pour la première fois à Maurice, dans des cylindres bourrés d’héroïne valant Rs 2 milliards. Nous sommes donc bien au pays de la mafia, gangrené par un système où s’est solidement implanté le mode opératoire, telle une immense toile d’araignée impliquant une multitude de milieux et diverses professions, attirant dans ses filets un nombre impressionnant de policiers qui n’avaient certainement pas choisi le métier pour ce business-là mais qui, en quelques années, se sont égarés en se retrouvant complices du trafic de drogue.

 

Après avoir assisté aux interrogatoires d’une poignée d’avocats devant la commission cette semaine, avec des questions légitimes sur des ramifications judiciaire-trafic, on arrive tous à la même réflexion sur le sens de l’éthique morale de quelques hommes et femmes en noir. Sauf qu’hier, on s’interrogeait, avec raison, sur le sens de l’éthique morale de nos politiciens. Au fond, à bien y voir, que ce soit chez nos avocats ou nos parlementaires, tout ce qui se passe actuellement nous renvoie l’image de notre pays et dit quelque chose sur nos institutions, nos partis politiques, sur nous-mêmes en tant que citoyens, notre impuissance (relative), notre indifférence (régulière), notre individualisme (en progression), notre course vers le matérialisme (faut gagner plus d’argent), notre incapacité à nous remettre en question. En temoigne la désespérante polémique autour du texte de Nathacha Appanah.

 

Ainsi, en sus de réclamer une éthique à quelques corps de métier, ne devrions-nous pas faire également notre mea culpa, en nous regardant dans le miroir et questionner notre conscience individuelle sur le sens que nous donnons à la vie, à notre comportement, à notre relation avec l’autre, à notre humanité ? Tout en nous posant les bonnes questions. Avons-nous réellement basculé sur un plan où tout est perdu à Maurice ?

 

Rien que ces derniers jours, qu’est-ce que notre tissu social ne nous a pas appris ? Que la vue des enfants ne décourage pas les criminels (deux mères de famille ont été tuées devant leurs jeunes fils), que l’on peut avoir 18 ans et participer à un meurtre, qu’on peut devenir toxicomane à 14 ans et braquer son école, qu’à 17 ans, quand l’on est soi-même encore une ado et pas préparée à devenir maman, dans un environnement sans accompagnement social, l’on maltraite un bébé de trois mois, que des femmes – dont plusieurs se sont épanchées, dans Enquête en Direct, sur Radio One cette semaine –, continuent avec ou sans protection order, à subir des coups de leur époux/conjoint.

 

Regardons-nous et assumons. Ces actes-là parlent de nous, de notre société, qu’ils soient sous les formes les plus douloureux et difficiles. Et demandons ensemble : kot nou fine fané ? Car, au bout, il n’y a que deux choix : soit (i) continuer à nous enfoncer dans l’abîme en nourrissant tout le mal qui ronge notre pays, soit (ii) prendre la mesure de l’étendue de nos stigmates qui méritent un sursaut collectif. Il ne s’agit pas seulement de nous, mais de nos enfants, de la jeune génération et du modèle de société que nous souhaitons leur léguer. C’est ce questionnement-là qui guidera nos énergies sur le sens que nous donnons aux valeurs, à l’éthique, à l’honnêteté que nous avons le devoir de transmettre…

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